Dernière mise à jour le 10 septembre 2016.
William Ernest COLE "Bill" /1156287
20 Clara Street, Ton Pentre, près de Glamorgan, Wales (Pays de Galles), Royaume-Uni.
Né le 22 juin 1920 / † ?
F/Sgt, RAF Bomber Command 7 Squadron, mécanicien.
Lieu d'atterrissage: à 01h30 le 22 juin 43 à 1 ou 2 km à l'Ouest de Neerpelt.
Short Stirling Mk I, EF366, MG-L, abattu la nuit du 21 au 22 juin 1943 par un chasseur du I./NJG5 (Hauptmann Siegfried Wandam) lors d'une mission sur Krefeld.
Ecrasé au hameau "Het Ven" à Achel, à 5 km à l'Ouest de Hamont (Limbourg belge).
Durée : 2 semaines.
Arrêté à Paris le 9 juillet 1943, ligne Jackson.
Rapport d'évasion SPG/LIB 3338/1177 disponible.
Le Stirling décolle d’Oakington à 00h07 le 22 juin. L’un des bombardiers en pointe de la formation, il est chargé d’indiquer par des fusées-parachute aux autres appareils le point de virage au sud-est d’Eindhoven de manière à bien orienter toute la formation sur l’objectif à Krefeld. Peu après avoir déployé les fusées, l’appareil est attaqué par le chasseur de nuit qui avait aperçu son ombre au-dessus des fusées éclairantes. Le capitaine Wandam sera crédité de sa perte. Sérieusement atteint à environ 3300 m d’altitude, l’appareil se met en vrille et devient incontrôlable. Le pilote Meiklejohn donne l’ordre de l’évacuer et reste à bord jusqu’à ce qu’il pense que tout son équipage a pu sauter. Juste avant qu’il ne s’écrase au centre d’Achel, il amorce une manœuvre pour redresser le nez du Stirling, qui ira s’écraser en dehors du village.
Le pilote australien F/O Robert Bruce Meiklejohn (RAAF) et le navigateur néo-zélandais P/O Charles Henry Gerrard Redwood (RNZAF) ne pourront quitter l’appareil à temps et périront dans le crash. Initialement inhumés au cimetière de Brustem (Sint-Truiden), ils reposent tous deux au Heverlee War Cemetery près de Louvain/Leuven, Belgique. Le mitrailleur dorsal Sgt Jack K. Kilfoyle et le mitrailleur arrière F/S Edgar Andrew Brown (néo-zélandais) seront faits prisonniers. Kilfoyle, prisonnier n° 43262 au Stalag 357 ; Brown, prisonnier n° 298 au Stalags Luft 6 et 357.
Seuls William Cole, Leslie Ellingham et Frank Hugo parviendront un temps à s’évader, mais seront tous faits prisonniers également.
Le texte qui suit est une synthèse des éléments provenant principalement des Rapports Lib 1177 de William Cole et Lib 776 de Frank Hugo, complétés par des détails trouvés notamment dans les archives Comète. Bien qu’ils aient suivi un parcours pratiquement similaire, le rapport de Cole (rédigé à la première personne) diffère sur certains détails de celui de Hugo (parlant plutôt de "we" que de lui seul).
William Cole saute derrière le bombardier Hugo et atterrit dans un pré au bord d’un cours d’eau (la Dommel ?). Il enterre sa Mae West et son parachute dans un bois et se repose un peu de ses émotions, surpris de n’avoir pas entendu son avion s’écraser ni ses bombes exploser, malgré la courte distance le séparant d’Achel. Il se met alors en route vers l’Ouest. Hugo et Cole déclarent chacun avoir entendu du bruit et des voix, imaginant tous deux qu’il devait s’agir d’un coéquipier tombé à proximité. Les 2 hommes se retrouvent donc peu après leur atterrissage et se mettent à marcher. Au matin du 22 juin, ils rencontrent juste à l’extérieur de Neerpelt deux hommes de cette ville marchant le long du cours d'eau, qui leur conseillent de rester cachés jusqu'à ce qu'ils reviennent les voir dans la soirée. Ils reviennent en effet le soir venu, leur apportant de la nourriture ainsi que l'offre de les sortir de ce coin où ils savaient que les Allemands les chercheraient.
L’un des paysans les mène dans sa maison toute proche et les autorise à rentrer chez lui pour y brûler des papiers. Cole déclare qu’il était seul pour brûler ces documents de bord et que ce n’est qu’en quittant la ferme qu’il a rencontré Hugo. Hugo, lui, déclare qu’ils avaient rencontré ensemble les fermiers et qu’ils se trouvaient à deux chez l’un d’eux pour éliminer les documents… Ils ne restent là que peu de temps, car comme il y a beaucoup d’enfants à la ferme, le danger est trop grand et les fermiers ne peuvent les héberger pour la nuit.
Selon l’Appendix A du rapport Lib de Cole, il reçoit hébergement et nourriture le 22 juin 1943 chez Mathieu SPELTERS, Haspershoven 95, Overpelt. Hugo reprend erronément la date du 21, avec les mêmes éléments, précisant qu’ils l’avaient rencontré près du canal (rivière). Les deux hommes vus le matin du 22 sont donc Mathieu et Gerard SPELTERS, l’un des deux l’époux d’une Maria. Le 23 juin 43, Cole mentionne habillement, nourriture et logement par "Francis PETERS, 85 Anselmo Street, Antwerp" (Hugo écrit PEETERS à la même adresse et précise qu’il leur a servi de guide du 22 au 31 - sic, en fait le 30 - juin 43 vers les différentes fermes avant leur départ de Liège et leur ayant procuré également quelques vêtements…) Il y a bien un Frans PEETERS au 85 Anselmostraat à Anvers repris à la liste des Helpers belges, avec mention d’une compensation financière pour emprisonnement… La 3ème mention chez Cole, et à partir du même 23 juin, indique habillement, nourriture et logement pendant 8 jours chez Mmes "DECHAMPE" (4 sœurs), Avenue du Luxembourg à Liège. Ailleurs dans son rapport, il indique qu’il s’agit d’une pension de famille à l’Avenue du Luxembourg. Ce sont les seuls Helpers et endroits qu’il nomme.
Dans l’autre partie de son rapport, Cole indique qu’il reste caché dans une ferme à Neerpelt pendant 1 jour et demi et que pendant ce temps il a rencontré un homme venu de Liège et qui prit contact avec une organisation dans cette ville. Le jour suivant, une jeune dame arrive pour le conduire à Hasselt. Il peut se raser et prendre un bain chez la dame, qui s’occupe de lui procurer des tickets de train avant de le mener à la gare. Là, il prend un train pour Liège, accompagné d’un "représentant de la Résistance" et de son bombardier Hugo. Ce dernier mentionne pour la date du 22 juin qu’une "Margaret" les a accompagnés depuis les environs de Neerpelt jusqu’à la gare de Neerpelt avec PEETERS. Hugo précise que cet homme (PEETERS, donc) les mène vers l’endroit où il loge à Liège et où habitent trois servantes très âgées (les "quatre sœurs" dont parle Cole ?). Dans un récit rédigé il y a quelques années par Frank Hugo et que nous a fait parvenir John Clinch, Frank indique qu’il a été hébergé pendant environ 10 jours chez les sœurs "Deschance, Josephine, Hermine, Maria et …?", Cole allant ailleurs… Nous avons pu retrouver mention d’une Mlle Joséphine DECHANXHE, "Avenue de Leix, Liège" dans la Liste des Helpers belges et dont Hugo dit dans son récit que Joséphine est l’aînée des quatre sœurs en question, l’adresse devant bien être Avenue du Luxembourg car il n’y a aucune Avenue de Leix à Liège. Mais mystère ici, car c’est Cole qui, en octobre 1945, déclare avoir logé chez elles… Voici les extraits des pages "Appendix A" de leurs Rapports Lib respectifs :
COLE :
HUGO :
Cette anomalie n’est pas la seule que l’on peut retrouver dans les documents disponibles. En effet, on trouve ailleurs une mention selon laquelle : "Après avoir séjourné pendant dix jours chez la famille SPELTERS à Haspershoven 95-Overpelt, Cole et Hugo quittèrent Neerpelt pour Hasselt, d'où ils partirent ensuite pour Liège, vers le 28 juin." Leur séjour chez les SPELTERS se limite en fait à une nuit et leur départ pour Liège se fait le 23 juin, lendemain du crash. Le Groupe M de Lucien THEELEN intervient dans la démarche, et on cite "M. DEBADRIHAYE, Rue Juliette Hassel (?)" à Liège comme l’homme qui amène Cole et Hugo chez le garçon de café Louis COLLETTE au 31 Rue de la Province à Liège. [La liste des Helpers belges ne reprend que Herman et Laurent DEBADRIHANE au 30 Rue Chera - en fait Rue du Chéra - à Liège…]
Selon Hugo toujours, il loge "là" une nuit, Cole y restant plus longtemps. Hugo, quant à lui, déclare en septembre 1945 qu’il a logé du 23 au 31 (=30 !) juin chez Mr et Mme ROMAINVILLE, commerçants au 32 Rue de Visé à Liège. Il ajoute que leur guide (PEETERS ?) passe là avec Cole deux ou trois jours plus tard pour les mener chez un photographe. On les prend en photos. Elles sont développées après 3 heures et Hugo indique que les faux papiers qu’ils ont reçu par la suite ont été confectionnés dans un petit café, le "Wallonia" (?), "au coin du Pont Neuf". Cole et Hugo retournent alors dans leurs cachettes respectives.
Ne parlant à nouveau que de lui, Cole déclare qu’il est mené vers une pension de famille Avenue du Luxembourg, où il reste huit jours. Durant son séjour, il est nourri et obtient de meilleurs vêtements civils. Il est pris en photo et reçoit une carte d’identité belge. Version différente par rapport à celle de Hugo : Le 2 juillet, un homme venu de Bruxelles, connu sous le nom de "Captain", arrive pour le conduire en voiture à Bruxelles (selon Hugo, ce serait une dame âgée et il donne davantage de détails sur leur voyage vers Bruxelles).
Arrivés à Bruxelles, William Cole et les autres entrent ainsi dans le module des "faux hébergeurs" de Dezitter (le "Pensionnat" de l'Avenue Slegers 369 à Woluwé-Saint-Lambert). Le lendemain, un gros homme fumant le cigare les prend en photo (Jean-Marcel NOOTENS ?) ou bien c’est lui qui les conduit en ville pour aller les faire photographier ?...
On leur prend tous leurs papiers, leurs plaquettes d’identification de la RAF et leurs possessions personnelles, ne leur laissant que leur nécessaire de toilette. Ils indiquent qu’ils sont menés en ville chez un photographe où leurs photos sont prises. Le "Captain" leur remet ensuite des faux documents d’identité et un ticket de train, annonçant qu’ils seraient bien escortés et seraient rapidement de retour en Angleterre. Le 8 juillet 1943, le "Captain" les mène à une gare (la Gare du Midi à Bruxelles) et les fait monter avec une femme médecin belge et un homme, leur nouveau guide (vraisemblablement le VMann Charles Jenart), à bord d’un train à destination de Paris. Le convoi s’arrête à la frontière française et on procède à un contrôle de douane. Un officier Allemand passe dans leur corridor, s’adresse à leurs guides puis s’en va. Les évadés ne sont donc pas réellement contrôlés et le voyage se poursuit.
Arrivé à Paris vers 15h00, le groupe prend le métro jusqu’à l’extérieur de la ville et est momentanément scindé. William Cole précise qu’arrivés à la Gare du Nord à Paris, ils sont menés en métro jusqu’à un hôtel à la Place d’Italie. Il ajoute que le lendemain 9 juillet, les évadés sont pris en groupe, avec un(e) guide pour prendre le train de 8h25 pour Bordeaux. Sur le chemin de la gare, ils sont encerclés par des Gestapistes en civil et emmenés à la Prison de Fresnes. Font partie du lot, William Cole, Frank Hugo, Walter Mullaney, John M. Smith, Arthur Edgley et Sidney Maxted.
Comme les autres, William Cole passe par la Prison de Fresnes, qu’il quitte pour être envoyé au Dulag Luft d'Oberursel, près de Francfort, où il arrive le 21 août 1943. Il y reste jusqu’au 28 août, arrivant le 1er septembre au Stalag Luft IVB à Muhlberg comme prisonnier n° 222495. Le camp est libéré le 23 avril 1945 par des troupes russes et Cole rentre en Angleterre par avion le 12 mai 1945. Il est interviewé le 12 octobre 1945 par l’I.S.9 pour l’établissement de son rapport Lib qui sera daté du 2 novembre 1945.
A l’invitation de la municipalité de Hamont-Achel et sur l’initiative d’un groupe d’histoire locale, William Cole est venu sur place le 11 septembre 1999 et a pu, entre autres, visiter le Grevenbroek Museum. Lors de sa visite, William Cole a été fait citoyen d’honneur de Hamont-Achel. L’année suivante, le 17 juin 2000, une plaque à la mémoire de son pilote Meiklejohn et de son navigateur Redwood a été inaugurée à la petite chapelle du hameau De Witteberg (http://www.bombercrew.com/Belgium/Hamont2.htm).