Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 30 avril 2021.

Dwight Allen FRY / O-732214
2218 Maplewood Avenue, Richmond, Virginie - 910 East Washington Street, Boise, Ada County, Idaho.
Né le 14 mai 1922 à Boise, Ada County, Idaho / † 26 avril 2005 à Richmond, Virginia.
1st Lt, USAAF 353 Fighter Group 350 Fighter Squadron, pilote.
Atterri : près de Maarheeze, à environ 6 km au nord-ouest de Budel-Dorplein, province de Noord-Brabant, Pays-Bas, tout près de la frontière belge.
Republic P47D Thunderbolt, 42-8513, LH-Y / "Eager Beaver", abattu le 14 octobre 1943 par le Fw190 de l’Oblt. Adolf Glunz du 5./JG 26, lors d'une mission d'escorte de bombardiers B-17 et B-24 sur Schweinfurt.
Écrasé près de la Schoordijk à Budel, Noord-Brabant, Pays-Bas.
Durée : 11 semaines.
Passage des Pyrénées : le 30 décembre 1943.

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 904. Rapport d'évasion E&E 360 disponible en ligne.

Dwight Fry décolle de Metfield vers 13h30 heure anglaise. Les chasseurs de l’escorte accompagnent les bombardiers jusqu’à l’objectif puis reçoivent l’ordre de faire demi-tour. A ce moment, la formation est attaquée par des chasseurs Fw190, un combat aérien s’engage entre les pilotes américains et Allemands. Fry parvient à en descendre un, avant qu’un autre s’acharne sur lui et endommage sérieusement son P-47, mettant le feu à son moteur. Peu après, des obus de 20 mm éclatent dans son cockpit, lacérant sa veste de vol et sa Mae West. Fry amorce une ascension jusqu’à environ 250 m du sol, pour lui permettre de s’éjecter à une altitude suffisante. Il ouvre l’habitacle et saute, heurtant la queue de son appareil, ce qui provoque une fracture de son pied droit et écorche assez sérieusement son dos et sa jambe. Son parachute ne s’ouvre pas normalement, s’enroule dans ses pieds, mais il parvient à le dégager, la toile s’ouvrant brusquement, lui faisant perdre ses chaussures. Son parachute ne s’étant ouvert qu’à environ 15m du sol, l’atterrissage est rude. Fry se retrouve avec son parachute partiellement coincé dans un arbre et aperçoit le chasseur qui l’a abattu tournoyant autour de la zone. Ayant vu le parachute de Fry, le pilote ennemi fonce en piqué et ouvre le feu à faible distance. Fry se réfugie derrière une souche d’arbre, son parachute étant déchiqueté par les rafales.

Le chasseur étant parti, Dwight Fry sort de sa cachette, récupère son équipement en lambeaux, tente de l’enterrer avec son couteau et son casque, mais le sol est trop dur et il finit par le dissimuler dans des buissons avant de quitter les lieux. Il se réfugie sous un pin dans un vaste champ. Il ouvre son kit d’évasion, met l’argent qu’il contient dans sa poche et enterre l’emballage. Il sait qu’il se trouve en Hollande et n’apprécie pas le fait que la pochette d’argent des pays occupés qui lui avait été remise avant le départ en mission ne contient que de l’argent français.

Fry récupère pendant 15 minutes, fume une cigarette et constate qu’il n’a plus de chaussures et que son pied droit est cassé. Il commence néanmoins à marcher vers le nord et, après quelques centaines de mètres, entend que l’on scie du bois. Il s’adresse à l’homme et lui montre la carte de son kit d’évasion pour lui demander où il se trouve et s’il pouvait l’aider. L’individu refusant de s’occuper de lui, Fry le quitte, marche environ 1 km et rencontre 4 hommes. Ces fermiers se rendent immédiatement compte à qui ils ont affaire, car ils avaient vu son appareil s’écraser. Voulant leur prouver son identité, il se rappelle qu’il n’avait pas emporté ses plaquettes d’identification ("dog tags") le matin. N’empêche, l’un des hommes s’éloigne à vélo, tandis que les trois autres le cachent dans une meule de foin. On lui donne à manger, mais il est trop nerveux pour pouvoir avaler quoi que ce soit. Après ¼ d’heure l’homme à vélo revient, lui apportant des vêtements civils. Fry se débarrasse de tout son uniforme et ne garde que ses chaussettes en laine et son ceinturon.

Dwight Fry accompagne à vélo l’autre cycliste jusqu’à une maison où on le met au lit. Un médecin arrive rapidement, examine ses blessures, enlève un morceau de shrapnel de son côté et panse ses blessures au dos et à la jambe. Dans la soirée, un autre homme arrive et l’interroge sur son type d’avion, son unité, etc… D’abord, Fry se méfie et hésite à lui répondre avec précision, mais finalement convaincu, il lui remet une de ses cartes en soie et une boussole, emportées pour la mission. Des patrouilles allemandes étant annoncées, on le guide vers une autre cachette, d’où il peut entendre les soldats fouiller la maison qu’il venait de quitter. La partie dactylographiée de son rapport E&E 360 s’arrête là, concluant que dès ce moment, son évasion a été organisée.

Selon un texte dans le fichier à https://www.eindhovenfotos.nl/4/Vrijbuiters.pdf certains détails et précisions indiquent que, dès son atterrissage, Fry est approché par Hubert PEETERS ("Huub", habitant à Hamont en Belgique, mais travaillant à la brasserie Winters à Maarheze) et Everard WINTERS, le patron brasseur, alors qu’il est en train de dissimuler son parachute et d’enlever sa chemise pour entourer une blessure à la cuisse. PEETERS le fait se cacher dans un trou avant d’aller chercher le docteur RAEVEN à Maarheze. Hendrikus SEMLER ("Harrie") du Vogelsberg à Maarheze le reprend dans la liste des aviateurs aidés par lui et son Groupe des "Vrijbuiters". Le médecin panse sa plaie, puis PEETERS guide Fry en direction de la frontière, qu’ils passent à hauteur de Hamont. PEETERS confie Fry à l’épouse du douanier Louis VROLIX au Budelpoort à Hamont. Fry reste à Hamont du 14 au 16 octobre avant d’être hébergé/soigné par le docteur CUYPERS à Neerpelt. De là, il est mené chez Lambert SPOOREN au 56 Haspershoven à Overpelt où il rencontre Gerard Lorne. Il semble qu’à la fin octobre, Fry soit mené à Anvers / Antwerpen par Charles WILLEKENS du Beverbeek à Achel.

La partie de l’E&E écrite à la main par son intervieweur et très difficile à déchiffrer permet cependant de déterminer qu’il apprend après avoir examiné la carte avec ses premiers interlocuteurs qu’il se trouvait près de Maarheeze, au nord-ouest de Budel. Le fermier qui le guide à vélo le conduit à Maarheeze même, où le médecin vient le voir. C’est vers 18h00 au soir du 14 octobre que son interrogateur arrive, accompagné d’un policier, apparemment membre d’une organisation de résistance. A l’approche des soldats allemands, on le cache dans la cave d’une maison voisine jusqu’à ce que l’alerte soit passée. La suite mentionne que dans l’après-midi du samedi (donc le 16 octobre…) on lui dit qu’il doit partir et il accompagne à vélo le policier et deux guides en direction de la frontière belge. A environ 3 km de celle-ci, on abandonne les vélos et les quatre hommes marchent jusqu’à 500 m de la frontière, où un garde-frontière le prend en charge. Un peu plus loin, ils sont rejoints par une jeune dame, l’épouse du garde, qui amène deux vélos. La frontière passée, Fry et le garde arrivent à Hamont, en Belgique, où Fry loge dans une grande maison en briques rouges.

On devine péniblement des notes manuscrites dans les dernières pages de son E&E que Fry est pris en charge par des résistants de la Witte Brigade et qu’il rencontre Gerald Lorne Confiés à un (ou une) jeune guide, les deux aviateurs sont menés à vélo à Overpelt où ils restent quelques jours (7 ?), semble-t-il chez un cordonnier, son épouse et leur fille d’environ 9 ans. Un lundi matin, un homme assez grand, à fière allure, les guide jusqu’à une gare (à Neerpelt) et les confie à un autre homme (un cheminot ?) en possession de tickets. Ils prennent un tram ou un train pour Anvers / Antwerpen où ils arrivent vers 9h00 du matin. On leur avait annoncé qu’ils partiraient via la Suisse. Un autre guide les prend en charge à la gare et les amène à un café à quelques centaines de mètres de la gare. Ils rencontrent un couple ayant vécu une vingtaine d’années aux Etats-Unis, rentrés en Belgique depuis 20 ans et parlant couramment l’anglais. Il semble que l’homme soit un vendeur de radios, le couple vivant à l’étage de son magasin. Les 2 aviateurs restent là de 10 à 19h00 avant d’aller loger une nuit chez les grands parents (du vendeur de radios ?...) Fry mentionne plus loin qu’ils ont dû se rendre dans un "public photo shop" (Photomaton…) à Anvers pour obtenir des photos pour leurs faux papiers.

Le nom de Dwight Fry apparaît sur la liste des aviateurs aidés par Virginie DE BRUYN au 37 Keizerstraat à Anvers, logé deux jours. Son rapport d’évasion, qui ne donne pas de noms de helpers, indique que Lorne et lui ont rencontré un guide qui est venu les chercher pour les conduire à la gare.

Le nom de Fry figure également sur la liste des aviateurs aidés par Marcel DAELEMANS à Anvers. Le rapport de Fry mentionne qu’avec le guide qui les avait conduits à la gare, Lorne et lui ont pris le train de 12h00 à Anvers / Antwerpen, sont passés par Bruxelles et sont arrivés à Virton, tout au sud de la Belgique, vers 23h15/23h20.

Arrivés à Virton, Marcel DAELEMANS les conduit chez Georges HENNAUT à la Rue du Docteur Jeanty, organiste de l'église de Virton, marié, père de 3 enfants de 9, 4 et 3 ans. Fry et Lorne sont hébergés dans une petite chambre à l’étage pendant 8 jours, malgré la Gestapo très active, suite à un sabotage de 2 trains quelques jours avant leur arrivée. Fry indique que durant leur séjour (se situant aux environs du 31 octobre), ils apprennent qu’ils partiraient dans 3 à 5 jours ; que 18 hommes doivent être évacués ; que le 4ème jour un guide est venu leur dire, en montrant leurs photos, que certains évadés avaient déjà pu rejoindre la Suisse ; que le 5ème jour un jeune homme de 18-19 ans est venu leur apporter leurs faux papiers ; que le 6ème jour, vu les patrouilles allemandes fouillant toutes les maisons, cherchant notamment des vélos à confisquer, ils doivent aller se réfugier dans le clocher de l’église où ils restent deux heures et demie. Retournés chez les HENNAUT, ils apprennent qu’en fait les Allemands étaient effectivement à la recherche de vélos plutôt que d’aviateurs.

La ligne suisse étant entretemps rompue, Virton devenait trop dangereux et ils sont remis à une autre organisation. Après 15 jours chez les HENNAUT, Mme HENNAUT les conduit à la gare, où Fry et Lorne revoient le garçon qui leur avait remis leurs faux papiers. Le garçon les accompagne en train jusque Halanzy ; Fry indique que ses papiers ont été contrôlés en cours de route. Arrivés à Halanzy, le garçon les mène à un magasin de photo où ils rencontrent deux estropiés, dont l’un est propriétaire du magasin. Ils ne reverront plus le garçon par la suite. Lorne est pris en charge par un prêtre, Fry par un professeur d’une école locale. Bien qu’ils étaient censés être placés à des endroits différents, on les loge tous les deux dans la même maison.

Leurs logeurs sont un homme, marié depuis 7 ans et sa femme, rousse et au fort tempérament. Fry déclare que leur séjour là fut ce qu’ils avaient rencontré de moins agréable comme traitement et il ajoute qu’il pense que la femme était allemande, s’énervant à chaque mention par les aviateurs de leur haine de l’ennemi. On leur présente différentes personnes, un ami qui procurait la viande, un frère et une sœur du mari, un coiffeur, le prêtre leur rendant visite à l’occasion. Leur logeuse fait comprendre qu’elle ne veut plus les voir et Fry et Lorne sont alors transférés dans une autre maison où ils restent 2 ou 3 jours.

Fry dit avoir alors découvert que l’un des 2 estropiés se dit chef de l’organisation dans le secteur. On avait fait croire à une jeune fille de 15 ans vivant dans la maison que les 2 aviateurs étaient Flamands. Comme Fry et Lorne avaient été autorisés à parler en sa présence, elle s’est évidemment rendu compte du mensonge et, pour lui faire peur, Fry et Lorne déclarent alors qu’ils sont Allemands… La jeune fille, qui a compris, apprend alors à l’estropié qu’elle sait qu’ils sont en fait Américains, ce qui l’énerve au plus haut point et il le fait savoir avec colère aux deux aviateurs. Fry commence à avoir des doutes et Lorne et lui indiquent à l’estropié qu’ils souhaitent s’en aller. Ils apprendront par la suite que cet estropié s’arrangeait pour faire passer de jeunes Flamands réfractaires pour des aviateurs alliés, de façon à toucher l’argent de l’organisation en remboursement de soi-disant frais d’hébergement. Il allait même jusqu’à réclamer de l’argent (50 FB) aux fermiers des environs "pour subvenir aux besoins d’évadés".

Ayant quitté la maison de l’estropié, ils retournent à Virton, chez le "bon" estropié, photographe, qui les reprend chez lui. Fry indique qu’ils vont dans un café, y rencontrent un garçon de ferme, l’accompagnent pour rencontrer un autre guide et qu’ils marchent ensuite vers Dampicourt. Ce dernier guide était télégraphiste aux chemins de fer. Le rapport de Fry indique qu’ils logent chez un certain "Dropsy". Il doit s’agir d’Alexis DROPSY de cette localité, où Lorne et lui ont été menés par un jeune guide pour souper. DROPSY est décrit comme âgé d’environ 55 ans, parlant un peu l’anglais, ayant 2 fils prisonniers de guerre en Allemagne et vivant dans la maison avec son épouse, leur fille et leur belle-fille. Le rapport de Fry parle de suspicions et de méfiance à leur égard de la part de leurs hôtes, vraisemblablement dues à leur arrivée chez eux via le "mauvais" estropié, dont l’organisation se méfiait…

Fry parle de la visite chez les DROPSY de la femme du bourgmestre de Dampicourt, venue s’enquérir s’ils étaient Anglais, elle-même étant Anglaise. Par recoupement, nous avons pu trouver que le bourgmestre de Dampicourt, Albert ADAM, avait effectivement une épouse anglaise, née Hilda RATCLIFFE à Pontefract, dans le West Yorkshire. Ils ont aidé plus tard dans son évasion le F/O canadien James Moffat, dont par coïncidence la mère était également originaire de Pontefract (Moffat était à bord du Halifax LV923 abattu le 30 mars 1944 - libéré en Belgique par des troupes américaines le 8 septembre 1944 - SPG 3350/1080.)

Lorne indique que vers le 9 ou 10 novembre, un professeur leur établit des papiers français et pense les amener en Suisse, mais Lorne pense qu'il fut dupé par l'estropié.

Lorne mentionne que Fry et lui sont alors logés cinq jours dans une autre maison à Halanzy, l'estropié collectant de l'argent chez les fermiers et leur réclamant aussi 50 FB. Lorne ajoute qu’ils retournent à Virton et vont alors à Dampicourt chez un fermier qui les conduit dans une ferme à Montquinquin.

Fry mentionne bien un déplacement vers une ferme à "Mt Quentin" (Montquinquin) - Lorne parle, lui, de Halanzy - et y avoir été guidés par DROPSY et un homme qui avait été au combat, blessé à la main gauche dont il ne restait plus que l’index et le pouce. Fry parle de leur séjour dans cette famille de fermiers, le père, la mère et leurs 3 enfants, tous les 5 aux cheveux roux. Pendant leur séjour d’exactement 2 semaines, les 2 aviateurs y sont bien traités, bien nourris et participent aux travaux de la ferme, trayant les vaches et faisant du beurre. Il mentionne qu’ils se rendirent à pied à Dampicourt pour aller voir DROPSY. Il précise que les fermiers (non nommés) leur demandent de faire envoyer par la BBC dès leur retour en Angleterre le message "LE PETIT VEAU EST BIEN NÉ", leur signalant ainsi leur bonne arrivée.

Le temps paraît long aux 2 aviateurs et Fry mentionne qu’ils se tiennent en forme en faisant des pompes (de "20 à 50"…) et que, suite à une action de sabotage ayant fait exploser un train dans le coin et le mécanicien du train habitant Montquinquin, ils doivent rapidement déménager car les Allemands fouillent partout. Ils retournent alors à Dampicourt où ils revoient Hilda RATCLIFFE. Nous devinons du gribouillage de l’intervieweur de Fry qu’elle serait parvenue à faire arrêter l’estropié par la police belge plutôt que par les Allemands, et à l’insu de ceux-ci…

Fry mentionne bien un déplacement vers une ferme à "Mt Quentin" (Montquinquin) - Lorne parle, lui, de Halanzy - et y avoir été guidés par DROPSY et un homme qui avait été au combat, blessé à la main gauche dont il ne restait plus que l’index et le pouce. Fry parle de leur séjour dans cette famille de fermiers, le père, la mère et leurs 3 enfants, tous les 5 aux cheveux roux. Pendant leur séjour d’exactement 2 semaines, les 2 aviateurs y sont bien traités, bien nourris et participent aux travaux de la ferme, trayant les vaches et faisant du beurre. Il mentionne qu’ils se rendirent à pied à Dampicourt pour aller voir DROPSY. Il précise que les fermiers (non nommés) leur demandent de faire envoyer par la BBC dès leur retour en Angleterre le message "LE PETIT VEAU EST BIEN NÉ", leur signalant ainsi leur bonne arrivée.

Le temps paraît long aux 2 aviateurs et Fry mentionne qu’ils se tiennent en forme en faisant des pompes (de "20 à 50"…) et que, suite à une action de sabotage ayant fait exploser un train dans le coin et le mécanicien du train habitant Montquinquin, ils doivent rapidement déménager car les Allemands fouillent partout. Ils retournent alors à Dampicourt où ils revoient Hilda RATCLIFFE. Nous devinons du gribouillage de l’intervieweur de Fry qu’elle serait parvenue à faire arrêter l’estropié par la police belge plutôt que par les Allemands, et à l’insu de ceux-ci…

Fry parle d’une tentative de Hilda pour les placer dans un Conservatoire, mais que cela échoue car on ne peut retrouver le prêtre qui s’en occupe… Fry et Lorne restent donc chez DROPSY à Dampicourt et ils sont pris en photo par le photographe estropié pour la confection de leurs faux papiers. L’employé des chemins de fer qui les avait amenés à Dampicourt vient les chercher pour les guider à vélo jusque chez lui à Meix-devant-Virton. Les deux filles de la maison ont, l’une la rougeole, l’autre la variole, ce qui, selon Fry, leur donne l’excuse de sortir seuls dans la soirée… Ils restent loger là une semaine, et leurs hébergeurs prennent entretemps contact avec Comète à Bruxelles. Leurs photos et détails sont envoyés à Bruxelles et le mercredi suivant, Fry et Lorne sont conduits à une gare par la femme de l’employé des chemins de fer. Là, ils sont supposés être pris en charge par DROPSY, mais apparemment quelque chose l’en empêche et Fry et Lorne jouent à pile ou face : partir seuls et essayer d’atteindre la Suisse ou attendre que l’organisation les mène à Bruxelles. Ils sont finalement guidés jusque Bruxelles en train, par DROPSY selon Fry, et, lors d’un changement de train en cours de route, ils rencontrent 3 hommes qui les mènent à une maison, vraisemblablement celle de l’un d’eux, qui a deux petits enfants, l’un âgé de 8 ans, l’autre encore un bébé. Selon Fry, il semble qu’aucun aviateur n’avait été caché là avant eux. Fry signale avoir donné de l’argent français de son kit d’évasion : 400 francs à leur logeur, 900 francs à Lorne, gardant 1000 francs pour lui. Fry mentionne alors l’arrivée de deux policiers, qu’ils avaient rencontrés à la gare, l’un d’eux étant assez costaud, ayant l’apparence d’un boxeur.

Dwight FRY est renseigné comme pris en charge à Bruxelles par Aline DUMONT ("Michou"). Selon le rapport de Lorne, c’est Michou qui les a conduits dans la maison où elle habite avec une dame âgée (Hélène CAMUSEL). Le rapport de Fry (qui appelle Aline par son autre surnom "Lili") mentionne également leur hébergement chez une dame âgée et précise qu’ils rencontrent Robert Grimes chez elle. Fry indique que "Lili" est venue les chercher pour les conduire à Ixelles à la Cie des Gaz, où la maîtresse de maison, "environ 28 ans", parle très bien l’anglais, sa mère étant d’origine anglaise, son père étant belge. Fry mentionne Anne, Jacques et Yvonne et il s’agit évidemment de la famille de Julien et Anne BRUSSELMANS, au 127 Chaussée d’Ixelles, la société gazière étant ELECTRABEL où Julien était employé. Fry mentionne également le fils, Jackie et la fille Yvonne et mentionne des visites de "Lili". Pendant leur séjour chez les BRUSSELMANS, Fry et Lorne reçoivent de nouveaux vêtements et chaussures.

Fry rapporte qu’un jour, "Lili", venue chez les BRUSSELMANS pour voir Anne, téléphone de chez eux à une amie. Elle se rend compte que ce n’est pas son amie à l’appareil et il s’avère que celle-ci avait été arrêtée et que c’était la Gestapo au bout du fil. Les plans doivent alors être rapidement changés et Fry et Lorne quittent les BRUSSELMANS.

Ils passent ainsi trois jours au centre de rassemblement chez Hélène CAMUSEL au 160 Rue Marie-Christine à Laeken. Là, Lorne voit une photo et le questionnaire du Sgt Ian Robb, son navigateur, qui était resté trois jours dans cette maison. Lorne et Fry restent ensuite dans une autre maison à Bruxelles du 10 au 17 décembre.

Selon Lorne, vers le 17 décembre, un jeune Belge les guide au train jusqu'à la frontière française. Le rapport de Fry indique, sans donner de date, qu’à Bruxelles, Anne BRUSSELMANS et "Lili" l’avaient conduit à la gare avec Lorne et qu’ils se sont dit au revoir dans un tunnel avant que "Lili" les mène à la rencontre de "J" qui leur a acheté des tickets. Une jeune femme appelée Jeanne ("Jan" dans le SPG de Lorne), et un certain "Jacques" (vraisemblablement Jacques DE BRUYN) les passent en France. Tous deux "sont de Paris", selon Lorne.

Fry quant à lui, indique dans son rapport qu’ils voient un autre aviateur, un sergent opérateur radio, accompagné d’un ou d’une autre guide et qu’ils descendent du train avant la frontière belge. Il signale que lui, Lorne et deux autres hommes, vont dans une maison peinte en jaune, proche de la frontière, où ils échangent leurs faux papiers belges contre d’autres valables en France et reçoivent de l’argent français. Il précise que Lorne et lui sont alors partis avec 2 autres Américains, dont il ignore les noms, qu’ils ont marché à travers champs et sont arrivés à une ferme où ils ont rencontré une jeune fille et un garçon devant leur servir de guides, ainsi qu’un ou une autre guide. Ils prennent le repas du soir à la ferme et vont dormir dans une étable. Fry est repris par ailleurs comme étant passé de Belgique en France par Henriette HANOTTE. Il est sans aucun doute passé en même temps que Lorne.

Fry indique qu’une jeune fille et un policier (douanier ?) guident Lorne et lui jusqu’à une gare d’où ils partent pour Lille, où ils vont au restaurant. Il ajoute que dans le train, leur groupe avait été scindé et qu’ils se retrouvent par la suite pour prendre un train à 18h30 (en direction de Paris).

Nous ignorons par qui il est guidé vers Paris, mais il semble que ce soit par Amanda STASSART ("Diane"). Fry mentionne qu’ils logent deux jours à Paris chez la mère de la jeune fille, ce qui semble confirmer que cette jeune fille est bien Amanda STASSART. Fry rencontre "Cashbox", alias de Jacques LE GRELLE. Fry mentionne que ce dernier a proposé à Lorne de le faire rentrer en Angleterre par avion, mais qu’il a persuadé Gerald Lorne de rester avec lui [on comprend qu’il devait s’agir d’une proposition de l’organisation de le(s) rapatrier en Angleterre par Lysander, moyen souvent envisagé, rarement utilisé.]

Fry mentionne ensuite qu’ils sont guidés par une fausse blonde qui les présente à une "lady in black" (la dame en noir, qui est Fernande ONIMUS-PHAL), qui amène Fry et Lorne dans son appartement au 84 Rue des Rondeaux à Paris XXe [chez elle], où des Américains avaient logé auparavant. Ils y restent loger environ une semaine avant que Fernande les guide un jour vers 11h00 à une gare où ils rencontrent une autre dame, environ 40 ans, assez… entreprenante… Celle-ci monte dans le train avec eux et, après un changement de train à Bordeaux, ils arrivent à Dax.

Fry mentionne qu’ils rencontrent un très jeune homme, assez sérieux, environ 1m50, puis deux autres hommes. Ils partent à vélo avec leurs guides, leur groupe comprenant l’australien Noel Parker et un membre des services secrets britanniques (Patrick Laming), qui avait enguirlandé la guide du train à leur arrivée à cause de son comportement léger vis-à-vis de la gent masculine qu’elle accompagnait…

Fry déclare s’être senti mal en cours de route. Fatigué, il avait demandé une pause. Après un peu de repos et quelques tablettes de benzédrine, le groupe reprend la route à vélo et arrive finalement à "un café". Il s’agit de l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA à Sutar. C'est le 86e passage de Comète, par Souraïde et Mikelen borda, avec les seuls guides de Juanito BIDEGAIN (Michel ECHEVESTE et son frère Joseph Marie).

Dwight Fry, Patrick Laming, Noel Parker, le Belge Albert Gilli et Gerald Lorne passent la nuit à l’auberge. Ils partent vers 5h00 du matin et marchent jusqu’à une hutte où ils se reposent. Vers 18h00, un autre guide les prend et est rejoint par un autre plus loin (le frère de Michel ECHEVESTE). Ils passent en Espagne vers 1h30 du matin et leur guide leur indique une maison avant de les abandonner. Ils vont à Urdax et se rendent spontanément à la Guardia Civil qui les ramène près de la frontière (Dancharia). Ils y remplissent des formulaires et sont emmenés à l'hôtel, soit le gîte rural d'Urdax, soit l’Hôtel del Norte à Irun.

Arrivé donc en Espagne le 1er janvier 1944, Fry mentionne un voyage en bus vers Irun, puis un contact avec le consul américain, et, semble-t-il, une rencontre là avec Robert Grimes cité plus haut, ainsi que Lloyd Stanford, Arthur Horning et le Lt Richard A. Stakes (pilote du B-17 "Lucky Lady" 42-31164, abattu le 5 janvier 1944 - mission sur Bordeaux - passé en Espagne le 9 janvier depuis Sare, au sud-est de Saint-Jean-de-Luz, et qui mentionne avoir rencontré Grimes et Horning à l’Hôtel del Norte à Irun et avec lesquels il est resté jusqu’à Gibraltar où ils arrivent le 26 janvier - E&E de Stakes = E&E 367.)

Dwight Fry rencontre Mr Forsyth de l’ambassade britannique. Il passe par Saragossa, puis Alhama où il est débriefé par le Major Clark le 24 janvier. Il passe ensuite par Madrid, mentionne un séjour dans un hôtel en cours de route et atteint Gibraltar le 26. Il y est interrogé le même jour par Donald Darling et le capitaine Dougherty et le lendemain par l’Intelligence Service britannique.

La photo de droite en médaillon provient du site http://renevosbudel.nl/dwight-alan-fry-crasht-op-de-schorik-in-budel-1943/ et montre Dwight Fry alors qu’il n’était encore que Cadet, apprenti pilote.

Dwight Fry quitte Gibraltar en avion le 30 janvier 1944 et atterrit à Bristol en Angleterre le même jour.

Décédé en 2005, Dwight Fry repose au Hollywood Cemetery à Richmond, Virginia.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters