Dernière mise à jour le 19 novembre 2023.
Ian Alexander ROBB / 1397341
Downham Market, Norfolk, Angleterre et 6 Stockton Gardens, Tottenham, London
Né le 20 février 1922 à Hampstead, London, Angleterre /† en avril 2001 dans le Buckinghamshire, Royaume-Uni
W/Off, RAF Bomber Command 218 (Gold Coast) Squadron, navigateur
Atterri à 9 Km d'Ophoven
Short Stirling Mk III N° série : BK650, HA-T abattu le 31 août 1943 au retour d'une mission sur München-Gladbach et Rheydt par un chasseur de nuit.
Écrasé à Dorplein -Budel (Noord-Brabant), Pays-Bas.
Durée : 4 mois
Arrêté à Fismes (Nord-Ouest de Reims) le 31 décembre 1943
Rapport d'évasion n° SPG/LIB 1256..
On parle également de Robb dans "168 Jump into Hell" de Arthur Kinnis & Stanley Booker (pp. 95 à 110), "De Mildenhall à Buchenwald" de Josselyne Lejeune-Pichon (pp. 29 à 48), "Sylvestre-Farmer" de D. Lhereux. Il y a des erreurs dans le récit de Robb dans "168 Jump into Hell" : A certaines dates Robb prétend avoir rencontré Nollet (Dominique Potier), alors qu'il était en Angleterre à ce moment.
Ian Robb est de l'équipage de Gerald Lorne, qui s'évade aussi. Le Sterling avait décollé à 00h44 heure anglaise de Downham Market. Sur le vol de retour, il est attaqué par un chasseur de nuit. L'aile droite en feu, le pilote (Fl Sgt Clague) donne l'ordre de sauter vers 01h30 (heure continentale). L'appareil explose dès que Lorne a sauté. L'équipage : Pilote, F/S William Henry Clague, tué ; Mécanicien, Sgt Jack Adam Whetton, tué ; bombardier, P/O Gerald Lorne, évadé ; Navigateur, W/O Ian ROBB ; Operateur radio, Sgt Harold Butler, tué ; Mitrailleur dorsal, Sgt Cecil Charles Holden, tué ; Mitrailleur arrière, Sgt August Andrew Frederickson (RCAF), prisonnier.
Après son atterrissage, Ian Robb est emporté par deux hommes à Ophoven. Ils y arrivent vers 5 heures du matin. Il est nourri et logé pour la nuit et le jour suivant, le 31 août à 21 heures, un gendarme, Jean HILVEN de la Dorpstraat 18 à Ophoven, l'emmène à une ferme chez les HENDRICKS au Donkstraat 60 à Ophoven. Le 3 septembre, il va à vélo à Maaseik avec Gertruud HENDRICKS de la Dorpstraat à Ophoven. Il y retrouve Jean HILVEN et Jozef VANDENBOSCH. Ce dernier est mentionné dans le rapport d’activités du baron Adrien de BEAUFFORT (château de Gers-op-Leeuw), qui était chef de secteur dans la ligne Zéro, matricule AR/VNJ27) et organisait l’évacuation d’aviateurs passant dans son secteur, s’occupant également de faux papiers. Robb part avec Jozef VANDENBOSCH en tram jusque Tongres. Il passe la journée dans son café au 104 "Rue des Tarraux", en fait, la Kielenstraat, qui se traduit en français par Rue des Sarraus… La nuit, Cobb va chez Mme Veuve Jeanne FRANSEN et ses filles Marie-Antoinette ("Tony") et Marie-José FRANSSEN ("Mary-Joan") qui servent de convoyeuses, au 18 Sint-Ursulastraat, toujours à Tongeren. Robb y reste loger 2 jours avant d’être remis à Mme ROBEYNS, 2 Corverstraat, Tongeren. [La mère FRANSEN et ses filles seront arrêtées le 7 janvier 1944 et internées à la Prison Saint-Léonard à Liège, avant de partir pour l’Allemagne le 11 mars. Elles passent par les prisons de Essen et Kreuzburg et arrivent au camp de concentration de Ravensbrück. Elles y sont délivrées le 24 avril 1945 par la Croix Rouge suédoise, passent par Malmö pour être rapatriées en Belgique le 30 juin 1945]
Le 5 septembre, Robb est escorté à Liège chez un prêtre, qui lui arrange un abri chez Mr Nicolas HACKEN, au 173 Rue Neniot. S'y trouvaient déjà : "un Lt Bill Turner" et un Sgt mitrailleur latéral de la USAAF nommé Tucker. Jean Hubert HACKEN, architecte, du 37 Rue de l’Enseignement à Liège indique dans son rapport d’activités qu’il a reçu Cobb de l’un de ses frères, le prêtre Nicolas HACKEN le 4 septembre et qu’il l’a hébergé chez lui pendant 11 (ou 14…) jours avant de le passer au Service de Walthère DEWÉ. Jean HACKEN, arrêté par la Gestapo chez lui le 2 mars 1944 pour ses activités dans l’aide aux aviateurs évadés est condamné à mort le 21 avril. Déporté vers l’Allemagne, il passe par les prisons d’Aix-la-Chapelle/Aachen et Wolfenbüttel. Libéré à Brandenburg le 27 avril 1945, il sera rapatrié en Belgique le 30 mai.
Le 10 septembre, Robb va en train à Bruxelles avec Turner, guidés par une jeune femme. Ils sont accueillis par Aline DUMONT alias 'Michou'. Ils vont dans une haute vieille maison chez une dame âgée et y font des photos d'identité. Robb passe trois jours par ce centre de rassemblement chez Hélène CAMUSEL au 160 Rue Marie-Christine à Laeken. Un des photographes est Élie MIROIR. Deux aviateurs américains abattus le 17 août durant le raid vers Schweinfurt y étaient. Le 12 septembre, Robb et Turner sont amenés par "Michou" chez Élie MIROIR au 42 Rue de Haerne à Etterbeek. Celui-ci emmène Turner loger ailleurs (dans un café). Robb est ensuite conduit chez Henri et Marie MACA, au 31 Avenue du Val d’Or à Woluwé-Saint-Pierre. Il y voit Arthur Johnson de la RCAF, mitrailleur arrière sur un Halifax, et un pilote de B-17 du Texas.
Le 5 octobre, Élie MIROIR et Marie MACA conduisent Robb à la gare du Nord pour y voir "Michou" (Aline DUMONT). Elle est avec Carlyle Darling et un jeune homme qui sera leur guide. Ils prennent le train vers Blandain, près de Tournai. Ils sont pris à la gare de Blandain par Bertha DRUART, l’une des 2 filles du docteur Henri DRUART du 2 Route de Lamain à Hertain. Dans son rapport d’activités, celui-ci indique qu’il a reçu Cobb (arrivé en train à Blandain) de "Jean-Jacques" (Albert MATTENS) le 5 octobre et l’a hébergé 1 jour dans sa maison "Isola Bella" avant de le remettre à MATTENS. Son rôle était, aidé de ses 2 filles, de mettre les évadés en confiance et s’occuper de leurs faux papiers avant qu’ils passent en France… Robb, Darling et le guide traversent la frontière à pied à Hertain-Camphin. Le douanier qui les aide à passer est le lieutenant Maurice DESSON de la Caserne des Douanes de Baisieux (arrêté le 31 juillet 1944 et déporté dans le convoi du 1er septembre 1944, parti de Tourcoing à destination de Cologne. Transféré à Sachsenhausen puis à Neuengamme, il mourra le 10 mars 1945 à Meppen-Versen, Allemagne). Robb et Darling sont escortés par Henriette HANOTTE.
Robb, Darling et leur guide (Henriette Hanotte ?) prennent ensuite un bus pour Lille et le train pour Paris. Ils y sont attendus par un homme d'environ 35 ans (Jacques le GRELLE) et conduits dans un flat de Montmartre pour une nuit, où on leur remet des papiers français. Entre le 3 et le 6 octobre, Darling et Robb sont guidés par un jeune homme d'environ 27 ans et logés dans une grande maison. Un autre convoyeur les amène ensuite chez un docteur près de la station de métro Mairie d'Issy (le docteur Pierre HABREKORN au 6 Avenue du Parc à Vanves, à quelques centaines de mètres de cette station). Dans un récit publié en janvier 1984, Darling rapporte que c’est chez le docteur qu’il a reçu de nouveaux papiers l’identifiant à présent comme Charles Calvert de Cannes.
Du 8 au 11 octobre, Robb et Darling sont logés à l’appartement de Suzanne BASTIN (Adjointe du réseau POSSUM), au 16 Rue du Chevalier de la Barre, près du Sacré-Coeur à Montmartre, Paris 18e. L’endroit est plein d'aviateurs britanniques et américains en fuite (environ 21), dont les Sgt Ernest Gillman et Joseph Kenny, tous deux de la RAF. Ils reçoivent la visite de 'Nollet' (Dominique POTIER, chef du réseau d'évasion d’aviateurs POSSUM).
Le 13 octobre, à Paris, Dominique POTIER et Suzanne BASTIN prennent à la Gare de l’Est le train pour Fismes (près de Reims) avec Darling, Robb, Gillman, Kenny, et un ou deux autres évadés. Ils y sont attendus par Camille RIGAUX Jr, de la Rue de la Gare à Fismes. Darling, Robb, Gillman et Kenny sont conduits par Raymond GALLET, également de Fismes, chez l'abbé Roland FONTAINE, curé de Savigny-sur-Ardres (près de Fismes), qui les emmène dans une ferme à Prin (qui doit être celle d’Emile THERION, fermier à Serzy et Prin, au Sud-Ouest de Savigny). Là, les sergents américains Arthur Whalen (E&E 190) et Herbert Browning (E&E 191) de l'avion de Gary Hinote les rejoignent. Ces deux derniers sont renseignés comme rapatriés par avion vers l'Angleterre le 8 novembre 1943 au départ d'un champ à une dizaine de km de Bertincourt, près de Cambrai. Darling et les 3 autres, eux, avaient été menés chez un "M. CURIE" où apparemment ils logent quelques jours.
On rapporte également que Pierre PREVOST et son épouse, fermiers à Crugny, tout près de Savigny-sur-Ardres, ont hébergé Robb, Darling, Gillman, Kenny, Whalen et Browning, sans autres détails.
Le 17 octobre, suite à une fouille des maisons par les Allemands, l'abbé FONTAINE les déménage à environ trente kilomètres au nord de Prin dans une grotte (la Caverne du Dragon, près d’Oulches-la-Vallée-Foulon / Chemin des Dames). Il est possible que ce soit dans une autre cave, car la grotte du Dragon est à 25 Km de Savigny et les témoignages divergent sur ce point, somme toute, accessoire. D'autres grottes existaient près de Savigny. Le 19 octobre, Darling et Robb sont conduits par l'abbé FONTAINE au château du Comte Joseph-Marie TIRANT de BURY et son épouse Marthe au 2 Rue Perrier de Savigny à Savigny-sur-Ardres. Ils y sont hébergés environ deux semaines. Le Comte, Agent P2 du réseau d’évasion Possum, sera arrêté le 21 juin 1944 et déporté en camps de concentration en Allemagne où il mourra au Kommando de Bremen-Farge (Neuengamme) le 17 septembre 1944.
Au début novembre 43, Darling et Robb sont conduits à Damery, près d’Epernay, par Paul QUENOT (habitant à Cuchery) où ils sont logés chez Armand GRASER pendant environ deux semaines. A la mi-novembre 43, Robb et Darling sont guidés par QUENOT vers le nord-ouest à Cuisles-par-Chatillon où ils sont hébergés dans son vignoble par Eugène Louis MOUSSE, son épouse Suzanne et leur fils Edmond les deux semaines suivantes. En fin novembre, ils sont guidés à pied par Edmond MOUSSE à Baslieux-sur-Chatillon, et logés-là chez Amédée VIZENEUX, son fils Roger et sa bonne Madeleine REMI pour une autre quinzaine. Souffrant, Robb y est soigné par le Dr Clément MAROT de Châtillon-sur-Marne. Eugène MOUSSE, né en 1896, et son fils Edmond seront arrêtés par la suite et envoyés en captivité en Allemagne. Eugène mourra à Hambourg le 12 avril 1945, son fils Edmond en reviendra. Amédée (né en 1894) et Roger VIZENEUX seront également déportés. Amédée est parti par le convoi qui a quitté Compiègne le 15 juillet 1944 à destination de Neuengamme. Il est porté disparu sans que le lieu et la date de son décès soient connus. Quant à sa bonne, Madeleine REMI, elle aussi arrêtée et déportée, elle est revenue d’Allemagne. Le docteur MAROT, également déporté, survivra.
Aux premiers jours de décembre, Paul QUENOT conduit Robb et Darling à Reims, où ils restent dans le flat de Mme Renée WEIGEL du 21 Rue Marlot (Renée sera déportée mais reviendra des camps.) Là, ils rencontrent Mme WEIGLAND, Mme Lucienne MARMOT, Charles NICOLAS (pseudo de Conrad Lafleur), Raymonde BEURE (de Fismes) et le boucher Marcel TAVERNIER et son épouse au 106 Rue des Romains. Renée WEIGEL, Marcel TAVERNIER et son épouse furent arrêtés par la suite et déportés en Allemagne mais revinrent des camps après la guerre.
Robb, à nouveau malade, est soigné par le docteur Charles Lucien BETTINGER, du 33 Rue Chabaud à Reims. Entre le 7 et le 9 décembre 43, Darling et Robb sont conduits par Raymonde BEURE à la gare de Reims. Ils y rencontrent les Sgt Robert Harper (RAF, bombardier à bord et seul survivant du Stirling EF128 abattu le 18 novembre 1943 près de Lachalade, Meuse) et Baker (?). Tous prennent le train pour Fismes et retrouvent Camille RIGAUX Jr. Robb et Harper sont logés chez les parents RIGAUX.
Le 20 décembre 1943, Robb et Harper assistent à un parachutage avec Paul QUENOT et Camille RIGAUX Jr. C'est l'opération Brasenose III, qui largue Dominique POTIER "Nollet" de retour d'Angleterre, Jean de BLOMMAERT "Rutland" et son radio Willy LEMAITRE "London".
Le 31 décembre 1943, Robb, Harper et les parents de Camille RIGAUX Jr sont arrêtés par le Hauptscharfführer Joseph Weissensee de la SD de Reims et le réseau POSSUM est dès lors démantelé. Camille Alfred RIGAUX, né à Reims en 1887, était dans le convoi parti de Compiègne le 22 janvier 1944 à destination du camp de concentration de Buchenwald où il est décédé le 29 mars 1944. Quant au Docteur BETTINGER, né en 1884 à Reims, également arrêté et déporté, il est mort à Dachau le 2 février 1945.
Passés d’abord par la Prison de Châlons-sur-Marne puis à celle de Fresnes, près de Paris, Robb et Robert Harper se trouvent à bord du convoi qui a quitté la gare de Pantin le 15 août 1944 dans un groupe de plus de 2000 prisonniers, français et de 168 aviateurs Alliés, Robb arrive au camp de Buchenwald le 20 août 1944 où il est le prisonnier n° 78415. Parmi les 168, il y a 2 Néo-Zélandais, 9 Australiens, 1 Jamaïcain, 26 Canadiens, 43 Britanniques et 83 Américains. Ayant eu vent de projets consistant à faire travailler les aviateurs dans un camp de travail proche, Philip Lamason, le plus haut gradé parmi eux, est déterminé à faire savoir au commandement de la Luftwaffe que leur détention là est contraire aux conventions. En effet, les aviateurs auraient dû être internés dans un Stalag et non un camp de travail et d’extermination. Un as de la chasse allemande, l’Oberst Johannes Hannes Trauloft de la Luftwaffe, en visite au camp pour examiner les dégâts à Dora et Buchenwald suite à des bombardements récents, est approché près des fils barbelés par quelques aviateurs parlant l’allemand, dont le F/Lt Splinter Adolphe Spierenburg, un officier néerlandais de la RAF servant habituellement d’interprète à Lamason. Trauloft prend quelques notes et promet de faire ce qu’il peut auprès de ses supérieurs pour que les prisonniers militaires soient transférés vers un camp géré par la Luftwaffe.
Ayant appris par la suite que, devant le refus des aviateurs et particulièrement du Sqn Ldr Phillip Lamason de collaborer, la Gestapo avait ordonné leur exécution pour le 24 ou le 26 octobre, Lamason redouble d’efforts. Finalement, sur ordre du Maréchal Goering, la Luftwaffe obtient de la Gestapo que les hommes soient transférés dans un camp adapté à leur statut. Le 19 octobre 1944, un train emmène les aviateurs hors de Buchenwald.
Ian Robb, quant à lui, est repris comme prisonnier n° 8114 au Stalag Luft 3 de Sagan/Zagan, Pologne et mentionné comme libéré de la prison de Darmstadt en avril 1945.
Merci à Fred Greyer pour ses informations.