Personne cachée jusqu'à la libération

Dernière mise à jour le 11 août 2023.

Beirne LAY Jr. / O-309771.
3401 Porter Street Northwest, Washington, DC, USA
Né le 1er septembre 1909 à Berkeley Springs, West Virginia, USA / † le 26 mai 1982 à Los Angeles, Californie
Lt Colonel (Commandant du 487 Bomber Group), USAAF 487 Bomber Group 838 Bomber Squadron, à bord en tant que chef de Wing des 72 B-24 du Groupe lors de la mission
Lieu d'atterrissage : près de Coulonges-les-Sablons, Orne, France, à une quinzaine de km au nord-est de Nogent-le-Rotrou, Eure-et-Loir.
Consolidated B-24H Liberator, 41-29468, 2C-. / "Peg O' My Heart" abattu par la Flak le 11 mai 1944 lors d'une mission sur la gare de Chaumont en Haute-Marne, France
Écrasé entre Bretoncelles et Coulonges-les-Sablons, dans l'Orne, France
Durée : 3 mois.
Camps : caché à Mazangé (près de Vendôme, en Loir-et-Cher, France)

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 4750. Rapport d'évasion E&E 339 disponible en ligne.

L’appareil décolle de Lavenham vers 11h00 heure anglaise. Touché en route vers l’objectif par cinq coups directs de la Flak au-dessus de Châteaudun, trois moteurs hors d'usage, la queue fortement endommagée, le système électrique mort, l'appareil perd de l'altitude et son pilote donne l'ordre de l'évacuer.

Les onze hommes à bord seront tous sains et saufs. Outre Beirne Lay, trois autres parviendront à s'évader : le navigateur n° 1, 1st Lt Alfred H. Richter (évacué par la ligne Bourgogne/Burgundy - E&E 1036), l'observateur et copilote, également chargé de la mitrailleuse de tourelle arrière, le 2nd Lt Walter Duer (Lay dit dans son E&E, de même que dans son livre, qu'il était le copilote) et le mitrailleur latéral S/Sgt Robert W. Peterson (évacué par la ligne Bourgogne/Burgundy - E&E 1511).

Le pilote, 1st Lt Frank Vratny, parviendra d'abord à s'évader avec l'aide de la Résistance et passera par Brou, Versailles, Paris, Vincennes, Paris à nouveau avant d'être arrêté le 19 juillet en route vers l'Espagne en camion, avec 15 autres aviateurs évadés.

Six autres membres de l'équipage, dont certains parviendront d’abord à s’évader, seront fait prisonniers: le navigateur n° 2, le Capitaine Donald E. Wilson; le bombardier Capitaine Francis G. Hodge Jr; le mitrailleur latéral S/Sgt Arthur J. Pelletier; le radio S/Sgt William M. Alich; le mitrailleur dorsal S/Sgt John P. Watson Jr et le mitrailleur ventral S/Sgt Lawrence Heimerman.

Dans un récit, le Lieutenant Colonel Beirne Lay mentionne que Richter, le navigateur n°1, l'avait avisé de ce que le copilote (Duer) avait un fémur cassé par un éclat de Flak (détail non confirmé dans les E&E). Se rendant compte peu après que l'intercom ne fonctionnait plus, Lay demanda à Richter d'aller avertir tout le monde d'évacuer l'avion. Le pilote Vratny actionna alors la sonnerie d'alarme et maintint le contrôle de l'avion pour permettre à tous de sauter.

Au moment où Lay endosse son parachute et se prépare à sauter, il remarque le regard de Vratny et se ravise, comprenant que l'officier supérieur à bord doit être le dernier à quitter l'appareil. Il prend les commandes de l’appareil, reste donc à bord après le saut de Vratny et des autres avant lui, parvient à stabiliser le vol, mais l'avion soudain se cabre puis part en piqué. Lay tente d'atteindre une voie d'évacuation, n'y parvient d'abord pas vu l'énorme pression, et est finalement éjecté de l'habitacle à environ 400 m d'altitude (son E&E reprend 10.000 pieds/ 3.000 mètres, son livre indiquant environ 1000 pieds/300 mètres.) Il atterrit sur le dos et se tord une jambe.

Immédiatement entourés de Français, attirés par le bruit de l’explosion de bombes de leur appareil en feu, Lay et Duer, tombé à proximité et qui l’a rejoint, décident par prudence d’aller se cacher dans un bosquet, près du village de Bretoncelles, puis de ramper à travers champs vers une grange de foin où ils se cachent pendant deux jours. Des Français leur remettent des vêtements civils et de la nourriture, mais ne peuvent les faire entrer en contact avec la Résistance. Ils leur recommandent de se diriger vers l'Espagne et leur expliquent où sont les postes allemands.

Au soir du 13 mai, Lay et Duer se mettent en marche vers l'Ouest, en contournant Nogent-le-Rotrou par l’Ouest comme un fermier leur avait recommandé, cette ville grouillant de soldats allemands. Les deux hommes marchent toute la nuit, s'arrêtant près d'un ruisseau pour y plonger leurs pieds endoloris. Le curé d'une petite ville ne peut les aider. Ils sont arrêtés par un jeune soldat allemand qui ne les comprend pas et finit par les laisser partir. Un fermier les prend alors chez lui et leur donne à manger. Des Allemands à leur recherche arrivant à la ferme, ils vont se cacher dans une chambre pendant que les Allemands questionnent le fermier. Celui-ci parvient à les convaincre qu’il ne cache pas d’aviateurs et les soldats s'en vont. Lay et Duer quittent la ferme le lendemain.

Poursuivant leur route vers le Sud, ils entrent dans une église de village pour prier et disent au curé qu'ils sont Américains. Le curé les nourrit et les loge deux jours, avant de les remettre à un fermier qui a contacté la Résistance, mais en vain. Ils partent le lendemain et continuent à marcher, aidés et nourris en cours de route par divers fermiers. Dans un des villages qu’ils rencontrent on leur indique qu’ils pourraient trouver de l’aide dans un château dont la propriétaire est une anglaise mariée à un français. Arrivés vers le 23 mai au château au nord d’Oucques, la châtelaine leur déclare la mort dans l’âme que, bien que désireuse de les aider, elle ne peut le faire car son mari, momentanément absent, est en cheville avec les Allemands.

Lay et Duer se remettent en route, vers la gare d’Oucques qui leur avait été indiquée, où ils arrivent pour constater qu’il n’y existe ni voie ni rails (à noter qu’il existait une gare de tramways à Oucques avant la guerre…). Ils entrent à l’Hôtel du Bon Laboureur non loin de l’église où ils voient des hommes attablés, servis par une dame assez corpulente. Ayant à peine exprimé leur souhait d’obtenir de l’aide, le patron leur intime de déguerpir, ce qu’ils s’empressent de faire, décidant alors de rentrer dans l’église.

Le curé prétend ne pouvoir les aider, disant qu’ils pouvaient cependant s’asseoir dans la maison du Seigneur. Après un certain temps, ils s’apprêtent à partir lorsqu’une petite dame aux cheveux gris entre dans l’église et leur demande en anglais si elle peut les aider. Elle leur explique que le curé est venu la chercher et se présente comme une ancienne employée de Lord "Fitz Allen" en Angleterre. Dans son livre, Beirne LAY identifie le village en question comme étant bien Oucques et la dame comme Mlle Jeanne "GILBERT" [en fait Jeanne GUILBERT, reprise à la liste des Helpers français à la Grande Rue à Oucques]. Par ailleurs, il s’agit en fait du vicomte Lord FitzAlan, dernier vice-roi britannique d’Irlande et dernier locataire du Cumberland Lodge dans le Great Park de Windsor, au sud de cette localité du Berkshire. Quant au curé, non identifié par Lay, nous avons pu trouver qu’il s’agissait de Germain RICHARD (1880-1976), curé puis curé doyen jusqu’en 1947, de l’église Saint-Jacques à Oucques.

Un coiffeur, appelé par Jeanne, rase rapidement les deux hommes dans la sacristie. Jeanne leur apporte alors un repas chaud et leur apprend que le chef de son organisation passera dans la soirée à l’hôtel où leur séjour pour les 2 nuits suivantes est déjà arrangé. L’intention est de les faire gagner l’Angleterre par avion comme cela avait déjà été le cas, leur dit-elle, pour 18 aviateurs avant eux. Après que, dans la soirée, le curé ait lavé, soigné et bandé les pieds endoloris des deux hommes, Jeanne leur présente "Monsieur Jacques" et tous se rendent à l’hôtel où le patron, Monsieur TRÉMÉAC, leur apprend qu’il les avait expulsés de son établissement le matin, car l’un des clients était un collaborateur en cheville avec les Allemands. L’hôtelier prend note des noms, matricules et de quelques autres détails personnels des deux évadés aux fins de vérification avec Londres. Il leur explique qu’il est obligé, vu le risque accru, de déménager sa radio vers un endroit plus sûr à 40km d’Oucques.


L’hôtel du Bon Laboureur (actuellement l’Auberge du Bon Laboureur, 56 Grand Rue), Oucques

Jeanne GUILBERT leur explique que le surlendemain un fermier amènerait un veau pour l’abattage dans la cour à l’arrière de l’hôtel où ils logent et qu’ils ne devaient pas s’inquiéter du bruit que cela causerait. Ils sont menés par la suite par «Monsieur Jacques" et un autre homme dans une ferme où, cachés dans un silo à grains, on leur dit d’attendre deux jours avant l’arrivée d’un avion. Lay et Duer resteront finalement douze jours dans cette ferme. Il s’agit probablement de la ferme d’Henri PEAN à Rahart (à l’ouest d’Oucques et au sud de la Forêt de Fréteval). Vers la fin de leur hébergement, Jeanne arrive au silo et leur apprend que "Monsieur Jacques", dénoncé par un collabo, avait été arrêté alors qu’il transmettait par radio et qu’il avait été torturé avant d’être abattu comme d’autres membres de son groupe. Elle leur apprend que des résistants d’un autre groupe viendront les chercher le lendemain pour les conduire à une autre ferme d’où une nouvelle possibilité de les faire évacuer par avion serait examinée. Nous n’avons malheureusement pas pu retrouver l’identité de ce "Monsieur Jacques"…

Le lendemain, Jeanne GUILBERT leur rend visite vers midi accompagnée du coiffeur venu pour les raser, Jeanne insistant pour qu’ils soient "présentables"… Une heure plus tard apparaissent deux jeunes français (France LEPAGE et Roger GAULTIER, apiculteurs) qui les font monter à l’arrière d’un camion de livraison rempli de ruches vidées de leurs abeilles. Après ½ heure, le camion s’arrête et un 3ème homme s’installe au volant après avoir accroché sa bicyclette au pare-chocs avant du véhicule. Une heure plus tard, le chauffeur arrête le camion près d’une ferme abandonnée, descend du véhicule, part avec son vélo tandis qu’un autre chauffeur prend sa place à côté du convoyeur et le voyage se poursuit. Deux cyclistes apparaissent alors devant le véhicule, qui les suit pendant environ 3 km jusqu’à une intersection. Une jeune fille à vélo attend là, la roue avant de sa bicyclette orientée vers l’une des trois routes dans laquelle le camion s’engage alors derrière la jeune fille, que deux nouveaux cyclistes rejoignent bientôt, remplaçant les deux autres.

Après un parcours mouvementé par de petits chemins de campagne, le camion s’arrête finalement derrière l’étable de la ferme de Robert PAUGOY au lieu-dit Villegager, à 5 km au nord de Mazangé, près de Vendôme, en Loir-et-Cher. Arrivés là le 5 juin, Lay et Duer y trouvent, outre Robert PAUGOY, Georgette son épouse, leur fils Georges, Denise, la bonne, le domestique Gilbert et deux enfants réfugiés, Henri et René, ainsi que 3 membres des FFI (Forces Françaises de l’Intérieur.) Georgette PAUGOY était la sœur d’Yvonne FOUCHARD, épouse du fermier Germain FOUCHARD à Bellande-Villebout (lieu d’un des camps secrets dans la Forêt de Fréteval).

Lay et Duer sont réveillés le lendemain par Robert PAUGOY, tout excité, qui vient d’entendre à la BBC la nouvelle du Débarquement en Normandie. Bien qu’heureux de l’apprendre, les deux évadés comprennent que leurs espoirs de rejoindre l’Angleterre par avion s’effondrent, la situation aérienne dans le Nord de la France ayant subitement changé. Les deux hommes restent donc à la ferme, où ils aident aux travaux, dormant soit à l’intérieur, soit dans l’étable, soit à la belle étoile dans le champ, leurs seuls visiteurs étant des membres du maquis ou des FFI, la ferme servant d’arsenal d’armes et de munitions parachutées d’Angleterre à leur intention. Maintes fois, en fonction des nouvelles de l’avancée des troupes américaines, les deux évadés pensèrent quitter la ferme pour aller vers le nord-ouest à leur rencontre, mais à chaque fois Robert PAUGOY les en dissuade, répétant que dès que les libérateurs seront suffisamment proches, des maquisards viendront les chercher pour qu’ils puissent les rejoindre.

Le 13 août, deux autos arrivent à la ferme et sept maquisards armés jusqu’aux dents leur apprennent que les Américains ne sont pas loin. Lay et Duer quittent leurs hôtes avec émotion et embarquent à l’arrière de la deuxième voiture, les deux véhicules démarrant en trombe. On leur donne à chacun une mitraillette, le convoi s’arrête à une ferme pour prendre un soldat anglais caché là depuis 1940 et leur course s’arrête à une trentaine de km d’Oucques dans une ville de moyenne importance où ils sont remis à une unité blindée américaine, en avant-garde de la 5ème Division US. Ils sont pris en charge et conduits vers le nord-ouest, passant par Le Mans, Laval, Avranches et Saint-Lô avant d’arriver au QG de la 9ème Air Force à Saint-Pierre-du-Mont (Manche) le 14 août où ils sont interrogés par le Special Agent F. S. Verity. Beirne Lay et Walter Duer rejoignent l’Angleterre le lendemain dans un C-47 piloté par le Brigadier général Victor H. Strahm. Ils sont à nouveau interrogés par l’I.S.9 le lendemain et leurs rapports d’évasion sont finalisés le 1er septembre 1944.


A la ferme des PAUGOY, Villegager – été 1944 / 1. Georgette PAUGOY ; 2. Walter DUER ; 3. Robert PAUGOY ; 4. Beirne LAY
[Parmi les autres personnes figurent Georges PAUGOY, le fils ; le domestique Gilbert ; la bonne, Denise ; les deux enfants à l’avant devant être les 2 réfugiés,
Henri et René, tous mentionnés par Beirne LAY dans son livre.]

Crédit photo : sites http://www.fondationresistance.org/documents/cnrd/Doc00013.pdf et http://forcedlanding.pagesperso-orange.fr/mcleary.htm (via Madame Elizabeth Wilder.)

Beirne Lay profitera d’un séjour en Europe en 1956 pour rendre visite à ses Helpers et aura ainsi l’occasion de revoir Jeanne GILBERT à Oucques, ainsi que le couple PAUGOY, qui avait déménagé au village, la gestion de la ferme au lieu-dit Villegager étant confiée à leur fils Georges.


Madame Georgette PAUGOY et Beirne LAY à Oucques en 1956
(photo transmise par Madame Elizabeth Wilder, nièce de l’aviateur)

Auteur de nombreux scenarii de films d'aviation, Beirne Lay a décrit la mission et son évasion dans le livre "I've Had It: The Survival of a Bomb Group Commander", publié par Harper Brothers en 1945 et ré-édité en 1980 par Dodd, Mead & C° sous le nouveau titre "Presumed Dead: The Survival of A Bomb Group Commander". Une version française porte le titre de "Merci, paysans de France" et avait été éditée à New York par les Editions de la Maison Française.

La photo ci-dessous provient du site du 487 Bomber Group.


Beirne Lay Jr dans le cockpit d’un bombardier Martin B-10 peu avant la guerre.

Bien que Beirne Lay n’ait pas été caché dans les camps de la Forêt de Fréteval, certaines sources l’y reprennent, de même que Walter Duer. Les 28 et 29 juin 2014, lors des cérémonies du 70ème anniversaire de ces camps secrets, à Bellande et Richeray, Madame Elizabeth Wilder, la nièce de Beirne LAY, que nous avons pu retrouver, était présente et la photo ci-dessous la représente devant le panneau consacré à son oncle et à Walter Duer dans la salle d’exposition temporaire érigée à cette occasion. Merci à Madame Wilder pour les photos et l’exemplaire du livre de son oncle ("Presumed Dead") qu’elle nous a remis lors de ces journées et qui nous a permis d’ajouter certains détails à cette page.


Madame Elizabeth Wilder à Bellande – 28 juin 2014 (photo E. Renière). 


Texte de Beirne Lay publié dans un guide à l’évasion
("Power of Survival – Part II – Reprint of ‘Lessons In Escape’, publié le 21 août 1944)
https://airforceescape.org/equipment-used-by-evading-airmen/lessons-in-escape/

Traduction :
"Ne soyez pas découragé si vous n’établissez pas immédiatement de contact avec de l’aide organisée. Mon compagnon et moi avons passé douze jours à dormir dans des meules de foin avant de trouver un contact. Nous avons été régulièrement nourris par des paysans français. On pouvait compter sur eux et ils nous ont beaucoup aidé, mais ils ne savaient pas comment établir des contacts avec de l’aide véritable. Quelques- unes de nos expressions américaines sonnent comme de l’Allemand aux oreilles françaises et il faudrait les éviter car elles éveillent les soupçons. "Yeah" pour "Yes", "come here". Les Français disent que les Américains parlent le Français avec un accent Allemand. Tout au début, il vaut mieux utiliser la carte des phrases (*)Voir cette carte à https ://www.evasioncomete.be/TxtAids.html) et plutôt pointer sur quelques-unes d’entre elles.

"Lors de la traversée de cours d’eau, enlevez vos chaussures, chaussettes et retroussez vos pantalons. Maintenez vos pieds et votre corps au sec afin d’éviter tout endolorissement, des ampoules, du rhumatisme. Prenez bien soin de vos pieds, car vous devrez marcher vraiment beaucoup.

"Tous les Américains devraient se raser fréquemment en France, car les Français sont rasés de près et si vous arborez une barbe, vous aurez l’air d’un vagabond. Certains des anciens kits d’évasion ne contiennent pas de rasoir. Les nouveaux comportent un rasoir "Valet" avec une seule lame et il n’est pas facile de trouver des lames de remplacement, donc, emportez un rasoir supplémentaire avec un deuxième paquet de lames de rechange."

Note : le "compagnon" dont il parle est le 2nd Lt Walter Duer.
(*) Voir cette carte à https ://www.evasioncomete.be/TxtAids.html


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters