Personne capturée durant son évasion

Dernière mise à jour le 13 septembre 2016.

Ernest Alfred ROEDE /1375983
31 Waxlow Crescent, Southall, circonscription d’Ealing (Londres), Angleterre.
Né le 5 décembre 1915 à Ealing, Londres / † 1981 Greater London
Fl/Sgt, RAF Bomber Command 35 Squadron, copilote.
Lieu d'atterrissage: près de Urmond, quelques kms à l’Ouest de Sittard, Pays-Bas.
Halifax, HR793, TL-J, abattu la nuit du 29 au 30 mai 1943 lors d'un raid sur Wuppertal par un chasseur de nuit.
Ecrasé à Limbricht (entre la Provincialeweg et la Trichterweg), près de Sittard, Limburg, Pays-Bas à 00hr26 le 30 mai 43.
Durée : 1 mois.
Arrêté : le 30 juin 43 à Ixelles. (le rapport Lib 1332 de Roede reprend erronément la date du 31 juillet 1943… et ailleurs celle du 1er juillet…)

Informations complémentaires :

SPG Lib 1332 disponible.

L'appareil décolle de Graveley le 29 mai à 22hr31. Au retour de la mission, encore au-dessus de l’Allemagne, il est attaqué par deux chasseurs allemands. Il est gravement endommagé et tous ses occupants sautent en parachute, chacun atterrissant loin des autres.

Les deux aviateurs tués n'ont pas de tombe connue : le pilote Sqn/Ldr Peter Johnston DFC et le Sgt Frederick James Jarvis. Ils sont commémorés au Memorial de Runnymede près de Windsor. Le Sgt M.T. Byrne est interné aux camps Luft 6 et 357 comme prisonnier N° 88, avec le Sgt A.W. Cowan RCAF (promu W/Off en captivité) prisonnier N° 104). Le Fl/Off R.G. Houston est prisonnier N°1445 au Stalag Luft 3. Le Fl/Sgt Benjamin T. Royall RAAF, sérieusement blessé, a la jambe cassée et est soigné en hôpital à Maastricht avant d’être envoyé en Allemagne. On le signale comme passé par le Stalag VIIA, d’où on le transfère au Dulag Luft, puis au Stalag Luft 3 dès décembre 1943. Il est également renseigné au camp 4B de Mühlberg comme prisonnier N° 83713. Le P/Off RCAF R. Wood va au camp Luft 3 de Sagan, prisonnier N° 1512 ; il avait atterri dans un canal et cassé sa jambe et était plus âgé que la plupart des autres aviateurs des unités de bombardement.

Dans un courrier du 31 août 2012, Michael Roede, le fils d’Ernest, nous apprend que son père ne lui a rien précisé concernant son parcours jusqu’à son arrestation.

Dans son rapport Lib, Roede indique qu’après son atterrissage dans un arbre près de Urmond, il ne parvient pas à dégager son parachute pour le cacher. Il ne peut donc dissimuler que son harnais et sa Mae West dans un champ de blé. Il commence à marcher plein Sud et au matin, il va se cacher dans un bois où il passe toute la journée. Au crépuscule, il se met à pleuvoir et il va se réfugier dans la rôtissoire d’une ferme d’où il ne sort que le soir venu, s’adressant alors aux fermiers qui le font entrer et lui donnent à manger. On lui dit de se cacher dans un champ voisin pendant que l’on tenterait de lui trouver de l’aide. Vers midi le 31 mai, un homme arrive, lui apportant des vêtements civils et un vélo. Il accompagne alors cet homme à vélo jusqu’au village de Urmond même où il reçoit de la nourriture, des soins et le logement pour une nuit dans la maison d’un médecin. La liste des Helpers hollandais reprend ce dernier, Jan Th. Van SONDEREN, à la Raadhuisstraat dans la localité.

Au matin du lendemain (donc le 1er juin), il monte à bord d’un bateau dans lequel, descendant la Maas / Meuse (avec van SONDEREN, et le 31 mai selon l’Appendix A du rapport Lib), il arrive en Belgique. Un homme vient à sa rencontre avec un vélo et Roede est guidé jusqu’à un village où il reste quelques heures avant de pédaler jusqu’à un moulin (il s’agit du moulin à vent de Maria "Gertrude" MOORS à Dilzen) où il est interrogé par une femme et reste jusqu’à 22 heures. Il ajoute que c’est alors qu’un homme est venu le chercher en voiture pour le conduire à Hasselt. Les archives du Groupe Hoornaert-Dirix de Hasselt indiquent que c’est le 2 juin que Henri MACHIELS, du 9 Statiestraat à Diepenbeek a amené Roede et Brian Cooper chez Lucien COLLIN. Roede confirme qu’il avait rencontré Cooper à Diepenbeek avant d’arriver à Hasselt. Et il cite Gabriel MACHIELS à l’adresse ci-dessus…

Nous retrouvons donc Roede logé chez Lucien COLLIN au 41 Rue du Démer/Demerstraat à Hasselt le 2 juin 43. Le nom d’Ernest Roede, de même que celui de Brian Cooper, est repris à une liste (établie en 1968, sans autres détails) d’aviateurs aidés par le droguiste Henri COLARIS du 11 Diesterstraat à Hasselt. C’est chez Henri COLARIS que toutes les photos prises en vue de l’établissement de faux papiers pour les évadés passés par le groupe de Lucien COLLIN ont été prises

Le 3, vers 12hr30, Simone LAMQUIN vient chez COLLIN pour prendre Roede et Cooper qui vont loger chez elle au 60 Chaussée de Liège / Luiksesteenweg jusqu’au 7 juin (confirmé dans le rapport Lib de Roede, qui mentionne le nom LAMQUIN et un séjour de 4 jours chez elle avec Cooper). Roede indique que des photos sont prises en vue de la confection de faux papiers (donc, vraisemblablement chez le droguiste Henri COLARIS au 11 Diesterstraat, Hasselt). Selon lui, les photos sont malheureusement ratées…

Le 7 juin, Roede et Cooper sont amenés par Simone LAMQUIN à la gare de Hasselt et remis à Lucien COLLIN, qui les guide en train à Bruxelles et les remet à Fernando RADELET (détail repris au rapport Hoornaert-Dirix). Le rapport Lib de Roede, lui, mentionne qu’ils sont accueillis à la gare par le chef de l’organisation d’évasion, un homme appelé Yvon (il doit s’agir d’Yvon MICHIELS). Yvon mène alors Roede et Cooper dans une maison près de l’Avenue Louise. Roede déclare qu’ils y sont restés environ 3 semaines avec une dame.

Nous ne savons pas vraiment où Roede loge à Bruxelles, mais Michael Roede mentionne une lettre reçue par son père en 1947 et provenant de la famille DALMOTE (sic) au 295 Avenue Louise à Bruxelles (également citée par William Keskey – voir sa page – qui écrit DELMOTE), d’où l’on peut conclure qu’il est passé par chez eux également. Il s’agit en fait de la famille d’Arthur DALMOTTE, bien renseigné à cette adresse. Michael avait écrit à cette famille, mais n’avait jamais reçu de réponse. Eugène MAYNE renseigne Ernest Roede et Brian Cooper comme conduits par lui chez Maurice ANDRIES, au 40 Rue Jean Van Volsem à Ixelles, et on les prend en photo pour fabriquer de faux papiers. Dans son rapport Lib, Roede confirme qu’il est arrivé le 6 juin chez les ANDRIES (il reprend "ANDRE").

John Egan se trouvait déjà chez les Andries lorsqu’y arrivent Roede et Cooper. Comme ANDRIES avait des doutes quant à l’identité d’Egan et sur l’histoire abracadabrante qu’il avait racontée, Egan peut compter sur Cooper qui parle très bien le français pour achever de tranquilliser ses hôtes.

Le résistant Marcel DEMONCEAU, est également abrité chez les ANDRIES, ses deux autres planques étant brûlées et la Gestapo étant sur ses traces. Egan est d'avis que la Gestapo pourrait effectivement ne pas tarder à débarquer Rue Van Volsem et il s'en ouvre aux ANDRIES qui ne paraissent pas s'inquiéter outre mesure, leur couverture étant assurée et se disant qu'en agissant avec toute la prudence requise, tout se passerait bien.

La troisième semaine de juin se passe et Jean CAIVEAU vient lui aussi chercher refuge chez les ANDRIES. Les opérations de sabotage de ces résistants s'intensifient et bientôt Joseph BAUWIN, Albert MEURICE, Eugène MAYNÉ, Marcel DEROME et Constant FLON viennent s'ajouter à la liste des "locataires" de la maison.

Le 28 juin, alors qu'Egan joue aux échecs avec DEMONCEAU, CAIVEAU aperçoit par la fenêtre un rôdeur qui semble épier la maison. Egan se dit qu'ils sont repérés, mais DEMONCEAU déclare que si c'est le cas, ils vendront chèrement leur peau, armés comme ils sont. On décide cependant de monter la garde à tour de rôle et même Elmonde ANDRIES s'y met le 29. Dans la matinée, elle aperçoit à deux reprises deux hommes traversant la rue, regardant vers la maison. Le fait qu'ils portent des imperméables, trop chauds pour ce bel été, l'inquiète et alors qu'elle en parle à son mari vers 13h00, les deux hommes réapparaissent. Malgré des allées et venues de plus en plus suspectes jusqu'au soir du 29, on décide de ne pas bouger, vu le couvre-feu et que l'on aviserait le lendemain.

A l'aube, tout le quartier des rues Van Volsem, Maes et de Venise est encerclé par plus de 300 policiers et soldats allemands. Les résistants se défendent durant trois heures, épuisant leurs munitions et les évadés seront découverts et arrêtés au n° 40. Marcel DEMONCEAU parviendra à s'échapper par les toits, mais sera arrêté, torturé et fusillé. Sa femme Rita sera déportée et survivra aux camps, tout comme Constant FLON et Armand CHATEL (qui avait rejoint le groupe depuis peu au 40). Ceux qui perdront la vie : Maurice et Edmonde ANDRIES, Joseph BAUWIN, Albert MEURICE, Eugène MAYNÉ, Marcel DEROME et Jean CAIVEAU.

C’est donc à cette adresse qu’Ernest Roede est arrêté le 30 juin avec Brian Cooper et John Egan. Dans sa correspondance, Michael Roede indique que lorsque son père fut arrêté, les Allemands le prirent pour un espion et lui et deux autres aviateurs furent alignés contre un mur pour être fusillés. Les soldats visèrent cependant au-dessus de leurs têtes et se mirent à rire.

Ernest Roede est incarcéré du 16 au 24 juillet à la prison de Saint-Gilles avant d’être transféré au centre d’interrogation d’Oberursel près de Francfort. De là, il est envoyé au Stalag Luft 6 à Heydekrug où il reste du 28 juillet 1943 au 26 juin 1944. Il passe alors au Stalag 357 à Thorn du 26 juin au 10 août 1944 avant d’être envoyé au Stalag 357 à Fallingbostel comme prisonnier N° 427. Le sergent Roede y est libéré le 26 avril 1945 par des troupes britanniques et est rapatrié par avion en Angleterre au départ de Eicholz (Wesseling). Il est interviewé le 19 octobre 1945 pour l’établissement de son rapport Lib.


Ernest Roede est le 2ème depuis la gauche dans cette photo prise au Stalag 357
(photo © David Layne, provenant du site http://www.pegasusarchive.org/pow/S357/PicSt_357_DavidLayne2.htm )

Né de nationalité suédoise, Alfred Ernest Sven Roede de Southall (le père de Ernest Alfred), a acquis la nationalité britannique le 9 mars 1961 (London Gazette - 16 mai 1961)


Plaque commémorative apposée au 40 Rue Jean Van Volsem à Ixelles.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters