Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 11 septembre 2018.

John Thomas ASHCRAFT / 38200176
Route #2, Mineola, Texas, USA
Né le 24 septembre 1921 à Lakeview, Texas / † le 9 mai 1994 à Arlington, Texas
T/Sgt, USAAF 385 Bomber Group 549 Bomber Squadron, opérateur radio.
Atterri en parachute près de Nijverdal, entre Zwolle et Enschede, Overijssel, Pays-Bas.
Boeing B-17 G Flying Fortress - 42-3539, abattu le 10 octobre 1943 lors d'une mission sur Münster.
Ecrasé à 15h20 près de Holten, Overijssel, Pays-Bas.
Durée : 10 semaines.
Passage des Pyrénées : le 20 décembre 1943.

Informations complémentaires :

Le Missing Air Crew Report relatif à la perte de cet appareil : MACR 826. Rapport d'évasion de John Ashcraft : E&E 305 (en commun avec Whitlow et disponible en ligne).

L'appareil décolle à 11h25 de Great Ashfield. A l'approche de l'objectif, un chasseur allemand met le moteur n°2 hors d'usage. Après le largage des bombes, le B-17 perd un peu le contact avec la formation, puis se joint à deux autres appareils attardés, et bientôt les trois avions sont attaqués par une nuée de chasseurs allemands. Le système électrique du 42-3539 interrompu, la radio détruite et l'alimentation en oxygène défectueuse, le pilote Whitlow donne l'ordre d'évacuer.

 
L'équipage de William Whitlow :
Debout de gauche à droite : pilote : William Whitlow, copilote : Jim Burch, Navigateur : William Fazenbaker et bombardier : Lloyd Stanford.
Devant, de gauche à droite : Mit. : Harold Gilbert, Mi. ventral : Thomas Ennis, Mi. tourelle : Robert Richards, Radio : John Ashcraft, Mit. : Howard Walker, et Mécanicien Willis Shaneyfelt.
(Note : Harold Gilbert et Willis Shaneyfelt, sur la photo, ne se trouvaient pas à bord du 42-3539 lors de la mission du 10 octobre 1943…)

L'équipage : pilote 1er Lt William Whitlow , évadé ; co-pilote 2nd Lt Jim Burch, évadé ; navigateur 2nd Lt William D. Fazenbaker (Prisonnier) ; bombardier 2nd Lt Lloyd Stanford, évadé ; opérateur radio T/Sgt John Ashcraft (évadé) ; mitrailleur dorsal T/Sgt Willis G. Shaneyfelt (Prisonnier) ; mitrailleur ventral S/Sgt Thomas M. Ennis (tué) ; mitrailleur droit S/Sgt Howard E. Walker (tué) ; mitrailleur gauche S/Sgt Clarence W. Schaumburg (Prisonnier) ; mitrailleur arrière S/Sgt Robert L. Richards (grièvement blessé - Prisonnier).

John Ashcraft, blessé à l'avant-bras gauche par un éclat d'obus de 20 mm, saute à environ 6.000 m et aperçoit leur appareil, poursuivi dans sa chute par un Heinkel 111 et un Fw190, finalement s'écraser et brûler. Tandis qu'il descend en parachute, Ashcraft voit un Fw190 s'approcher de lui, mais heureusement, il s'éloigne peu après sans tirer. Il atterrit près d'une route, observé par quelques personnes et, méfiant, se hâte d'enrouler son parachute et de s'éloigner en direction d'un bois proche.

Il se débarrasse de son parachute dans le bois, évite d'être remarqué par deux soldats allemands qui marchent le long du même sentier que lui et arrive à une petite route. Là, un jeune garçon à vélo l'interpelle en anglais, lui dit qu'il se trouve en Hollande et lui indique de le suivre. Ashcraft s'exécute, mais ils doivent bientôt se cacher d'une patrouille allemande. Resté seul, Ashcraft se débarrasse de son casque et de son masque à oxygène et se cache jusqu'au soir dans des buissons.

Au crépuscule, il se remet en route et, peu après, revoit le jeune garçon revenu à sa recherche et son père. Les hommes appliquent un bandage sur sa blessure et lui disent de rester cacher dans une cabane à foin jusqu'au soir. Tard dans la soirée, ils reviennent pour l'emmener dans leur ferme. Ils appellent un docteur pour le soigner et à sa troisième visite, le docteur lui annonce que son co-équipier Bob Richards est à l'hôpital et que son pilote Whitlow est sauf lui aussi.

Le 15 octobre, Joop "Joe" NOEST, 22 ans, réfractaire, vient le prendre et le conduit aux environs de Nijverdal où vers minuit il retrouve son pilote Whitlow. Depuis ce moment, leur évasion est organisée.

Ashcraft et Ross Repp sont guidés à Wierden par l'instituteur Marinus VAN TOL (58 Almelosestraat à Wierden) et un policier. Plusieurs jours plus tard, Whitlow, lui, va en vélo à Nijverdal avec Joop NOEST, s'arrête chez VAN TOL pour un repas, et continue vers Wierden avec lui. Joop est ensuite abandonné à cause de son manque de papiers en règle et du fait que le réseau ne peut faire évader que des aviateurs.

A Wierden, deux Hollandais commencent à questionner Ashcraft et Repp, mais VAN TOL leur dit qu'il a contact avec deux réseaux et qu'ils seront questionnés ensuite par celui des deux qui les prendra en charge. Repp part dormir seul dans une maison, tandis qu'Ashcraft et Whitlow vont à Wierden chez un docteur, une figure locale qui vit avec sa femme, un fils de 17 ans et une fille de 14 ans.

Le 21 octobre, deux guides conduisent les trois aviateurs par train à Hengelo où ils rencontrent Alphonse GIRARD, un petit Néerlandais blond. Ils sont conduits à travers la ville. Ashcraft et Repp vont dormir chez une dame autrichienne et Whitlow va chez Alphonse GIRARD. Ils sont rejoints par Eldon Broman.

Le 23 octobre, les quatre évadés sont conduits à Echt chez un prêtre catholique. Le 24, ils poursuivent leur marche hors de la ville et une camionnette, à bord de laquelle se trouvent déjà trois autres évadés, les conduit chez le fermier VAN OOST, près de Roermond, chez qui ils restent six jours. Un jeune homme appelé FRITZ travaille dans la ferme.

Le 26, ils sont visités par deux aviateurs américains, un navigateur de Boston et un mécanicien de New York. Le 30 octobre, ils vont à pied à Roermond. A un canal dont les ponts sont gardés par des Allemands, ils traversent en barque avec un policier hollandais. Arrivés à Roermond, ils vont chez un boulanger et sont pris en charge par une dame assez âgée. [On indique qu'il reste à Roermond chez Henri et Jeanne LOVEN au 90 Willem II Singel. Y sont aussi : Broman, son pilote Whitlow et le Sgt Repp]. Ashcraft ne reverra plus son co-équipier Jim Burch par la suite.

Le 5 novembre, un fermier vient les reprendre pour les conduire trois pâtés de maisons plus loin, où ils montent dans une voiture conduite par le Dr WONG, d'origine chinoise [La liste des Helpers néerlandais reprend Adolf WONG LUN HING, au 13 Swalmestraat à Roermond]. WONG et VAN OOST s'arrêtent dans la campagne pour prendre FRITZ, ensuite de quoi les hommes marchent à travers un village pour gagner une ferme.

Deux policiers (ou gendarmes) les visitent en compagnie d'un prêtre catholique. [Ils quittent tous Roermond pour Neeritter où ils rencontrent le Résistant Reinier VAN DE VIN qui les cache cache chez lui 130 Haardstraat à Neeritter jusqu'à minuit le 6 novembre, moment où Theodore FLORQUIN vient chercher les quatre aviateurs. Il les guide jusqu'à sa maison à Geistingen, juste passé la frontière belge. La liste des Helpers belges, établie après la guerre, reprend FLORQUIN à Ophoven au 14 Steenweg.]

De là, Pieter KOOLEN, un policier habitant Dorpstraat à Ophoven guide les quatre hommes chez "un Français" (Jean HILVEN, Donkstraat, Ophoven, Limbourg belge) pour que celui-ci les mène à une ferme où Gertrude HENDRIKX, de Maaseik, viendra prendre Whitlow et Ashcraft le lendemain. [La liste des Helpers belges reprend une Gertrude HENDRICKX à la Dorpstraat à Ophoven.] Chez Gertrude, ils rencontrent deux Français et un Russe, reçoivent de faux papiers et sont interrogés par un Belge. Ils sont ensuite conduits à Liège par deux jeunes femmes. Broman et Repp font aussi ce voyage, mais Whitlow et Ashcraft ne les reverront plus par la suite.

Une jeune fille les conduit alors dans une école d'hôtellerie, au 13 Hors Château à Liège, gérée par Charlotte DISCRY, une veuve qui a un fils de 12 ans nommé Louis. Le chef d'un réseau, dont le prénom ou pseudo est Charlie (Charles KREMER ?), vient les interroger. Les deux aviateurs Raymond Nutting et John Burgin), eux, se trouvaient déjà là depuis un certain temps.

Whitlow, Ashcraft et le Sgt John Carnill (RAF 76 Squadron - opérateur radio Halifax LK932 ; sera arrêté le 4 janvier 1944 à Paris par la Gestapo - Prisonnier Stalag Luft 6) partiront loger six jours au 13 Rue de Mambourg à Liège chez Paul FREROTTE, un résistant du MNB. Les trois aviateurs y sont visités par un homme qui dirigeait une agence de taxis (et avait conduit des taxis à New-York) et qui vit avec une blonde ("Georgette") dans une ferme hors de Liège. Le 12 novembre, un baron (Marcel DERUYTER) vient les voir. Il parle très peu l'anglais, mais pose les habituelles questions d'identification.

Un boucher appelé Jacques vient les chercher à l'école de Charlotte DISCRY pour les conduire chez Charles KREMER au 3 Rue des Prémontrés à Liège. On les prend en photo le 22 novembre, en vue de leur confectionner de faux papiers.

Le 24 novembre, ils quittent Liège pour Bruxelles avec un jeune Belge de 21 ans qui porte des lunettes, accompagnés du beau-frère de Charles KREMER. Ils sont accueillis à Bruxelles par Elie MIROIR qui les conduit voir "Lilly" (Aline DUMONT) chez Hélène CAMUSEL au 160 Rue Marie-Christine à Laeken. Se trouve là un Américain prénommé Robert, un pilote de Virginie abattu en octobre. Il s'agit de Robert Grimes, en convalescence après son opération.

Le même soir, ils sont dirigés d'abord chez Raymond VIGNOBLE, qui les prend en photo, puis chez Albert VAN TUYKOM. Ils vont ensuite loger chez Maria et Henri MACA, au 31 Avenue du Val d'Or à Woluwe-Saint-Pierre.

Ils devaient poursuivre leur route le 6 décembre, mais les plans sont annulés à cause d'un traître dans le réseau, ce qui amène "Lily" à penser qu'il faut changer d'itinéraire. Ils partent alors loger jusqu'au 10 décembre chez un professeur d'art, René PIRART, au 8 Rue des Tournesols à Anderlecht. Par la suite, ils sont retrouvés là par Henri et Marie MACA, qui logent sept Américains et un aviateur de la RAF. [Ashcraft mentionne dans son rapport : un "Kenneth" de la RAF, abattu le 3 novembre 1943 (il s'agit de Kenneth Garvey) / un pilote australien / Nicholas Matich / Douglas Nelson, RCAF (bombardier à bord du LK995 piloté par Jacob Thurmeier et qui sera fait prisonnier par la suite) / un mécanicien USAAF du Kentucky - 385BG/550BS].

Florentine PIRART-DE WIT les mène à leur rendez-vous avec le contact qui doit les guider vers Paris. Ils quittent Bruxelles le 15 décembre, guidés par Jeanne VAN TUYKOM-OTTOY et Marie MACA jusque Beaumont, où un autre guide les conduit au marché, accompagnés par une dame d'environ 50 ans, présidente de la Croix-Rouge de Beaumont. Ils passent la nuit chez le Dr Maurice VERSTRAETEN et, le lendemain, ont rendez-vous avec les guides de la veille dans un vieux château en haut d'une colline. Ils passent la frontière à pied et prennent le train pour Arras dans un petit village.

Les noms de Whitlow et Ashcraft figurent sur une liste d'aviateurs d'Amanda STASSART ("Diane"), qui les a guidé chez sa mère à Paris où ils arrivent le 16 décembre. Se trouvant donc chez Louise BASTIN (épouse Achille STASSART), une Belge résidant au 8bis Rue Margueritte à Paris XVIIe, ils y sont interrogés par un homme à moustache (Jacques LE GRELLE). Une femme blonde, mariée à un marin américain (Germaine FLACHET, qui a été l'épouse d'un marin australien), les conduit dans une maison près de l'Arc de Triomphe. Le 18, Germaine BAJPAI-FLACHET les reprend et les remet à une gare à Jacques LE GRELLE.

Ils prennent alors le train pour Bordeaux avec un guide belge et en compagnie d'autres Américains. Leur recit devient ici identique à celui de Walter House :

Munis de vélos, les évadés roulent vers Bayonne. Parmi eux, le Sgt Thomas Combs ne sait pas rouler à vélo et doit être le plus souvent poussé. A un moment, Combs heurte deux soldats allemands qui roulent en sens inverse, mais heureusement, cela ne porte pas à conséquence et les autres l'aident à repartir.

Arrivés à Bayonne, ils dorment à l'auberge de Larre tenue par Marthe VILLENAVE, épouse MENDIARA, au Quartier Sutar de Anglet. Le lendemain soir, ils partent à vélo deux par deux. Après avoir traversé la Nive, Whitlow et Ashcraft sont arrêtés par deux gendarmes, mais leur guide parvient à les en débarrasser. Devant eux, l'autre groupe est arrêté par deux officiers allemands en voiture qui leur demandent le chemin. House rapporte qu'il n'a jamais compris comment la curiosité des Allemands n'avait pas été éveillée par leurs groupes passant devant eux deux par deux. Ils poursuivent ensuite à pied, le guide les poussant sans arrêt et leur répétant qu'ils mangeraient 45 minutes plus tard. Vers 2 heures et demi, ils passent près d'un poste allemand, traversent un cours d'eau formant la frontière (Non pas la Bidassoa, mais le Haizagerriko erreka ou ruisseau du Haizagerri) puis dorment le restant de la nuit dans une ferme, Jauriko borda. Il s'agissait du 82e passage de Comète, par Larressore et Jauriko borda, avec les seuls guides de Pierre ELHORGA.

Le lendemain, ils attendent des guides et marchent en montagne une journée avant d'être abandonnés un temps dans un abri à chèvres. Ils sont ensuite conduits dans un autre abri où ils restent deux nuits (Mortaleneko borda ?). La veille de Noël, deux hommes viennent les chercher et les font descendre vers une route, mais perdant ensuite leurs guides, ils reviennent à leur dernière cachette où ils expliquent la situation. Une heure et demi plus tard, les guides reviennent tranquillement avant qu'ils reprennent tous la route. Un taxi les rejoint et un des guides donne à Whitlow un papier avec leurs noms, grades et matricules, tous renseignements qu'il avait réunis durant leur périple dans la montagne.

Il ne mentionne pas la présence d'Adrien Modéra dans le groupe.

Le groupe atteint San Sebastian vers 5 heures et demi du matin à Noël et y reste un jour et une nuit. Un adjoint de l'attaché militaire de Madrid vient leur parler et par la suite ils arrivent à Madrid où ils rencontrent Michael CRESWELL et signent tous un certificat de sécurité à l'ambassade.

Ils quittent Madrid le 30 décembre et arrivent à Gibraltar le lendemain où ils sont interrogés par les hommes de Donald DARLING.

Le rapport E&E de John Ashcraft indique qu'il quitte Gibraltar par avion (pas de date) et qu'il arrive le 3 janvier 1944 à Bristol en Angleterre. Ashcraft et Whitlow sont débriefés ensemble le 4 janvier par le MIS-X.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters