Personne capturée durant son évasion

Dernière mise à jour le 23 août 2016.

John Sydney "James" WILKINS /940099
Né le 6 février 1920 à Hendon, Londres, Angleterre / † ?
32 Hillcroft Crescent, South Ruislip, Middlesex, England
Sgt, RAF Bomber Command 100 Squadron, mécanicien de vol
Atterrit près de Velden, au nord de Venlo, province de Limburg, Pays-Bas
Lancaster, n° série W4998, HW-J, abattu par la Flak la nuit du 25 au 26 mai 1943 lors d'un raid sur Düsseldorf
Ecrasé à 02h35 dans le hameau Het Voorst, près de Horst/Melderslo, au NW de Venlo, Pays-Bas
Durée : 2 semaines
Arrêté le 7 juin 43 à Paris, gare du Nord

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG Lib 612 indisponible.

Le Lancaster décolle à 23h54 de Grimsby. Touché par la Flak à hauteur de Düsseldorf, il doit être abandonné près de la frontière hollandaise.

Cinq hommes perdront la vie suite au crash : le pilote, Sgt Acel Theodore Walter Moore, RNZAF; le navigateur, Sgt David Campbell Stone ; le radio/mitrailleur dorsal F/S James Currie Wood ; le mitrailleur Sgt Leslie Cormac Maunsell, RNZAF et le mitrailleur arrière Sgt Michael Keogh, 19 ans. D'abord inhumés à Horst près de Venlo, ils reposent tous au Jonkerbos War Cemetery à Nijmegen, Gelderland, Pays-Bas.

Seuls John Wilkins (la présente fiche) et Stanley Coventry parviendront à s'échapper.

Grâce à Noud van Rens, dont l'oncle avait aidé Wilkins à Weert, nous avons pu reconstituer le parcours de Wilkins en Hollande. Arrivé au sol, Wilkins ignore s'il se trouve en Allemagne ou en Hollande. Dans l'obscurité et sous l'orage, il découvre une grange où il se cache sous des sacs vides, derrière des machines agricoles, quelques poules lui servant de voisines pour la nuit.

Il est découvert là par Maria KORSTEN, la cadette des six filles de ses parents fermiers à Velden, qui l'amène dans sa famille. A la ferme, on lui donne du lait, il peut prendre un bain et il reçoit des vêtements civils. Son uniforme est jeté dans une fosse à purin, après que les insignes et boutons en aient été enlevés. Maria devra brûler ces souvenirs lors de l'évacuation forcée de la région à l'automne 1944.

MEIJS, le vicaire du village, est appelé. Il parle un peu d'anglais et fait comprendre à l'aviateur qu'il ne peut rester à Velden, trop près de la frontière allemande. On apprend un peu à Wilkins à rouler à vélo, avant que Harrie KORSTEN, le frère de Maria, le guide à vélo, d'abord en passant le bac sur la Maas/Meuse vers Grubbenvorst, puis en roulant jusqu'à Weert à une cinquantaine de km de là.


Le Moulin de Dilsen.

Arrivés à Weert, Harrie le mène chez le vicaire SLOTS, actif dans l'aide aux aviateurs alliés. Wilkins passe alors en Belgique et se retrouve au moulin de Maria "Gertrude" MOORS à Dilsen, d'où, le 29 mai 1943, Henri MACHIELS, du 9 Statiestraat à Diepenbeek, le mène à Hasselt (On lui rembourse 500 FB de frais). Dans cette ville, il loge alors chez Lucien COLLIN au 41 Rue du Démer/Demerstraat. Les archives du groupe Hoornaert-Dirix de Hasselt, qui le reprennent comme "James Wilkings", confirment ce qui précède et indiquent que Wilkins est également hébergé à Hasselt par Henri COLARIS (droguiste au 11 Diesterstraat, Hasselt). Henri MACHIELS a reçu à titre posthume la US Medal of Freedom. En effet, arrêté par la suite, il a été envoyé en camps en Allemagne et est décédé le 10 décembre 1944 au camp de concentration de Gross Rosen (Rogoznixca).

Le 2 juin 43, Lucien COLLIN et Simone LAMQUIN accompagnent Wilkins, William Garfield et Stanley Coventry en train de Hasselt à Bruxelles, où ils sont remis à Fernando RADELET, ce qui est confirmé par le rapport Hoornaert-Dirix.

Ils sont ensuite logés chez Isabelle ANSPACH, au 30 Rue de Naples à Ixelles (près du Square de Meeûs), du 2 au 7 juin 43.

Pendant son séjour à Bruxelles, Eugène MAYNÉ conduit Wilkins chez Maurice ANDRIES, au 40 Rue Jean Van Volsem à Ixelles, pour des photos d'identité. Il a été logé par Arthur et Marguerite DALMOTE et leurs enfants au 395 Avenue Louise.

Wilkins fait partie du groupe d'évadés remis à Bruxelles à Jacques Désoubrie, agent de la Gestapo de Paris (Hôtel des Saussaies), à la demande de Frédéric DE JONGH, qui ignore que l'individu est à la solde des Allemands. Ils se rendent en France via Courtrai et passent (forcément) facilement la frontière avec les vrais-faux papiers que leur a remis Désoubrie.

Wilkins est ainsi arrêté le soir du 7 juin 43 en même temps que Frédéric DE JONGH et Robert AYLÉ venus les chercher en gare du Nord, son co-équipier Stanley Coventry et James Grant. Ce dernier était convoyé par Désoubrie lui-même. Les circonstances et lieux de ces arrestations sont encore parfois floues. On trouve selon des versions que Wilkins et Coventry auraient été arrêtés à Lille lors du repas de midi (avec Raymonde GOUOT) ou dans le train même (avec Madeleine BOUTELOUPT). Frédéric DE JONGH, Robert AYLÉ et son épouse Germaine LECA sont appréhendés à l'arrivée en Gare du Nord à Paris, sur les quais, dans cette soirée du lundi 7 juin 1943. Aimable FOUQUEREL est arrêté chez lui au 10 Rue Oudinot avec Lucienne SERRES épouse LAURENTIE.

John Wilkins séjourne à Fresnes avant de passer par le centre d'interrogation Dulag Luft à Oberursel près de Frankfurt. Il est fiché comme prisonnier de guerre N° 222563 au Stalag 4B à Mühlberg en Allemagne.

Dans un article hollandais de 1986 (http://www.geschiedenismelderslo.nl/Nieuwsbrief/Afbeeldingen/okt2010/krantenartikel.jpg), il est mentionné que lui et quatre autres prisonniers s'échappent d'un camp "à Leipzig" (à une date très proche de la fin de la guerre, donc vers fin avril, début mai 1945) et rejoignent les forces américaines, Wilkins se retrouvant peu après à nouveau à Bruxelles.

Wilkins passe en effet un jour à Bruxelles où il peut revoir la famille DALMOTE.


James Wilkins (croix) et quatre de ses camarades de retour d'Allemagne le 17 mai 1945.
Photo de Arthur DALMOTE à l'Avenue Louise.
En haut à droite, Marguerite DALMOTE, Denise DALMOTE et en bas Carmen DALMOTE.
Merci à Roland Scaillet, petit-fils d'Arthur DALMOTE, pour cette photo.

Émigré au Canada en 1951, John Wilkins et son épouse visitent l'Europe en 1986. John retrouve à cette occasion Maria (Korsten), épouse van Rens, son premier contact après son atterrissage à Velden. Il rencontre également Nel van Rens (née Verlinden), dont les parents habitaient à proximité de l'endroit du crash. Le père de Nel, Sjeng Verlinden et ses amis Kuebke Alards, Sef et Jan van Rens de même que Sef Wijnen s'étaient rendus près du Lancaster directement après le crash. Ils avaient brisé le hublot en Plexiglas de la tourelle arrière pour dégager deux aviateurs. Trois autres étaient couverts de brûlures et le cadavre d'un autre encore se trouvait un peu plus loin sur la route, vraisemblablement éjecté lors de l'explosion. Antoon Speeuwenberg, un autre témoin et voisin de l'endroit du crash, raconte que les deux survivants furent amenés à la ferme de Cuppen They où on les plaça dans une grange et où il semble que l'un d'eux soit décédé. Un autre fermier, Leysten Grad les a véhiculés jusqu'à l'hôpital de Horst, mais on dut y constater que les deux hommes avaient succombé à leurs blessures.

Lors des retrouvailles, Nel van Rens a remis à John Wilkins une paire de ciseaux trouvée dans une trousse de premiers soins récupérée dans l'avion par son père et que la famille avait conservée et utilisée pendant des années, souvenir que John a donc ramené avec lui au Canada.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters