Personne capturée durant son évasion

Dernière mise à jour le 10 septembre 2016.

Leslie Edward ELLINGHAM /1331718
7 Silsoe Road, Clophill, Bedford, Bedfordshire, Royaume-Uni.
Né le 4 juillet 1922 / † ?
Sgt, RAF Bomber Command 7 Squadron, radio.
Lieu d'atterrissage : au nord de Neerpelt, environs de Achel (Hamont).
Short Stirling Mk. I, EF366, MG-L, abattu la nuit du 21 au 22 juin 1943 par un chasseur du I./NJG5 (Hauptmann Siegfried Wandam) lors d'une mission sur Krefeld.
écrasé à 01h40 au hameau "Het Ven" à Achel, à 5 km à l'Ouest de Hamont (Limbourg belge).
Durée : 3½ semaines.
Arrêté à Paris, le 17 juillet 43, ligne "Jackson" (date reprise dans son rapport Lib).

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG/LIB 613 disponible.

Le Stirling décolle d’Oakington à 00h07 le 22 juin. L’un des bombardiers en pointe de la formation, il est chargé d’indiquer par des fusées-parachute aux autres appareils le point de virage au sud-est d’Eindhoven de manière à bien orienter toute la formation sur l’objectif à Krefeld. Peu après avoir déployé les fusées, l’appareil est attaqué par le chasseur de nuit qui avait aperçu son ombre au-dessus des fusées éclairantes. Le capitaine Wandam sera crédité de sa perte. Sérieusement atteint à environ 3300m d’altitude, l’appareil se met en vrille et devient incontrôlable. Le pilote Meiklejohn donne l’ordre de l’évacuer et reste à bord jusqu’à ce qu’il pense que tout son équipage a pu sauter. Juste avant qu’il ne s’écrase au centre d’Achel, il amorce une manœuvre pour redresser le nez du Stirling, qui ira s’écraser en dehors du village

Le pilote australien F/O Robert Bruce Meiklejohn (RAAF) et le navigateur néo-zélandais P/O Charles Henry Gerrard Redwood (RNZAF) ne pourront quitter l’appareil à temps et périront dans le crash. Initialement inhumés au cimetière de Brustem (Sint-Truiden), ils reposent tous deux au Heverlee War Cemetery près de Louvain/Leuven, Belgique. Le mitrailleur dorsal Sgt Jack K. Kilfoyle et le mitrailleur arrière F/S Edgar Andrew Brown (néo-zélandais) seront faits prisonniers. Kilfoyle, prisonnier n° 43262 au Stalag 357 ; Brown, prisonnier n° 298 au Stalags Luft 6 et 357.


De gauche à droite : F/O Charles Redwood, F/Sgt Frank Hugo, F/Sgt Leslie Ellingham,
F/O Robert Meiklejohn, F/Sgt Jack Kilfoyle et F/Sgt William Cole (le F/Sgt Edgard Brown ne figure pas sur la photo).
Source : http://www.bombercrew.com/Belgium/Hamont2.htm

Seuls Leslie Ellingham, William Cole et Frank Hugo parviendront un temps à s’évader, mais seront tous faits prisonniers également.

Nous reprenons en première partie ci-dessous ce qui figure au Rapport Lib 613 de Leslie Ellingham, qui est avare de précisions quant aux personnes, aux lieux et dates. Ellingham, dont c’est la 30ème mission, évacue le Stirling à environ 250 m d’altitude, perdant ses bottes en sautant. Il atterrit dans un marais, se blessant légèrement au genou. Il n’en soufre pas trop au début, mais cela lui créera des problèmes plus tard. Après avoir enfoncé son parachute et sa Mae West dans le marais, il s’éloigne rapidement de l’endroit du crash et marche toute la nuit. Il se cache dans un champ de blé près d’une ferme jusqu’à environ 13h00 le 22 juin. Il s’adresse alors aux fermiers, qui lui donnent à manger, ensuite de quoi, le père de famille, environ 53 ans, le mène à un grenier où se trouvent une de ses filles d’environ 18 ans et plusieurs jeunes garçons. Il poursuit en déclarant que dans l’après-midi un homme et sa femme sont venus lui apporter des vêtements civils et qu’à vélo ils l’ont mené à 10kms de là, en longeant un canal. Il est logé dans une ferme pour la nuit où habitait un homme d’environ 70 ans et une fille d’environ 25 ans. Le lendemain matin, son guide revient et ils roulent à vélo pendant 4 heures pour arriver dans la grande maison de son frère dans une petite ville (non identifiée non plus). Là, on le questionne pour savoir s’il est bien l’aviateur de la RAF qu’il dit être. Il est ensuite mené à une autre maison à environ 200m de là où il est hébergé pendant six jours. Le père de famille était "surveyor" (inspecteur, contrôleur) et le couple avait deux filles écolières.

Le "surveyor" l’accompagne à vélo pendant 2 heures jusqu’à un grand hôtel (ville inconnue) où il rencontre beaucoup de gens, dont certains parlent l’anglais. Quelques heures plus tard, on le conduit non loin de là dans l’atelier d’un artiste (environ 50 ans, nom inconnu) qui cache chez lui un couple franco-hollandais et chez qui il loge pendant 5 ou 6 jours… Il indique qu’ensuite, un Belge parlant l’anglais qu’il avait rencontré à l’hôtel l’a mené à mi-chemin jusqu’à Hasselt, logeant dans une ferme en cours de route. Là, son guide lui demande de signer un papier attestant qu’il l’avait aidé. Le lendemain matin, ils se remettent en route vers Hasselt, un autre guide se chargeant de le mener à la ville. Son nouveau guide, un chimiste (COLARIS) le guide vers son magasin. Un jeune homme vient l’y chercher le même jour pour le conduire chez sa mère chez qui il passe la nuit. Se trouvent là un prêtre catholique et quelques boyscouts. Il est ramené chez le chimiste le lendemain et il reçoit des pièces d’identification. Le lendemain, un homme d’environ 50 ans vient le chercher pour le conduire à Hasselt dans une grande maison à la périphérie où il reste 5 jours.

L’Appendix A de son rapport mentionne "Mr et Mme ELERS" qui lui ont servi de guides à 2 occasions et lui ont procuré des vêtements civils - 22-23 juin 43 ; la date suivante est le 28 juin, liée à la mention d’un chimiste non identifié, mais qui est Henri COLARIS (voir ci-dessous). Suit ensuite la mention pour la période du 28 juin-2(?) juillet, le nom de M. "LEYNER ( ?) Big Game Hunter, Hasselt" (garde-chasse…) qui l’a hébergé pendant 5 jours. Il y mentionne également que la servante de cet homme connaissait l’anglais et servit d’interprète durant ce séjour. Cette dame, identifiée dans son rapport comme étant Mme METTEN-DIRIX, Berkenlaan, Winterslag, lui apprendra par la suite que son patron avait été arrêté et déporté à Gross Rosen. Il se confirme que cet hébergeur au 121 Luiksesteenweg à Hasselt, était Leon LEYNEN, effectivement disparu à Gross Rosen en 1944-1945 (décoré à titre posthume de la US Medal of Freedom). Ellingham fait ensuite mention de M. Florent BIERNAUX + son adresse à Hasselt, chez qui il a logé une nuit et dont il a reçu une lettre (date ?, mais post-mai 1945) dans laquelle BIERNAUX signale qu’il avait été arrêté, que son épouse, déportée en Allemagne, en était revenue en piteux état et que son fils était toujours manquant… Suit alors, avec les dates 2-7 ( ?) juillet 43, la mention d’un "Francis", à Liège, membre de la Résistance et ami du garçon de café qui avait logé Ellingham, ainsi que Rees et Redman, autres aviateurs de la RAF (voir ci-dessous). L’Appendix ne cite plus alors que "The Captain", Brussels et mentionne une lettre reçue des MACHIELS (voir ci-dessous).

Son rapport Lib ne le mentionne pas, mais Leslie Ellingham est d'abord logé par Thérésia VERHOEVEN et Henri CLAESSEN (CLAESSENS ?) de Neerpelt pendant deux jours, ensuite par la famille du Juge de Paix Maurice ELENS, également de Neerpelt (repris dans son rapport comme "ELERS"). Laurette ELENS le remet à Maria "Gertrude" MOORS de Dilsen, qui l'évacue à Hasselt par Lanklaar (il y serait resté "7 jours") et Henri MACHIELS du 9 Statiestraat à Diepenbeek.

Le rapport Lib mentionne qu’Ellingham avait reçu une lettre (après son retour de captivité) des Frères MACHIELS de Diepenbeek, mais il déclare ne pas avoir de souvenir à ce sujet. C’est à notre avis Henri MACHIELS qui a conduit Ellingham à Hasselt. Ellingham mentionne dans son rapport pour la date du 28 juin, son passage chez un droguiste à Hasselt (Henri COLARIS, 11 Diesterstraat), qui le prend en photo et s’occupe de ses faux papiers. Vers le 1er/2 juillet 1943, Ellingham est remis par Lucien COLLIN (de l'A.S., groupe Hoornaert-Dirickx et de la section de Lambert SPANOGHE), habitant Rue du Demer 41 Demerstraat à Hasselt, à Florent BIERNAUX et son épouse Olympe DOBY au 16 Thonissenlaan à Hasselt, qui l'hébergent, lui procurent des vêtements civils et de faux papiers. Le Dr Georges BLANQUET, du 8 Martelarenlaan, à quelques centaines de mètres de là, le soigne d'une dépression nerveuse. Ellingham est hébergé chez les BIERNAUX en même temps que Cecil Rees. Le rapport d’Ellingham indique qu’il ne reste qu’une nuit chez les BIERNAUX.

Jean COLEMONT, habitant au 80 Rue Neuvice à Montegnée, est un agent de Zéro recruté par Théo LODEWIC. [ Le seul Jean COLEMONT repris à la liste des Helpers belges est mentionné comme habitant Hasselt, sans autres détails.] De Hasselt, Henri COLARIS, Victor COPPENS (25 Kolonel Dusartplein, Hasselt) et Florent BIERNAUX sollicitent son aide. COLEMONT connaît Thérèse RAISON, dont le mari Marcel Grandjean fut capturé avec Arnold DEPPÉ lors du premier voyage de Comète en août 1941. COLEMONT passe ainsi à Louis COLLETTE à Liège les aviateurs Cecil Rees, John Smith, Walter Mullaney et Leslie Ellingham. COLEMONT se voit d'abord confier John Smith et Walter Mullaney amenés à la gare de Liège par Olympe Doby, qui y arrive par après pour lui remettre Cecil Rees et Leslie Ellingham, tous ayant manifestement été pris en charge à Hasselt par le groupe de Lucien COLLIN.

Ellingham est réceptionné en juillet par le groupe M de Lucien THEELEN (46 Rue Hors-Château, Liège). Trois jours plus tard, Ellingham et Rees rencontrent le Sgt Redman chez un garçon de café, Louis COLLETTE, au 31 Rue de la Province à Liège. Redman était bombardier à bord du Halifax HR734 tombé à Loncin, près de Liège le 4 juillet. Ellingham précise dans son rapport qu’ils sont restés pendant 5 jours chez COLLETTE. Ellingham entre alors inconsciemment dans le module des "faux hébergeurs" du traître Prosper Dezitter ("The Captain") à partir de Bruxelles. Thérèse RAISON emporte de ce groupe les aviateurs Rees, Ellingham, Redman et Conklin (Norman F. Conklin, navigateur à bord du Lancaster W4320 tombé à Alken le 24 juin 1943) à une date mal précisée (vers le 15 juillet).

Ellingham rapporte qu’ils sont conduits vers Bruxelles dans deux autos marquées "Ambassade de Suisse" et sont déposés dans une grande maison où se trouvent beaucoup d’autres aviateurs. Tombés dans le piège de Dezitter, ils sont ainsi logés au "pensionnat" du 369 de l'Avenue J. A. Slegers à Woluwé-Saint-Lambert et sont soumis au simulacre d'une évasion par Paris. La plupart des autres aviateurs s’en vont le lendemain et Ellingham et 4 autres y restent pour être interrogés par le "Captain" et sa secrétaire. On leur prend tous leurs papiers, leurs plaquettes d’identification de la RAF et leurs possessions personnelles, ne leur laissant que leur nécessaire de toilette. Deux jours plus tard, selon Ellingham, on les emmène de manière très ostensible pour les faire prendre en photo, en vue de l’établissement de faux papiers. On ne leur remet finalement qu’une seule photo et pas de papiers. 4 ou 5 jours plus tard, le "Captain" les mène à une gare (la Gare du Midi à Bruxelles) et les fait monter avec un(e) nouveau (nouvelle ?) guide à bord d’un train à destination de Paris. Le rapport d’Ellingham se termine par la mention de ce qu’arrivés à Paris, ils sont amenés à un hôtel et de là le lendemain à la Gestapo…

On renseigne Ellingham comme arrêté à Paris le 17 juillet 1943 (peut-être plutôt le 18 avec d'autres évadés arrêtés à cette date, mais Ellingham reprend bien le 17 dans son rapport), et Ellingham est interné à la Prison de Fresnes avant d'être envoyé au Dulag Luft d'Oberursel le 21 août, y arrivant le 22. Il part ensuite au Stalag Luft IVB comme prisonnier n° 222508 et il y reste de septembre 1943 à la libération du camp en avril 1945. Il est interviewé le 15 août 1945 pour l’établissement de son rapport, qui sera publié le 12 octobre 1945.

A l’invitation de la municipalité de Hamont-Achel et sur l’initiative d’un groupe d’histoire locale, Leslie Ellingham est venu sur place du 22 au 24 juin 2001 et a visité là, entre autres, le Grevenbroek Museum, où on lui a montré le poste de radio qui avait été retrouvé et qu’il manipulait à bord du Stirling tombé non loin de là. Il a pu se recueillir à la petite chapelle du hameau De Witteberg où une plaque à la mémoire de son pilote Meiklejohn et de son navigateur Redwood avait été inaugurée le 17 juin 2000. Il a également pu rencontrer certains de ses Helpers locaux et notamment Thérésia VERHOEVEN, Henri CLAESSEN et des membres de la famille du juge ELERS. Lors de sa visite, Leslie Ellingham a été fait citoyen d’honneur de Hamont-Achel.

Voir le site du musée local à http://www.grevenbroekmuseum.be/index.php?option=com_content&view=article&id=80&Itemid=303&lang=nl


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters