Dernière mise à jour le 21 janvier 2023.
Edward Cuthbert JOHNSON ("Johnny") / 119126 et 1006393
64 Charnley Road, Blackpool, Lancashire, Angleterre
Né le 3 mai 1912 à Lincoln, Lincolnshire, Angleterre/ † le 1er octobre 2002 à Blackpool
Fl/Off, RAF Bomber Command 617 Squadron, bombardier
lieu d'atterrissage : près d'Almelo, OverIjssel, Pays-Bas.
Avro LANCASTER Mk I, n° série JB144, immatriculation KC-N abattu dans la nuit du 15 au 16 septembre 1943 lors d'une mission sur le canal Dortmund-Ems à Ladbergen.
Écrasé en bordure de la Janmansweg à Den Ham, Pays-Bas
Durée : 11 semaines
Passage des Pyrénées : le 6 décembre 1943
Rapport d'évasion n° SPG 3317/1639 (Appendice C).
Un mois avant d'être abattu dans cet appareil, Edward Johnson avait participé au fameux raid des "Briseurs de barrages" (The Dambusters) dans la nuit du 15 au 16 août 1943 sur le Lancaster Mk III ED912, avec le fameux "viseur de précision" bricolé par l'équipe. Son action lors de cette périlleuse mission lui valut d'être décoré de la DFC (Distinguished Flying Cross).
Le Lancaster JB144 décolle de Coningsby le 15 septembre à 23h58. Dans la zone de l'objectif, volant à très basse altitude, il est atteint par des tirs de Flak légère. Lors d'une tentative d'échapper aux batteries, il heurte des arbres lors d'un 3ème survol de la zone de l'objectif, ce qui entraîne la mise hors service des deux moteurs de gauche. Le pilote, Fl/Lt Leslie Gordon Knight, RAAF tente de regagner de l'altitude. Voyant les deux autres moteurs en surchauffe, il donne l'ordre de larguer leur seule bombe de 5500 kg, puis de jeter par-dessus bord tout ce qui pourrait encore alléger l'avion en perte d'altitude.
Le Lancaster continue de descendre et Knight, tentant de le maintenir sous contrôle, donne l'ordre de l'évacuer alors qu'ils passent la frontière germano-hollandaise à l'approche d'Almelo. Le navigateur Fl/Off Harold Sidney Hobday saute en premier, suivi de l'opérateur radio F/Sgt Robert Kellow, RAAF, et d'Edward Johnson. Suivent alors le mitrailleur avant Sgt Frederick E Sutherland, RCAF, le mitrailleur dorsal Sgt Les Charles Woollard, le mécanicien Sgt Raymond Ernest Grayston et le mitrailleur arrière Sgt Harry E. O'Brien, RCAF.
S'étant assuré que tous ont sauté, le pilote Leslie Knight reste à bord et tente sans succès de faire un atterrissage forcé. L'appareil heurte des arbres à trop basse altitude et se fracasse au sol, prenant immédiatement feu. Leslie Knight trouvera la mort dans le crash de l'appareil et sera inhumé par la population locale. Il repose au Den Ham General Cemetery, au Nord-ouest d'Almelo, OverIjssel, Pays-Bas.
Raymond Grayston et Harry O'Brien seront faits prisonniers. Outre Edward Johnson (la présente fiche) et Robert Kellow, trois autres hommes parviendront à s'évader. Les Woollaard, aidé par EVA jusqu'au 22 octobre 1943, sera évacué par Bourgogne/Burgundy et rejoindra l'Angleterre via la Bretagne dans la nuit du 22 au 23 janvier 1944 (SPG 3318/1718). Harold Hobday et Fred Sutherland traverseront les Pyrénées en novembre 1943 et quitteront tous deux Gibraltar le 5 décembre pour arriver le lendemain à Portreath en Angleterre (SPG 3317/1603 et 3317/1604).
Edward Johnson atterrit dans un champ labouré, enterre son parachute et marche jusqu'à l'aube avant de se réfugier dans une meule de foin dans une cour de ferme. Le matin venu, il se débarrasse de ses insignes de la RAF et s'adresse au fermier qui le fait rentrer chez lui pour manger un repas chaud. Le fermier lui donne une salopette, un nécessaire de rasage et Johnson se remet en route vers le sud-ouest. Il passe par Wilp et Arnhem avant d’arriver le 19 septembre à Elst. Il indique dans son rapport qu’il reste cinq semaines et demie, du 19 septembre au 23 octobre, dans une ferme à Elst, spécialisée dans la production de fruits. Un lit est monté pour lui à l'étage de la grange, et il peut descendre se cacher dans la cave si la Gestapo vient fouiller. La journée, il travaille au verger avec un étudiant d'Amsterdam qui se cachait de la Gestapo et avait été dans deux camps de concentration.
Une fille qui travaille pour la Nederlandsche Heidemaatschappij (société spécialisée en défrichement) lui dit qu'elle peut l'aider. Elle lui demande son identification le 19 septembre. Le soir, un jeune homme de 22 ans vient lui dire qu'il va l'aider et le prévient que cette fille n'est pas fiable, et que si elle revient le fermier devait lui dire qu'il est parti et qu'il doit se cacher. Il prend également note de son identité et matricule et vient le visiter deux fois par semaine. Il est en contact avec deux autres aviateurs de la RAF dans la région. La fille revient et est avisée que Johnson est déjà parti.
Après une semaine, le jeune homme part pour Utrecht et se rend compte que ses contacts ont été arrêtés par la Gestapo. La semaine d'après, il se rend à Amsterdam où la même chose s'est produite.
Vers le 24 octobre, le chef de la branche de Groeningen du réseau de la jeune fille demande au fermier où Johnson se trouve, puisque personne n'en a entendu parler. En entendant cela, Johnson sort de sa cachette et lui dit ce qu'on lui a rapporté sur la fille. Le chef prend son identification et promet de revenir bientôt. Le 26 octobre, cet homme et la fille reviennent. Ils ont pris des contacts pour l'emmener par train à Weert. Il quitte la ferme le 31 octobre avec un contremaître (Hendrik J de KORT ?) de Weert, et dort une nuit à son appartement.
Le 1er novembre, un gendarme et un homme en civil le conduisent à Maarheeze en vélo. Il loge là dans le wagon-maison de Harrie SEMLER et sa femme Catharina ("Trien", née HENDRIKS) au Vogelsberg à Maarheze et y rencontre plusieurs policiers et civils du réseau. Leur chef s'appelle "VERMAAZEN" (en fait, Willem VERMAZEN, de la Burgemeester Meineszlaan, Rotterdam, Grade 4 dans la hiérarchie des récompenses octroyées après la guerre – US Medal of Freedom en janvier 1947).
Le 3 novembre, guidé par VERMAZEN, ils traversent la frontière en rase campagne et ne sont pas arrêtés par qui que ce soit. En Belgique, ils rencontrent un douanier avec lequel Johnson marche un peu, avant de voir un autre homme et un vélo pour lui. Ils vont alors à Hamont, où il est logé pour environ dix jours dans deux chambres à l'étage de la maison de Frans WIJNEN, à la Bosstraat.
Le 13 novembre, il est pris en vélo jusque Neerpelt. Lambert SPOOREN, cordonnier, et sa femme Marie, née Matthys, habitant Haspershoven/Overpelt l’hébergent pendant 5 jours. Il y fait la connaissance de Donald Mills. On lui remet une carte d'identité. Le 18 novembre, Johnson et Mills sont conduits à la gare par un "Gustave" (Gustave BUSSCHOTS du 9 Zurenborgstraat à Anvers, un agent d’Élie MIROIR), qui déclare les avoir reçus de Charles WILLEKENS à Berchem-Antwerpen. Un homme de grande taille (Jean JUTTEN, de la Vrijheidstraat à Neerpelt) les accompagne en train et les remet en cours de trajet à Charles WILLEKENS pour la fin du voyage. Arrivés à Anvers, WILLEKENS les mène vers un petit café près des docks, vraisemblablement celui situé au 45 Minderbroedersrui. Ils y restent la journée, allant dormir le soir dans un appartement. Le lendemain, Gustave BUSSCHOTS les guide non loin de là jusqu’au café "De Zwaan" au 41 Klapdorp, géré par Marcel "Meaz" MAES (également agent d’Élie MIROIR) et son épouse Josephine. Ils y restent deux nuits (4 selon Mills…) et on les conduit dans un magasin pour des photos. A noter que dans son rapport d’activités, Marcel MAES indique un hébergement de Donald Mills et Edward Johnson pendant "5 jours" en "septembre 1943" (!), après les avoir reçus de BUSSCHOTS, auquel il les remettra à la gare d’Anvers. Johnson est cité par la logeuse Virginie DE BRUYN au 37 Keizerstraat à Anvers avec Donald Mills,James Elliot et Robert Clements.
Le 20 ou 21 novembre, deux hommes viennent les prévenir qu'ils partent le lendemain à Bruxelles. Ils s'y rendent en train avec un guide (Marcel DAELEMANS, "Victor", du 15 Oranjestraat, Antwerpen), Robert Clements et James Elliot. Ils sont emmenés chez une veuve aisée, dont le fils est employé par les Allemands (travail obligatoire) et rédige des textes pour la Résistance.
Le 24 novembre, Johnson, Mills et Hank Johnson sont pris en train à Tournai, et de là guidés vers un petit village frontalier. Là, avec d'autres évadés, ils marchent jusqu'en France. Un douanier en civil les accompagne. Ils passent la nuit chez lui et y reçoivent de nouvelles cartes d'identité. Ils y laissent leur argent belge.
Le 25 novembre, ils vont à Lille en train, puis à Paris. Edward Johnson figure sur une liste d'Amanda STASSART.
A l'arrivée, ils sont attendus par Mme "Charmaine" (Germaine FLACHET épouse BAJPAI) et un homme avec des dents remplies de plombages en or. Mills et lui sont conduits dans un appartement à la "Rue des Tombes", où ils restent plusieurs jours. Il s'agit en fait de Odile HOCHEPIED, au 5e étage du 11 Rue Descombes à Paris XVIIe, (métro Porte de Champerret). On leur y remet des nouvelles cartes d'identité.
Le 1 décembre, il part en train vers Bordeaux avec Mills, Cyril Passy et Clements.
A partir de cet instant, son récit est similaire à celui du Squadron Leader Passy. Il loge à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA.
C'est le 77e passage de Comète par Larressore et Jauriko borda avec les seuls guides d'Espelette de Pierre ELHORGA.
Edward Johnson quitte Gibraltar par avion le 20 décembre 1943 et arrive le lendemain à Whitchurch en Angleterre. Il est débriefé au MI-9 le 22 décembre 43. Rentré en Australie, il reste dans la RAAF mais ne volera plus, étant versé dans le personnel à terre. Il quitte la RAAF le 17 juillet 1947 avec le grade de Flight Lieutenant.
La photo en uniforme en médaillon a été prise à l’extérieur du Palais de Buckingham le 23 juin 1943, avant la remise de la DFC (Distinguished Flying Cross) par la Reine d’Angleterre (en l’absence du roi George VI).