Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 15 mars 2023.

James McPhail ELLIOTT / 134165
6 Bucklows Gardens, Glasgow SW2, Ecosse engagé à Tardun, Mullewa, Western Australia.
Né le 27 décembre 1915 à Swanbourne, Western Australia / † le 22 juillet 2007 à Canberra, Australian Capital Territory, Australie.
Fl/Off, RAF Bomber Command 57 Squadron, bombardier - mitrailleur.
Lieu d'atterrissage : Lille-St-Hubert / Sint-Huibrechts-Lille, entre Overpelt et Hamont-Achel, Limbourg belge.
Avro Lancaster, W4822, DX-P, abattu par des chasseurs de nuit le 3 novembre 1943 lors d'une mission sur Düsseldorf.
Avion explosé en vol, écrasé à 3 km et demi au Nord de Hechtel, Limbourg belge.
Durée : 6 semaines.
Passage des Pyrénées: le 13 décembre 1943.

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3317/1662 (complet).

Parti de East Kirby vers 17h20 le 3 novembre, l'appareil n'arrive pas à Düsseldorf et est attaqué par des chasseurs avant d'atteindre la cible, à la verticale du Limbourg belge. La soute à bombe est touchée et des munitions incendiaires sont allumées. La soute est vidée d'urgence, mais le feu ne peut être combattu. Le pilote West donne l'ordre de sauter et Elliot saute le premier, suivi de Clements.


De gauche à droite : le mécanicien William Neill, le pilote Donald West, James Elliott, le navigateur Norman
Buggey, l’opérateur radio Harry McKernin, le mitrailleur arrière John Edmunds et le mitrailleur dorsal Francis
Heaton (photo prise le 13 juillet 1943 au retour d’une mission sur Turin)

Le Fl/Lt Donald West, pilote américain détaché à la RAF, est tué dans l’explosion de l’appareil (voir à cette page), de même que l'opérateur radio/mitrailleur Sgt Harry Francis McKernin, le mécanicien Sgt William Frederick Neill, le mitrailleur dorsal le Sgt Francis Patrick Heaton et le mitrailleur arrière le Sgt John Edmunds, ces 2 derniers morts à leur poste dès les premières rafales. Les restes des 5 aviateurs furent d’abord inhumés au cimetière de la base de Brustem près de Saint-Trond / Sint-Truiden et furent transférés après la guerre au cimetière militaire du Commonwealth à Heverlee, près de Louvain / Leuven. Le navigateur, le P/Off Norman F. Buggey, la jambe brisée lors de son contact avec le sol, a été fait prisonnier - PoW n° 3348 au Stalag Luft 3.

James Elliott et son copilote Robert Clements sont les seuls à pouvoir sauter et pourront s’évader avec succès. Elliott atterrit dans un champ à Lille-St-Hubert / Sint-Huibrechts-Lille. Il enterre son équipement et se sert de sa boussole d'évasion pour s'éloigner au Sud-Ouest à travers champs. Après 3 ou 4 heures de marche, il se cache dans un bois et le matin du 4 novembre essaye de découvrir dans quel pays il est en écoutant les passants parler. Il attend la nuit avant de se diriger vers une ferme, celle de Leopold VANHAEREN dans le quartier Hoenrik à Hechtel-Eksel. Le fermier ne parle pas anglais et ne comprend pas "RAF", mais quand Elliott lui dit "parachutist", il est immédiatement invité à entrer. Sur sa carte, il peut repérer qu'il est près de Eksel, en Limbourg belge. Peu après, le fils du fermier arrive avec quelqu'un parlant l'anglais. Son évasion est dès lors organisée.

La mère du jeune parlant anglais (Eddy SMETS, 15 ans) est Mme Vve Liliane SMETS, une anglaise ayant épousé un Belge. Habitant au « Little Yorkshire » à Eksel, Lilian SMETS, née WOODIWIS, était membre du Groupe ROYERS. Elle a été décorée en 1947 de la US Medal of Freedom. Née à Cullingworth dans le Yorkshire en 1897, Lilian avait épousé Franz Paul Smets d’Eksel, mort en 1941. Elle est décédée en mai 1975 à Neerpelt et a été inhumée à Eksel. Liliane SMETS arrive avec deux membres d'un réseau dont l'un est policier, et l'autre, Albert, travaille au bureau du ravitaillement. Une fois que Lilian SMETS est sûre qu'il est bien un Anglais, elle l'envoie loger chez cet Albert jusqu'au 8 novembre, où il reçoit un habit civil. Il s’avère que cet Albert est Albert SOLS, du 58 Molenstraat à Eksel (également décoré de la Medal of Freedom.) Clements arrive chez SOLS deux jours plus tard. Donald Mills rapporte qu’il a été logé par Liliane SMETS le 8 novembre, en compagnie d’Elliott, du Sqn/Ldr Edward Johnson. Ce 8 novembre, ils sont visités par un chef du réseau d'Overpelt. Cet homme leur annonce qu'il a près de 2.000 personnes mobilisables en cas d'invasion. Puisqu'il n'y a pas beaucoup d'Allemands à Overpelt, Clements et Elliot vont y loger Ce sont Michel VANDERFEESTEN et Jan JUTTENS, tous deux de Neerpelt, qui conduisent Elliott à vélo chez la famille SPOOREN à Overpelt. (A noter que la liste des Helpers belges reprend un Mathieu VANDERFEESTEN à Neerpelt, pas de Michel…)


La famille SPOOREN , avec à gauche, probablement Lambert.

La fille de leur logeur s'appelle Alda et le père travaille dans une usine. Son frère habite à côté et est cordonnier. Clements aussi parle d’une famille SPOOREN, chez qui "LBC 11", un chef de la résistance passe les voir. [Note : la liste des Helpers belges établie après la guerre reprend Lambert, Theo et Michel SPOOREN, tous trois au Haspershoven à Overpelt - Lambert SPOOREN a été décoré de la US Medal of Freedom en 1947.] Le 15 novembre, Elliott et Clements quittent les SPOOREN et sont conduits à vélo à la gare de Neerpelt par VANDERFEESTEN et JUTTENS. Ils sont munis de faux papiers papiers qui portent des photos d'autres personnes. Leurs guides leur achètent des tickets pour Anvers et leur indiquent de suivre Charles WILLEKENS (de Beverbeek, entre Hamont et Achel) qui les accompagne jusqu’à cette ville. Ils descendent un peu avant Anvers, rencontrent un autre guide qui les mène en tram au centre de la ville. Ils sont conduits dans un café, puis dans un grand magasin une demi-heure plus tard, pour les faire prendre en photo. Leur guide les conduit chez sa sœur, où ils mangent. Le guide revient peu après avec leurs photos développées. Elliott et Clements sont logés chez Virginie DE BRUYN au 37 Keizerstraat à Anvers, amenés là par Gustave BUSSCHOTS (du 9 Zurenborgstraat, Antwerpen / Anvers).


Une photo de ses helpers anversois, avec Charles WILLEKENS à droite.

A 13h30, avec Edward Johnson et Donald Mills, Elliott et Clements prennent le train pour Bruxelles avec Marcel DAELEMANS (15 Oranjestraat, Antwerpen / Anvers), recherché par la Gestapo. Ils y rencontrent un homme roux portant lunettes et parlant peu anglais qui leur fait l'impression d'être le chef du réseau. James Elliott mentionne après la guerre que c’est Aline DUMONT ("Michou") qui est venue le chercher à la gare à son arrivée à Bruxelles. Il se pourrait qu’elle était accompagnée d’Élie MIROIR. Elliott et Clements sont guidés en tram chez Henri et Marie MACA, Avenue du Val d'Or à Woluwe-Saint-Pierre. Ils avaient déjà tellement d'aviateurs hébergés qu’Elliott doit être placé ailleurs, Clements restant chez les MACA. Elliott est conduit non loin de là chez un "Albert" qui travaille à la police. Il s'agit de Jean Albert VAN TUYKOM époux de Jeanne OTTOY, du 2 rue Martin Lindekens à Woluwe-Saint-Pierre. Jeanne VAN TUYKOM sera également décorée de la US Medal of Freedom.

Hébergé huit jours chez les VAN TUYKOM James Elliott voit partir Clements (resté chez les MACA jusqu’au 17 novembre) et lui-même ne part que le 19, après avoir reçu une nouvelle carte d'identité. Il rencontre John Maiorca à la gare. Il rapporte après la guerre que ce serait Aline DUMONT qui l’y aurait mené, lui, avec la ville française de Roubaix comme destination… Dans son rapport, Elliott déclare ignorer où passe la frontière, mais il marche depuis une gare jusqu’à une ferme et est guidé en France par un douanier (très probablement Maurice DESSON) et un jeune garçon. Le douanier Maurice DESSON, du Commissariat de Baisieux, sera arrêté le 31 juillet 1944 et déporté dans le convoi du 1er septembre 1944, parti de Tourcoing à destination de Cologne. Transféré à Sachsenhausen puis à Neuengamme, il mourra âgé de 40 ans le 10 mars 1945 au camp de travail de Meppen-Versen, Allemagne. Elliott mentionne que le premier village français qu’il atteint est Baisieux, où il dort la nuit dans une maison à l'orée du village. James Elliott est repris dans le carnet de Henriette Hanotte comme guidé par elle à travers la frontière.

Le 20 à 4h30 du matin, Elliott et Maiorca marchent 3 ou 4 Km vers une gare et prennent un train pour Lille, où ils prennent un autre train pour Paris. Elliott figure sur une liste de Amanda STASSART, qui aura vraisemblablement été leur guide jusqu’à Paris).

A Paris, Elliott signale avoir été accueilli par le chef du réseau (Jacques LE GRELLE), qui les conduit chez une femme et où ils mangent. Elliott et Maiorca sont ensuite guidés chez un docteur. Quelques heures plus tard, une petite blonde appelée "Charmaine" (Germaine BAJPAI-FLACHET) prend Maiorca dans un autre endroit et le conduit chez une masseuse. Le lendemain, Elliott est conduit dans un studio d'artiste à Montmartre, qui appartient à une Doris, dont le mari est en camp de concentration en Allemagne. Comme cette Doris a un ami qui travaille pour les Allemands, il ne semble pas sûr de l'y laisser loger. Germaine FLACHET le conduit alors chez une Mme "Barthe", au 11 Rue Descombes, dans le XVIIe. Il s'agit de Odile HOCHEPIED, qui habite au 5e étage à cette adresse. Cette dame lui dit qu'il est le 13e aviateur passant chez elle. Elliott va manger chez des voisins. Après cinq jours, il va loger chez eux. Ils ont une fille qui s'appelle Fernande mariée à un Robert. (Il doit s'agir des parents de Fernande PHAL épouse Robert ONIMUS au 80 Rue des Rondeaux, Paris XXème).

Le 10 décembre, Elliott retrouve Maiorca, et tous deux prennent le train de nuit pour Bordeaux. Avant de partir, ils voient encore "le chef du réseau", et une toute petite femme qui leur servira de guide : Marcelle DOUARD. A Bordeaux, un autre guide les prend en charge. Elliott le décrit comme ayant une cicatrice sur le nez, on peut donc en déduire qu’il s’agit de Marcel ROGER. On leur dit qu'il a travaillé pour une compagnie cinématographique, la Warner Bros (Elliott n’y croit pas, pensant à une blague).

A Dax, Elliott et Maiorca font connaissance avec Raymond Nutting et John Burgin. Ils rejoignent Bayonne à vélo et dorment à l'auberge Larre, tenue par Marthe MENDIARA-VILLENAVE.

Les 4 hommes repartent le lendemain avec leurs guides et marchent deux heures et demi pour atteindre une petite ferme (chez Juanito BIDEGAIN, cultivateur, Seme Enea à Bassussarry) où ils mangent et attendent le soir. Ils marchent alors encore quatre heures avant de se reposer dans une autre ferme (Mendigaraya située au Nord-Ouest de Souraïde), d'où ils repartent avec un autre guide et en rencontrent un second plus loin. Ils les conduisent tous quatre à une petite ferme près de Dancharia (Mikelen borda) et les quittent là, les évadés se trouvant en Espagne.

C'est le 79e passage de Comète, le premier par Souraïde, avec les seuls guides de Juanito BIDEGAIN (Michel ECHEVESTE et son frère Joseph Marie).

Les 4 évadés se reposent un peu dans l'étable, mais on ne les nourrit pas. Le matin, leurs vêtements sont séchés et ils reçoivent finalement à manger. Ils sont remis à la police locale qui prend note de leur identité et de leur grade et les dépose à Urdax, où on les loge dans une auberge (gîte rural).

Le 16 décembre, ils partent à Irun. Avant de partir, Elliott rencontre deux jeunes Français. Un des deux parle anglais et lui fournit le n° de téléphone du consulat britannique de San Sebastian. A Irun, ils sont emmenés dans un camp de concentration pour Français. Le lendemain, après un interrogatoire, ils sont conduits à l'hôtel Norte. Le 22, un officier de la force aérienne espagnole les conduit à Saragossa, d'où ils repartent pour Madrid via Alhama. Maiorca reste à Alhama, mais Elliott continue vers Madrid. Six jours plus tard, il arrive à Gibraltar, le 31 décembre 43.

Elliott quitte Gibraltar le 1er janvier et arrive à Bristol le 2. Il est interrogé au MI-9 le 3 janvier 44.

James Elliott a pu rencontrer certains de ses helpers belges lors d’une réunion Comète en 1982. Quelques photos prises à cette occasion :


François Sols et Michel (ou Mathieu) VANDERFEESTEN et Jan JUTTENS


François SOLS, Mary SMETS (fille de Lilane SMETS-WOODIWISS) et son mari Jacques SMETS, alors ambassadeur de Belgique.
Merci à Seb Mackinnon, arriere-petit-fils de Lilian SMETS, pour l'identification de ces personnes.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters