Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 28 mai 2022.

Gary LaVerne HINOTE / 17040657
1928 5th Avenue, Kearney, Buffalo County, Nebraska, USA (son rapport d’évasion reprend le 3556 Pine Grove à Chicago, Cook County, Illinois…)
Né le 26 juin 1920 à Kearney, Buffalo County, dans le Nebraska / † le 19 février 1982 à Cape Coral, Lee County, Florida, USA
S/Sgt, USAAF 94 Bomber Group 332 Bomber Squadron, mitrailleur flanc droit
Atterri près de Reims.
Boeing B-17F Flying Fortress (Forteresse Volante), n° série 42-3538, TS-W, appareil du 333rd Bomb Squadron / "Ten Knights in A Bar Room", abattu par un Fw190 le 4 octobre 1943, sa perte étant attribuée au Lt. Jacob Schaus.
Écrasé à 300 m de la route de Châlons-sur-Vesle à Maco, au sud de Cheney, à 12 km au nord-ouest de Reims, France
Durée : 3 mois
Passage des Pyrénées : le 10 janvier 1944

Informations complémentaires :

Rapport de perte d’équipage : MACR 771. Rapport d'évasion E&E 383, disponible en ligne.

Le B-17 décolle à 07h00 heure anglaise de Bury St Edmunds. L’équipage : le pilote, 1st Lt Dennis P. Carlson (évadé – Rapport E&E 452) ; le copilote 2nd Lt Lee H. Frye (fait prisonnier) ; le navigateur 2nd Lt Robert J. Jones (évadé – E&E 2241) ; le bombardier 2nd Lt Clarence R. Casey (prisonnier) ; l’opérateur radio T/Sgt Harold B. Maddox (évadé – E&E 207) ; le mitrailleur ventral S/Sgt James R. Millin (prisonnier) ; le mécanicien/mitrailleur dorsal S/Sgt Stephen W. Jezercak (évadé – E&E 2242) ; le mitrailleur gauche T/Sgt Herbert M. Browning (évadé – E&E 191) ; Gary Hinote (la présente fiche) et le mitrailleur arrière S/Sgt Arthur T. Whalen (évadé – E&E 190).

Quelques chasseurs allemands attaquent le B-17, dont l’un des mitrailleurs en abat un. Plus tard, Hinote rapporte avoir vu le moteur n° 3 à l’arrêt ; le n° 2 s’emballe, provoquant de fortes vibrations et le copilote donne l’ordre d’évacuer la Forteresse. Hinote quitte l’appareil en premier vers 5000 m d’altitude et actionne immédiatement le système d’ouverture, mais son parachute ne se déploie pas. Il finit par s’ouvrir à environ 3000 m et Hinote atterrit dans un champ labouré près d’une zone fortement boisée. Il cache son parachute et autres choses dans des broussailles, gardant ses bottes de vol, sa salopette, ses gants et ses bottines. Il marche à travers un bois et, arrivé de l’autre côté, il aperçoit un village et des gens qui ne font pas attention à lui. Il retraverse le bois, arrive à une route, passe un ruisseau, qu’il longe pendant 8 km environ.

Hinote se repose un peu avant de reprendre sa route vers le sud-ouest. Il ignore où il se trouve et continue à marcher s’aidant de sa boussole. Il s’abreuve dans des ruisseaux et s’alimente avec les rations de son kit d’évasion. Au matin du 6 octobre, il se remet en route et après quelques kilomètres, un camion s’arrête à sa hauteur. L’un des 2 hommes à bord s’approche et Hinote ayant pris le risque de lui dire qu’il est un aviateur américain, on lui apporte plus tard des vêtements civils dans sa cachette dans un bois voisin. Hinote reprend sa marche le long d’une route et arrive à un endroit où il peut voir un panneau indiquant "Paris 107 km". Il poursuit sa marche vers le sud-ouest les jours suivants, rencontrant parfois des gens qui lui donnent à manger et boire.

Hinote traverse une ville mais ne s’approche de personne, espérant trouver une ferme plus loin. A environ 10 km hors de cette ville, il s’adresse à une ferme où les occupants lui donnent du pain et un peu d’eau avant qu’il se remette en route. Dans la soirée, lors d’un arrêt à une autre ferme, la fermière lui donne du pain et du vin. Il marche jusqu’à 20h00 et s’installe dans une meule de foin pour la nuit. Le 7 octobre au matin, il se remet en marche, malgré ses chevilles gonflées et ses cloches aux pieds. En début d’après-midi, il s’arrête à un café dans un très petit village où la tenancière lui donne une grosse tartine et un verre de vin. Il la paie avec un billet de 100 francs et elle lui en rend 60. Après avoir bu le vin et emportant la tartine, l’aviateur se remet en route, traversant une ville de taille moyenne dans la soirée. Beaucoup des gens qu’il croise regardent ses bottines avec étonnement, ou envie, sans plus et même des soldats allemands casernés là ne lui prêtent pas davantage attention.

Incapable de dormir dans le fossé où il s’abrite à l’extérieur de la ville, il se remet en route à l’aube du 8 octobre, malgré l’état lamentable de ses pieds. Ne logeant nulle part et se cachant dans des bois ou des fossés, il arrive à Meaux, d’où il continue sa marche en direction de Paris. Son E&E renseigne qu’il a ainsi marché pendant 5 jours sur 200 kilomètres.

La partie manuscrite de son rapport E&E, de la main de son intervieweur, est très difficile à déchiffrer. Après la mention de sa traversée de Meaux, on ne peut que deviner des noms de personnes et d’endroits : un jour, vers 15h00, il se trouve à 10 km de Paris et se rend chez un coiffeur qui lui coupe les cheveux et rase sa barbe naissante. Après un bais et un repas (peut-être même une nuit) chez le coiffeur et sa femme, il se remet en route avec "Paul" (le coiffeur ?) et rencontre une femme parlant très bien l’anglais et qui avait passé 12 ans dans le Connecticut. On devine un nom, "Chevalier", il est question d’un "Maurice", d’une Mme "Pierre (Lebire)" ( ?) et de sa rencontre avec ce qui doivent être d’autres évadés : Dougherty, Howell, Heald, M, C, Sheets…

Ces noms d’aviateurs (2nd Lt John Dougherty – E&E 358 ; Sgt William C. Howell – E&E 328; 2nd Lt John Heald – E&E 357; 2nd Lt Paul McConnell – E&E 380 et le S/Sgt Robert Sheets – E&E 394) nous ont permis de retrouver que Pierre MANGEOLLE, boucher au 28 Rue Chevalier de Barre à Les Pavillons-sous-Bois (Seine Saint-Denis), les a tous logés en août, Hinote les rejoignant vers le 11 octobre.

Plus loin dans le manuscrit du rapport, on lit :

Après que son groupe ait logé à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA, Gary Hinote franchit la frontière espagnole le 12 janvier avec Paul McConnell (cité plus haut), Frank Hill et Steve Krawczynski ainsi que Robert Poreye et Jean Cassart au 90e passage de Comète, par Souraïde et Quito borda, avec les seuls guides de Juanito BIDEGAIN (Michel ECHEVESTE et son frère Joseph Marie).

Dans son rapport, Hinote renseigne, après la traversée de la frontière espagnole, un passage par Irun, Saragossa, Alhama de Aragón, Madrid, Gibraltar, Marrakech (?) et Prestwick…

Le 1er février, Gary Hinote signe son certificat de sécurité à Alhama, Espagne, après son entrevue avec le Major Clark. Il arrive le 3 février à Gibraltar où il est interrogé le lendemain par un agent britannique, Mr Coleman. Il quitte Gibraltar par avion et débarque à Prestwick, Écosse le 5 février 1944.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters