Dernière mise à jour le 24 janvier 2011.
Marcel André Clément VAN DAEL / O-50034
33 Place de la Vaillance à Anderlecht/Bruxelles
Né le 19 mars 1903 à Bruxelles / † le 12 novembre 1968
Activité en mai 40 : Instructeur de pilotage à St-Denis-Westrem (Gand)
Renseignements et évasions de Belgique vers Montpellier
Pilote de Transport à la RAF.
Durée : 1 semaine
Passage des Pyrénées : le 25 décembre 1941
Dossier Archives Notariales Défense OO/50034. Marcel Van Dael entre au service au 1er Régiment d'Aéronautique le 04 octobre 1927 (matricule 183/16082) et commence le 01 novembre 1928 sa formation d'observateur. Nommé 1er Sgt aviateur en 1933, il devient adjudant aviateur en 1934. Il est renseigné également comme officier de marine à la Lloyd Royale Belge.
Passé en France avec son unité immédiatement après l'invasion de la Belgique, il atterrit le 12 mai 1940 à Amiens, puis passe par Chartres, Tours, Le Mans avant de s'envoler le 13 mai pour Caen. Parti à Oran, en Algérie le 20 juin suivant, il quitte cette ville le 20 août pour revenir clandestinement en Belgique, qu'il atteint le 06 septembre 1940. Evitant ainsi d'être envoyé en Allemagne, il demande le 07 septembre à son oncle, Maurice VAN DAEL, fondé de pouvoir de la Société Générale au 22 Avenue de la Constitution à Ganshoren, de lui trouver un moyen d'évasion vers l'Angleterre.
Après que l'on ait fait modifier ses papiers par François VAN HASSELT, employé à la commune d'Anderlecht, il recrute des aviateurs pour partir et refuse de se faire enrôler dans l'OTAD (Office du Travail de l'Armée Démobilisée). Le 01 novembre 40, il fait établir des faux papiers et va se réfugier chez Victor HULET, au 450 Chaussée de Waterloo à Ixelles. Par le service DOUDELET, il est dirigé avec deux soldats anglais à Roubaix, où il attend vainement 15 jours avant de se résigner à rentrer en Belgique.
En début février 41, son oncle policier WENDELL le prévient que les Allemands sont à sa recherche. Il est alors convoqué, le 03 février, chez M. LEFEVRE, Rue de la Victoire à Saint-Gilles (un agent de William UGEUX), et il y retrouve le major Norbert LEBOUTTE et d'autres aviateurs.
Marcel Van Dael et son épouse Georgette Elyse WYNS quittent la Belgique le 04 février 1941 en compagnie d'Albert Drossaert, Lucien Claert, Parisse et Schul et ils arrivent à Montpellier le 10 février 1941. [Van Dael déclarera à Lisbonne le 20 janvier 1942 s'être abouché avec différentes organisations pour rejoindre la Grande-Bretagne, démarches qui se sont avérées ne rien valoir, notamment vu les carences du "fameux service d'enlèvement par avions" qui restera une fumisterie durant tout le conflit en Belgique.]
Pendant que Van Dael se trouve à Montpellier, le commandant DEWEER (chef du département Aéronautique local) lui demande en fin mars 1941 de remonter la ligne à la demande du 2e Bureau (Terre) de Vichy. L'inactivité lui pesant, Van Dael accepte, de même que le lieutenant d'artillerie HIERNAUX, qui est ensuite pressenti pour s'occuper des passages en Espagne, laissant Van Dael seul.
Lucien LEBOUTTE envoie alors Van Dael chez THIBOUT, le commissaire belge au rapatriement de Vichy, qui le met en contact avec le capitaine français LEMONNIER (dont le vrai nom est LEMAN) du 2e Bureau français de Limoges. Ce dernier lui remet 3.000 FB et 1.000 FF et lui demande de rapporter des renseignements depuis la Belgique. Van Dael quitte Vichy à la fin mars 1941, arrive à Bruxelles le 03 avril et crée un réseau en Belgique avec des agents à Bruxelles, Anvers, Gand, Bruges, Tournai et Liège.
Son oncle Maurice VAN DAEL accepte de constituer un bureau central et de créer un emploi fictif pour Marcel à la firme "Léon Devos" de Saint-Gilles, qui lui permet de voyager. Van Dael rentre à Vichy vers le 18 avril, avec les trois aviateurs belges Van Rolleghem, Malchair et Schwartz, emmenant avec lui les renseignements concernant les bases de son service Alex.
Il trouve un courrier, Eugène DE ROUCK de Dilbeek, auquel il apprend la route jusque Vichy, en amenant les aviateurs belges Septonet et Sommeville. Le groupe suit l'itinéraire de sa ligne d'évasion, qui passe par l'Hôtel de la Gare à Tournai chez M. Henri DUDANS, avec le passage de la frontière à Toufflers, puis chez Mlle MARMOUSEZ au 39 Rue Saint-Hubert à Roubaix, avec ensuite traversée de la Somme par "Nénette". Celle-ci est bien la même Renée BOULANGER de Hamelet-par-Corbie, par qui passe également Andrée DE JONGH !
L'étape suivante est l'hôtel du Paon (où ?) avant la ligne de démarcation que le groupe franchit au Sud de Nevers dans les bois de la propriété Schneider. Après un repos à l'hôtel du Commerce à Sancoins, les hommes arrivent enfin à Vichy où des ordres de marche leur font rejoindre Montpellier.
En juin 41, Marcel Van Dael est en Belgique où il reste jusqu'au 22 août, pendant que DE ROUCK fait trois voyages vers Vichy, emmenant notamment les deux aviateurs belges Charles Delloye et Dehasse. La phrase à la BBC, qu'il avait demandé d'émettre pour prouver sa bonne foi, n'est toujours pas entendue. LEMAN "Lemonnier' ne le convainc pas avec ses explications et Van Dael décide de ne plus travailler pour eux, pensant que les renseignements ne vont pas plus loin que Vichy. Ce qui est le cas.
Il reçoit alors 15.000 FB pour continuer à travailler, ce qu'il fait jusqu'au 22 septembre 1941, jour où il envoie ses derniers renseignements et signifie à Vichy qu'il cesse sa collaboration.
Un certain VEREECKE, de la Commission d'Assistance Publique d'Anderlecht le présente à un secrétaire de la firme Shell C°, M. Robert DE KEYSER, qui le met en rapport le 09 octobre 1941 avec une organisation d'évasion. Il s'agit du service Escape de William HALOT.
Van Dael, prudent, évite d'être arrêté le 09 octobre lorsqu'il voit des Allemands de la GFP occupés à fouiller chez lui, à la recherche d'une radio. Il va alors prévenir de la situation son oncle et M. WATTEAU à la Rue Delaunoy. La dénonciation viendrait vraisemblablement d'un Robert CHRISTIAENS, photographe à la Grand Place, qui photographiait les documents pour Vichy au sein du service Alex.
Marcel se cache alors chez Mme DROSSAERT au 49 Rue Théodore Roosevelt et est mis en rapport avec Frédéric DE JONGH via Robert DE KEYZER et Robert VAN CUTSEM. Il est caché du 10 au 13 octobre 1941 chez une personne "qui tient un laboratoire pharmaceutique Rue Frans Merger", et dont il a oublié le nom (il s'agit en fait du Dr ALECHINSKI, au 44 Rue Frans Merjay, qui fournira également des médicaments pour Comète).
Van Dael confie alors son service à son oncle, qui continuera avec Henri MICHELLI, et qui le fera rencontrer le capitaine Jean Cassart, une de ses connaissances. Van Dael apprend alors que Cassart, parachuté en Belgique pour le SOE, devait rentrer en Angleterre avec un avion qui viendrait le chercher en décembre 41. Cassart remet 10.000 FB à Marcel pour ses frais de voyage, et il laisse le reste à la femme de ce dernier.
Michelli dissimule dans ses épaulettes un message pour Londres, "Miche peut attendre de la visite", qui annoncerait l'arrivée d'un messager, le visiteur devant alors former une phrase avec "Michelli, Marcel, et Malaga". Marcel part donc le 18 décembre via Comète pour Bilbao, en compagnie du commandant de réserve Leo Giersé, secrétaire communal de Vilvoorde et de son fils Paul Giersé, qui avaient fourni des timbres de ravitaillement à Comète et étaient recherchés par la Gestapo.
Les évadés passent par Tournai chez DUDANS, qui les aide à passer la frontière. Ils sont à Paris le 20 décembre, puis atteignent Bayonne et Saint-Jean-de-Luz. Van Dael déclare dans son rapport à Lisbonne : "La demoiselle DE JONGH servait de guide de Valenciennes à la frontière des Pyrénées. Elle nous a accompagnés jusque Bilbao pour une raison que j'ignore." Il ajoute qu'ARACAMA est le guide espagnol qui vient les chercher à la frontière. Il estime que passer par la France libre (comme lui le faisait) n'offre rien d'autre qu'un surcroît de difficultés.
A Bilbao, le consulat Britannique le met en rapport avec M. WERY (un agent belge de la Sûreté et du consulat) qui le conduit chez Édouard CHAUMONT au 76 Gran Via à Bilbao, où il reste 15 jours. Les Giersé, eux, voyageront via Madrid. Van Dael quitte Bilbao pour San Sebastian et arrive à Lisbonne avec un guide. Une note de bas de page dans son rapport dit : "son trajet de Bruxelles à Lisbonne est celui de Chagué".
Arrivé à Lisbonne le 19 janvier 1942 sous le pseudo de Martin Chagué, Van Dael est appréhendé et après cinq jours d'arrestation et un débriefing par l'agent de la Sûreté, il est envoyé à Gibraltar. Le S/S Sobieski, sur lequel il s'embarque avec les Giersé, quitte Gibraltar le 05 mars à 03 heures du matin, escorté par un petit torpilleur. Van Dael en débarque le 11 mars 1942 à Greenock, en Ecosse, en même temps que Paul Henry de la Lindi et Nicolas Monami.
Engagé le 03 avril 1942 dans les Forces Belges en Grande-Bretagne (FBGB) avec le matricule 9505, le jour de sa libération des Victoria Patriotic Schools, Van Dael loge ensuite au 107 Eaton Place puis à l'hôtel Regina au 110 Gloucester Road à Londres SW7. Le commandant Pierre VANDERMIES reçoit tous les éléments concernant le Service Alex, et peut contacter MICHELLI au 55 Rue de la Loi en lui demandant "s'il n'a pas besoin de Malaga". La phrase à la BBC "Miche peut attendre de la visite" devait prévenir Michelli d'une visite. Le problème est que ce messager sera intercepté par les services allemands et causera l'arrestation de l'abbé GRANDJEAN.
Van Dael entre à la RAF Volunteer Reserve et fait un court passage de 5 jours à l'Elementary Fying Training School n°1, mais son âge ne lui permet pas de s'engager réellement. Il est alors désigné pour une mission en territoires occupés avec le capitaine LEGRAND ("Coal"), qui aura des papiers au nom de Jean-Louis Goffart. Les papiers de Van Dael ("Turtle"), l'identifient comme Marcel André WYNS (le patronyme de son épouse). La mission dépend de l'Air Ministry, aucun agent du SOE n'ayant les qualifications requises pour aller voler un chasseur de nuit allemand de type Messerschmitt 110 ou Junkers 88 et le ramener en vol jusqu'en Angleterre. Ces appareils et leur nouveau radar d'interception Liechtenstein encore inconnu opèrent depuis les aérodromes de Melsbroek, Evere, Florennes et Brustem.
Les hommes se préparent durant six mois pour cette mission (Legrand pilotera, et Van Dael démarrera les moteurs et utilisera les équipements de bord). Ils sont finalement parachutés dans la nuit du 18 au 19 janvier 1943 entre Pamel et Schepdaal (localités se trouvant entre Bruxelles et Ninove), sans comité de réception au sol. Ils portent des uniformes de la RAF, ont emporté des vêtements civils et sont en possession de disques d'identification devant leur servir de couverture (LEGRAND, Belge, et VINCENT, Anglais). Le plan de vol devait les mener vers Coltishall, Castle Camps ou Wittering, en effectuant des manœuvres précises permettant leur identification au retour, outre le nom de code MIMI sur 4070 Kilocycles.
Van Dael fait un rapport à Londres le 25 février 44 dans lequel il signale qu'atterris à minuit le 19, ils se sont rendus à Anderlecht où ils ont été cachés du 19 au 23 chez Lucienne VAN DAEL, au 88 Rue Docteur Jacobs, dans l'attente des faux papiers qui seront fournis par le substitut VAN ORLAY de Louvain. Cachés du 23 au 25 chez Mme BRIGGENHOUT, Avenue des Ajoncs à Stockel/Woluwé-Saint-Pierre, les deux hommes logent ensuite chez le père de Marcel Van Dael, 5 Rue "Cavite" à Cortenberg (artère inconnue; Kiewitstraat, Kortenberg ? ).
Dans le cadre de leur mission, ils voyagent dans le pays du 25 janvier au 15 mars 43. Les contacts radio avec Londres se font via MM. VEREECKE, DEKEYZER, DEMETS et SIMON de la Shell C°. Le 18 juin 1943, Legrand fera son rapport dès son retour en Angleterre, signalant que seuls les Messerschmitt 110 sont équipés du Liechtenstein, et qu'ils sont toujours dans des hangars camouflés et gardés durant la journée. La nuit, les avions sont rangés par 2 ou 3 avec leurs équipages à proximité. Melsbroek n'est pas utilisé, Evere sert d'atelier de réparation et Beauvechain n'a été utilisé que pendant un moment. L'aérodrome de Brustem est très fortement gardé par des SS flamands.
Un certain GILBERTUS, ouvrier à Evere et ancien Chasseur Ardennais avait pu voler un Liechtenstein, mais les ouvriers de son usine, arrêtés puis relachés, sont maintenant étroitement surveillés. Un cousin de Legrand essayera de faire passer le boîtier convoité, mais Legrand, qui espérait rentrer en Angleterre via l'organisation connue de Van Dael, apprend le 10 mars 43 que cette ligne est brûlée suite à l'arrestation d'une femme qui aurait parlé. Le 04 avril, Van Dael lui cède la première place sur une autre ligne, devant le suivre une semaine plus tard.
Legrand est donc conduit à Tournai par un jeune garçon, DUDANS y prenant le relais pour le conduire à Roubaix, en France. Il y reste trois jours puis part vers Paris en train et après trois jours dans la capitale, il part pour Lyon où il loge pendant 10 jours. De là, il rejoint Béziers puis Perpignan et l'Espagne par le col du Pertuis. Legrand est arrêté par la Guardia Civil et passe trois semaines à Figueiras avant d'être conduit à l'ambassade britannique de Madrid.
Van Dael, lui, quitte la Belgique le 16 mai 1943 avec le Fl/Off Ernest Souter-Smih. Ils repassent par Tournai chez DUDANS, puis via Roubaix, Paris, Belfort (M. BARBIER, Route de Sevenas à Ganjontin-près-Belfort) et Meslière, ils prennent la direction de la Suisse, où ils arrivent le 25 mai. Van Dael rencontre là l'agent "Dingo" (le Belge Léon HARNIESFEGER) qui s'était servi de "sa ligne". Ils sont internés, d'abord à Porrentriz du 26 au 29 mai, puis à Berne du 29 mai au 18 décembre 1943 et, libérés, partiront vers Lyon où, le 4 janvier 1944, ils prennent un train en direction de Carcassonne, poursuivant leur périple en prenant un bus à Perpignan le soir à 20 heures.
Sans s'arrêter, Van Dael et Souter-Smith partent avec un guide et arrivent en Espagne le 05 janvier à 20 heures. Après un repos dans une ferme, une voiture les prend et ils repartent le 06 à 18 heures pour Figueiras où ils restent jusqu'au 11 janvier. Avec lui se trouvent les agents DINGO (Harniesfeger) et LEAR, le substitut Maurice LEBBE (en fuite, agent du réseau PWE Carol) et le Sgt RAF Colin R. Varley (Halifax JD 315 du N° 10 Squadron - mission du 16 septembre 1943 - Varley a obéi à l'ordre d'évacuer l'appareil, qui rentre à la base - SPG 3318/1734).
Van Dael quitte ce groupe à un certain moment pour aller en voiture consulaire britannique, d'abord à Barcelone, puis à Madrid, Séville et enfin Gibraltar.
De retour de cette mission, Van Dael, rentré en Grande-Bretagne le 01 février 1944, devient pilote de transport sur C47 Dakota (Douglas DC3). Après 5 heures de vol, il fait l'objet le 13 septembre 1944 d'un Form 5019 de dispense (RAF Suspension Report) au 105 OTU: compte tenu de sa petite taille (1m58), même avec des coussins, tenant son manche à balai, il n'arrive pas à manipuler les palonniers. On l'oriente dès lors vers une fonction d'instructeur à l'entraînement à bord de Dakotas. Commissionné capitaine aviateur le 01 décembre 1946, il passe à la Réserve le 01 février 1947 et, revenant à la vie civile, il poursuit une carrière à la Sabena, devenant plus tard chef d'escale dans cette compagnie.
Après la guerre, lors de l'évaluation des mérites, on attribuera à Marcel Van Dael le grade de sous-lieutenant ARA.