Personne capturée durant son évasion

Dernière mise à jour le 14 août 2020.

Edward Louis COBB / O-673478
2218 Salvador Avenue, Cincinnati, Ohio.
Né le 17 janvier 1921 à Cincinnati, Ohio / † le 14 mai 1962 dans un accident d’avion au Mexique.
1st Lt, USAAF 303 Bomber Group 360 Bomber Squadron, navigateur.
Atterri dans la région de Dailly / Gonrieux, à l’est de Chimay, Hainaut, Belgique.
Boeing B-17F Flying Fortress (Forteresse Volante), 42-39795, PU-E / "Women's Home Companion", abattu par la Flak et des FW190 le 30 décembre 1943 lors d'une mission sur Ludwigshafen.
Avion écrasé dans un champ à Froidchapelle.
Durée : 3 mois et demi.
Arrêté : en avril 44 à Anvers, fausse ligne KLM.

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 1674. Rapport RAMP établi le 14 mai 1945.

C'est à bord de cet appareil que se trouvaient William Wolff, Nelson Campbell, Jack Jernigan et William Osborn. Edward Cobb remplace pour cette mission du 30 décembre 1943 sur Ludwigshafen le navigateur habituel de l'équipage, le Lt Lawrence C. Ross. Le sort du reste de l’équipage : l’opérateur radio S/Sgt George L. Daniel (blessé au bras, il est fait prisonnier) ; le mitrailleur dorsal Sgt Lyle W. Fitzgerald (blessé mortellement, n’a pu être secouru assez rapidement par l’aide médicale allemande) ; le mitrailleur gauche Sgt Earl D. Wolfe (blessé à la jambe, sera rapidement fait prisonnier) et le mitrailleur arrière Sgt Lawrence B. Evans (tué par un obus dans l’avion). Quant au mitrailleur droit Vincent J. Reese, 36 ans, d’abord évadé, il est caché à Senzeilles puis à Villers-Deux-Fontaines et enfin à Chimay jusqu’au 25 mars 1944. Ce jour-là, il est mené au Maquis de Saint-Remy, près de Chimay, où il se retrouve en compagnie de 9 autres aviateurs américains. Deux d’entre eux quittent les bois en début avril pour tenter leur chance seuls vers la France. Suite à une dénonciation, des centaines de rexistes, accompagnés d’hommes de la Gestapo et de la Feldgendarmerie convergent vers Chimay le 22 avril 1944 et arrêtent des dizaines de civils. Ils se rendent ensuite dans les bois près de la ferme de Florent SIMON et capturent des maquisards et les huit aviateurs, dont Vincent Reese. Interrogés au QG de la Gestapo à Chimay, les aviateurs ont ensuite été conduits vers le Bois de Champagne où ils ont été froidement exécutés par des hommes de la Feldgendarmerie. L’incident est détaillé dans le livre "Shot Down" de Steve Snyder, fils du pilote de l’avion à bord duquel se trouvaient trois des aviateurs massacrés ("Susan Ruth" - 42-31499.)

L'appareil doit se poser en catastrophe à Froidchapelle après une attaque mortelle de FW190 et le bombardier Nelson Campbell, qui aide les mitrailleurs blessés, heurte la tourelle ventrale. Il ne pourra entendre convenablement qu'après trois semaines. Les blessés sont sortis de l'appareil. George Daniel, le radio, peut parler français et discute avec les curieux qui se pressent et cherchent un docteur. Les gens leur disent qu'ils s'occuperont des blessés et leur enjoignent de disparaître au plus vite.

Dans son rapport RAMP, Cobb ne mentionne que de l’aide (nourriture, habillement, caché pendant 8 heures) apportée par un homme, non identifié, dans un petit village à 7 km à l’est de Chimay. La localité en question pourrait être Gonrieux ou Dailly… Il signale que l’homme lui avait proposé de rester plus longtemps chez lui, mais Cobb a quitté cette cachette et a finalement rejoint Bruxelles, nous ignorons comment et avec l’aide de qui… Son rapport ne donne les noms et adresse, à Bruxelles, que de deux de ses multiples Helpers. Il y signale qu’il y en a eu d’autres, dont il ne se rappelle pas les noms, mais dont il pourrait retrouver les localités à l’aide d’une carte, ajoutant que son Helper principal changeait souvent de nom et qu’il pourrait volontiers l’identifier.

Cobb est renseigné dans les archives comme entré à EVA le 10 janvier 1944 par Camille LOMBA (20 Vieux Marché aux Grains, Bruxelles) qui le remet à Charles HOSTE. Il est accueilli-identifié-photographié chez Émile PULINCKX au 499 Chaussée de Louvain et est renseigné comme sorti de la sphère EVA le 16 avril 44. A son arrivée en janvier, HOSTE l’avait conduit au magasin de lingerie de Madame Veuve Hélène MASSAUX (126 Avenue Frans Courtens à Schaerbeek) puis chez ses deux fils Félix MESUREUR et Louis ROYEN au 348 Avenue Rogier à Schaerbeek. [A noter que dans la liste préparée pour l’attribution des récompenses, à cette adresse, figure le nom de Joseph Édouard Louis ROGER et non ROYEN… Dans cette même liste, aucune mention d’une "Mme LOUPETS (?), Avenue Rogier, Brussels", renseignée dans le rapport RAMP de Cobb et où il mentionne un séjour d’un mois chez elle, sans précision de dates.]

Charles HOSTE reprend Cobb le 7 février pour le conduire chez le droguiste Joseph HOEBANCKX et Alice VAN ELDERS au 30 Rue Guillaume Kennis à Schaerbeek. Dans son rapport RAMP, Cobb indique qu’il est resté un mois chez HOEBANCKS. Jean PORTZENHEIM sera son officier welfare à EVA et il le convoie vers d’autres caches le 26 mars et le 10 avril.

Dans un rapport dans les archives de la NARA (RG 319 / NM3 81 – NND 746001), Robert Hoke, qui a été hébergé à divers endroits avec Edward Cobb, donne des indications les concernant.

Charles HOSTE déclare que J. VAN RYN (du 25 Avenue Gustave Latinis à Schaerbeek) a participé au sauvetage de Cobb et Hoke chez leurs logeurs HOEBANCKX. Hoke et Cobb y sont régulièrement visités par PORTZENHEIM et Mme ALSTEEN du 24 Avenue Gustave Latinis à Schaerbeek (un magasin Delhaize Le Lion) et chez qui Hoke avait logé la nuit du 22-23 mars, leur apporte tabac et nourriture. Suite à un contact établi par PORTZENHEIM, Hoke indique que ce dernier l’a mené vers le 17 mars auprès d’un homme qui l’a guidé seul jusqu’à une petite clinique privée près de la Place Eugène Flagey à Ixelles (ce pourrait être l’ancienne Clinique de la Charité Maternelle au 39 Rue Malibran, démolie depuis). Hoke y est reçu par le directeur et remplit un formulaire dans son bureau avant d’être amené au domicile du directeur juste à côté où Hoke rencontre un Flight Officer, bombardier américain caché là… et qu’il reverra plus tard en prison à Anvers. Le 25 mars, la maison de HOEBANCKX est l’objet d’une descente des Allemands et ces logeurs sont arrêtés par la Gestapo le 25 mars 44. Heureusement, l'agent de police Joseph VAN DER ELST (du 41 Rue Portaels à Schaerbeek) avait été chargé de prévenir les aviateurs qu'ils allaient être enlevés dans la nuit du 24 au 25 mars 44 par Charles HOSTE et René WARNY. Hoke et Cobb échappent donc de justesse à l’arrestation. Ce ne sera pas le cas de Joseph HOEBANCKX, qui sera interné à la Prison de Saint-Gilles avant d’être envoyé en Allemagne au camp de Buchenwald par le convoi du 8 mai 1944 (prisonnier n° 48917). Il survivra et rentrera en Belgique en 1945.

Selon le rapport de Robert Hoke, Cobb et lui ont alors été menés dans la soirée du 25 mars chez Mme ALSTEEN à Schaerbeek par HOSTE, Adrien ALSTEEN et un autre homme, qui doit être René WARNY… Hoke poursuit : Après une nuit chez ALSTEEN, Hubert (PORTZENHEIM) vient y chercher Hoke et Cobb pour les conduire le 26 mars chez Mme Maurice DEVOS, 80 Rue Commandant Ponthier à Etterbeek [La liste des Helpers belges reprend Constance DE VOS, à cette adresse, l’Almanach de Bruxelles pour 1939 reprenant l’orthographe Mme de VOS, propriétaire de la maison.] Dans son propre rapport, HOSTE déclare que c’est lui qui a repris Cobb et Hoke chez ALSTEEN le 26 avec René WARNY, le beau-fils de Prosper SPILLIAERT, pour le conduire chez ce dernier qui habite avec sa femme Yvonne au 349 Chaussée d’Anvers à Bruxelles. Hoke et Cobb sont renseignés comme sortis de l’organisation EVA le "16 avril 1944".

Dans son rapport, Hoke précise que Cobb et lui sont restés chez Mme de VOS jusqu’au 10 avril. Ce jour-là, Hubert (PORTZENHEIM) vient les chercher et les confie en cours de route à Jeanne VAN TUYKOM ("Jacqueline") du 2 Rue Martin Lindekens à Woluwé-Saint-Pierre. Jeanne les mène à la Gare du Nord, mais comme un bombardement avait coupé la ligne vers Anvers, le voyage ne peut se faire et elle guide Hoke et Cobb jusque chez elle pour les loger jusqu’au 15 avril. Jeanne leur apprend qu’elle avait également hébergé auparavant le copilote de Hoke, Billy Hooker. Elle remet de nouveaux faux documents d’identité à Hoke et Cobb. Un après-midi durant leur séjour chez Jeanne, elle les conduit chez Gustave (Gustaaf) et Louise VAN KERKVOORDE au 172 Rue François Gay à Woluwé-Saint-Pierre où les deux hommes prennent un repas. Hoke indique que le couple avait logé plusieurs autres évadés.

Le samedi 15 avril, PORTZENHEIM et Jeanne VAN TUYKOM conduisent Cobb et Hoke en ville, d’abord dans un café en face de la Gare du Nord où ils rencontrent un homme et sa femme, qui devaient les conduire à Anvers. Hoke mentionne Marcel DAELEMANS, du 15 Oranjestraat à Anvers. La liste des Helpers belges reprend Marcel C. C. J. DAELMANS à cette adresse. Arrivés à Anvers, dans un café près de la gare, le couple remet Hoke et Cobb à René VAN MUYLEM (que Hoke ne pourra identifier que plus tard sur base d’une photo de ce collaborateur). VAN MUYLEM guide les deux aviateurs autour du bloc de bâtiments et les confie à un homme (27 ou 28 ans, mince, environ 1,75m, cheveux foncés, nommé "Pete"). Ce Pete les guide dans la soirée vers un appartement proche de la gare, leur disant qu’ils partiraient cette nuit en voiture vers la frontière française. Vers 21h00, deux hommes arrivent avec une bouteille de cognac. L’un était âgé d’environ 50 ans, chauve, parlant l’anglais, l’autre, plus jeune, de taille moyenne, les cheveux blond roux. Ces hommes commencent à les interroger (Hoke reconnaîtra plus tard l’un d’entre eux dans une gare à Bruxelles, cette fois revêtu d’un uniforme de la Luftwaffe) et vers 22h00 arrive un autre homme (qui s’avèrera plus tard être un Feldwebel-sergent de la GFP-Geheime Feldpolizei). L’homme fait monter Hoke et Cobb dans une voiture où se trouve déjà le chauffeur. Après avoir roulé 5 minutes, la voiture fait un virage abrupt et rentre dans le bâtiment de la Police de la Luftwaffe (Belgiëlei ?).


Extrait du rapport KU575 concernant le transfert de la Prison d’Anvers à Bruxelles le 21 avril 1944 de Cobb et Hoke, ainsi que Osborn, Jernigan et Merkley (RCAF) qui ont également leur page sur ce site.


Document donnant les noms de prisonniers RAF et USAAF partis le 14 juin 1944 de Bruxelles vers le Centre d’Interrogation de la Luftwaffe à Oberursel, près de Frankfurt, où ils sont enregistrés le 6 juillet (Cobb est le n° 13).


La plaquette d’identification que Cobb avait gardée sur lui durant son évasion, reprenant également le nom de son père (dossier KU575).

Après le centre d’interrogation Dulag Luft à Oberursel, Cobb est interné au Stalag Luft 3 à Sagan/Zagan, Pologne.

La photo en uniforme provient du site du 303rd Bomb Group ( http://www.303rdbg.com/) et a été prise le 30 juin 1943 alors que Cobb se trouvait dans l’équipage du Lt Robert Cogswell.

Edward Cobb est resté dans l’US Air Force après la guerre et a servi également en Corée. Promu Capitaine, il se trouvait comme second navigateur à bord d’un Convair T-29 ayant décollé de Harlingen au Texas pour retrouver la trace d’un petit avion privé qui avait été signalé en détresse dans la Sierra Madre au centre du Mexique. Cet appareil et son pilote avaient été retrouvés entretemps, mais, pour une raison inconnue, l’appareil de Cobb s’écrasa le 14 mai 1962 dans une zone montagneuse près du village de Jalpan de Serra, au sud de Conca, Province de Querétaro, au Mexique. Les restes calcinés d’Edward Cobb et des 8 autres membres de l’équipage furent retrouvés et ramenés à dos de mulets et chevaux vers le village de Conca avant d’être rapatriés aux États-Unis.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters