Dernière mise à jour le 24 juillet 2021.
Andrew Edward KUHN "Eddie"/ 32761156
706 Mc Candless Plaza, Linden, New-Jersey, USA
Né le 29 mai 1923 à Linden, New-Jersey / † le 20 avril 1975
S/Sgt, USAAF 305 Bomber Group 366 Bomber Squadron, mécanicien et mitrailleur dorsal
Atterri près de Braine-L'Alleud, Brabant wallon, Belgique.
Boeing B 17G-55BO Flying Fortress N° série : 42-102645 Immatriculation : KY-A, abattu par la Flak puis par un FW 190 le 9 août 1944 lors d'une mission sur Munich détournée sur Karlsruhe.
Atterrissage forcé/Écrasé à Zegelsem, entre Brakel et Renaix/Ronse, Flandre Orientale, Belgique.
Durée : 1 mois.
Camps Marathon : Acremont et Villance.
Rapport de perte d'équipage MACR 8067. Rapport d'évasion E&E 1962 disponible en ligne.
L'appareil décolle de Chelveston à 06h00 heure anglaise. Les bombes à peine larguées sur l'objectif, le B-17 est touché par la Flak. Attaqué ensuite par un chasseur Fw190, ses ailerons ne peuvent plus être contrôlés, le moteur gauche est en feu et le pilote Clayton E. Child donne l’ordre de quitter l’avion.
Deux membres de l’équipage ont trouvé la mort dans le crash de l’appareil, l’opérateur radio S/Sgt John B. Dubinskas et le mitrailleur dorsal Sgt John R. Waldren. Le pilote Clayton Child sera fait prisonnier, tout comme le mitrailleur arrière Sgt Jerry R. McEldowney et le mitrailleur latéral droit, le Sgt Grady Lucus Jr. Ces deux derniers sont rapportés comme décédés durant leur détention. Il semble que Lucus et McEldowney auraient été abattus par des soldats allemands. Les circonstances de la mort de Mc Eldowney et Lucus ne sont pas clarifiées. La mention de la découverte de leurs corps dans les décombres de l’appareil à Zegelsem, ainsi que de leur inhumation à Oudenaarde, provient du MACR, qui reprend la traduction de documents établis par les autorités allemandes… qui n’auraient jamais déclaré officiellement que les aviateurs ennemis auraient été abattus dans leurs parachutes ou après leur atterrissage… Jerry Robert McEldowney repose au Cimetière Américain des Ardennes à Neuville-en-Condroz, Belgique. Les restes de Grady Lucus ont été rapatriés aux États-Unis en 1949 ; ils reposent au East View Cemetery à Vernon, Wilbarger County, Texas.
Outre Andrew Kuhn (la présente fiche), trois autres parviendront à s'évader : le copilote Kenneth V. French (E&E 1756 – atterri près de Braine-le-Château, aidé par Émile Crispeels de cette localité et renseigné comme ayant séjourné dans des fermes à Hal et Enghien et interrogé le 7 septembre 1944 par l’I.S.9), le navigateur Henry Colt et le bombardier Harold Kilmer.
Andrew Kuhn saute à environ 5.000 m et atterrit vers midi près de Braine-L'Alleud. Un fermier cache son parachute dans une étable. Dans son rapport d'évasion, très succinct, Kuhn indique seulement qu' "à Braine-L'Alleud, Colt et lui ont séjourné une nuit chez Mme DUBOIS" (Colt ne mentionne pas ce nom). Kuhn entend dire que Grady Lucus a été capturé.
En juin 2019, André Desmet, natif de Braine-le-Château, nous a signalé que dans le livre de Georges Pické, "Dix années troublées de 1935 à 1945", il est mentionné en page 162 qu’un parachutiste (non identifié dans le livre) serait tombé au Cheval Blanc, à Braine-le-Château, dans la prairie de la ferme Cambier (ferme Sainte-Croix).
Le hameau du Cheval Blanc se trouve près de la Rue de la Vallée où habitaient Renita WAROUX et ses parents. Or, à la page 192 d’un mémoire de l'UCL réalisé en 1988 par Sophie Descamps, intitulé "La Vie Quotidienne à Braine-le-Château et à Wauthier-Braine sous l'Occupation Allemande, mai 1940-septembre 1944" figure un texte rédigé après son interview de Renita WAROUX datant du 2 février 1987. Renita, une étudiante de 19 ans à l’époque des faits, relate, sans citer aucun nom d’aviateur, qu’un américain a atterri au-dessus (lire, au sommet) du Mont Calvaire près de la Chapelle Sainte-Croix, proche de la Rue Sainte-Croix où elle habitait avec ses parents. Mme WAROUX (nous comprenons, la maman de Renita…) ayant vu la chute de l’aviateur, rejoint celui-ci, cache son parachute dans son large tablier et emmène l’Américain chez elle où son uniforme et le parachute sont immédiatement cachés dans une valise lancée au fonds de la citerne d’eau. Le père, René WAROUX, était toujours en possession de ce parachute en 1987, qui portait les inscriptions :
René WAROUX, pour sa part, relate que (probablement) Kuhn avait perdu connaissance après son atterrissage (En effet, Colt étant atterri à la lisière de Clabecq, ce n'est donc pas Colt que WAROUX a récupéré.). Ranimé par WAROUX et Juliette VAN DAM, qui dégrafèrent son parachute, il fut mené par eux à travers la prairie près de la "ferme Cambier" (NDLR : propriété du bourgmestre Louis CAMBIER) et l’emmenèrent chez eux au 4 Rue Sainte-Croix à Braine-le-Château (adresse confirmée à la liste des Helpers belges.) Ils lui remirent un costume civil et le placèrent dans une chambre. Avec l’aide d’Emilia DELCORDE, veuve PARMENTIER, habitant à la Rue de la Vallée à quelques centaines de mètres, il fut transféré au jubé de la Chapelle Sainte-Croix, dont Emilia possédait les clefs. Cette chapelle existe toujours, entre la Rue de la Vallée et la Rue Sainte-Croix. René WAROUX rapporte qu’il y fut "régulièrement" ravitaillé avant d’être remis à la Résistance…
On donne à Kuhn des vêtements civils appartenant au père WAROUX et de l’eau qu’il réclamait à grands cris… Le récit de Renita indique que l’aviateur est ensuite caché dans la petite chapelle Sainte-Croix où il est ravitaillé par la famille WAROUX. Le témoignage se termine par la mention de la prise en charge de l’aviateur, quelques jours plus tard, par le Résistant Henri LEHERTE, qui le conduit vers une ferme à "Nigelles". André Desmet nous apprend qu’il s’agit de Nizelles [Nigelles, en patois], sur la commune d'Ophain à la limite de Wauthier-Braine non loin de Braine-l'Alleud, ferme qui faisait partie autrefois de l'abbaye de Nizelles contigüe à celle-ci (au Chemin de Nizelles). L’évadé aurait alors probablement été pris en charge par des hommes de Braine-L’Alleud et menés chez Madame DUBOIS où il aurait passé la nuit du 12 août en compagnie de COLT. Le lendemain ils auraient été guidés jusqu’à l’Alliance "à Waterloo" (Probablement la ferme de l’Alliance, située à Plancenoit et non Waterloo , Chaussée de Charleroi 1, non loin du Lion de Waterloo).
Dans le livre de François De Troyer, "Tenace Mémoire" Résistance et espionnage en Brabant Wallon-1989, page 128(1) est cité le résistant Émile Balligand du refuge OURS. Celui-ci, en 1943 organise deux nouveaux gîtes (chez Mr du Bois de Roest et chez Mr Duvivier). Le couple habitait chaussée de Nivelles, 166 (n° 40 avant 1947) à Braine-l'Alleud, non loin de la ferme de l'Alliance, Chaussée de Charleroi, 1 Plancenoit à proximité du lion de Waterloo ( +/- 1,5 km à travers champs). C'est probablement ici à l'Alliance que les évadés étaient regroupés. Un chemin de campagne reliait en ligne droite ces deux lieux. Ce qui conforte l'idée du choix de la résistance pour le gîte chez Madame du Bois (Madame du Bois Germaine née de Roest d'Alkemade épouse Ernest du Bois (Revue Brania 2012/1-2, pp. 90-91).
Cet endroit est encore une fois cité dans le livre de François De Troyer " L'impossible oubli" Récits de la Résistance et de la collaboration en Brabant Wallon - 1987, page 43 : Dans la description "Les actions de l'Armée Secrète" est cité l'aide apportée aux parachutistes tombés à Braine-le-Château et en particulier "le second aviateur fut conduit à "l'Alliance" à Waterloo, pour être intégré dans une chaîne d'évasion vers la Grande Bretagne".
Dans le témoignage de Madame Bertoux-Grimmelprez, c’est Achille Léonard qui prend en charge Colt vers Braine-le-Comte. Ce ne serait pas Braine-le-Comte, mais vers Braine-l’Alleud ; Kuhn indique qu’à Braine-l’Alleud, Colt et lui ont séjourné une nuit chez Mme DUBOIS" donc en l’occurrence la nuit du 12 août, les deux parachutistes avaient été pris en charge séparément.
Le rapport de Colt, lui, indique qu'il a été rejoint par Kuhn le 12 août dans la maison d'une "amie de la parlementaire" (PARMENTIER ?), Colt ayant logé chez celle-ci auparavant. Il s’agit d’Emilia DELCORDE, veuve PARMENTIER, qui vivait avec sa sœur Denise à la Rue de la Vallée.
Ni Kuhn ni Colt ne mentionnent de séjour dans une chapelle dans leurs rapports et nous ne pouvons déterminer avec certitude combien de jours Kuhn a logé chez les WAROUX (1 jour ? 3 jours ?). Selon une analyse d’André Desmet, passionné d’histoire locale, un séjour de 3 jours paraît vraisemblable (9, 10 et 11 août), car Kuhn retrouve Colt le 12 août chez une amie d’Emilia DELCORDE, les 2 aviateurs n’ayant sans doute pas logé dans la chapelle en même temps, par mesure de sécurité…
Le 12 août, les deux évadés sont probablement réunis en vue de procéder à leur transfert vers Bruxelles par la résistance.
Ensuite, les deux aviateurs affirment dans leurs témoignages avoir été pris en charge par Max vers Schaerbeek après la nuit du 12 août ! Donc Max les aurait pris en charge le 13 à partir de l'Alliance et ensuite du 14 au 22 août, ils sont cachés ensemble à Schaerbeek chez "SCHOFS"…
Dans les archives du Groupe EVA, Kuhn est renseigné comme arrivant à Bruxelles via LHEUREUX et avoir été hébergé par Mme SCHOFS du 14 au 22 août 44. Dans son rapport, Colt mentionne un séjour de 10 jours chez Gaston "SCHAFS" (en fait, SCHOFS), 25 Rue Victor Oudart à Schaerbeek. EVA rapporte que Kuhn (et vraisemblablement Colt, tous deux indiquant qu'ils sont restés ensemble) est remis le 20 août 1944 à Yvonne BIENFAIT, au 35 Rue Guillaume Kennis à Schaerbeek, par 'Max' (Charles BOURDILLOUD)
Le 22 août, Kuhn (et Colt) partent ensuite pour Namur en train avec Jacques BOLLE. Colt rapporte qu'ils sont passés par un camp entre Maissin et Villance où ils ont rejoint cinq autres aviateurs. Il poursuit en disant que tous ont été guidés par après vers la "Forêt de Lucy" près d'Acremont (en fait, la Forêt de Luchy, à Jehonville), où ils restent cachés avec 18 autres aviateurs jusqu'à l'arrivée des troupes américaines.
Andrew Kuhn est interrogé par l'I.S.9 le 10 septembre (major d’Infanterie Irwin Luiten) et rentre le lendemain en Angleterre.