Dernière mise à jour le 2 décembre 2021.
Carlyle Hahn DARLING / O-673492
196 Hudson Street à Johnson City, New-York
Né le 28 avril 1920 à Johnson City, New York / † le 4 octobre 2002 à Vestal, Broome County, New York
Lt, USAAF 91 Bomber Group 322 Bomber Squadron, navigateur.
Lieu d'atterrissage : Meslin-l'Evêque, près d'Ath, Hainaut, Belgique.
Boeing B17-F Flying Fortress 42-2990 (LG-R) - "Dame Satan" Abattu le 17 août 1943, lors d'une mission sur les usines de roulements à billes VKF à Schweinfurt
Écrasé à Montrœul-au-Bois (Hainaut)
Arrêté dans la nuit du 8 au 9 avril 1944 à Beaumetz-lès-Loges (13 km au Sud-ouest de Arras), France
Rapport de perte d’équipage MACR 277. Rapport RAMP établi le 13 mai 1945 à son retour de captivité.
Les membres d'équipage sont : le pilote, Lt. Jack A. Hargis, parachute non ouvert et tué ; le copilote, 2 Lt Carl Smith ; le bombardier, Lt. Edward P. Winslow, arrêté à Bruxelles le 13 novembre 43 ; le navigateur, Carlyle H. Darling (la présente fiche), qui s’était porté volontaire ce jour-là, son équipage habituel ne devant pas effectuer de mission ; l'opérateur radio T/Sgt Victor Ciganek, blessé, arrêté immédiatement ; le mécanicien, S/Sgt Jarvis Allen ; le mitrailleur ventral S/Sgt. Starr A. Tucker, parachute non ouvert et tué ; le mitrailleur latéral S/Sgt Albert Diminno ; le mitrailleur latéral S/Sgt. Gerald H. Tucker, arrêté à Bruxelles le 13 novembre 43 ; le mitrailleur arrière S/Sgt Leland Judy. Le pilote Hargis repose au cimetière américain de Margraten aux Pays-Bas ; le corps du mitrailleur Tucker a été rapatrié aux États-Unis après la guerre et a été inhumé au Silver Lake Cemetery à Athol, Massachusetts.
Carlyle Darling saute et atterrit dans un champ de blé près de Meslin-L'Evêque en Hainaut, à 150 mètres de son mitrailleur arrière, Leland Judy. Une dizaine de personnes leur indiquent de se cacher dans les bois et ils courent, mais un homme et deux garçons à vélo les rattrapent. Les deux garçons passent leur vélo, et ils suivent l'homme. Il les laisse et revient avec des vêtements civils, puis les fait se cacher jusqu'à la nuit dans une réserve de pommes de terre en haut d'une colline.
Il revient et Judy et Darling suivent les deux hommes à vélo. Les premiers se faisant contrôler par des Allemands, les deux aviateurs font demi-tour. Ils arrivent à Lanquesaint et sont hébergés par M. Nil DELMEE. Leur évasion est alors organisée. Ils restent 18 jours à Meslin-L'Evêque chez un fils de fermier, Jean DELCOURT, qui prendra contact avec la Résistance.
Le 4 septembre, Paul HELLEMANS (du Groupe EVA) guide Darling et Judy à Bruxelles, où Prosper SPILLIAERT les conduit chez Charles HOSTE, qui les convoie chez l’instituteur Hector LEPLAT, son épouse Irma WECKSTEEN et leur fille Simone LEPLAT au 96 Rue Rubens à Schaerbeek. Ils y restent 10 jours (15 jours selon le rapport RAMP de Darling…) Des photos d'identité sont réalisées par Fernand VAN ELEGHEM. [La liste des Helpers belges reprend Fernand VAN ELEGEM au 13 Avenue des Celtes, Etterbeek.] Ils sont souvent visités par Alphonse Escrinier et Gaston MATTHYS. Sur ses faux papiers Carlyle Darling est repris comme étant Juul Sierens, né à Zandvoort le 2 août 1917.
Le 14 septembre 43, MATTHYS remet Darling à René PONTY, qui le mène à Ixelles chez Anne BRUSSELMANS de Comète. Le reçu/quittance dans des archives reprend la somme payée par BRUSSELMANS pour Darling : 825 Francs belges. Darling est pris en charge le même jour à Bruxelles par Aline "Michou" DUMONT et est hébergé chez René et Florentine PIRART au 8 Rue des Tournesols à Anderlecht. Ceci est confirmé par le rapport de Leland Judy : Un homme qui a une jambe raide les remet à "Lilly" (Aline DUMONT). Cette dernière conduit Judy chez Maria BAL épouse Auguste MARIE, qui fabrique des violons au 7 Rue des Tournesols à Scheut-Anderlecht, tandis que Darling va loger en face dans la rue, chez un graveur (René PIRART au 8 Rue des Tournesols).
Le 5 octobre 43, après 3 semaines passées chez les PIRART, Darling va à la gare du Nord avec Aline DUMONT et un jeune homme, qui sera le guide. A la gare, il rencontre ainsi Ian Robb, Elie MIROIR et Marie MACA. Darling, Robb et leur guide prennent le train pour Blandain, près de Tournai, puis traversent la frontière à pied à Hertain-Camphin. Le douanier qui les aide à passer est le lieutenant français Maurice DESSON de la caserne des Douanes de Baisieux (Nord), qui sera arrêté le 31 juillet 1944 et déporté dans le convoi du 1er septembre 1944, parti de Tourcoing à destination de Cologne. Transféré à Sachsenhausen puis à Neuengamme, il mourra le 10 mars 1945 à Meppen-Versen, Allemagne.
Robb, Darling et leur guide (Henriette Hanotte ?) prennent ensuite un bus pour Lille et un train pour Paris. Ils y sont attendus par un homme d'environ 35 ans (Jacques LE GRELLE) et conduits dans un flat de Montmartre pour une nuit, où on leur remet des papiers français. Entre le 3 et le 6 octobre, Darling et Robb sont guidés par un jeune homme d'environ 27 ans et logés dans une grande maison. Un autre convoyeur les amène ensuite chez un docteur près de la station de métro Mairie d'Issy (le docteur Pierre HABREKORN 6, Avenue du Parc à Vanves, à quelques centaines de mètres de cette station). Dans un récit publié en janvier 1984, Darling rapporte que c’est chez le docteur qu’il a reçu de nouveaux papiers l’identifiant à présent comme Charles Calvert de Cannes.
Entre le 8 et le 11 octobre, Darling et Robb sont conduits à l’appartement de Suzanne BASTIN (Adjointe du réseau POSSUM), au 16 Rue du Chevalier de la Barre, Paris 18ème, près du Sacré-Coeur à Montmartre. L’endroit est plein d'aviateurs britanniques et américains en fuite (environ 21), dont les Sgt Ernest Gillman, Joseph Kenny (tous deux de la RAF). Ils y reçoivent la visite de 'Nollet' (Dominique Edgard POTIER, chef du réseau d'évasion d’aviateurs d’aviateurs POSSUM).
Le 13 octobre, à Paris, POTIER et Suzanne BASTIN prennent à la Gare de l’Est le train pour Fismes (près de Reims) avec Darling, Robb, Gillman, Kenny et un ou deux autres évadés. Ils y sont attendus par Camille RIGAUX Jr, de la Rue de la Gare à Fismes. Darling, Robb, Gillman et Kenny sont alors conduits par Raymond GALLET, également de Fismes, chez l'abbé Roland FONTAINE, curé de Savigny-sur-Ardres (près de Fismes) qui les emmène dans une ferme à Prin (qui doit être celle d’Émile THERION, fermier à Serzy et Prin, au Sud-Ouest de Savigny-sur-Ardres). Là, ils sont rejoints par les sergents américains de l'avion de Gary Hinote du 94th Bomb Group : Arthur T. Whalen (E&E 190) et Herbert M. Browning (E&E 191). Ces deux derniers sont renseignés comme rapatriés par avion vers l'Angleterre le 8 novembre 1943 au départ d'un champ à une dizaine de km de Bertincourt, près de Cambrai. Darling et les 3 autres, eux, avaient été menés chez "M. CURIE" où apparemment ils logent quelques jours.
On rapporte également que Pierre PREVOST et son épouse, fermiers à Crugny, tout près de Savigny-sur-Ardres, ont hébergé Robb, Darling, Gillman, Kenny, Whalen et Browning, sans autres détails.
Le 17 octobre, suite à une fouille des maisons par les Allemands, l'abbé Roland FONTAINE les déménage à environ trente kilomètres au nord de Prin dans une grotte (la Caverne du Dragon, près d’Oulches-la-Vallée-Foulon / Chemin des Dames). Il est possible que ce soit dans une autre cave, car la grotte du Dragon est à 25 Km de Savigny et les témoignages divergent sur ce point, somme toute, accessoire. D'autres grottes existaient près de Savigny. Le 19 octobre, Darling et Robb sont conduits par l'abbé FONTAINE au château du Comte Joseph-Marie TIRANT de BURY et de son épouse Marthe, 2 Rue Perrier de Savigny à Savigny-sur-Ardres. Ils y sont hébergés environ deux semaines. Le Comte, Agent P du réseau d’évasion Possum, sera arrêté le 21 juin 1944, déporté en camps de concentration en Allemagne où il mourra au Kommando de Bremen-Farge (Neuengamme) le 17 septembre 1944.
Au début novembre 43, Darling et Robb sont conduits à Damery, Près d’Epernay, par Paul QUENOT (habitant à Cuchery) où ils sont logés chez Armand GRASER pendant environ deux semaines également. A la mi-novembre 43, Robb et Darling sont guidés vers le nord-ouest par QUENOT et arrivent à Cuisles-par-Châtillon où ils sont hébergés dans le vignoble d'Eugène Louis MOUSSE, son épouse Suzanne et leur fils Edmond, les deux semaines suivantes. En fin novembre, ils sont guidés non loin de là à pied par Edmond MOUSSE à Baslieux-sous-Châtillon, et logés-là chez Amédée VIZENEUX, son fils Roger et sa bonne, Madeleine REMI, pour une autre quinzaine. Souffrant, Robb y est soigné par le Dr Clément MAROT de Châtillon-sur-Marne. Eugène MOUSSE, né en 1896, et son fils Edmond seront arrêtés par la suite et déportés en Allemagne. Eugene mourra à Hambourg le 12 avril 1945, son fils Edmond en reviendra. Amédée VIZENEUX, né en 1894, et Roger VIZENEUX seront également déportés. Amédée est parti par le convoi qui a quitté Compiègne le 15 juillet 1944 à destination de Neuengamme. Il est porté disparu sans que le lieu et la date de son décès soient connus. Quant à sa bonne, Madeleine REMI, elle aussi arrêtée et déportée, elle est revenue d’Allemagne.
Aux premiers jours de décembre, Paul QUENOT, de Cuchery, conduit Darling et Robb à Reims, où ils restent dans l’appartement de Mme Renée WEIGEL du 21 Rue Marlot. Là, ils rencontrent Mme WEIGLAND, Mme Lucienne MARMOT, Charles Nicolas (pseudo de Conrad Lafleur), Mlle Raymonde BEURÉ (de Fismes) et le boucher Marcel TAVERNIER et son épouse au 106 Rue des Romains. Renée WEIGEL, Marcel TAVERNIER et son épouse furent arrêtés par la suite et déportés en Allemagne mais revinrent des camps après la guerre.
Robb, à nouveau malade, est soigné par le docteur Charles Lucien BETTINGER, du 33 Rue Chabaud à Reims. Du 7 au 9 décembre 43, Darling et Robb sont conduits par Raymonde BEURÉ à la gare de Reims. Ils y rencontrent les Sergents Robert Harper et Baker (?). Les quatre évadés prennent le train pour Fismes et retrouvent Camille RIGAUX Jr. (Robert Harper - seul survivant du crash du Sterling EF128 près de Lachalade, Meuse, le 18 novembre 1943 - et Ian Robb seront arrêtés chez le père RIGAUX le 31 décembre 1943 et le réseau POSSUM est dès lors démantelé). Camille Alfred RIGAUX, né à Reims en 1887, était dans le convoi parti de Compiègne le 22 janvier 1944 à destination du camp de concentration de Buchenwald où il est décédé le 29 mars 1944. Quant au Docteur BETTINGER, né en 1884 à Reims, également arrêté et déporté, il est mort à Dachau le 2 février 1945.
Dans son récit de 1984, Darling mentionne qu’il a assisté à la messe de Noël à la cathédrale de Reims. Le 28 janvier 44, le Dr. Robert BEAUMONT, d’Amiens, conduit Darling, Robert De Ghetto à Contay (20 km NE d'Amiens) et place ailleurs le F/O John H. Watlington (RCAF - pilote du P-51 Mustang AG641 tombé le 22 juin 1943 près d’Amiens - Evadé via les Pyrénées - SPG 3319/1925). Dans son rapport RAMP, Darling mentionne, sans (pouvoir) le nommer, un Anglais à Contay "qui a aidé beaucoup d’aviateurs"… Dans son récit de 1984, il indique qu’en février 1944, il a été déplacé à plusieurs endroits, parfois pour seulement 1 ou 2 jours à la fois. Voyageant par camion, bus, train et même comme passager d’une motocyclette, il dit avoir été logé dans un domaine à Epernay, où le père de famille combattait au sein des forces de la France Libre en Afrique du Nord. Il signale avoir logé peu de temps après dans un presbytère où le curé dissimulait un pistolet .45 sous sa soutane.
La nuit du 8 au 9 avril 44, Darling, Robert Deghetto et James A. Lires (mitrailleur USAAF du 42-3097 - prisonnier au Stalag Luft 4) dorment à Warlus (à l’ouest d’Arras) chez Mme Gisèle DORLET et Mme Marguerite DELAPORTE (DE LA PORTE, selon la liste des Helpers français…). Ils sont attendus chez Marcel BEZU à Beaumetz-lès-Loges (13 km au Sud-Ouest d'Arras) qui logeait déjà le F/Lt Douglas R. Matheson (RCAF), pilote du Spitfire MJ236 abattu le 1er décembre 1943 près de Bailleulmont, Pas-de-Calais. L'escorte qui devait prendre les aviateurs en charge arrive sous la garde de soldats allemands et on comprend que la ligne a été découverte. Marcel BEZU peut s'échapper ; les autres hébergeurs et aviateurs, y compris Carlyle Darling, sont arrêtés.
Dans son rapport d’évasion E&E 1600, le S/Sgt Bernard F. Zyglowicz mentionne Carlyle Darling. Zyglowicz était mitrailleur droit à bord du B-17 42-39991 - 384th Bomb Group/544 Bomb Squadron - atterrissage forcé le 4 mars 1944 près de Blangermont, Pas-de-Calais. Blessé par des éclats de Flak dans la jambe gauche, il est pris en charge par le Réseau du Ternois puis par le réseau Loupiac. Le 8 avril, quittant Frévent en route pour Arras avec 7 autres aviateurs évadés, le groupe tombe sur une centaine d’hommes de la Gestapo, en embuscade à la sortie de Frévent. Il est évident que les Allemands ont découvert la filière (un chef de la résistance à Frévent aurait été capturé avec tous les détails sur le réseau, les contacts…). Zyglowicz, ses sept compagnons, de même que 4 autres aviateurs qu’ils devaient rejoindre à Arras sont alors conduits en camion vers la Prison de Lille. Zyglowicz parvient à s’échapper de la prison 2 jours plus tard lors d’un raid de la RAF sur un train de munitions à proximité de la citadelle. Il indique dans son rapport qu’il entend des rumeurs selon lesquelles 3 autres aviateurs sur les 14 internés étaient parvenus à s’échapper. On dit aussi que le Lt navigateur Carlyle Darling a été sérieusement blessé lors de ce bombardement qui a également touché la prison et qu’il pourrait y avoir été tué. Zyglowicz avait eu l’occasion auparavant de s’entretenir avec Darling dans cette Prison de Lille, qui lui avait appris qu’il avait rencontré 2 membres de l’équipage du 42-39991 dont il disait qu’ils étaient encore en train de s’évader (les mitrailleurs Edward O’Leary et Donald Girard… qui seront également arrêtés par la suite). Zyglowicz, qui réussira son évasion et rentrera en Angleterre le 8 septembre 1944 n’en dit pas plus sur Darling. Ce dernier confirme dans son récit de 1984 que l’explosion d’une bombe avait défoncé la porte et une fenêtre de sa cellule. Vêtu seulement d’une chemise et d’un caleçon, il s’est enfui, emportant un casque allemand qui traînait et s’est dirigé vers la rivière proche, mais est arrêté dès la sortie et placé en cellule d’isolement pendant 30 jours. Envoyé au Dulag Luft (à Stuttgart selon lui) il est ensuite interné au Stalag Luft 3 à Sagan, en Pologne. Libéré le 29 avril 1945 au Stalag 7A à Moosburg après une marche forcée depuis la Pologne, il rentre aux États-Unis.
Envoyé au Dulag Luft (à Stuttgart selon lui) Darling est ensuite interné au Stalag Luft 3 à Sagan, en Pologne. Libéré le 29 avril 1945 au Stalag 7A à Moosburg après une marche forcée depuis la Pologne, il rentre aux États-Unis.
Carlyle Darling repose au Calvary Cemetery, Johnson City, dans l'Etat de New York.
Merci à Fred Greyer pour ses notes sur cet aviateur. Merci à Jacques Leplat pour les photos conservées dans sa famille.