Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 11 mars 2016.

Wallace Ian COVINGTON / 1386670 & 119537
25 Park Avenue, Bedford, Angleterre
Né le 26 avril 1921 / † en 2000, dans le Surrey, Royaume-Uni
Fl/Lt, RAF Bomber Command 97 Squadron, pilote
5 Km à l'Est de Oret (Province de Namur), Belgique
Avro V. Roe Lancaster Mk III, JA716, OF-V abattu par le Fw Otto Fries du II/NJG 1 dans la nuit du 10 au 11 août 1943 lors d'une mission sur Nuremberg.
Ecrasé à 02h43 près de Hanzinelle, à 6 km au Nord-Ouest de Florennes, Province de Namur, Belgique
Durée : 5 mois
Passage des Pyrénées : le 6 janvier 1944

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion n° SPG 3318/1707 (complet).

A noter que de son équipage, Samuel Ramsden, un Canadien de Vancouver, sera arrêté en compagnie de son guide de Comète, Raymond ITTERBEEK, entre Bruxelles et Tournai. Le Sgt Jack Macknight parviendra également à s'évader (caché dans le camp de Fréteval en France).

Trois autres hommes sont pris dans la fausse ligne "Jackson" de Prosper Dezitter : Le Sgt F. Jackson (mitrailleur dorsal), d'abord évadé, a été arrêté le 18 août 1943, interné à la Prison de Saint-Gilles jusqu'au 20 février 1944, puis envoyé dans des camps en Allemagne ; le F/Sgt T. Lancashire (mécanicien), initialement évadé aussi, mais arrêté le 4 septembre 1943, puis prisonnier en Allemagne ; le F/Sgt S. Powell (Bombardier), évadé, puis arrêté le 4 septembre 1943, détenu en Allemagne.

Covington décolle de Bourn à 21h37 le 10 août 43. Sur le chemin du retour, un Ju 88 les attaque aux environs de Namur. L'appareil prend feu et l'ordre de sauter est donné.

Covington atterrit, vers 3 heures du matin le 11, en pleine campagne à Oret. Après avoir caché son équipement, il se cache d'abord dans un bois jusqu'à midi, puis se met en route vers l'Ouest. Il arrive à Oret et est pris à califourchon sur un vélo alors qu'il traversait le village. Il répond "Oui" quand on lui demande "camarade Anglais ?". Un peu plus loin, Covington descend de vélo et le cycliste lui fait signe de le suivre à pied et le ramène chez lui au village. Le lendemain (le 12), son logeur lui donne un costume civil et fait disparaître son uniforme. Il s'agit d'un ancien prisonnier d'Allemagne évadé. Ils partent ensuite en train à Châtelineau et il est laissé dans une maison. Le 13, ce second logeur le prend en tram à Charleroi.

Il passe une troisième nuit, et à 05hr30 le lendemain, un troisième homme prénommé Bernard vient le chercher pour le mener à la gare de Charleroi. Arrivés à une gare un peu avant la frontière (ce pourrait être à Erquelinnes), ils descendent du train et se mettent à marcher. Covington ne se rend pas compte qu'ils traversent ainsi la frontière. Ils arrivent à Jeumont, en France, à 06hr30. Son guide le laisse ce 13 août dans une maison. Son évasion est alors organisée.

Covington se trouve dans la petite usine des frères SOUDAN. Germaine SOUDAN et son époux (qui ont environ 50 ans) habitent à la Rue Dussart à Jeumont et font partie d'un réseau de renseignements. Il reste chez eux un mois. Le chef du réseau, du même âge, vient le visiter. Il lui parle toujours en Allemand, que Covington maîtrise assez bien. Il lui pose des questions sur Londres, où il est visiblement allé. Il apprend plus tard que deux Allemands se faisant passer pour des aviateurs de son équipage ont été abattus. Il reçoit une carte d'identité au nom de Jean-Pierre Monty, employé technicien, après avoir été photographié. En fin de mois, il change de maison à Jeumont. Il reste encore un mois à Jeumont chez M. ESCOLE, un électricien qui habite Rue de Maubeuge. Il est ensuite envoyé chez M. HAUMONT, dessinateur au 5 Rue de Maubeuge, pour un troisième mois.

On lui annonce enfin qu'il rejoindra Londres par air depuis Bruxelles. André BADRE (Hôtel du Nord, à Jeumont) le reconduit en Belgique par le même chemin qu'à l'aller. Il reçoit pour cela une carte d'identité belge en échange de sa française.

A Bruxelles, il est conduit chez une cartomancienne aveugle, au 10 "Rue de Selice ou Surlice". Il s'agit en fait de Jeanne POT épouse WOLF, une ancienne hébergeuse de William HALOT en 1941, au 10 Rue Mercelis à Bruxelles. Il y reste 9 jours, amené par un agent surnommé "Boucle" (Albert KROTT). Un homme vient l'y voir, qui parle anglais avec un accent prononcé du Lancashire. Il explique à Covington qu'il a été transféré dans sa ligne, appelée Félix, par Londres. Il annonce à Covington qu'il pourra quitter ainsi Bruxelles dans dix jours.

Covington fut remis, avec Stanley Alukonis, le 4 novembre 1943 par Gaston MATTHYS à "Prosper" HELLEMANS de la ligne Félix (un ancien d'EVA), suite à l'affaire Sarnow-Minnich (voir les pages de ces deux aviateurs sur notre site). MATTHYS avait également remis à cette ligne les Anglais Maxwell Royce Fidler et Leslie C. Woollard le 22 octobre, les Américains Edward Sobolewski et Harry H. Horton Jr le 24 octobre, les Anglais Arthur Holden et Wilfred Gorman le 30 octobre. Mais Félix avait alors épuisé ses ses fonds et ne pouvait plus assurer la bonne marche des opérations.

Le gantois Maurice PIENS va chercher Covington et Alukonis à l'église de la Trinité à Ixelles et les mène à une gare à Bruxelles pour les conduire en train à Gand/Gent où ils logent quatre jours (?) chez Mme Marthe OTTEVAERE, au 56 Linnenstraat (cette même adresse est celle donnée pour Maurice PIENS dans la liste des Helpers belges dressée après la guerre). Les 2 aviateurs sont ensuite transférés par PIENS chez Eugène DESROUSSEAUX, Place de la Gare à Mouscron, avec qui ils franchissent la frontière française le 15 novembre 1943. Covington dit qu'ils restent une nuit dans une petite ville frontalière, peut-être Menin (Mouscron, en fait), et que le lendemain, un autre guide les amène à Tourcoing. Ils passent la frontière à 05hr30 et Covington pense que les douaniers ont été payés pour les laisser passer.

A Tourcoing, ils vont chez Fernand VAN AERDE au 27 Rue Gambetta, où il rencontre l'Anglais John Carleton et l'Américain Kiniklis qui sont là depuis trois semaines. Un homme leur rend visite, qu'il pense être le chef de la ligne Félix. Il lui explique qu'il ne vient pas d'habitude voir les évadés, mais que sa ligne est coupée et qu'il espère pouvoir bientôt la rouvrir. Covington et Alukonis restent environ six semaines chez Fernand VAN AERDE, son épouse Céleste et leurs enfants, Jean et Giselle. Fernand VAN AERDE sera arrêté par la suite et déporté, mais reviendra des camps après la guerre.

Covington, Alukonis, Carleton et Kiniklis partent pour Paris avec un étudiant appelé Henri. Ils vont à un rendez-vous dans le métro et le groupe s'y divise. Covington rapporte que les membres du réseau sont très amateurs, se faisant des signes secrets trop manifestes et longeant les coins d’une façon extravagante et qui attire l'attention. Il est mené chez une dame d'environ 70 ans et sa fille, qui sont toutes deux sourdes. Leur appartement est aux environs de la Rue du Bac et il y reste une semaine.

Après une semaine, une femme d'apparence masculine le conduit à une église. Il y rencontre Gilbert VIRMOUX, un jeune homme de 22 ans aux cheveux crollés noirs. Il prend le métro avec lui jusqu'à son appartement au 41 Rue Saint-Merri, Paris IVe où Covington retrouve Alukonis. Après environ une semaine, le Sgt RAF Thomas Reynolds et le Lt Andrew Lindsay y arrivent.

On raconte alors à Covington qu'étant officier anglais, il partirait en avion le 3 janvier sans devoir passer par l'Espagne avec les autres. Le 2 janvier, Reynold et Kiniklis partent vers le sud.

Le 3 janvier, Alukonis et Covington sont emmenés chez un prêtre (l’Abbé René BEAUVAIS, au 1 Rue Montalembert, Paris VIIe) d'un autre réseau (Comète). Ils se plaignent que personne ne se tracasse de les ramener en Angleterre et ce curé dit qu'il en parlera au chef. Le lendemain, 4 janvier, Jacques LE GRELLE vient leur dire qu'il les prendra en charge. Il prend note de leurs identités et emporte leurs photographies de leur kit d’évasion.

Deux jours plus tard, Covington et Alukonis sont déménagés en périphérie et le soir du lendemain, ils vont à la gare et y rencontrent Robert Gilchrist. Une petite femme (Marcelle DOUARD) les guide en train jusque Bordeaux. Là un jeune homme les prend en charge. Ils vont à Bayonne (Dax) en train et en partent à bicyclette jusqu'à l'auberge Larre de Marthe MENDIARA-VILLENAVE à Sutar.

Le lendemain après-midi, ils se rendent à un rendez-vous à vélo, où deux guides les prennent à 19hr30. Covington, Alukonis, Robert Gilchrist et Andrew Lindsay partent immédiatement à pied. Vers minuit, on leur apprend qu'ils sont en Espagne, dans un refuge en montagne (Jauriko borda). Au matin, un petit garçon (Ian MIHURA) les emmène et ils rencontrent un homme. A 17 heures, ils sont à un rendez-vous où une voiture devait les attendre.

Les guides les laissent dans une hutte de pierre. Le garçon vient leur dire que la voiture est trois kilomètres plus loin et ils le suivent en direction du village. Deux policiers espagnols surgissent et crient. Les évadés s'enfuient et traversent une rivière. Ils attendent dans une autre hutte jusque 21hr30. Deux hommes viennent leur dire que quelque chose ne va pas avec la voiture. Ils vont loger chez l'un d'eux. Ils se mettent en marche mais sont pris sous le feu des Guardia Civil ou des Carabineros. Alukonis et Covington font demi-tour. Lindsay et Gilchrist sont arrêtés. Comme il fait très froid, Covington et Alukonis se rendent à une ferme. Ils y restent deux jours. Le fermier leur dit qu'il connaît leur guide. Ils traversent des bois et arrivent à une route. Ils prennent des vélos et font 20 km avec un guide jusqu'à un restaurant dans un village. Un taxi les emmène aux abords de San Sebastian. Ils y restent dans un hôtel et reçoivent la visite du vice-consul Britannique. Le même jour, ils se rendent à Madrid en voiture et prennent le train pour Gibraltar deux jours plus tard.

C'était le 88e passage de Comète, seuls avec les guides de Pierre ELHORGA par Larressore.

Wallace Covington quitte Gibraltar le 17 janvier 44 et arrive à Portreath le même jour. Il est débriefé le lendemain au MI-9 à Londres.


Mot de remerciement de Covington dans le carnet de Pierre Elhorga.

(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters