Dernière mise à jour le 10 septembre 2016.
Frank HUGO ("Duke") /1339839
35 Packington Street, Stoke, Plymouth, Angleterre
Né le 4 septembre 1923 / † ?
F/Sgt, RAF Bomber Command 7 Squadron, bombardier.
Lieu d'atterrissage : 1 ou 2 km à l'Est de Neerpelt, environs de Achel (Hamont).
Short Stirling Mk. I, EF366, MG-L, abattu la nuit du 21 au 22 juin 1943 par un chasseur du I./NJG5 (Hauptmann Siegfried Wandam) lors d'une mission sur Krefeld.
Ecrasé à 01h40 au hameau "Het Ven" à Achel, à 5 km à l'Ouest de Hamont (Limbourg belge).
Durée : 2½ semaines.
Arrêté à Paris le 9 juillet 43, ligne Jackson (son rapport Lib mentionne "August 43"…).
Rapport d'évasion SPG/LIB 3338/776 disponible.
Le Stirling décolle d’Oakington à 00h07 le 22 juin. L’un des bombardiers en pointe de la formation, il est chargé d’indiquer par des fusées-parachute aux autres appareils le point de virage au sud-est d’Eindhoven de manière à bien orienter toute la formation sur l’objectif à Krefeld. Peu après avoir déployé les fusées, l’appareil est attaqué par le chasseur de nuit qui avait aperçu son ombre au-dessus des fusées éclairantes. Le capitaine Wandam sera crédité de sa perte. Sérieusement atteint à environ 3300m d’altitude, l’appareil se met en vrille et devient incontrôlable. Le pilote Meiklejohn donne l’ordre de l’évacuer et reste à bord jusqu’à ce qu’il pense que tout son équipage a pu sauter. Juste avant qu’il ne s’écrase au centre d’Achel, il amorce une manœuvre pour redresser le nez du Stirling, qui ira s’écraser en dehors du village.
Le pilote australien F/O Robert Bruce Meiklejohn (RAAF) et le navigateur néo-zélandais P/O Charles Henry Gerrard Redwood (RNZAF) ne pourront quitter l’appareil à temps et périront dans le crash. Initialement inhumés au cimetière de Brustem (Sint-Truiden), ils reposent tous deux au Heverlee War Cemetery près de Louvain/Leuven, Belgique. Le mitrailleur dorsal Sgt Jack K. Kilfoyle et le mitrailleur arrière F/S Edgar Andrew Brown (néo-zélandais) seront faits prisonniers. Kilfoyle, prisonnier n° 43262 au Stalag 357 ; Brown, prisonnier n° 298 au Stalags Luft 6 et 357.
Seuls Frank Hugo, Leslie Ellingham et William Cole parviendront un temps à s’évader, mais seront tous faits prisonniers également.
Le texte qui suit est une synthèse des éléments provenant principalement des Rapports Lib 1177 de William Cole et Lib 776 de Frank Hugo, complétés par des détails trouvés notamment dans les archives Comète. Bien qu’ils aient suivi un parcours pratiquement similaire, le rapport de Cole (rédigé à la première personne) diffère sur certains détails de celui de Hugo (parlant plutôt de "we" que de lui seul).
Frank Hugo saute juste avant le bombardier William Cole et atterrit dans un champ de blé près de Neerpelt. Il enterre son parachute et quitte rapidement les lieux, marchant le long de haies. Il entend des voix et aperçoit son coéquipier Cole, qui parle avec deux paysans belges. Il les rejoint et les hommes leur conseillent de rester cachés jusqu'à ce qu'ils reviennent les voir dans la soirée. Ils reviennent en effet le soir venu, leur apportant de la nourriture ainsi que l'offre de les sortir de ce coin où ils savaient que les Allemands les chercheraient.
L’un des paysans les mène dans sa maison toute proche et les autorise à rentrer chez lui pour y brûler des papiers. Cole déclare qu’il était seul pour brûler ces documents de bord et que ce n’est qu’en quittant la ferme qu’il a rencontré Hugo. Hugo, lui, déclare qu’ils avaient rencontré ensemble les fermiers et qu’ils se trouvaient à deux chez l’un d’eux pour éliminer les documents… Ils ne restent là que peu de temps, car comme il y a beaucoup d’enfants à la ferme, le danger est trop grand et les fermiers ne peuvent les héberger pour la nuit.
Selon l’Appendix A du rapport Lib de Hugo, ils (Cole et lui) sont hébergés en premier le 21 juin (inexact, car le crash a eu lieu après minuit, donc c’est le 22, confirmé par le rapport de Cole) par l’homme qu’ils ont rencontré près du canal (rivière), Mathieu SPELTERS, Haspershoven 95, Overpelt. Les deux hommes vus le matin du 22 sont donc Mathieu et Gerard SPELTERS, l’un des deux l’époux d’une Maria. Le 23 juin 43, Cole mentionne habillement, nourriture et logement par "Francis PETERS, 85 Anselmo Street, Antwerp" (Hugo écrit PEETERS à la même adresse et précise qu’il leur a servi de guide du 22 au 31 - sic, en fait le 30 - juin 43 vers les différentes fermes avant leur départ de Liège et leur ayant procuré également quelques vêtements…). Il y a bien un Frans PEETERS au 85 Anselmostraat à Anvers repris à la liste des Helpers belges, avec mention d’une compensation financière pour emprisonnement, sans autres détails… La 3ème mention chez Hugo, et à partir du même 23 juin, indique nourriture, logement et quelques vêtements pendant 8 jours chez Mr et Mme ROMAINVILLE, tenant un magasin au 32 Rue de Visé à Liège. Dans la 4ème et dernière mention, il cite pour le 22 juin une "MARGARET", qui a accompagné Cole et lui depuis les environs de Neerpelt jusqu’à la gare de Neerpelt avec PEETERS. Il mentionne ailleurs dans son rapport que cet homme (PEETERS, donc) les mène vers l’endroit où il loge à Liège et où habitent trois servantes très âgées (les "quatre sœurs" dont parle Cole ?). Cependant, dans le récit bien ultérieur que nous a transmis notre ami John Clinch, Frank Hugo indique qu’il a été hébergé chez les sœurs "Deschance, Josephine, Hermine, Maria et …? à l’Avenue du Luxembourg à Liège"… Il ne fait aucune mention des ROMAINVILLE dans ledit récit. Nous avons pu retrouver mention d’une Melle Joséphine DECHANXHE, "Avenue de Leix, Liège" dans la Liste des Helpers belges et dont Hugo dit dans son récit que Joséphine est l’aînée des quatre sœurs en question, l’adresse devant bien être Avenue du Luxembourg car il n’y a aucune Avenue de Leix à Liège. Mais mystère ici, car c’est Cole qui aurait logé chez elles… Voici les extraits des pages "Appendix A" de leurs Rapports Lib respectifs :
COLE :
HUGO :
Cette anomalie n’est pas la seule que l’on peut retrouver dans les documents disponibles. En effet, on trouve ailleurs une mention selon laquelle : "Après avoir séjourné pendant dix jours chez la famille SPELTERS à Haspershoven 95-Overpelt, Cole et Hugo quittèrent Neerpelt pour Hasselt, d'où ils partirent ensuite pour Liège, vers le 28 juin." Leur séjour chez les SPELTERS se limite en fait à une nuit et leur départ pour Liège se fait le 23 juin, lendemain du crash. Le Groupe M de Lucien THEELEN intervient dans la démarche, et on cite "M. DEBADRIHAYE, Rue Juliette Hassel (?)" à Liège comme l’homme qui amène Cole et Hugo chez le garçon de café Louis COLLETTE au 31 Rue de la Province à Liège. [La liste des Helpers belges ne reprend que Herman et Laurent DEBADRIHANE au 30 Rue Chera - en fait Rue du Chéra - à Liège…]
Quoiqu’il en soit, dans la suite de son rapport, Hugo déclare en septembre 1945 que leur guide (PEETERS ?) passe "là" avec Cole deux ou trois jours plus tard pour les mener chez un photographe. On les prend en photos. Elles sont développées après 3 heures et Hugo indique que les faux papiers qu’ils ont reçu par la suite ont été confectionnés dans un petit café, le "Wallonia" (?), "au coin du Pont Neuf". Nous comprenons que Cole et Hugo retournent alors dans leurs cachettes respectives…
Poursuivons le rapport de Hugo : Le weekend suivant (ce doit donc être celui du samedi 26 et dimanche 27 juin) on lui dit qu’il ne serait pas prudent qu’il reste (nous comprenons, chez les ROMAINVILLE) et on le mène à un autre petit magasin de l’autre côté de Liège où il loge 2 nuits. Il retourne ensuite au premier magasin (chez les ROMAINVILLE) où il reste encore deux jours (ce déplacement provisoire explique la mention "excepté intervalle" dans la colonne Remarques de son Appendix A). Hugo mentionne la visite "là" d’un homme jeune, environ 22 ans, paraissant être le chef d’une organisation, dont Hugo pense que les activités ne sont pas l’aide à l’évasion mais plutôt des braquages de bureaux de poste, le vol de cartes de rationnement, etc. L’homme lui déclare qu’il va essayer de lui trouver une filière. Le lendemain (le 2 juillet selon Cole), une dame âgée arrive et ils (Hugo utilise le pluriel et cela veut donc dire Cole et lui) sont menés à une auto conduite par une jeune femme de type sud-américain (Florentine Giralt) qui parle parfaitement l’anglais et se dit la secrétaire du "Captain" (Prosper Dezitter), s'arrêtant en route à de nombreux endroits sûrs. Outre Hugo et Cole se trouvent aussi à bord Walter Mullaney et John M. Smith. Hugo parle de deux autos qui se joignent à la leur, et ajoute que leur conductrice passe dans l’une d’elles et est remplacée dans la leur par un homme d’âge mûr, à l’aspect distingué et parlant très bien l’anglais.
Arrivés à Bruxelles, Frank Hugo et les autres entrent ainsi dans le module des "faux hébergeurs" de Dezitter (le "Pensionnat" de l'Avenue Slegers 369 à Woluwé-Saint-Lambert). Le lendemain, un gros homme fumant le cigare les prend en photo (Jean-Marcel NOOTENS ?) ou bien c’est lui qui les conduit en ville pour aller les faire photographier ?...
On leur prend tous leurs papiers (Frank Hugo avait une fausse pièce d’identité belge où il était repris comme Jean-Henri Pierre Yamotte, boulanger à Liège), leurs plaquettes d’identification de la RAF et leurs possessions personnelles, ne leur laissant que leur nécessaire de toilette. Ils indiquent qu’ils sont menés en ville chez un photographe où leurs photos sont prises. Le "Captain" leur remet ensuite des faux documents d’identité et un ticket de train, annonçant qu’ils seraient bien escortés et seraient rapidement de retour en Angleterre. Le 8 juillet 1943, selon Hugo, le "Captain" les mène à une gare (la Gare du Midi à Bruxelles) et les fait monter avec une femme médecin belge et un homme, leur nouveau guide (vraisemblablement le VMann Charles Jenart), à bord d’un train à destination de Paris. Le convoi s’arrête à la frontière française et on procède à un contrôle de douane. Un officier Allemand passe dans leur corridor, s’adresse à leurs guides puis s’en va. Les évadés ne sont donc pas réellement contrôlés et le voyage se poursuit.
Arrivé à Paris vers 15h00, le groupe prend le métro jusqu’à l’extérieur de la ville et est momentanément scindé. William Cole précise qu’arrivés à la Gare du Nord à Paris, ils sont menés en métro jusqu’à un hôtel à la Place d’Italie. Il ajoute que le lendemain 9 juillet, les évadés sont pris en groupe, avec un(e) guide pour prendre le train de 8h25 pour Bordeaux. Sur le chemin de la gare, ils sont encerclés par des Gestapistes en civil et emmenés à la Prison de Fresnes. Font partie du lot, Frank Hugo, William Cole, Walter Mullaney, John Smith, Arthur Edgley et Sidney Maxted.
Comme les autres, Frank Hugo passe par la Prison de Fresnes, qu’il quitte pour être envoyé au Dulag Luft d'Oberursel, près de Francfort, où il arrive le 21 août 1943. A la fin du mois, il est transféré au Stalag IVB comme prisonnier n° 222518. Les gardiens confondaient toujours ses noms et prénoms. Le camp est libéré le 23 avril 1945 par des troupes russes et Hugo est rapatrié en Angleterre. Il est interrogé par l’I.S.9 le 6 septembre 1945 pour l’établissement de son Rapport Lib, qui sera daté du 18 décembre 1945.
Une plaque à la mémoire de son pilote Meiklejohn et de son navigateur Redwood a été inaugurée le 17 juin 2000 à la petite chapelle du hameau De Witteberg à Hamont-Achel. http://www.bombercrew.com/Belgium/Hamont2.htm