Dernière mise à jour le 29 avril 2021.
Walter Joseph MULLANEY Jr. "Pat/Tige" / R.129105 RCAF
42 Corning Boulevard, Corning, New York.
Né le 7 février 1921 / † le 18 mars 2011, Fairfield, California.
Sgt, RAF Bomber Command 429 Squadron, mitrailleur arrière.
Lieu d'atterrissage: Eisden, près de Maaseik.
Vickers Wellington, HZ355, AL-G, abattu la nuit du 11 au 12 juin 1943 par un chasseur du III./NJG4 (Ofw Reinhard Kollack) lors d'une mission sur Düsseldorf.
Écrasé près de Ophoven, 14 km à l'Est-Sud-Est de Bree (Limbourg belge).
Durée : 4 semaines.
Arrêté le 9 juillet 1943 à Paris, fausse ligne Jackson.
Walter Mullaney était un des nombreux Américains engagés à la RCAF.
Dans le même appareil : William Bailey, le bombardier Horace Horton et le radio Edward Nicholson.
Le Wellington décolle d’East Moor à 23h30. Avant d’atteindre l’objectif, il subit l’attaque d’un Ju88. Fortement endommagé par les tirs du chasseur, l’appareil perd de l’altitude, mais le pilote P/O Richard Campbell Ellison parvient à le maintenir sous contrôle tandis que sur son ordre les membres de son équipage l’évacuent. Ellison ne parviendra pas à sauter à temps et il est tué. Son corps n’a jamais été retrouvé et il est commémoré au Runnymede Memorial, près de Windsor dans le Surrey, Royaume-Uni (Panneau n° 131).
Le 11 juin, Mathieu VAN ESSER, meunier de Molenbeersel et quelques autres personnes voient des appareils passer vers l'Allemagne. Vers 1 heure le 12, ils voient qu'un appareil est abattu et s'écrase près de Ophoven, quatre parachutes apparaissant. Les aviateurs se cachent dans un champ de blé après leur atterrissage. Des soldats allemands commencent leurs recherches le 12 juin au matin dans les fermes avoisinantes.
Lorsque son pilote est tué et que l'avion explose, Mullaney est blessé de 34 shrapnels. Avec ses blessures, il se cache deux jours et demi dans un champ.
Des résistants le trouvent et l'identifient rapidement. Il est caché sous des sacs de poix secs durant les journées en attendant son évacuation sur Liège. Une femme inconnue, surnommée "le professeur" vient le prévenir qu'il sera conduit chez elle (cette femme restera un mystère, personne des résistants ne la connaissant). Il est en fait conduit chez le docteur Giesbert Hubert DEXTERS de Eisden qui lui extrait ses 34 shrapnels et le soigne (et l'habille de pied en cap, voir photo ci-dessous). Il est logé une nuit chez A. LENSSEN, Grand Route à Eisden.
Il est aussi cité par la famille de Maria "Gertrude" MOORS, du moulin de Dilsen. Amené par une section de l'Armée Secrète de Hasselt (groupe HOORNAERT-DIRIX, le guide étant Jean MOBERS qui travaille dans la Section de Lambert SPANOGHE).
Le lendemain, un jeune homme le guide à bicyclette et l'emmène dans une maison en lisière de bois, où il est "identifié" : Quelle est la place d'un bombardier dans un Wellington ?, Qui est George ? etc. Mullaney est ensuite amené dans un château appartenant à un noble qui s'avére être un ex-général belge, qui lui indique une station radar Freya allemande d'une ligne Kammhuber, et tous les détails de navigation pour une approche par des bombardiers pour la détruirte. Cet homme le conduit ensuite Mullaney à Diepenbeek en voiture, lui montrant un pistolet Browning dans la boite à gants, qui devait servir à tirer si un Allemand commençait à les questionner.
A diepenbeek, le Belge le dépose près du passage à niveau et le fait monter dans un local technique de la gare toute proche. On lui présente là John M. Smith, un opérateur radio de la RAF en fuite lui aussi. Ils resteront ensemble jusqu'au moment de leur capture. Vers 17 heures, un autre homme les emporte en voiture à Hasselt, chez Florent BIERNAUX.
Mullaney est logé une nuit chez Henri COLARIS au 11 Rue de Diest à Hasselt le 14 juin puis, toujours avec John Smith, le 15 juin 43 par M. et Mme Florent BIERNAUX de Hasselt, qui l'hébergent une semaine, lui procurent des vêtements civils et de faux papiers.
Des helpers belges de Mullaney, Horton et Nicholson, trahis comme eux par un Français (Jacques Désoubrie) travaillant pour la Gestapo parisienne, furent condamnés à mort : Florent BIERNAUX rapporte que deux coéquipiers de Mullaney (Horton et Nicholson, cités plus haut) se trouvaient chez Lucien COLLIN au 41 Rue du Démer à Hasselt quand la famille COLLIN fut arrêtée le 18 juin 43. Lucien COLLIN, qui avait recruté les BIERNAUX à l'Armée Secrète, sera fusillé à Pappenweiler (Ludwigsburg) le 30 juin 1944 à l'âge de 35 ans.
Florent BIERNAUX laisse alors 24 heures Smith et Mullaney chez Constant BERTELS, au 25 Weggevoerdenstraat à Hasselt.
Ayant trouvé une nouvelle ligne où pouvoir évacuer les aviateurs via Mme COLARIS, Olympe DOBY guide Smith et Mullaney à la gare de Tongre, où ils continuent seuls vers Liège où les attend Jean COLEMONT, un "collègue" de Henri COLARIS dans le réseau Zéro. Ils prennent deux trams, dont le second avec une vingtaine de soldats allemands. COLARIS les confie à Louis COLETTE, un de ses agents.
Mullaney se souvient avoir logé une semaine chez le docteur Georges ETIENNE et son épouse Robertine LABHAYE, au 32 Rue Fabry à Liège. Leur fille Yvette était actrice au théâtre Wallon (dans une pièce appelée "Marius") et lui montre des lettres d'autres évadés. Ils étaient à 18 ou 20 évadés dans cette maison. COLEMONT avait recruté Louis COLETTE à Fexhe-Slins. Yvette ETIENNE sera engagée au Palais des Beaux-Arts à Bruxelles où elle jouera du 29 mars 1944 au 9 avril 1945. Elle poursuivra sa carrière d’actrice dans de nombreux théâtres bruxellois jusqu’en août 1966, recevant le prestigieux prix des Eves du Théâtre en 1953.
Plus tard, dans son camp de prisonniers en Allemagne, Walter Mullaney sera averti "officiellement" du fait que Yvette Etienne avait été fusillée. Comment les Allemands étaient-ils au courant ? Ce sera un mystère qui ne lui sera expliqué par nous que peu avant sa mort. De toute évidence, cette nouvelle (erronée) était destinée à lui faire perdre confiance en lui et à ses Helpers.
Le groupe de COLETTE, financé par Zéro et Bayard, a aidé 32 ou 33 aviateurs en 1943. Il remet ses "colis" aux lignes qu'il connaît après 4 à 10 jours. Mullaney fait ainsi partie des 15 ou 16 aviateurs évacués par "Monique" GRANDJEAN (Thérèse RAISON, dont le mari Marcel Grandjean fut capturé avec Arnold DEPPE au premier voyage de Comète en août 1941), qui ne sait pas qu'elle travaille en fait pour Prosper Dezitter à partir de juin ou juillet 1943, suivant les instructions du Dr Antoine GOETHALS, lui aussi trompé.
De Liège, ils prennent la direction de Bruxelles dans une Citroën Traction Avant noire conduite par un homme portant casquette (Jean-Marcel Nootens ?). Mullaney fait partie des quatre aviateurs emmenés de chez le groupe COLETTE en fin juin ou tout début juillet 1943 avec William Cole, John M. Smith et Frank Hugo. Il entre ainsi dans le module de Prosper Dezitter dont il fait la connaissance au "Pensionnat" du 369 Avenue Slegers à Woluwé-Saint-Lambert. Le lendemain, "Captain Willy" le conduit chez un gros homme fumant le cigare qui les prend en photo. Il vont y rester également une semaine.
Ils font en train le voyage de Bruxelles à Paris après deux semaines. Leur guide est un autre VMann de l'Abwehr qui travaille temporairement pour Dezitter : le hennuyer Charles Jenart qui opère sous le pseudo de "Richard Régnier". Le train s'arrête à Compiègne et la plupart des voyageurs en descendent. Il est alors conduit, toujours en train, à Paris avec des faux papiers (Mullaney changea cinq fois de nom : Jan Lauwers, Henri Lurcan, etc.) dans le groupe de Frank Hugo, William Cole et John M. Smith qui ont été évacués avec lui depuis le groupe COLETTE de Fexhe-Slins près de Liège. Il apprend que le chemin le plus court est de passer par l'Espagne et le Portugal neutre.
Il est encore soigné par une doctoresse juive de Belgique, en fuite à Paris et rencontre un agent belge qui déclare avoir été parachuté (ces deux personnes auraient été exécutées le lendemain de leur arrestation - ou étaient probablement des complices de Dezitter). Il s'agit en fait de Hélèna BERKOWITCH épouse Salomon GOUDSMIT. Ce couple de médecins belges faisaient partie d'une section du Front de l'Indépendance qui faisait évader des Juifs en Suisse. Son mari venant d'être arrêté, elle peut se réfugier dans la "Ligne Jackson" via une amie, "Julienne" (Elisabeth) BISSOT. Elle arrive une semaine après Mullaney au "pensionnat". Après un court séjour à Fresnes, elle est transférée à Aix-la-Chapelle, puis à Saint-Gilles, et ensuite à Breendonck d'où elle part pour Ravensbrück. Elle y est libérée avec "Julienne" BISSOT en avril 45 et rentrera en juin par la Suède.
Quant à cet agent parachuté belge, il s'agit de Achille HOTTIA, alias "Marmoset". Il avait été parachuté la nuit du 27 au 28 janvier 42 au Sud-Est de Mons. Heureusement, l'équipage du 161 Sqn RAF se trompa d'endroit, car les Allemands l'attendaient au point de largage prévu. Il devait retrouver un autre agent disparu. Quand Hottia eut appris que cet autre agent avait été arrêté et retourné par les Allemands, il ne put rentrer immédiatement à Londres par la voie prévue. Il arriva lui aussi dans la fausse "Ligne Jackson" via des résistants trompés. Condamné à mort le 1er septembre à Bruxelles, il est fusillé au Tir National le 30 septembre 1943 (tombe n° 85).
Mullaney se prépare à partir vers Bordeaux avec les autres évadés : Hélène Berkowitch, Achille Hottia, Frank Hugo, William Cole et John Smith, plus le Sgt Arthur Edgeley et le Sgt Sidney Maxted du même avion. Le groupe passe une nuit à Paris et va manger dans un restaurant sur l'Ile de la Cité avec le guide "Richard" (le VMann Charles Jenart travaillant pour l'Abwehr avec Dezitter). Walter Mullaney se rappelle que le prix du repas était de 14.000 FF.
Il n'apprécie pas le guide qui les prend en charge le lendemain matin par des rues bondées vers la gare d'Austerlitz. Il remarque plusieurs hommes inactifs qui sont appuyés aux murs. Le guide disparaît soudain et son groupe est encerclé par ces hommes, qui sont armés de pistolets. Ce sont tous des agents parisiens de la Gestapo. Ils sont poussés dans un bus allemand et amenés dans une immense prison de 5.000 cellules (Fresnes). Allignés dans un corridor, il demande à aller aux toilettes et s'y débarasse des faux papiers de tout le groupe que le guide lui avait remis avant Paris. La Gestapo savait qu'il les avait reçus, ce qui lui vaudra des ennuis.
Il partage sa cellule avec un capitaine américain de San Antonio et y est interrogé durant 13 semaines. Une fois par semaine, un Américain qui se dit de Plainfield (New Jersey) et travaille pour la Gestapo l'interroge très brutalement et lui fracture la clavicule.
Interné au camp 4B de Muhlberg/6G puis au Stalag Luft 3 - prisonnier n° 259891, Mullaney parvient à s'évader lors de la marche d'évacuation forcée de février 1945 du Stalag Luft 3 vers le Stalag 7A de Moosburg. Il accompagne la 69e Division d'Infanterie US à l'Est de Leipzig le 19 avril 45 jusqu'à l'Elbe et la rencontre avec les Russes. Il aide à l'administration de la ville de Leipzig, au service de sécurité de la police, en attendant son transport vers les arrières.
Il avait été prisonnier un an et onze mois et avait perdu 30 kilos durant de nombreuses tentatives d'évasion. Il fut même interné 11 semaines à Buchenwald en réprésaille pour son attitude.
Horace Horton est arrêté le 19 juillet 1943 - interné au Stalag Luft 6/Bloc 357, prisonnier n° 398 et Edward Nicholson est arrêté à Hasselt le 22 juin 1943 - interné au Stalag Luft 6/Bloc 357, prisonnier n° 417.
Les photos et de nombreux détails proviennent de la nièce de Walter Mullaney, Jo Ann Michel.
Décédé en 2011, Walter Mullaney repose au Arlington National Cemetery à Arlington, Virginia.