Dernière mise à jour le 06 mai 2014.
Conrad LAFLEUR / D62077
Maisonville, Québec, Canada.
Né à Saint-Jean-sur-Richelieu, Province de Québec, Canada le 20 juin 1917 /† en 1979 à Mansonville, Province de Québec, Canada.
Soldat fusilier à l'armée canadienne, Régiment de Fusiliers Mont Royal
Survivant du raid sur Dieppe et évadé.
Opérateur radio de la mission MARTIN, réseau POSSUM, après sa première évasion en 1942.
Noms de guerre : "Charles Nicolas", "Petit Pierre", "le Canadien".
Parachuté le 15/16 juillet 1943 à Suxy, Luxembourg, Belgique.
Durée : 7 semaines
Passage des Pyrénées le 02 mars 1944
Dossier Archives Notariales Défense - Dossier SPG 884 - Dossiers ARA
Chauffeur de camion et technicien imprimeur, Conrad Lafleur s'engage en 1940.
Le 19 août 1942, la compagnie A de son régiment Les Fusiliers Mont-Royal, au sein de la 6ème Brigade de la 2e division canadienne, débarque sur RED BEACH, en face de la falaise de Dieppe. Lafleur y est blessé d'un éclat dans la jambe gauche. A 12 heures, les troupes canadiennes sont encerclées et faites prisonnières.
Le 21, Lafleur rejoint l'hôpital du Sacré-Coeur à Rouen. Le 24 août, avec deux camarades de régiment, Robert Vanier (D41748 - Compagnie D) et Guy Joly (D61265 - Compagnie A), Lafleur aide les blessés à monter dans un train sanitaire qui doit les conduire de Rouen vers l'Allemagne. Ils s'évadent ensemble en se laissant glisser par un trou qu’ils ont pratiqué dans le plancher de leur wagon et s'éloignent en direction du Nord. Dépourvus de nourriture, ils traversent la rivière Ancre, marchent à travers champs et atteignent une ferme un peu au sud de Pont-Noyelle. Ils passent la nuit dans une remise et au matin s’adressent au couple de fermiers qui appellent immédiatement un docteur.
Le médecin, le Dr Robert BEAUMONT du 75 Rue Dhavernas à Amiens, soigne leurs blessures et leur dit d’attendre son retour le lendemain. Ce docteur possède également une maison à Warloy-Baillon, près de Pont-Noyelle. Il leur fournit de faux-papiers et les guide en France non-occupée, par la ligne d'évasion Pat o'Leary. Lafleur, Vanier et Joly embarquent à Canet-Plage (Pyrénées Orientales) sur le "Tarana" et ils arrivent à Gibraltar, quittant tous trois le "rocher" le 30 septembre à destination de Greenock, en Ecosse, où ils arrivent le 05 octobre 1942. Lafleur, canadien francophone, suit alors l'instruction des agents secrets, où l'on manque d'opérateurs connaissant le français.
En juillet 1943, Conrad Lafleur est parachuté avec Dominique POTIER afin de lancer un réseau d'évasion aérien par avions Lysanders. La région prévue pour ce réseau va de la province du Luxembourg belge jusqu’au triangle Laon-Soissons-Reims en France. Le nom de code en Belgique pour cette opération est MARTIN, celui pour la France étant : POSSUM.
Les deux hommes arrivent à Chiny, Luxembourg belge, près de la frontière française, où ils contactent Emile BELVA, un homme qu’ils connaissent et en qui ils ont confiance. Comme POTIER s’est froissé une cheville en atterrissant, Mme BELVA fait venir le docteur Joseph DUPONT de Florenville. Le médecin indique que POTIER doit se reposer et les deux hommes restent alors quelques jours dans le coin, ce qui leur donne l’occasion de prendre contact avec un groupe de résistants, le Groupe Local des Résistants Ardennais. L’importante somme d’argent amenée par les deux agents est confiée à l’avocat Louis QUINOT de Florenville, qui deviendra ainsi le trésorier de l’opération Possum/Martin.
Pierre GEELEN, ex-membre du réseau Prosper démantelé, se joint à eux et les trois hommes, qui ont hâte de passer en France, sont menés à Muno, près de Florenville, chez Joseph GODFRIN où ils restent une quinzaine de jours. Pendant ce temps, Arthur DACREMONT, du groupe de GODFRIN, s’occupe de tous les papiers nécessaires pour le séjour des trois hommes en France. GODFRIN présente à POTIER quelqu’un qui lui servira de couverture lors de ses transmissions radio, Jean-Pierre LORGÉ, d’Arlon, qui s’occupera aussi du convoyage des aviateurs depuis Florenville jusqu’au point de concentration en France.
Durant la deuxième semaine d’août 1943, LORGÉ et LAFLEUR se rendent à Paris, où les rejoint bientôt Dominique POTIER. L’équipe organise avec d’autres le passage en Angleterre de nombreux aviateurs alliés.
Conrad LAFLEUR et Dominique POTIER se trouvent à l’étage chez Mme Fernande MONDET et ses filles Jeanne, Simone et Germaine au 161 Rue Lesage à Reims lorsque lors d’une transmission, le 28 décembre 43 vers 15Hr30, des policiers allemands y font irruption. Lafleur en tue un, en blesse deux autres... et s'enfuit par les jardins. Dominique POTIER lui enjoint de partir à Amiens, où il retourne chez le Dr Robert BEAUMONT. Il rejoint ensuite Paris et y retrouve Jean de Blommaert et son opérateur radio Willy Lemaître, qu'il avait récupérés lors de leur parachutage en décembre 43.
Lafleur est allé ensuite chez Suzanne BASTIN au 16 Rue du Chevalier de la Barre à Montmartre (l'adjointe parisienne de POTIER) et y retrouve de Blommaert. Ils reçoivent l'ordre de rentrer en Angleterre en février 44 et utilisent pour ce faire Comète via Aline "Michou" DUMONT.
Arrivés à Anglet, Lafleur loge avec Willy Lemaître chez Mme Véronique MENDIBURU (maison Simon Suzon Route du Golf à Anglet), tandis que Jean Oudinot loge chez Simone DOMMAIN au 25 Avenue Maréchal Foch à Biarritz.
Aline Dumont ("Michou") raconte (en juin 2011 à Brigitte d'Oultremont) que : "A Paris, on lui (à Michou) demande de prendre des billets de train pour 5 personnes jusqu'à Bayonne. Ses passagers sont Conrad Lafleur, Willy Lemaître, Jean de Blommaert et normalement Georges d'Oultremont, mais celui-ci vient de partir par d'autres moyens (un réseau français lié au SOE). Il est ainsi remplacé à la demande expresse des services français par un important personnage qui est attendu à Londres par le général de Gaulle et qui est pas mal plus âgé que tous. Ils passent ensemble les Pyrénées, le plus âgé (Jean Oudinot) étant toujours encombré d'une grande cape qui prend dans le vent !!"
Ce Jean Oudinot alias "Célestin" est un agent du Ministère de l'Information (Radio) qui habite 11 Rue du Roc à Paris 7e. Il deviendra directeur d'une radio coloniale française.
Conrad Lafleur passe en Espagne avec Jean de Blommaert, Willy Lemaître, Jean Oudinot et Aline Dumont par la ligne de Souraïde et Quito borda, avec les seuls guides de Juanito BIDEGAIN (Michel ECHEVESTE et son frère Joseph Marie) et arrive en Grande-Bretagne le 9 mars 1944. C'est le 92e passage de Comète.
Conrad Lafleur est mentionné sur ce site canadien : http://www.veterans.gc.ca/fra/remembrance/history/second-world-war/uncommon-courage
Un article du journal «Le Canada Français» du 28 février 1946 :