Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 8 décembre 2019.

Lloyd Albert STANFORD / O-673829
2058 Walton Way, Augusta, Richmond County, Géorgie, USA
Né le 29 octobre 1920 à Augusta, Géorgie / † le 25 Septembre 1993, Columbus, Géorgie
2nd Lt, USAAF 385 Bomber Group 549 Bomber Squadron, bombardier
Atterri près de Holten, Overijssel, Pays-Bas.
Boeing B-17 G Flying Fortress, n° série 42-3539, abattu le 10 octobre 1943 lors d'une mission sur Münster.
Écrasé près de Holten, Pays-Bas.
Durée : 7½ semaines
Passage des Pyrénées : le 24 décembre 1943

Informations complémentaires :

Le Report relatif à la perte de cet appareil : MACR 826. Rapport d'évasion E&E 359 (encore à exploiter).

L'appareil décolle à 11h25 de Great Ashfield. A l'approche de l'objectif, un chasseur allemand met le moteur n°2 hors d'usage. Après le largage des bombes, le B-17 perd un peu le contact avec la formation, puis se joint à deux autres appareils attardés, et bientôt les trois avions sont attaqués par une nuée de chasseurs allemands. Le système électrique du 42-3539 interrompu, la radio détruite et l'alimentation en oxygène défectueuse, le pilote Whitlow donne l'ordre d'évacuer.

L'équipage : pilote 1er Lt William Whitlow ; co-pilote 2nd Lt Jim Burch ; navigateur 2nd Lt William D. Fazenbaker (Prisonnier) ; bombardier 2nd Lt Lloyd Stanford ; opérateur radio T/Sgt John Ashcraft ; mitrailleur dorsal T/Sgt Willis G. Shaneyfelt (Prisonnier) ; mitrailleur ventral S/Sgt Thomas M. Ennis (tué) ; mitrailleur droit S/Sgt Howard E. Walker (tué) ; mitrailleur gauche S/Sgt Clarence W. Schaumburg (Prisonnier) ; mitrailleur arrière S/Sgt Robert L. Richards (grièvement blessé - Prisonnier).

 
L'équipage de William Whitlow :
Debout de gauche à droite : pilote : William Whitlow, copilote : Jim Burch, Navigateur : William Fazenbaker et bombardier : Lloyd Stanford.
Devant, de gauche à droite : Mit. : Harold Gilbert, Mi. ventral : Thomas Ennis, Mi. tourelle : Robert Richards, Radio : John Ashcraft, Mit. : Howard Walker, et Mécanicien Willis Shaneyfelt.
(Note : Harold Gilbert et Willis Shaneyfelt, sur la photo, ne se trouvaient pas à bord du 42-3539 lors de la mission du 10 octobre 1943…)

Guidé de Hollande à Bruxelles par Karst SMIT, Lloyd Stanford loge chez Elise CHABOT au 4 Rue Jules Lejeune à Ixelles et est guidé par Ernest VAN MOORLEGHEM le 29 octobre.

Recueilli au Front de l'Indépendance (Milices Patriotiques) avec Jim Burch par Henri NYS le 29 octobre avec Charles HOSTE et Prosper SPILLIAERT.

Hoste les convoie chez Egide STREULENS et son épouse Henriette RAMAUT au 12 Avenue Georges Rodenbach à Schaerbeek.

Le 30 novembre, HOSTE vient les reprendre et les conduit chez Maurice OLDERS et Yvonne PELERIN au 17 Rue des Tanneurs à Bruxelles.Stanford a été soigné de fin novembre au 17 décembre chez les Olders par Yvonne DE MEULENAERE.

Transmis le 17 décembre à Comète via René PONTY, Stanford et Burch furent remis par Gaston MATTHYS à Jules DRICOT "Deltour".

Les deux hommes passent en France grâce à François BOURLARD et Georgette DIEU à Erquennes.

Arrivés en train à Paris, ils rencontrent "Cashbox", un alias de Jacques LE GRELLE ou de Jean-Pierre MALLET, le cousin de Michael CRESWELL, attaché à l'Ambassade britannique à Madrid.

Stanford ne signe pas le cahier de Pierre ELHORGA à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA. Le 22 décembre, ils vont tous à Saint-Jean-de-Luz à vélo puis arrivent chez Katalina AGUIRRE et sa fille Fifine âgée de 16 ans, chez lesquelles vivait l'un des guides espagnols. Chez elles, ils rencontrent un agent français travaillant pour les Britanniques (Roland Bru, un passeur de Base Espagne du BCRA), qui y reçoit un appel téléphonique d'un docteur (probablement Edmond SPERABER) qui lui amène peu après un lot de cartes. Un autre homme se joint alors à eux. C'est, selon Grimes, un Français moustachu de 35 à 40 ans et qui se noiera avec Jim Burch (il ne peut s'agir que du Belge Antoine d'URSEL).

Le 23 décembre, 10 hommes se préparent à la ferme de Joseph LARRETCHE à Urrugne en vue du passage des vers l'Espagne : les guides basques Manuel OLAIZOLA "dit Cestona" et Martin ERRAZKIN qui remplacent Florentino qui a la grippe, Jean-François NOTHOMB ("Franco"), le Comte Antoine d'URSEL ("Jacques CARTIER"), Albert ANCIA ("Daniel MOUTON"), un Français (Roland Bru) et les quatre aviateurs, Arthur Horning, Robert Grimes, Jim Burch et Stanford.

Trop nombreux, le groupe a des difficultés à passer la Bidassoa en crue. C'est le passage durant lequel Jim Burch et Antoine d'Ursel se noient dans la rivière Bidassoa. Stanford confirme un autre rapport d'Albert ANCIA où il est question d'un guide basque revenu sur la rive française rechercher Jim Burch, exténué, Antoine d'Ursel et Ancia. Le guide se place en amont pour fendre le courant, puis d'Ursel, puis Burch et enfin Ancia. Le guide s'enfonce brusquement dans l'eau. d'Ursel perd l'équilibre et se rattrape à l'Américain puis à Ancia, en lui disant de s'occuper de l'Américain avant d'être emporté par le courant. Burch assomme presque Ancia, qui est aussi emporté, en buvant la tasse, sur la rive espagnole. Après un moment, Ancia voit (ou plutôt entend, ainsi qu'il le rapporte) deux corps qui passent à un long intervalle.

Stanford raconte dans son rapport d'évasion qu'il est le dernier à quitter la vallée de la Bidassoa et à grimper vers Erlaitz. Il peut ainsi nettement entendre des bruits dans l'eau, des gémissement et un choc bruyant. Ancia lui confirme (Stanford peut parler le Français, même si non couramment) ensuite qu'il avait dabord ramené Burch sur la rive française, mais qu'il ne pouvait nager et se débattait avant d'être emporté à son tour comme d'Ursel à la seconde tentative.

Sur la pente vers Erlaitz, des agents de la Guardia Civile ou des militaires voient des mouvements et commencent à tirer dans l'obscurité. Le restant du groupe, Stanford, Horning, Grimes et Roland Bru, est arrêté par des gardes espagnols qui les conduisent dans leur barraquement, puis à pied à Irun, où on les parque dans un local nauséabond. Exténués, les hommes finissent pas s'endormir et lorsqu'ils se réveillent la veille de Noël, ils constatent que leur "hôtel" comporte d'autres pièces et d'autres prisonniers, civils et militaires (dont un pilote de la Luftwaffe...)

Selon un récit, jouant la corde sensible, et se faisant passer pour un américain aussi, Ancia demande s'ils peuvent aller à la messe en ce jour de Noël. Cette faveur leur est accordée et le lendemain un représentant français de la Croix Rouge vient questionner les quatre hommes puis retourne au consulat britannique à San Sebastion pour y informer le consul William GOODMAN et son attaché CRESWELL. Ceux-ci, avisés de la mort de deux hommes lors de la traversée et conscients de l'énervement des Allemands, ne perdent pas de temps et organisent leur délivrance. L'homme de la Croix Rouge est renvoyé sur Irun pour apporter de l'argent aux autorités locales, geste devant entraîner de meilleurs soins aux quatre hommes. Ils sont autorisés à se promener dans la ville et, profitant d'une sortie le 29 décembre, Bru bluffe leur seul garde et s'enfuit.

Les trois aviateurs sont ensuite déplacés vers l'Hotel del Norte, plus confortable, où ils reçoivent la visite du vice-consul américain à Bilbao, Allison Temple WANAMAKER, Jr.

WANAMAKER revient les voir le 10 janvier pour leur annoncer qu'ils quitteront Irun le lendemain. Ils sont donc conduits le 11 jusqu'à Alhama de Aragon où ils logent quelques jours dans un centre de villégiature.

Michael CRESWELL interroge Stanford à Madrid. Ils sont ensuite conduits jusqu'à Gibraltar le 27 janvier où ils sont interrogés avant d'être rapatriés par avion vers l'Angleterre le 29. Stanford y arrive le 30 à Bristol et est débriefé le 31 à Londres.

Lloyd Standford repose au Parkhill Cemetery à Columbus, Muscogee County, Georgia, USA.


Texte de Lloyd Standford publié dans un guide à l’évasion
("Power of Survival – Part II – Reprint of ‘Lessons In Escape’, publié le 21 août 1944)
https://airforceescape.org/equipment-used-by-evading-airmen/lessons-in-escape/

Traduction : "Retardez l’ouverture de votre parachute
Au retour au-dessus de la Hollande, après avoir vécu une terrifiante attaque par des chasseurs ennemis ayant entraîné la mort ou de sérieuses blessures pour certains de ses membres d’équipage, le Lt Stanford a rampé jusqu’à la trappe d’évacuation, passant à travers les débris, de l’essence et du verre et est parvenu à l’ouvrir à grand peine. Affaibli par le manque d’oxygène, il s’est souvenu de ses GI shoes (bottes) et est retourné les chercher. Il attrapa les bottes, les fourra sous sa Mae West et plongea la tête la première de 19,000 pieds (6000 m).
"Je n’éprouvais aucune sensation de tomber, ni d’espace, de poids ou de temps. Ce fut une des plus belles expériences de ma vie. C’était comme si je flottais tout autour. Je pouvais à l’envi étendre ou lever mes bras, jambes, ou ma tête. Vers 1000 m, voir le sol commencer à s’approcher m’a surpris et, par réflexe, j’ai actionné l’ouverture de mon parachute. Il s’est accroché au sommet d’un jeune arbre de grande taille qui s’est penché suffisamment pour que je puisse presque toucher le sol. Si j’avais eu des œufs dans mes chaussures, ils ne se seraient pas brisés. L’arbre se redressa légèrement, me soulevant à environ 15cm du sol. J’ai défait le harnais et suis descendu."


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters