Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 3 avril 2015.

Gerald Francis LORNE / 138901
69b Nightingale Lane, Clapham South, Londres SW12
Né le 26 mars 1917 / † le 15 septembre 1995 à Petts Wood, Oppington, Kent, Royaume-Uni.
Fl Off, RAF Bomber Command 218 Squadron, bombardier
lieu d'atterrissage près de Weert (Pays-Bas).
Short Stirling Mk III, n° série BK 650, immatriculation HA-T abattu le 31 août 1943 lors d'une mission sur München-Gladbach et Rheydt, abattu par un chasseur de nuit au retour.
Ecrasé à Budel-Dorplein, province de Noord-Brabant, Pays-Bas, tout près de la frontière belge.
Durée : 14 semaines
Passage des Pyrénées : le 30 décembre 1943

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion n° SPG 3318/1750 (complet).

Le Stirling décolle de Downham Market vers 01h00, heure anglaise, le 31 août. Sur le vol de retour, il est attaqué par un chasseur de nuit dont les rafales mettent le feu à l’aile droite. Le pilote Clague donne l'ordre de sauter vers 1h30 du matin (heure continentale). L'équipage était : le pilote, F/S William Henry Clague, tué ; le mécanicien, Sgt Jack Adam Whetton, tué ; le bombardier, P/O Gerald Lorne, la présente fiche, évadé ; le navigateur, W/O Ian Robb; l’opérateur radio, Sgt Harold Butler, tué ; le mitrailleur dorsal, Sgt Cecil Charles Holden, tué ; le mitrailleur arrière, Sgt A. A. Frederickson (RCAF), prisonnier. Les quatre tués reposent au cimetière militaire de Eindhoven (Woensel) aux Pays-Bas.

L'appareil explose dès que Lorne a sauté, tuant quasi tout l'équipage et blessant Lorne au pied en lui déchirant sa botte.

Il ne reprend conscience qu'à 9 heures, le pied cassé, le parachute pris dans des arbres. Il le cache avec sa Mae West et se rend dans une ferme à 500 mètres. Il entend du néerlandais qu'il prend pour de l'allemand, mais une vieille femme appelle son mari et lui apporte à boire. La famille le cache dans un poulailler. Il dort sur des sacs après un repas. Un homme de Weert qui parle anglais (un prêtre appelé le Père PAUL) vient le voir et lui explique que la ferme voisine appartient à des nazis hollandais, et qu'il doit se cacher dans un bois. Il est emmené et caché quatre jours dans ce bois, les fermiers venant le nourrir jusqu'au 3 septembre. Une infirmière de Weert, Elsie STOKES (?) de père anglais décédé et de mère néerlandaise, est prévenue par le père PAUL et vient lui soigner son pied les deux premières nuits dans le bois. Elle appartient à un groupe de résistants dirigé par une femme assistée d'un prêtre, le Père Charles BRUMMANS du 18 Wilhelmina Singel, Weert.

La quatrième nuit, le Père BRUMMANS, Elsie STOKES, le Dr W. H. C. M. VENMANS (Hoogstraat 15, Weert) et un jeune néerlandais conduisent Lorne en voiture chez le joaillier KNEEPKENS-ESSER, 3 Maasstraat à Weert. Il y reste huit semaines au lit. La femme qui dirige le groupe lui annonce qu'ils vont l'évacuer via une "4-day line" maritime, probablement depuis la Frise. On lui annonce ensuite que la ligne est rompue suite à des dénonciations et que la chef est arrêtée. Le Père Charles BRUMMANS a pu s'échapper.

Durant la dernière semaine d'octobre, il est pris en vélo le long du canal Noorderkanaal jusqu'à un petit village près de la frontière belge. Un douanier et quatre civils hollandais le remettent à deux douaniers belges. Il roule avec eux jusque Loozen, près de Budel-Dorplein, toujours en Hollande, où il reste deux jours chez le plus jeune douanier. Il y est visité par le chef régional de la résistance en Limbourg qui le prend avec lui.

Lorne est guidé à travers la frontière et est conduit à Kaulille chez un jeune guide. Il reste deux jours chez son père, un vétéran de 14-18 qui a séjourné deux ans en Angleterre. Il est alors conduit chez un cordonnier à Overpelt et y reste encore deux jours durant la dernière semaine d'octobre.

Le rapport d’évasion de l’américain Dwight Fry, pris en charge par la Witte Brigade, indique que Fry rencontre Gerald Lorne avec eux et que, confiés à un (ou une) jeune guide, les deux aviateurs sont menés à vélo à Overpelt où ils restent quelques jours (7 ?), semble-t-il chez un cordonnier (Lorne parle de 2 jours chez un cordonnier à Overpelt…), son épouse et leur fille d’environ 4 ans. Un lundi matin, un homme assez grand, à fière allure, les guide jusqu’à une gare (à Neerpelt) et les confie à un autre homme (un cheminot ?) en possession de tickets. Ils prennent un tram ou un train pour Anvers / Antwerpen où ils arrivent vers 9h00 du matin. On leur avait annoncé qu’ils partiraient via la Suisse. Un autre guide les prend en charge à la gare et les amène à un café à quelques centaines de mètres de la gare. Ils rencontrent un couple ayant vécu une vingtaine d’années aux Etats-Unis, rentrés en Belgique depuis 20 ans et parlant couramment l’anglais. Il semble que l’homme soit un vendeur de radios, le couple vivant à l’étage de son magasin. Les 2 aviateurs restent là de 10 à 19h00 avant d’aller loger une nuit chez les grands parents (du vendeur de radios ?...) Fry mentionne plus loin qu’ils ont dû se rendre dans un "public photo shop" (Photomaton…) à Anvers pour obtenir des photos pour leurs faux papiers. Le nom de Dwight Fry apparaît sur la liste des aviateurs aidés par Virginie DE BRUYN au 37 Keizerstraat à Anvers, logé deux jours. Son rapport d’évasion, qui ne donne pas de noms de helpers, indique que Lorne et lui ont rencontré un guide qui est venu les chercher pour les conduire à la gare.

Le nom de Fry figure également sur la liste des aviateurs aidés par Marcel DAELEMANS à Anvers. Son rapport mentionne qu’avec le guide qui les avait conduits à la gare, Lorne et lui ont pris le train de 12h00 à Anvers / Antwerpen, sont passés par Bruxelles et sont arrivés à Virton, tout au sud de la Belgique, vers 23h15/23h20.

Arrivés à Virton, Marcel DAELEMANS les conduit chez Georges HENNAUT à la Rue du Docteur Jeanty, organiste de l'église de Virton, marié, père de 3 enfants de 9, 4 et 3 ans. Lorne et Fry sont hébergés dans une petite chambre à l’étage pendant 8 jours, malgré la Gestapo très active, suite à un sabotage de 2 trains quelques jours avant leur arrivée. Fry indique que durant leur séjour (se situant aux environs du 31 octobre), ils apprennent qu’ils partiraient dans 3 à 5 jours ; que 18 hommes doivent être évacués ; que le 4ème jour un guide est venu leur dire, en montrant leurs photos, que certains évadés avaient déjà pu rejoindre la Suisse ; que le 5ème jour un jeune homme de 18-19 ans est venu leur apporter leurs faux papiers ; que le 6ème jour, vu les patrouilles allemandes fouillant toutes les maisons, cherchant notamment des vélos à confisquer, ils doivent aller se réfugier dans le clocher de l’église où ils restent deux heures et demie. Retournés chez les HENNAUT, ils apprennent qu’en fait les Allemands étaient effectivement à la recherche de vélos plutôt que d’aviateurs.

La ligne suisse étant entretemps rompue, Virton devenait trop dangereux et ils sont remis à une autre organisation. Après 15 jours chez les HENNAUT, Mme HENNAUT les conduit à la gare, où Fry et Lorne revoient le garçon qui leur avait remis leurs faux papiers. Le garçon les accompagne en train jusque Halanzy ; Fry indique que ses papiers ont été contrôlés en cours de route. Arrivés à Halanzy, le garçon les mène à un magasin de photo où ils rencontrent deux estropiés, dont l’un est propriétaire du magasin. Ils ne reverront plus le garçon par la suite. Lorne est pris en charge par un prêtre, Fry par un professeur d’une école locale. Bien qu’ils étaient censés être placés à des endroits différents, on les loge tous les deux dans la même maison.

Leurs logeurs sont un homme, marié depuis 7 ans et sa femme, rousse et au fort tempérament. Fry déclare que leur séjour là fut ce qu’ils avaient rencontré de moins agréable comme traitement et il ajoute qu’il pense que la femme était allemande, s’énervant à chaque mention par les aviateurs de leur haine de l’ennemi. On leur présente différentes personnes, un ami qui procurait la viande, un frère et une sœur du mari, un coiffeur, le prêtre leur rendant visite à l’occasion. Leur logeuse fait comprendre qu’elle ne veut plus les voir et Fry et Lorne sont alors transférés dans une autre maison où ils restent 2 ou 3 jours.

Fry dit avoir alors découvert que l’un des 2 estropiés se dit chef de l’organisation dans le secteur. On avait fait croire à une jeune fille de 15 ans vivant dans la maison que les 2 aviateurs étaient Flamands. Comme Fry et Lorne avaient été autorisés à parler en sa présence, elle s’est évidemment rendu compte du mensonge et, pour lui faire peur, Fry et Lorne déclarent alors qu’ils sont Allemands… La jeune fille, qui a compris, apprend alors à l’estropié qu’elle sait qu’ils sont en fait Américains, ce qui l’énerve au plus haut point et il le fait savoir avec colère aux deux aviateurs. Fry commence à avoir des doutes et Lorne et lui indiquent à l’estropié qu’ils souhaitent s’en aller. Ils apprendront par la suite que cet estropié s’arrangeait pour faire passer de jeunes Flamands réfractaires pour des aviateurs alliés, de façon à toucher l’argent de l’organisation en remboursement de soi-disant frais d’hébergement. Il allait même jusqu’à réclamer de l’argent (50 FB) aux fermiers des environs "pour subvenir aux besoins d’évadés".

Lorne indique que vers le 9 ou 10 novembre, un professeur leur établit des papiers français et pense les amener en Suisse, mais Lorne pense qu'il fut dupé par l'estropié. Ayant quitté la maison de l’estropié, ils retournent à Virton, chez le "bon" estropié, photographe, qui les reprend chez lui. Fry indique qu’ils vont dans un café, y rencontrent un garçon de ferme, l’accompagnent pour rencontrer un autre guide et qu’ils marchent ensuite vers Dampicourt. Ce dernier guide était télégraphiste aux chemins de fer. Le rapport de Fry indique qu’ils logent chez un certain "Dropsy". Il doit s’agir d’Alexis DROPSY de cette localité, où Lorne et lui ont été menés par un jeune guide pour souper. DROPSY est décrit comme âgé d’environ 55 ans, parlant un peu l’anglais, ayant 2 fils prisonniers de guerre en Allemagne et vivant dans la maison avec son épouse, leur fille et leur belle-fille. Le rapport de Fry parle de suspicions et de méfiance à leur égard de la part de leurs hôtes, vraisemblablement dues à leur arrivée chez eux via le "mauvais" estropié, dont l’organisation se méfiait…

Fry parle de la visite chez les DROPSY de la femme du bourgmestre de Dampicourt, venue s’enquérir s’ils étaient Anglais, elle-même étant Anglaise. Par recoupement, nous avons pu trouver que le bourgmestre de Dampicourt, Albert ADAM, avait effectivement une épouse anglaise, née Hilda RATCLIFFE à Pontefract, dans le West Yorkshire. Ils ont aidé plus tard dans son évasion le F/Offr canadien James Moffat, dont par coïncidence la mère était également originaire de Pontefract (Moffat était à bord du Halifax LV923 abattu le 30 mars 1944 - libéré en Belgique par des troupes américaines le 8 septembre 1944 - SPG 3350/1080.)

Lorne mentionne que Fry et lui sont alors logés cinq jours dans une autre maison à Halanzy, l'estropié collectant de l'argent chez les fermiers et leur réclamant aussi 50 FB. Lorne ajoute qu’ils retournent à Virton et vont alors à Dampicourt chez un fermier qui les conduit dans une ferme à Montquinquin.

Fry mentionne bien un déplacement vers une ferme à "Mt Quentin" (Montquinquin) - Lorne parle, lui, de Halanzy - et y avoir été guidés par DROPSY et un homme qui avait été au combat, blessé à la main gauche dont il ne restait plus que l’index et le pouce. Fry parle de leur séjour dans cette famille de fermiers, le père, la mère et leurs 3 enfants, tous les 5 aux cheveux roux. Pendant leur séjour d’exactement 2 semaines, les 2 aviateurs y sont bien traités, bien nourris et participent aux travaux de la ferme, trayant les vaches et faisant du beurre. Il mentionne qu’ils se rendirent à pied à Dampicourt pour aller voir DROPSY. Il précise que les fermiers (non nommés) leur demandent de faire envoyer par la BBC dès leur retour en Angleterre le message "LE PETIT VEAU EST BIEN NÉ", leur signalant ainsi leur bonne arrivée.

Le temps paraît long aux 2 aviateurs et Fry mentionne qu’ils se tiennent en forme en faisant des pompes (de "20 à 50"…) et que, suite à une action de sabotage ayant fait exploser un train dans le coin et le mécanicien du train habitant Montquinquin, ils doivent rapidement déménager car les Allemands fouillent partout. Ils retournent alors à Dampicourt où ils revoient Hilda RATCLIFFE. Nous devinons du gribouillage de l’intervieweur de Fry qu’elle serait parvenue à faire arrêter l’estropié par la police belge plutôt que par les Allemands, et à l’insu de ceux-ci…

Fry parle d’une tentative de Hilda pour les placer dans un Conservatoire, mais que cela échoue car on ne peut retrouver le prêtre qui s’en occupe… Fry et Lorne restent donc chez DROPSY à Dampicourt et ils sont pris en photo par le photographe estropié pour la confection de leurs faux papiers. L’employé des chemins de fer qui les avait amenés à Dampicourt vient les chercher pour les guider à vélo jusque chez lui à Meix-devant-Virton. Les deux filles de la maison ont, l’une la rougeole, l’autre la variole, ce qui, selon Fry, leur donne l’excuse de sortir seuls dans la soirée… Ils restent loger là une semaine, et leurs hébergeurs prennent entretemps contact avec Comète à Bruxelles. Leurs photos et détails sont envoyés à Bruxelles et le mercredi suivant, Fry et Lorne sont conduits à une gare par la femme de l’employé des chemins de fer. Là, ils sont supposés être pris en charge par DROPSY, mais apparemment quelque chose l’en empêche et Fry et Lorne jouent à pile ou face : partir seuls et essayer d’atteindre la Suisse ou attendre que l’organisation les mène à Bruxelles. Ils sont finalement guidés jusque Bruxelles en train, par DROPSY selon Fry, et, lors d’un changement de train en cours de route, ils rencontrent 3 hommes qui les mènent à une maison, vraisemblablement celle de l’un d’eux, qui a deux petits enfants, l’un âgé de 8 ans, l’autre encore un bébé. Selon Fry, il semble qu’aucun aviateur n’avait été caché là avant eux. Fry signale avoir donné de l’argent français de son kit d’évasion : 400 francs à leur logeur, 900 francs à Lorne, gardant 1000 francs pour lui. Fry mentionne alors l’arrivée de deux policiers, qu’ils avaient rencontrés à la gare, l’un d’eux étant assez costaud, ayant l’apparence d’un boxeur.

Dwight FRY est renseigné comme pris en charge à Bruxelles par Aline DUMONT ("Michou"). Selon le rapport de Lorne, c’est Michou qui les a conduits dans la maison où elle habite avec une dame âgée (Hélène CAMUSEL). Le rapport de Fry (qui appelle Aline par son autre surnom "Lili") mentionne également leur hébergement chez une dame âgée et précise qu’ils rencontrent Robert Grimes chez elle. Fry indique que "Lili" est venue les chercher pour les conduire à Ixelles à la Compagnie des Gaz, où la maîtresse de maison, "environ 28 ans", parle très bien l’anglais, sa mère étant d’origine anglaise, son père étant belge. Fry mentionne Anne, Jacques et Yvonne et il s’agit évidemment de la famille de Julien et Anne BRUSSELMANS, au 127 Chaussée d’Ixelles, la société gazière étant ELECTRABEL où Julien était employé. Fry mentionne également le fils, Jackie et la fille Yvonne et mentionne des visites de "Lili". Pendant leur séjour chez les BRUSSELMANS, Fry et Lorne reçoivent de nouveaux vêtements et chaussures.

Fry rapporte qu’un jour, "Lili", venue chez les BRUSSELMANS pour voir Anne, téléphone de chez eux à une amie. Elle se rend compte que ce n’est pas son amie à l’appareil et il s’avère que celle-ci avait été arrêtée et que c’était la Gestapo au bout du fil. Les plans doivent alors être rapidement changés et Fry et Lorne quittent les BRUSSELMANS.

Ils passent ainsi trois jours au centre de rassemblement chez Hélène CAMUSEL au 160 Rue Marie-Christine à Laeken. Là, Lorne voit une photo et le questionnaire du Sgt Ian Robb, son navigateur, qui était resté trois jours dans cette maison. Lorne et Fry restent ensuite dans une autre maison à Bruxelles du 10 au 17 décembre.

Selon Lorne, vers le 17 décembre, un jeune Belge les guide au train jusqu'à la frontière française. Le rapport de Fry indique, sans donner de date, qu’à Bruxelles, Anne BRUSSELMANS et "Lili" l’avaient conduit à la gare avec Lorne et qu’ils se sont dit au revoir dans un tunnel avant que "Lili" les mène à la rencontre de "J" qui leur a acheté des tickets. Une jeune femme appelée Jeanne ("Jan" dans le SPG de Lorne), et un certain "Jacques" (vraisemblablement Jacques DE BRUYN) les passent en France. Tous deux "sont de Paris", selon Lorne.

Fry quant à lui, indique dans son rapport qu’ils voient un autre aviateur, un sergent opérateur radio, accompagné d’un ou d’une autre guide et qu’ils descendent du train avant la frontière belge. Il signale que lui, Lorne et deux autres hommes, vont dans une maison peinte en jaune, proche de la frontière, où ils échangent leurs faux papiers belges contre d’autres valables en France et reçoivent de l’argent français. Il précise que Lorne et lui sont alors partis avec 2 autres Américains, dont il ignore les noms, qu’ils ont marché à travers champs et sont arrivés à une ferme où ils ont rencontré une jeune fille et un garçon devant leur servir de guides, ainsi qu’un ou une autre guide. Ils prennent le repas du soir à la ferme et vont dormir dans une étable. Fry est repris par ailleurs comme étant passé de Belgique en France par Henriette Hanotte. Il est sans aucun doute passé en même temps que Lorne.

Fry indique qu’une jeune fille et un policier (douanier ?) guident Lorne et lui jusqu’à une gare d’où ils partent pour Lille, où ils vont au restaurant. Il ajoute que dans le train, leur groupe avait été scindé et qu’ils se retrouvent par la suite pour prendre un train à 18h30 (en direction de Paris).

Nous ignorons par qui Lorne et Fry sont guidés vers Paris, mais il semble que ce soit par Amanda STASSART ("Diane"). Fry mentionne qu’à Paris, ils logent deux jours chez la mère de la jeune fille, ce qui semble confirmer que cette jeune fille est bien Amanda STASSART. Fry rencontre "Cashbox", alias de Jacques LE GRELLE. Fry mentionne que ce dernier a proposé à Lorne de le faire rentrer en Angleterre par avion, mais qu’il a persuadé Gerald Lorne de rester avec lui [on comprend qu’il devait s’agir d’une proposition de l’organisation de le(s) rapatrier en Angleterre par Lysander, moyen souvent envisagé, rarement utilisé.]

Fry mentionne ensuite qu’ils sont guidés par une fausse blonde qui les présente à une "lady in black" (la dame en noir, qui est Fernande ONIMUS-PHAL), qui amène Fry et Lorne dans son appartement au 84 Rue des Rondeaux à Paris XXe, où des Américains avaient logé auparavant. Ils y restent loger environ 1 semaine avant que Fernande les guide un jour vers 11h00 à une gare où ils rencontrent une autre dame, environ 40 ans, assez… entreprenante… Celle-ci monte dans le train avec eux et, après un changement de train à Bordeaux, ils arrivent à Dax.

Fry mentionne qu’ils rencontrent un très jeune homme, assez sérieux, environ 1m50, puis deux autres hommes. Ils partent à vélo avec leurs guides, leur groupe comprenant l’australien Noel Parker et un membre des services secrets britanniques (Patrick Laming), qui avait enguirlandé la guide du train à leur arrivée à cause de son comportement léger vis-à-vis de la gent masculine qu’elle accompagnait…

Fry déclare s’être senti mal en cours de route. Fatigué, il avait demandé une pause. Après un peu de repos et quelques tablettes de benzédrine, le groupe reprend la route à vélo et arrive finalement à "un café". Il s’agit de l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA à Sutar. C'est le 86e passage de Comète, par Souraïde et Mikelen borda, avec les seuls guides de Juanito BIDEGAIN (Michel ECHEVESTE et son frère Joseph Marie). Lorne figure sur la même liste (comme Belge anonyme) que Patrick Laming, Noel Parker, Dwight Fry et le Belge Albert Gilli. Ils passent la nuit à l’auberge et partent vers 05h00 du matin et marchent jusqu’à une hutte où ils se reposent. Vers 18h00, un autre guide les prend et est rejoint par un autre plus loin (le frère de Michel ECHEVESTE). Ils passent en Espagne vers 01h30 du matin et leur guide leur indique une maison avant de les abandonner. Ils vont à Urdax et se rendent spontanément à la Guardia Civil qui les ramène près de la frontière (Dancharia). Ils y remplissent des formulaires et sont emmenés à l'hôtel, soit le gîte rural d'Urdax, soit l’Hôtel del Norte à Irun.

Lorne suit vraisemblablement le même parcours que Fry, passant par Saragosse et Madrid pour arriver à Gibraltar. Il quitte Gibraltar le 5 février et arrive à Whitchurch le 06. Il est interrogé par le MI-9 à Londres le 7 février 1944.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters