Dernière mise à jour le 21 octobre 2020.
William Gordon BAILEY /1392374 et 147918
192 Warham Street, Londres SE8.
Sgt, RAF Bomber Command 429 Squadron, navigateur.
Lieu d'atterrissage: entre Ophoven et Molenbeersel.
Vickers Wellington, HZ355, AL-G, abattu la nuit du 11 au 12 juin 1943 par un chasseur du III./NJG4 (Ofw Reinhard Kollak) lors d'une mission sur Düsseldorf.
Écrasé près de Ophoven, 14 km à l'Est-Sud-Est de Bree (Limbourg belge).
Durée : 3 mois et demi
Passage des Pyrénées : le 24 septembre 1943.
Rapport d'évasion SPG 3316/1541 indisponible.
Le Wellington décolle d’East Moor à 23h30. Avant d’atteindre l’objectif, il subit l’attaque d’un Ju88. Fortement endommagé par les tirs du chasseur, l’appareil perd de l’altitude, mais le pilote P/O Richard Campbell Ellison parvient à le maintenir sous contrôle tandis que sur son ordre les membres de son équipage l’évacuent. Ellison ne parviendra pas à sauter à temps et il est tué. Son corps n’a jamais été retrouvé et il est commémoré au Runnymede Memorial, près de Windsor dans le Surrey, Royaume-Uni (Panneau n° 131).
Le 11 juin, Mathieu VAN ESSER, meunier de Molenbeersel et quelques autres personnes voient des appareils passer vers l'Allemagne. Vers 1 heure le 12, ils voient qu'un appareil est abattu et s'écrase près de Ophoven, quatre parachutes apparaissant. Les aviateurs se cachent dans un champ de blé après leur atterrissage. Des soldats allemands commencent leurs recherches le 12 juin au matin dans les fermes avoisinantes.
S'évadent dans le même appareil : le mitrailleur arrière Walter Mullaney, le Sgt bombardier Horace Horton et le Sgt radio Edward Nicholson.
Quelques travailleurs journaliers trouvent Bailey dans des roseaux au lieu-dit "Op het Goor" à Ophoven-Molenbeersel et demandent à Mathieu VAN ESSER s'il peut s'en occuper. Ils le conduisent à lui vers 8 heures. Bailey peut parler un peu de français et VAN ESSER le cache dans un buisson du marais de "Lossing", lui promettant de venir le reprendre après 13 heures. Bailey lui remet sa pochette contenant 300 FB, 25 Gulden hollandais et un peu d'argent français, mais VAN ESSER la lui rend en lui expliquant qu'il en aura besoin plus tard. A 13 heures, il revient avec une salopette bleue et une paire de sabots en bois. Bailey se change et ils se rendent à la laiterie de Kinrooi. Là, VAN ESSER téléphone à Louis VALLE, boucher et marchand de bestiaux à Bree, qui accepte de l'aider. Quelques heures plus tard, VALLE arrive avec deux vélos. C'est la première fois que Bailey roule à vélo. [extrait de J. Bussels, "De doodstraf als risico. Pilotenhulp in Belgisch Limburg. 1941-1944", 1981] - Notons que dans la liste des Helpers belges établie après la guerre en vue de l’octroi de récompenses, le prénom de VAN ESSER est repris comme étant Mathys, son adresse : Manestraat, Molenbeersel. Louis VALLE, membre de Luctor et Emergo, est renseigné à cette même liste comme habitant au 1 Buitenwal à Bree.
Dans une lettre de 1976 à Jan Bussels, Bailey dit qu'ils roulèrent jusqu'à Bree dans sa famille (Louis VALLE a deux fils).
Bailey est repris sur la liste des aviateurs aidés par Maria "Gertrude" MOORS de Dilsen.
Alphonse BERGMANS "Fons" est né à Weert (Pays-Bas) et tient un café-pâtisserie à Bree, au 23 Kloosterstraat. Il était devenu le courrier des lignes "Luctor & Emergo" entre les Pays-Bas et la Belgique et était un ami de VALLE. Ce dernier lui demande quoi faire de cet aviateur. En attendant, Bailey reste loger quelques jours chez BERGMANS.
Le Néerlandais Jan WANEE (pseudo "Jan Dijkstra" - repris comme Johannes Cornelis WANNEE, De Haag / La Haye à la liste des Helpers néerlandais) vient le prendre et le conduit à Bruxelles. Le 23 ou le 26 juin à 17 heures 30, cet homme de 40 ans qui parle très bien anglais est le guide de Bailey. Ils prennent le tram puis le train et arrivent à 22 heures à Bruxelles. Bailey rencontre par la suite le Sgt Conroy (voir ci-dessous) et va dormir à différents endroits dans la capitale.
Le soir de son arrivée chez Maria KRAUSS qui les remet à Marguerite SPEYER et Henk GOLDBERG, un Néerlandais habitant clandestinement au 177 Avenue Charles Woeste à Jette (il sera dénoncé, arrêté et abattu six mois plus tard, les Allemands ayant trouvé chez lui des souvenirs de Conroy et Bailey) puis partent le 26 juin au n° 207 dans la même rue, chez Mme LEGRIS ou LEGRIX (La liste des Helpers belges reprend une Gabrielle LEGRIX - sic - au 177 Av. Charles Woeste…). Ils disent aussi aller au 207 Avenue Charles Woeste chez une Mme BURNIAT (nom de jeune fille de Mme LEGRIS ?). En fait, il s’agit bien de Mme LEGRIS, reprise dans l’Almanach du Commerce et de l’Industrie de Bruxelles - édition 1939 - où elle est renseignée comme marchande de meubles d’occasion à cette adresse à Jette.
William Bailey est remis par Maurice VAN BELDER (du 142 Avenue Louise à Bruxelles) alias "Jean Berger" à Anne BALIEUX au 315 (Rue de) Robertmont à Liège ou au 63 Dries à Boitsfort, Bruxelles. Elle le remet à Antoinette KLEINHAUS au 158 Boulevard Guillaume Van Haelen à Bruxelles. [A noter que l’Almanach du Commerce et de l’Industrie de Bruxelles - édition 1946 - renseigne BURNIAT à cette adresse… et un(e) E. BALLEUX au 136 de ce boulevard… La liste des Helpers belges mentionne Antoinette KLEINHAUS également à Anvers…]
Le 27 juin, William Bailey quitte Bruxelles par Liège avec Antoinette KLEINHAUS et va ainsi se réfugier chez François KIEBOOMS au château de Neerwinden, Kruiskensstraat, près de Landen, où il est avec 5 Juifs et 2 Russes [La liste des Helpers belges reprend erronément François KEBOOMS…]. Bailey retourne à Bruxelles quand les Allemands fouillent le château. Il y rencontre le Canadien F/Sgt Robert F. Conroy (pilote du Wellington HE593 - RAF 429 Squadron, abattu le 12 juin 1943 - évadé via le réseau Bourgogne – SPG 3315/1429). Après le raid allemand, les aviateurs se séparent.
Bailey est alors hébergé 15 jours chez Jeanne VAN TUYKOM (née OTTOY) à Woluwé-Saint-Pierre, 2 rue Martin Lindekens, via Henri MACA et sa sœur, qui habitent au 31 Avenue du Val d’Or à Woluwé-Saint-Pierre.
Nous ignorons où William Bailey est caché et par qui entre la mi-juillet et le 13 septembre, jour où il passe par Mons en direction de la France. En arrivant à une gare, Bailey rencontre Beverly Geyer et son guide. Tous prennent place à bord d'un train vers la frontière. Dans une localité assez grande avant celle-ci (ce doit être Tournai), ils sont rejoints par un grand parachutiste anglais qu'il reverra par la suite à Paris. Geyer et Bailey passent la frontière de nuit avec un ou une guide, atteignent un village (qui doit être Bachy) et se dirigent vers une gare. Geyer signale qu'ils changeront deux fois de train avant d'arriver à Paris, ce qui nous fait penser que la deuxième étape est Lille. Geyer et Bailey figurent tous deux dans le carnet de Henriette Hanotte comme guidés par elle à travers la frontière. D’autres sources indiquent qu’ils passent en France à Erquennes, grâce à François BOURLARD et Georgette DIEU, qui travaillent de toute façon en collaboration avec le groupe d’Henriette HANOTTE.
William Bailey loge à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA. Guidés de Bayonne à Larressore par Denise HOUGET, Bailey et Beverly Geyer traversent les Pyrénées avec leurs seuls guides basques. C'est la 58e traversée de Comète et la première par l'itinéraire de Larressore, seuls avec quatre guides de Pierre ELHORGA : Pierre ETCHEGOYEN, Baptiste et Pierre AGUERE et Jean ELIZONDO.
William Bailey traverse alors l’Espagne avec l’aide du corps diplomatique britannique et atteint Gibraltar qu’il quitte en avion le 5 novembre 1943, arrivant le lendemain à Portreath en Angleterre.
Merci à Robert Dexters pour ses informations sur la Résistance en Limbourg et à Michael Leblanc pour d'autres informations.