Dernière mise à jour le 30 avril 2021.
Louis RABINOVITZ (“Lou”) / 12155778
PO Box 662 Ellenville, Ulster County, New York.
Né le 7 avril 1923 à Ellenville, Ulster County, New York / † le 18 mai 1980 à Creskill, New Jersey, USA
T/Sgt, USAAF 95 Bomber Group 336 Bomber Squadron, mécanicien.
Lieu d'atterrissage: Anthée, entre Dinant et Philippeville (Namur).
Boeing B-17D-10-DL Flying Fortress, 42-37734, ET-G / "Cuddle Cat", abattu le 5 janvier 1944 lors d'une mission sur une usine de roulements à billes I. G. Farben à Elberfeld, Allemagne.
Écrasé à Ermeton-sur-Biert (à 8 Km d'Anthée), Province de Namur, Belgique.
Durée : 5 mois.
Arrêté le 6 juin 1944 à Bruxelles (fausse ligne KLM).
Rapport de perte d'équipage MACR 1686.
L'appareil décolle de Horham vers 12h15 (heure anglaise) et, selon le navigateur Edwards, est touché par des tirs de la Flak à hauteur de Düsseldorf en début d’après-midi, mettant le moteur n° 2 hors d’action. Peu de temps après, le B-17 est attaqué par 8 chasseurs ennemis. Avec 2 moteurs sérieusement endommagés et en feu, les bombes sont larguées et l’appareil doit être évacué. Par ailleurs, on mentionne qu’il aurait été abattu par la DCA de Florennes le mercredi 5 janvier 44, et a atterri sans beaucoup de dégâts à Ermeton-sur-Biert. Trois membres de l’équipage, blessés, sont recueillis par des résistants et soignés par un médecin du service local : Louis Rabinowitz, Marvin Edwards et "P." Campbell. Il y a un tué, quatre sont faits immédiatement prisonniers, trois autres pourront s’évader pendant un temps avant d’être arrêtés. Seuls deux d’entre eux réussiront leur évasion.
Sur sa fiche 123 d'interrogation à EVA, Rabinovitz indique les noms des 8 autres survivants de son équipage : le pilote Robert B. Currence (Prisonnier de Guerre), le copilote Harry L. Hankins (PG), le navigateur Marvin B. Edwards (PG), le bombardier John F. Werner (PG), le mitrailleur arrière/assistant-mécanicien Leo J. Landy (PG), le radio Theodore Roman Woznicki (évadé - caché en Belgique jusqu’à la Libération - E&E 2132), le mitrailleur ventral Ray Davis (évadé) et le mitrailleur droit John P. Campbell (d’abord évadé, puis arrêté le 5 février 1944- PG). Le mitrailleur gauche James J. Kelleher, touché par divers tirs, est mort dans l’appareil. D’abord inhumé au cimetière de la base aérienne de Juzaine (Florennes), près de Dinant, ses restes ont été rapatriés aux Etats-Unis après la guerre et ils reposent au cimetière de Brecksville dans l’Ohio.
Dans un article du New York Times du 6 octobre 1974, Rabinowitz déclare que, blessé aux deux jambes, il avait été mené depuis la première ferme où il avait été caché chez un médecin et que de faux papiers l’identifiaient comme “Jean René, muet".
Dans un texte écrit au sujet de l’évasion puis de l’arrestation et de la détention du navigateur Marvin Becton Edwards ( https://www.wlajournal.com/wlaarchive/31/REYNOLDS.pdf ), ce dernier rapporte qu’il s’était tordu la cheville en atterrissant et qu’il avait plusieurs légères blessures d’éclats d’obus dans une jambe. Après avoir marché plusieurs heures vers l’ouest, il arrive dans un petit village où quelqu’un lui ouvre finalement la porte, dans la troisième maison où il avait frappé. Une dame âgée le fait entrer et il est accueilli avec enthousiasme par de nombreuses personnes qui se trouvaient là. Par après, un jeune belge prénommé Henri mène Edwards chez lui et s’occupe de lui procurer des vêtements civils. Émile, un ami d’Henri le mène alors vers une cabane dans les bois, où Edwards retrouve ses coéquipiers Rabinowitz, blessé aux jambes, et Campbell, également blessé. Émile guide ensuite les 3 aviateurs à pied jusqu’à Hastière-Lavaux (à 7 km au sud-est d’Anthée). Edwards signale que la première maison où il a été hébergé était celle d’une Madame "Gozée", environ 70 ans, à Hastière-Lavaux. [Dans un autre article à son sujet, Rabinowitz déclare "qu’après avoir quitté la maison du médecin" (non-identifié), il est arrivé chez Mme "Gozée", 80 ans]. Il s’agit en fait de la Veuve Marie GOSÉE, Avenue de la Gare à Hastière, reprise à la liste des Helpers belges, sans autres détails. Cette première nuit, un prêtre leur rend visite et prend note de leurs noms, leurs adresses aux USA et le n° de leur unité pour vérifier qu’ils sont bien des aviateurs américains. Edwards mentionne alors qu’après son séjour chez Madame GOSÉE, il rencontre "Jean de la Gosse", membre actif de la branche armée de la Résistance belge. Nous n’avons pu identifier ce Helper, dont Edwards dit qu’il l’a guidé jusque Namur où "Jean" lui signale qu’il va le mener à Bruxelles pour qu’il reste avec "Mademoiselle". Nous supposons qu’Edwards est parti seul, Rabinowitz et Campbell ne suivant pas le même parcours que lui. A la fin janvier 1944, après un voyage en train depuis Namur avec un autre homme, Edwards arrive à Bruxelles pour être hébergé par une "Madame DUFOIS", épouse d’un officier français prisonnier en Allemagne, et leur fils. Après trois jours, le fils, souhaitant procurer un livre en anglais pour occuper Edwards durant ses longues journées à l’intérieur, quitte la maison. Lors du souper, attendant le retour du fils, Edwards et "Mme DUFOIS" voient soudain la porte s’ouvrir sur une dizaine de soldats allemands qui les emmènent. Selon le MACR 1686, cette arrestation se déroule le 30 janvier 1944 à 20h00. De la Prison de Saint-Gilles, Edwards arrive le 26 avril 1944 au centre d’interrogation Dulag Luft d’Oberursel près de Frankfurt, avant d’être interné au Stalag Luft 3 à Sagan/Zagan.
Nous ignorons le parcours de Rabinowitz depuis Hastière-Lavaux jusqu’à Bruxelles où il arrive vers la fin mars… Mme Anne DANDOY du 44 Rue Peter Benoit à Etterbeek, demande à Maurice QUERTINMONT d'évacuer l'aviateur (Rabinowitz) logé chez sa voisine Irma RONSE. Rabinovitz loge d'abord 2 jours chez lui au 16 Avenue Jules Malou, à Etterbeek, puis au 1493 Chaussée de Wavre à Auderghem jusque fin mars.
Rabinowitz est renseigné comme ayant logé 12 jours jusque la mi-avril chez Bertha FILLÉE, qui tient une épicerie au 10-12 Rue des Boers à Etterbeek, y voyant Stuart McGregor quelques jours, le temps d'effectuer son déménagement (Maurice QUERTINMONT vient de recruter Bertha comme logeuse et avait conduit Rabinowitz chez elle). Rabinowitz et McGregor avaient été amenés chez QUERTINMONT par Raymond LEFEVRE du 177 Avenue Émile de Béco, un résistant de la filière du MNB (Mouvement National Belge). QUERTINMONT les reprend chez lui le reste du mois de mars.
Rabinowitz est renseigné comme étant resté 105 jours dans le groupe de Maurice QUERTINMONT. C’est le 1er avril que ce dernier le mène, avec la participation de Marie Thérèse ELIOT (du 1696 Chaussée de Wavre à Auderghem), chez Yvonne MEUNIER-LACHAPELLE et sa fille Madeleine, 16½ ans, au 2 Avenue du Blankedelle à Auderghem (voir note en bas de page) où il reste du 1er avril au 10 mai 44, y étant rejoint le 15 avril par Stuart McGregor. QUERTINMONT les conduit alors chez Fernand VAN STEENBERGEN à la Rue de la Natation à Etterbeek. Selon QUERTINMONT, Rabinovitz est pris en charge par la ligne FELIX de Charles Gueulette.
En fait, c’était Fernand VAN STEENBERGEN qui avait signalé Rabinowitz à Paul HELLEMANS le 28 avril 44. Rabinovitz est entré à EVA et identifié ce 28 avril 1944 (fiche 123) par Paul HELLEMANS et est photographié par Jean PORTZENHEIM. Il est visité régulièrement par MM HELLEMANS et PORTZENHEIM. Sorti le 30 mai 1944 (resté 35 jours selon une autre liste) : Paul HELLEMANS le remet à Jean PORTZENHEIM et Jeanne VAN TUYKOM-OTTOY (du 2 Rue Martin Lindekens à Woluwé-Saint-Pierre), qui le confient à Marcel DAELEMANS pour évacuation vers la ligne KLM.
PORTZENHEIM l'a convoyé ce 30 mai. Marcel DAELEMANS avait été prévenu par Jeanne VAN TUYKOM-OTTOY via leur boîte-aux-lettres, Mme DE RIJCK. Rabinovitz figure sur la liste des aviateurs aidés par Marcel DAELEMANS à Anvers, ce dernier étant devenu inconsciemment adjoint de Réné Van Muylem, dont il ignorait que c’était un traître belge travaillant pour l'Abwehr. [Note : La liste des Helpers belges ne reprend pas de Marcel Daelemans, seulement un Marcel C. C. J. DAELMANS au 15 Oranjestraat, Antwerpen].
Comme McGregor le racontera plus tard à Michael Moores Leblanc, sans revenir sur les 6 premiers mois de son évasion, Louis Rabinovitz et lui quittent ensemble Bruxelles pour Anvers, le 30 mai. A Anvers, Rabinowitz et McGregor ont été hébergés par Yvonne DE RIDDER ("Madame JUDELS") au 85 Koninklijkebaan jusqu’au 6 juin 1944. Curieusement, le baron Harold de 't Serclaes (un autre VMann belge collaborant avec le Major Paulus de l'Abwehr) les ramène ensuite en auto à Bruxelles. Nous ignorons où ils furent amenés, mais McGregor parle d’un luxueux appartement où ce 6 juin, ils y entendent vers midi sur la BBC les nouvelles du débarquement en Normandie. Selon McGregor, vers 14h00, une voiture vient les prendre (chez Yvonne DE RIDDER) sans qu’ils sachent où on les menait. Le véhicule est arrêté par une patrouille allemande "au Heyzel, près de l'Atomium" peu après 14 heures ce 6 juin. Les Allemands ne posent aucune question au chauffeur ni à son convoyeur et font monter McGregor et Rabinowitz dans leur voiture pour les mener à la Prison de Saint-Gilles. Là, les deux hommes sont séparés. McGregor fait référence à l'Atomium, Quartier du Heysel, ce qui veut dire qu'il est revenu en Belgique après l'Exposition Internationale de 1958.
Selon Ralph K. Patton (E&E 476) de l'AFEES (Air Forces Escape & Evasion Society), Lou Rabinovitz indique dans son formulaire de membre de cette association, qu'il a vécu "à Bruxelles environ 6 mois". Après sa capture, il a été envoyé dans un camp de concentration, où il connut des moments difficiles. Selon le S/Sgt Donald F. Kremper (mitrailleur à bord du B-17 42-30378 du 94BG/331BS abattu le 10 février 1944), la Gestapo l'avait effectivement vraiment maltraité. Finalement, il fut envoyé au Stalag Luft 6 Heydekrug (Šilute) en Lituanie, où Kremper et lui étaient dans le même baraquement en février 1945. Ils partent ensemble au Stalag Luft 4 à Gross Tychow (Tychowo)/ Kiefheide (Podborsko), en Pologne et prennent part à la "marche noire" de 87 jours jusqu'à leur libération le 5 mai 1945 par des éléments de la British Second Army. Durant sa détention en camps en Allemagne, Rabinowitz tenta par trois fois de s’échapper et fut chaque fois repris. Merci à Michael Moores Leblanc pour toutes les informations qu’il nous a communiquées concernant l’évasion et l’arrestation de Rabinowitz.
Note : Le n° 2 de l’Avenue du Blankedelle faisait le coin avec le n° 110 de la Rue de l’Homme de Bien et les MEUNIER y tenaient un café. Ces deux rues ont été rebaptisées après la guerre en l’honneur de résistants morts en captivité et sont devenues respectivement, l’Avenue Charles Schaller et la rue Albert Meunier (Albert étant l’époux d’Yvonne et le père de Madeleine – arrêté le 14 juillet 1942 ; décapité à Wolfenbüttel, Allemagne, le 14 juin 1944).
Dans un article du New York Times du 6 octobre 1974, Rabinowitz raconte qu’en 1955, il avait été le sujet d’un programme de TV (“This Is Your Life”, présenté par Ralph Edwards), qui lui avait fait la surprise d’inviter également Yvonne DE RIDDER, entretemps retournée vivre aux États-Unis et mariée à l’époque en secondes noces avec un reporter américain rencontré juste après la guerre en Allemagne. L’article de 1974 mentionne que Rabinowitz avait collaboré à l’organisation de la réception aux États-Unis, et plus particulièrement à New York, de plus de 60 membres de Comète invités par l’AFEES du 7 au 13 octobre 1974. Il mentionne dans l’article avoir reçu au préalable une lettre d’une certaine “Michoud” (sic) lui indiquant qu’elle le connaissait. [Il nous paraît peu vraisemblable que Michou, surnom d’Aline DUMON, l’ait rencontré durant son évasion, car vu le trop grand risque d’arrestation, elle avait dû quitter la Belgique le 5 janvier 1944… jour de la perte du B-17 de Rabinowitz...] Rabinovitz précise qu’il valait mieux, par sécurité pour eux, ne pas trop connaître l’identité de Helpers durant une évasion, raison pour laquelle très peu d’informations à leur propos nous sont connues.
Yvonne DE RIDDER figurait parmi les invités à la réunion Comète de l’AFEES. Elle avait été mariée avant la guerre à un américain d’origine juive. Lors de l’invasion allemande en mai 1940, le couple s’était réfugié en France, puis était revenu à Bruxelles. Le mari décida de partir seul pour les États-Unis et Yvonne commença alors ses activités dans la résistance (sabotage, transport d’armes, aide aux Juifs recherchés, etc.). Arrêtée par la Gestapo et condamnée à mort, la sentence ne put être exécutée suite à l’avance des troupes Alliées. Elle travailla pour les autorités américaines en Allemagne en 1945-6 et s’y maria avec un reporter du "Stars and Stripes". Divorcée en 1962, elle était accompagnée lors de cette réunion Comète par son 3ème mari, le Lt Colonel Roger B. Files (vétéran de l’USAAF et ayant effectué 102 missions à bord de chasseurs P-47 dans la 12th Air Force, basée en Méditerranée – 79th Fighter Group/85th Fighter Squadron). Mariés en 1970, ils habitaient en Californie, d’abord à Topanga, puis à Riverside. Née à Anvers en 1913, Yvonne est décédée le 16 octobre 2005 à Riverside, son mari Roger Files la rejoignant le 5 juin 2008.
Louis Rabinowitz et son épouse Pearl (que Louis préférait appeler "Sam") participèrent aux réunions de l’AFEES jusqu’au décès de Louis en 1980. Il est enterré au New Montefiore Cemetery à West Babylon, Suffolk County, New York. Y repose également sa veuve Pearl, décédée en février 1997.