Dernière mise à jour le 17 juin 2021.
Charles Jackson HIGGINS ("Jack") / 31145973
201 Stillwater Avenue, Old Town, Maine, USA
Né le 18 juin 1916 dans le Maine / † 2 septembre 1983 à Bangor, Maine, USA
S/Sgt USAAF, 95 Bomber Group 412 Bomber Squadron, mitrailleur dorsal et mécanicien
Atterri près de Neer, Pays-Bas
Boeing B-17F Flying Fortress (Forteresse Volante) n° 42-3317, QW-Y / "Spirit of 76", abattu le 30 novembre 1943 lors d'une mission sur Solingen.
Écrasé au "Sterrenbos" près de Haelen, à 4-5 km au NO de Roermond, Pays-Bas.
Durée : 3 mois ½
Passé en Suisse le 21 mars 1944
Rapport de perte d'équipage MACR 1559. Rapport d'évasion E&E 2341 (disponible en ligne).
Après le largage des bombes, l'appareil est touché sous l'aile droite par un obus de la Flak. La pression d'huile baisse dans le moteur n° 4 et bientôt le même phénomène se produit sur le n° 3, leurs hélices s'emballant dangereusement. Comme il est impossible de rester dans la formation avec seulement deux moteurs et malgré que l'équipage jette par-dessus bord tout ce qui peut l'être, l'avion perd trop d'altitude. Vers 1400 m, le moteur n° 1 explose, l'hélice du n° 3 perd une pale qui touche le stabilisateur vertical : l'ordre est donc donné de sauter alors que le B-17 vient de passer la frontière germano-hollandaise.
Higgins est du même équipage que Paul Gregory, Robert Gilchrist, Paul Appleby, Elmer Gilcrease, Max Gottlieb et Francis McDermott.
Le corps du navigateur William L. Lohmann fut retrouvé flottant dans la Meuse à Kessel le 21 juillet 1944. D'abord inhumé à Kessel, il repose en Belgique au Cimetière Américain de Neuville-en-Condroz. Le pilote Arthur C. Hensler ainsi que le mitrailleur gauche S/Sgt Jack B. Hyatt furent rapidement faits prisonniers. McDermott et Appleby parvinrent à s'évader un temps mais furent arrêtés par la suite. Les cinq autres réussirent leur évasion : Gregory, Gilchrist, Gilcrease, Gottlieb et Higgins.
L'équipage saute au-dessus de la Meuse, près de Roermond. Six d'entre-eux se retrouvent sains et saufs au café "De Rode Kar" quelque quatre jours après leur atterrissage. Ils citent Neerpelt, Overpelt et Antwerpen ainsi qu'une liste de personnes : G. H. VOSSEN, au Spikker 226 à Haelen, Alda SPOOREN d'Haspershoven à Overpelt, Mr MAES au café "De Zwaan" au 41 Klapdorp à Anvers/Antwerpen. (Ce dernier est un agent d'Élie MIROIR). Voir détails ci-dessous.
Charles Higgins saute à environ 450 m du sol et perd son kit d'évasion qui sort de sa poche au moment où il quitte l'appareil. Après s'être caché durant la journée, il se rend à un hôpital à Roermond, à environ une quinzaine de km de son point de chute, et il y reste quelques heures. La doctoresse qui le soigne lui dit que son père, Hollandais, était marié à une Birmane.
Les sources d’information concernant Higgins, ses co-équipiers et d’autres évadés croisés en route ainsi que les dates, lieux, identités de leurs Helpers sont diverses et souvent difficiles à recouper. Ce qui suit peut paraître brouillon à certains endroits et nous demandons l’indulgence des lecteurs. Après son court séjour à l’hôpital, Higgins est ensuite mené ailleurs à Roermond où il reste loger 4 ou 5 jours chez un jeune Hollandais. On insiste là pour qu'il dise par après qu'il a été aidé là par "l'homme avec la petite charrette rouge". Il s’agit de "The Red Wagon"/"De Rode Kar", également citée dans d'autres récits d'évadés.
Dans son rapport, Elmer Gilcrease mentionne un jeune hollandais, nommé Joseph BOTTS, étudiant à l'université et qui se cachait dans une ferme avec une dame juive, ajoutant à la fin de sa phrase, "little red wagon". Le "Rode Kar" est en fait un wagon de chemin de fer reconverti en logement de deux pièces et situé à Maarheeze, près de Soerendonk et qui a servi de refuge à pas mal d’aviateurs et d’autres réfugiés. Le rapport de Max Gottlieb indique que lui et Gilcrease, Paul Gregory, Robert Gilchrist, Paul Appleby, Francis McDermott, Charles Higgins et le Canadien Allen MacIntosh s’y sont retrouvés là le 8 décembre 1943. Des sources hollandaises indiquent que Higgins a été aidé dans la région de Roermond par "GUNNEWEGH" (John GUNNEWICK du B211 à Lichtenvoorde selon la liste des Helpers néerlandais) et "HOMBERG", des résistants Hollandais.
Higgins ne le mentionne pas dans son rapport, mais celui de l'un de ses co-équipiers indique que Higgins se trouve dans la voiture de police qui le mène à Weert en compagnie de Gregory, Gilchrist, Appleby et McDermott. Les évadés y restent avec un homme chargé de la mise en valeur des marais dans la zone "et un jeune opérateur radio" (Gottlieb ?) qui y était déjà arrivé. Tous partent le soir à la frontière dans un camion de laiterie avec un gendarme Hollandais. Ils se rendent dans un tout petit village frontalier, dans une maison qui ressemble à un réfectoire abandonné. Beaucoup parmi les guides sont en uniforme de gendarmes pour éviter les ennuis en cas de rencontre avec des Allemands. Dans cette maison, un jeune homme d'environ 19 ans parle assez bien anglais et il s'y trouve aussi une femme et deux enfants.
Dans son rapport, Higgins dit qu'un policier et un douanier belge le font alors passer la frontière à "Meispelt" (vraisemblablement "près de Neerpelt"…). Par la suite Gregory, Gilchrist et Higgins quittent les autres et ne les reverront plus.
Ils roulent à vélo 45 minutes (± 7 Km) avec trois guides armés en uniforme. Ils vont vers une grille gardée et prennent un chemin latéral sur 1,5 Km avant de rencontrer deux Belges dont un en uniforme et manifestement vétéran de l'autre guerre. Ces hommes les emmènent dans une maison plus loin, où ont logé l’Américain Dwight Fry et un Anglais nommé Edward Johnson. Ils dorment une nuit dans une belle maison à trois étages où vivent un ménage et plusieurs enfants, qu'ils ne voient pas. Nous pensons que ce doit être à la Bosstraat à Hamont chez Frans WIJNEN et son épouse.
L'après-midi suivante, ils se rendent à vélo à Neerpelt avec l'ancien soldat et y rencontrent un homme dans la quarantaine. Gregory et Higgins vont dormir chez une grand-mère logeant avec trois hommes de 25 à 35 ans et une petite fille de 7 ans. Gilchrist, lui, va dormir un pâté de maison plus loin avec Robert Sheehan. Son hôte a une fille corpulente qui s'appelle Alda (ce doit être Alda SPOOREN citée ci-dessus). Ils y restent trois nuits et d'autres personnes leur remettent des passeports avec leurs photos.
Plus tard, ils rencontrent un chef de district de la Résistance (un ancien sous-officier de l'armée belge au nom de code LBC11, en fait Marcel ROYERS (Gp BNB/MARC) de Neeritter) qui est en contact direct avec Charles WILLEKENS (Luc-Marc) de Achtel. Les aviateurs sont ainsi passés par WILLEKENS à l'équipe de Damien BUSSCHOTS dit "Gustave" et/ou Marcel MAES, avec le guide vers Bruxelles, 'Victor' Marcel DAELEMANS. Marcel ROYERS et son épouse seront tous deux arrêtés le 1er juillet 1944.
Ils apprennent qu'ils partiraient vers la Suisse et qu'un Canadien, un Néo-Zélandais appelé Tony et un mitrailleur arrière anglais seraient également à Neerpelt. Ils remettent tout leur argent à LBC11 (ROYERS) qui leur laisse 100 FB et leur donne des tickets de train pour Anvers. Le logeur de Gregory les guide dans Neerpelt pour les mener à la gare. Il semblerait que Sheehan soit parti la veille. LBC11 (ROYERS) et sa femme sont avec les évadés, dont Higgins, dans le train qui roule vers Anvers. A Anvers, ils rencontrent Damien (Gustaav) BUSSCHOTS, qui les prend en trolleybus jusqu'au café "De Zwaan", au 41 Klapdorp, tenu par Marcel MAES, un homme assez corpulent de 50 ans avec moustache, un agent d’Élie MIROIR et qui leur dit de mémoriser son adresse.
Higgins rapporte qu'il arrive ensuite à la maison d'Henri MACA au 31 Avenue du Val d’Or à Woluwé-Saint-Pierre et est présent chez lui lorsque le père de MACA est arrêté par la Gestapo. Il déclare également que la fiancée d'Henri, Germaine, accompagnait toujours elle-même les évadés pour les mener à chaque nouvelle cachette. Il loge alors une dizaine de jours dans une grande villa à la Hendrik van Dievoetlaan à Meise où habitent André VERHEYDEN, son épouse et sa belle-mère.
Higgins retourne alors loger à nouveau chez les MACA pendant une dizaine de jours avant d'aller se cacher chez un autre résistant, vraisemblablement MEUNIER-LACHAPELLE au 2 Avenue du Blankedelle à Auderghem. Son nom figure dans la liste des aviateurs hébergés par Yvonne MEUNIER et sa fille Madeleine, 16½ ans, et où il est renseigné comme y étant resté 23 jours (voir note en bas de page). Dans son rapport, Higgins dit avoir logé 4 ou 5 jours chez une dame et sa servante juive. Par la suite, il revoit son mitrailleur ventral McDermott, avant d'être transféré avec lui chez Mme Clotilde HOYAUX-TARTE au 21 Boulevard Poincaré à Anderlecht (qui le déclare logé du 30 décembre au 23 janvier, amené et repris là par Marie MACA).
Par la suite, Gilcrease, Higgins et un aviateur canadien "Joe" (Joseph Healey) iront loger 4 ou 5 jours chez une Luxembourgeoise mariée à un Américain, et dont le fils (identifié : Victor J. Palmer) servait dans le corps des U.S. Marines. Il s'agit de Mme Eugénie JAANS, épouse (divorcée) de l'Américain Thomas PALMER et qui habite avec sa sœur Suzanne au 20 Boulevard Général Jacques à Ixelles "dans un des immeubles les plus élevés de Bruxelles, en face de la Gestapo". De l'arrière de cette "Résidence La Cambre" on pouvait en effet apercevoir en face l'immeuble de la Gestapo au 453 de l'Avenue Louise, qui avait été mitraillé par Jean de Sélys Longchamps en janvier 1943.
Higgins déclare être alors parti vers le Sud, tandis que McDermott reste chez Mme PALMER. En cours de route, Higgins apprend que l'intention était de le faire évacuer par avion avec d'autres, mais ces plans sont contrariés par l'arrestation par la Gestapo de l'un des chefs de la résistance qui malheureusement avait des papiers sur lui. Higgins déclare dans son rapport avoir entendu, sans pouvoir évidemment le vérifier, que trois aviateurs américains auraient été arrêtés par la suite et fusillés. Il semble plus probable qu'ils aient été seulement arrêtés.
Higgins se retrouve alors à nouveau dans la chambre d'hôtel d'Henri MACA à Bruxelles, où lui et d'autres évadés restent cachés quelques jours avant de partir pour Charleroi, où un moine les attend. Il ajoute qu'il se trouvait dans cette nouvelle cachette en compagnie de deux yougoslaves, de deux belges, d'un polonais et de son co-équipier Gilcrease. Lorsqu'ils apprennent qu'ils pourraient devoir rester cachés là pendant trois mois, Higgins et Gilcrease décident de tenter leur chance et de partir tout seuls en direction de la Suisse.
Le 5 mars 1944, les deux hommes prennent le train jusqu'à la dernière ville avant la frontière française. Un homme et un garçon qu'ils y approchent leur disent où se trouve le point de passage vers la France et leur échangent leur argent contre des francs français. Higgins et Gilcrease traversent alors la frontière et arrivent sans encombre à Fumay, en France.
Dans cette localité, ils entrent en contact avec la Résistance (le Groupe de Thilay) et le 11 mars, ils sont menés chez Césarine ZUCCHI à Thilay, qui les héberge jusqu’au 18. Ce jour-là, ils sont guidés par Georges THEVEIN, aidé de Roland TISSIERE, qui les accompagnent en train via Paris, Belfort jusqu’à Montbéliard. De là, le groupe part en voiture jusqu’à Beaucourt, près de la frontière suisse. Ils passent en Suisse le 21. Menés à Berne par la police suisse, Higgins et Gilcrease y restent six jours. Ils passent ensuite par Klosters près de Davos, avant d'être conduits à Glion, près de Montreux, où ils restent jusqu'au 13 septembre, jour où ils sont amenés à Annecy, récemment libérée. Depuis cette ville, le 29 septembre 1944, tous deux rejoignent l'Angleterre par avion.
Note : Le n° 2 de l’Avenue du Blankedelle faisait le coin avec le n° 110 de la Rue de l’Homme de Bien et les MEUNIER y tenaient un café. Ces deux rues ont été rebaptisées après la guerre en l’honneur de résistants morts en captivité et sont devenues respectivement, l’Avenue Charles Schaller et la rue Albert Meunier (Albert étant l’époux d’Yvonne et le père de Madeleine – arrêté le 14 juillet 1942 ; décapité à Wolfenbüttel, Allemagne, le 14 juin 1944).
Décédé en 1983, Charles Higgins repose au Riverside Cemetery à Orono, Penobscot County, Maine, USA.