Personne passée à une autre ligne d'évasion

Dernière mise à jour le 4 mai 2021.

Harry Slade RICHARDS / 39832932
(Dans son E&E : Box 183, Provo, Utah) 330 Palace Avenue, Santa Fe, Sante Fe County, New Mexico.
Né le 16 juin 1921 à Oak Park, Illinois / † le 28 septembre 1999 à Lake Havasu City, New Mexico.
S/Sgt, USAAF 92 Bomber Group 327 Bomber Squadron, mitrailleur ventral.
Atterri aux environs de Liège à 15 heures et demie.
Boeing B-17 F60 DL Flying Fortress, 42-3435, abattu le 17 août 1943, lors d'une mission sur Schweinfurt, abattu par un chasseur.
Avion écrasé dans un champ à Kuttekoven, près de Tongeren.
Évadé via la Suisse.

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 654. Rapport d'évasion E&E 2178 disponible en ligne.

Il était de l'équipage de James L. Berry, Kenneth Fahncke et George Mikel. Les six autres seront arrêtés et faits prisonniers : le pilote Captain Roland L. SARGENT, le copilote 1st Lt Keith E. BYINGTON, le navigateur Captain Robert T. McNEELY, tous trois arrêtés près de la Gare du Nord à Paris une dizaine de jours après le crash ; le mitrailleur ventral Sgt John J. WHITLEY et le mitrailleur droit S/Sgt Nathan SCHWARTZ.

Richards saute de 17.000 pieds et atterrit brutalement. Il discute avec des Belges quoi faire de son équipement et des personnes l'emportent pour le cacher. Une jeune femme le conduit à travers champs et le conduit à un endroit où il aurait du retrouver Fahncke. Quand ils arrivent, il est déjà parti. On lui donne alors des vêtements civils et il passe la première nuit dans les bois.

Le lendemain, 18 août, il est conduit à une gare où il rencontre un "Bob" (Robert ?), un jeune stagiaire d'un hôpital pour personnes âgées, qui le conduit à Liège. Il reste neuf jours dans sa chambre avec un autre stagiaire. Il doit s'y cacher dans un coffre lors d'une fouille par la police allemande.

On le conduit alors chez un homme surnommé "Al Capone". Un jeune homme le conduit dans une planque où un aviateur RAF avait séjourné six semaines. Il passe alors chez plusieurs personnes et arrive chez M. et Mme Lucien DEPREZ au 67 Rue Saint Lambert à Herstal, derrière la Fabrique Nationale. Il y rencontre un instituteur nommé "Frank" et un jeune homme prénommé "Florian".

Richards est en fait recueilli par Joseph MAERTENS au 11 Broekstraat à Membruggen et conduit par lui le 19 août 1943 chez le Commissaire MAEGER du 75 Grand’Route à Beyne-Heusay (Al Capone ?), qui le remet à Florent DONCKERS (25 Avenue Cité Wauters, Herstal) de la section FRANCK-DEPREZ le 25 août 43 (les dates peuvent être fausses).

Il déménage en face dans la rue chez Mme "Lagrande" (Mme Joséphine LEGRAND-SERRE au 65 Rue Saint Lambert à Herstal). Après environ un mois, il rencontre un mitrailleur de Halifax, le Sgt Robert H. Masters (Halifax JD244 abattu le 21 juin 1943). Vers le 15 octobre, il fait la connaissance du Sgt Ronald W. Glover, un navigateur de la RAF (Halifax LK932 abattu le 3 novembre 1943).

Vers le 1er novembre, Mme LEGRAND conduit Masters, Glover et Richards chez le Dr Michel APPELDOORN à Herstal. Ils y restent environ deux semaines. Le fils (?) du docteur APPLEDOORN, va à Paris pour essayer d'ouvrir une ligne. A ce moment, Lucien DEPREZ faisait cacher un tas de Français évadés d'Allemagne. Un pilote polonais de Spitfire, Bronislaw Malinowski, rejoint leur groupe. En ce qui concerne APPELDOORN, la liste des Helpers belges ne reprend pour la région liégeoise que Jean APPELDOORN au 143 Rue Horloz, Tilleur, Liège - qui doit vraisemblablement être la Rue Du Horloz à Saint-Nicolas/Tilleur). Le seul autre APPELDOORN est Marcel Michel, 18 Karl Marxstraat à Niel / Anvers…


Bronislaw Malinowski (à droite) en rue à Tilleur (Photo de Robert Masters) avec le Dr Michel Appeldoorn (à gauche), sa fiancée, Rob Masters (2e à gauche) et Harry Richards.

Vers le 15 novembre, les quatre retournent chez Mme LEGRAND. Une grande femme aux cheveux noirs vient raconter une histoire d'évacuation par avion. Ils rencontrent un tailleur et son épouse, et une Mme DU PIQUE (?). Le 20 novembre, l'appartement de DEPREZ est investi par les Allemands qui y trouvent des cartes de rationnement et des timbres, mais pas de preuves d'aviateurs. Les quatre hommes sont alors déplacés chez les JOIGNEAUX, un douanier d'environ 45 ans dont l'épouse enseignait l'allemand avant la guerre. Ils habitent Rue Reine Elisabeth avec une fille qui étudie le droit et parle allemand. La liste des Helpers belges reprend Jules JOIGNEUX (sic), douanier aux entrepôts de Liège, de même que Jeannine JOIGNEAUX à Chenée et une Madame JOIGNEAUX, 37 Avenue Reine Elizabeth à Liège.

Ce qui se passe est que Mlle Elisabeth VAN STALLE amène le traître Isidore LEBLANC (alias le "comte de Lahaye", qui prétend évacuer par avion) et un autre Belge, qui s'infiltrent dans le groupe Franck-Deprez. Avec Henri SCHRAYEN (107 Rue Laixheau, Herstal), Lucien DEPREZ et Bronislav Malinovski, ils recherchent un terrain propice, mais il fallait 10 aviateurs pour un départ le 20 novembre 43, et ils n'en avaient que 4 (Malinowski, Glover, Richards, et Masters). Louis COLLETTE (24 Rue Sohet, Liège) leur en donne 4 via Jeanne BUCKEN (59 Rue du Mont Saint Martin, Liège). Ces 4 autres aviateurs de Louis COLLETTE furent arrêtés le 20 novembre au matin chez Lucien DEPREZ où ils logeaient en même temps que "Félix" FRANCK, instituteur à Liège, François DECAT (de Herstal) et "M. MAMOTTE", le propriétaire d'un cinéma à Herstal. Malinowski retourne alors chez APPELDOORN et sera évacué sur Bruxelles par le MNB, Glover, Masters et Richards sont sauvés par Mlle Marie-Louise CHOQUE (38 Rue Bassenge, Liège) et placés chez Madame Jeanine JOIGNEAUX, 80 rue Large à Chênée qui les conduira vers la Suisse le 19 décembre 43. Précisons ici que le FRANK/FRANCK cité plus haut est en fait Victor FRANCK, associé à Lucien DEPREZ dans le Groupe FRANCK-DEPREZ. Arrêtés tous deux le 20 novembre 1943, ils mourront en captivité à Gross-Rozen en 1945. Quant à François DECAT, de Boortmeerbeek, également déporté, il trouvera la mort le 28 octobre 1944 au camp de travail de Nordhausen-Dora, dépendant du camp de concentration de Buchenwald.

Richards note dans son rapport que Florent DONCKERS tente de récupérer le journal de Marie-Louise CHOQUE, où elle notait les identités des aviateurs aidés.

Vers le 20 novembre, Richards rencontre quatre autres aviateurs qui viennent de Hollande (ceux de Louis COLLETTE). Un prêtre est arrêté avec trois aviateurs à Liège.

Le 18 décembre, Mme JOIGNEAUX prend les trois du groupe (Malinowski est parti) à Namur où ils vont dormir chez un douanier. Tôt le lendemain, ils traversent la frontière près de Maubeuge et prennent un train pour Paris. Ils rejoignent ensuite Dijon par le train encore. Mme JOIGNEAUX les quitte là en leur donnant des tickets pour Besançon et en leur donnant des instructions pour prendre un bus pour Maîche, près de la frontière suisse, où ils doivent trouver un homme qui tient un garage.

A Maîche, ils ne trouvent pas le garagiste. Un prêtre refuse de les aider. Finalement, un homme leur demande s'ils parlent anglais et les amène à un garage où ils dorment une nuit dans un bus. Le lendemain matin, un douanier les conduit en bus à une maison deux kilomètres avant la frontière suisse. On leur explique comment passer la frontière, mais nos trois évadés se perdent et tombent sur un officier allemand le 21 décembre. Masters et Glovers fuient vers la France. Richards n'entendra plus parler d'eux. En fait, ils seront tous deux arrêtés, Masters à Besançon le 23 décembre – Prisonnier n° 1473 aux Stalags Luft 6, Luft 4 et 357 ; Glover, capturé le même jour à Pontarlier – Prisonnier n° 1478 aux Stalags Luft 6 et 357.

Richards se bat avec l'Allemand et est blessé au bras avant de lui prendre son arme. Il traverse alors la rivière frontalière en s'aidant des rochers et va jusqu'à la première maison. Il est envoyé à l'hôpital de Saignelégier en Suisse. Il y est interrogé sérieusement.

Après un mois, Richards devait être envoyé à Berne, mais il est amené auparavant à Klosters. De Berne, il partira ensuite à Glion. Là, il doit signer un certificat attestant qu'il ne partirait pas avant d'avoir payé ses dettes, comme tous les autres aviateurs à Glion.

Le 2 septembre 44, il quitte Glion avec le T/Sgt James W. McKeon (du B-17 42-31059 abattu le 14 octobre 1943 – évadé - E&E 1951) et ils sont conduits en France en camion à Thonon, près d'Annecy. De là, lui et ses camarades sont emmenés à Grenoble, où ils sont pris en charge par la 7e Armée US. Richards va en bateau de Saint Maxime jusque Naples avec 600 prisonniers allemands. Là, la 12e Armée l'envoie par air à Alger, Casablanca et "Saint Morgan" (en fait la base de la RAF à Saint Mawgan, Cornwall, en Angleterre).


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters