Dernière mise à jour le 12 août 2011.
Michael Joseph JOYCE / 580715 (Sgt) et 51894 (Fl/Lt)
Neale (près du Lough Mask), County of Mayo, Eire.
Sgt, RAF Bomber Command 61 Squadron, Mitrailleur ventral arrière.
Lieu d'atterrissage : l'avion s'est posé sur une plage avec tout son équipage à bord.
Handley Page Hampden B Mk I, P4324, QR-?, abattu la nuit du 25 au 26 août 1940, (selon le SPG 947 : le 27 août ?) durant le premier bombardement de nuit sur Berlin (Leuna Werke à Leipzig).
Atterrissage forcé (radio et compas détruits, panne d'essence) sur l'île d'Ameland en Frise néerlandaise, et capturé imédiatement avec l'équipage (F/Off TUNSTALL : pilote, Sgt MURDOCK : navigateur et Sgt BROOKS : opérateur radio).
Durée : environ 1 mois d'évasion
Passage des Pyrénées : le 20 octobre 1942.
Rapport d'évasion SPG 947 (complet).
Après leur atterrissage forcé, ils furent vite capturés et interrogés. Ils sont emmenés en bateau à Terschelling et y dorment. Le lendemain, ils reprennent le bateau pour Harlingen. Ils sont conduits en camion à Makkum, puis à Amsterdam. Ils arrivent au Dulag Luft de Oberürsel à 4 heures le lendemain. Le récit de Joyce continue sur son internement. Il déclare avoir été envoyé dans un Lazaret à Kloster-Heina en Thuringe, d'où il demanda à travailler dans une ferme à Kaisersesch, à l'Ouest de Coblence. Il déclare s'être évadé par la fenêtre de la chambre où le fermier l'enferme chaque soir, et avoir volé un vélo. Il serait passé par Bitburg et Redange. Il l'abandonne à Arlon et passe à Bellefontaine. C'est ainsi qu'il arrive à l'abbaye d'Orval et est nourri et logé par des gens, entrant ainsi dans une filière d'évasion.
Il ressort d'un dossier anglais déposé aux Archives Nationales à Londres que Michael Joyce a, en fait, travaillé au profit du commandant du Dulag Luft de Oberürsel (major Killinger) comme "stool pigeon" (balance), sans qu'il semble avoir été de grande assistance pour eux jusque ± mai 1942. Il travailla ensuite sous un uniforme allemand et le pseudonyme de "Willi Schneider" aux interrogatoires des prisonniers de l'Afrika Korps dans la zone de Tobrouk, mais y devint malade. Vers septembre 1942, il fut chargé par l'Abwehrstelle XII de Wiesbaden (Major Kammerich à Luxembourg) d'infiltrer les réseaux d'évasion belges et fut relâché à cet effet près d'un "monastère" en Belgique (il s'agit de l'Abbaye d'Orval), suspecté d'appartenir à un tel réseau. Il n'était pas supposé quitter le territoire belge et s'aventurer en France non occupée.
Après une semaine sans nouvelle, l'Ast (Abwehrstelle) de Luxembourg avertit l'Ast de Bruxelles du cas. Il fut répondu longtemps après (?) qu'une Anglaise, épouse d'un Belge, avait été trouvée en possession d'une liste d'aviateurs aidés, où apparaissait le nom et matricule correct de Joyce. Il n'avait donc pas utilisé le pseudo de Johnson ni la couverture préparée par l'Ast Luxembourg, et s'était réellement enfui.
Joyce arrive en Angleterre le 1 novembre 1942. Les dossiers d'évadés restant secrets, les doutes sur son cas restèrent classifiés : Il était curieux qu'il reste si longtemps dans un Dulag (deux ans dans un centre d'interrogatoire de transit ?) sans être versé dans un autre camp après quelques jours. De plus, le MI-5 savait qu'il était cousin germain d'un autre Michael Joyce, surnommé "Lord Haw-Haw", un activiste fasciste irlandais naturalisé allemand et émettant de la propagande depuis Berlin. Son cas sera réinspecté à la fin de 1945, suite à un interrogatoire de ses "gardiens", capturés à leur tour. Rien de bien sérieux ne fut jamais prouvé contre lui, mais il devra démissioner de la RAF, où il avait été promu officier (Ft/Lt) et rendre sa médaille militaire, obtenue suite à son "audacieuse" évasion.
Quoi qu'il en soit, voici la description du reste de son évasion :
Dans l'annexe d'Orval (en fait, l'ancien château du baron d'Otreppe de Bouvette), il est interrogé en anglais par le baron, qui accepte de l'héberger. Il est amené en voiture à Carignan (Ardennes françaises) le 29 septembre, avec quatre hommes dont son hôte (un moine, le neveu d'un autre moine et le baron). La voiture passe la frontière en donnant un cigare au douanier. Il y reste dans un hôtel jusqu'au 30 à 19 heures (donc une trentaine d'heures). Il s'agit de l'hôtel de la Gare tenu par Georges LEFÈVRE, hôtelier à Carignan, et qui est en contact avec Joseph GODFRIN, maire de Muno, dans le cadre du réseau SOE Prosper. Voir à ce sujet l'histoire complète du réseau Possum.
Un homme (Joseph GODFRIN ou Georges LEFEVRE) le conduit alors en voiture à Muno (en Belgique) où il reste deux semaines dans une ferme au sud de la localité. Il y reste 10 ou 12 jours chez Georges LEDANT à "la Platinerie", sous le pseudo de "Eric Johnson", que lui avait arrangé l'Abwehr. Il utilisera ce pseudo de "Eric Johnson" jusqu'à son arrivée à Liège, avant de reprendre son vrai nom.
La ligne d'évasion vers Paris depuis Carignan étant coupée, vers le 12 octobre, il part à vélo avec deux Belges à 8 km, à la gare de Sainte-Cécile (que l'on atteint en passant par le hameau de Lambermont pour éviter la traversée du centre de Muno). Deux femmes l'escortent à Liège (il s'agit ici d'une branche d'évasion où opérent certains membres du réseau SOE Prosper, dont notamment Adelin HUSSON, qui a conservé des contacts à Liège. Une filière y était exploitée vers la Suisse. Clara QUANTEN, guide et courrier pour ce réseau, prenait souvent documents et aviateurs depuis la gare de Sainte-Cécile ou de Florenville). Un homme le guide dans un café où un Anglais l'interroge. Il est conduit chez "Matilda et Jeannine" (Mlles RITSCHDORFF au 30 rue de Waroux) et y rencontre Gordon Mellor.
Le 14 octobre au matin, une femme ("Monique" ou Thérèse GRANDJEAN, du réseau Luc) les conduit à Bruxelles par train jusque chez Mme DE GROEVE, au 773 chaussée de Gand et les remet au Dr Antoine GOETHALS du 34 Rue de la Vallée à Ixelles. Ils dorment dans un flat chez les GUERRY au 685 Chaussée d'Alsemberg à Uccle. Après interrogatoire, vraisemblablement par Albert Greindl, il est emmené avec Mellor dans une autre maison où il restent deux jours.
Ils quittent Bruxelles avec un guide pour Paris en date du 16 octobre. Il y demeure deux jours à Asnières chez Raymonde et René Coache au 71 Rue de Nanterre. Le 18 octobre, Joyce, Mellor, Lorne Kropf et Alexis Stadnik partent pour Saint-Jean-de-Luz. Ils dorment la nuit du 18 au 19 chez Germain Lapeyre. Joyce signe en date du 19 octobre le livre de Ambrosio SAN VICENTE au 7 Rue Salagoïty.
C'est le 27e passage de Comète par Saint-Jean et la Bidassoa. Le 19 au soir, Mellor, Kropf, Stadnik et Joyce partent pour la frontière avec Florentino GOIKOETXEA et "Bee" Johnson, Jean-François NOTHOMB et Andrée DE JONGH fermant la marche. Le 20, ils arrivent à une auberge hors de San Sebastian (à Oyarzun) et sont conduits de là en voiture chez un garagiste (Bernardo ARACAMA au n°7, 5e étage à gauche, Calle Aguirre, Miramon, à San Sebastian). Le 21, ils se rendent à Madrid dans la voiture consulaire de Bilbao. Ils partent pour Gibraltar le 25.
Il s'envole de Gibraltar le 31 octobre et arrive à Portreath le 1er novembre. Il est interrogé par le MI-9 le 02 novembre 1942.
Merci à Annette Biazot, de Florenville, pour ses précisions.