Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 3 août 2022.

Jarvis ALLEN / 35430340
Pyramid, Kentucky, USA
le 28 février 1915 à Floyd, dans le Kentucky / † le 26 février 1990 à Prestonsburg, Floyd County, Kentucky
Tech Sgt, USAAF 91 Bomber Group 322 Bomber Squadron, Mécanicien et mitrailleur dorsal
Atterri à Saint-Sauveur en Hainaut.
Boeing B17-F-BO Flying Fortress, n° série 42-2990, LG-R / "Dame Satan" abattu le 17 août 1943, lors d'une mission sur les usines de roulements à billes VKF à Schweinfurt.
Écrasé à Montrœul-au-Bois (Hainaut)
Durée : 11 semaines
Passage des Pyrénées : le 9 novembre 1943

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion n° MACR 277, E&E 266 (disponible en ligne).

Les membres d'équipage sont : pilote, Lt Jack A. Hargis, parachute non ouvert et tué ; copilote, 2 Lt Carl Smith ; bombardier, Lt Edward P. Winslow, arrêté à Bruxelles le 13 novembre 43 ; navigateur, Carlyle Darling ; radio T/Sgt Victor Ciganek, blessé et arrêté immédiatement ; mécanicien S/Sgt Jarvis Allen (la présente fiche) ; mitrailleur ventral S/Sgt Starr A. Tucker, parachute non ouvert et tué ; mitrailleur latéral S/Sgt Albert Diminno ; mitrailleur latéral S/Sgt Gerald H. Tucker, arrêté à Bruxelles le 13 novembre 43 ; mitrailleur arrière S/Sgt Leland Judy.


L’équipage original du Lt Hargis (photo du 13 juillet 1943 à Bassingbourn – USAAF)
Devant, de gauche à droite : 2nd Lt Jack A. HARGIS, pilote ; 2nd Lt Carl N. SMITH, copilote ; Lt Richard MARTIN, navigateur ; 2nd Lt Edward P. WINSLOW, bombardier.
Derrière, de gauche à droite : S/Sgt Gerald H. TUCKER, mitrailleur ; Sgt Rudy THIGPEN, mitrailleur ; S/Sgt Albert DIMINNO, assistant-ingénieur le 17/8/1943; S/Sgt Leland JUDY, mitrailleur arrière; T/Sgt Jarvis ALLEN, ingénieur/mitrailleur dorsal ; T/Sgt Victor CIGANEK, opérateur radio.
NB : Le 2nd Lt Richard Martin ne participait pas à la mission du 17 août 1943, remplacé par le Lt Carlyle H. DARLING.
Ne figure pas sur la photo le Sgt Starr TUCKER qui faisait fonction d’assistant-radio le 17 août 1943 à bord du 42-2990.


Autre équipage du Lt Hargis
Debout, de gauche à droite : Rudolph A. Thigpen; Victor Ciganek; Gerald H.Tucker; James A. Bowcock; Jarvis Allen; Albert T. Diminno.
Devant, de gauche à droite : Carl N. Smith; Jack A. Hargis; Capen R. Simons, William H. Turcotte
(Photo prise à Bassingbourn le 31 juillet 1943 – USAAF)

L'avion perd le moteur n°2 lors d'une première attaque d'un chasseur et est séparé de la formation. Il perd un second moteur et tout son carburant est consommé quand il s'écrase. Allen saute à 16.000 pieds (environ 5000m) et aperçoit six autres parachutes au-dessus de lui, à quelque distance. Il atterrit dans la cour d'une maison du petit village de Saint-Sauveur et son parachute reste accroché dans l'arbre devant l'école communale. Il est entouré par des gens qui l'observaient lors de sa chute. Certains empilent son équipement et il part se cacher dans les champs. Un jeune garçon et une fille le suivent à vélo et lui demandent avec insistance s'il est Anglais. La fille lui donne son vélo, mais il ne sait comment rouler avec cet engin. Il est alors conduit dans un trou ou une cave connue des enfants.

Ils reviennent avec de la nourriture et des vêtements. A la tombée de la nuit, deux jeunes hommes le conduisent dans un village (Wodecq, à quelques kilomètres), mais tous les gens veulent le voir et il est déménagé. Allen est ainsi immédiatement aidé lors de son atterrissage par des membres de la résistance locale. Il apprend que Gerald Tucker est blessé et est dans un hôpital à Wodecq. Il est d'abord logé 9 jours par ces résistants et laisse sa cheville blessée guérir. Le troisième jour, la maison est fouillée par des soldats, mais il est bien caché par ces gens dans la grange disposant d'un faux mur, et qui ont été prévenus par téléphone.

Son ange gardien le conduit à la gare de Lessines et il suit alors un prêtre. Ils prennent le train vers Mons avec trois soldats allemands. Là, ils prennent un tram vers Wasmes. Un homme, qui est le chef d'une fausse organisation vient le voir. Il mesure 1m80, de cheveux et teint foncés, porte la moustache et il lui manquerait bien un doigt mais ce n'est pas certain (Allen entendra plus tard parler du traître Prosper Dezitter, à Bruxelles, puis à Gibraltar et à Londres). Cet homme lui raconte dans un anglais assez correct une histoire d'avion allemand volé et piloté par des Belges, qui le ramènerait en Angleterre. Le lendemain, le prêtre le conduit à Pâturages (près de Mons) à l'Institut Saint-Vincent-de-Paul, où personne ne vient plus le voir, sauf ce prêtre. Il y arrive le 26 août et en part après 22 jours, le 17 septembre.

Le prêtre lui apprend alors qu'il ne partira pas par avion et l'emmène dans une maison à Mons, où il rencontre Reginald Cornelius à l'hôpital militaire de Mons. Ils sont conduits en train le même jour à Tournai par un homme de cette localité.

A Tournai, ils sont conduits dans une maison appartenant à un agent du SIS. Le chef du réseau vient les voir et les emmène chez lui, en face de la gare. Sa femme se prénomme Lilly et est Anglaise, née à Bradford-on-Avon. Il apprend que l'homme qu'il a vu à Wasmes devrait avoir envoyé en Allemagne environ 450 aviateurs, mais que le prêtre était innocent et que c'était grâce à lui qu'il était en sécurité. En outre, deux femmes allemandes faisaient partie de cette organisation, dont une avait été tuée. Cornelius et lui sont alors séparés. Après environ trois semaines, ils se retrouvent et restent à Tournai 43 jours. Allen cite le nom de Edouard DION comme étant ce chef de réseau. Edouard DION, de Kain-lez-Tournai est repris à la liste des Helpers belges.

Ils quittent Tournai pour Bruxelles au début de novembre avec une jeune fille (Allen déclare le 30 octobre) et sont guidés par "Lilly" (Aline DUMONT) qui est venue les prendre. On les prend en photo chez elle et ils rencontrent Raymond De Pape. On lui montre des photos d'autres membres de son équipage. Le soir, Allen poursuit sa route, mais Cornelius ne reçoit pas le feu vert, n'ayant pas encore satisfait à tous les tests d'identification.

Souvent accueilli en soirée chez les VAN TUYKOM à Woluwé-Saint-Pierre, au 2 rue Martin Lindekens, Allen déclare être resté caché 5 jours chez Henri, un jeune homme, et sa sœur Marie (MACA). Henri MACA et sa sœur habitent au 31 Avenue du Val d’Or. On lui montre des photos d'un homme à qui il manque un doigt (Prosper Dezitter).

Le 4 novembre (Allen confirme la date), il quitte la maison des MACA et est guidé par "Michou", en compagnie de Robert De Ghetto, Stanley Lepkowsky, Théodore Kellers, en train de Bruxelles à la frontière française. En cours de trajet, ils sont contrôlés par des Allemands, mais tout se passe bien et le groupe d’évadés traverse la frontière à pied à Hertain-Camphin. Trois Belges sont avec eux, probablement les trois agents du SOE André Wendelen, Michel Losseau et Henri Neuman. Le douanier français Maurice DESSON de la Caserne de Baisieux (Nord) les laisse passer. Ils prennent un bus pour Lille et ensuite un train pour Paris via Amiens. Allen déclare que "Clark" est en fait un Belge et lui sert de guide. Il s'agit d'André Wendelen (du SOE), qui voyage sous un nom fictif d'aviateur. Maurice DESSON sera arrêté le 31 juillet 1944 et déporté dans le convoi du 1er septembre 1944, parti de Tourcoing à destination de Cologne. Transféré à Sachsenhausen puis à Neuengamme, il mourra âgé de 40 ans le 10 mars 1945 au camp de travail de Meppen-Versen, Allemagne.

A son arrivée à Paris, le groupe est scindé et Allen va avec un homme parlant anglais et deux femmes dans l’appartement d’un couple. On lui prépare des papiers et il reste trois jours. Le 6 novembre, une femme habillée en noir, dans la quarantaine et mesurant 5 pieds 4 pouces (Fernande ONIMUS-PHAL ?) le conduit dans un café vers 18 heures. Allen prend le train pour Bordeaux avec un Ecossais et Thomas Shaver

A Dax, comme il ne peut rouler à vélo, il suit André Wendelen en train à Bayonne au lieu de continuer avec William Todd (l'Ecossais) et Thomas Shaver. Il les retrouve à Sutar, où ils logent chez Jeanne Marthe MENDIARA, André Wendelen allant chez les HOUGET à Biarritz avec Jean François NOTHOMB. La carte d'identité d’Allen est contrôlée à Dax et à Bayonne.


Mot de remerciement de Jarvis Allen dans le carnet de Pierre Elhorga.

Allen, Shaver, Todd et Wendelen sont guidés par des gens de Pierre ELHORGA jusqu'à la frontière espagnole et la franchissent avec un guide seul par Larressore et Jauriko borda pour le 69e passage de Comète. Le groupe est alors séparé et Allen accompagne William Todd jusque Gibraltar et y arrive le 15 décembre, en se rendant d'abord à la Guardia Civile de Urdax. A Gibraltar, Allen est interrogé par Donald Darling. Le 18, un avion le ramène à Bristol en Angleterre. Visiblement, Allen fut sérieusement interrogé à Londres sur son entrevue possible avec Prosper Dezitter à Wasmes.


Article paru le 21 août 1973 dans le "Pacific Stars and Stripes" et relatant la rencontre chez le copilote Carl Smith à Littleton dans le Colorado, de Victor Ciganek, Gerald Tucker, Edward Winslow, Albert Diminno, Jarvis Allen (et Rudy Thigpen, qui n’était pas à bord du "Dame Satan" le 17 août 1943.) Tous ces hommes ne s’étaient pas vus depuis 30 ans.

Le fils de Jarvis, David P. Allen, indique qu'il était Missing In Action du 17 août 1943 jusqu'au 18 décembre 1943. Jarvis Allen repose au Allen Family Cemetery # 1 à Pyramid, Floyd County, Kentucky.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters