Dernière mise à jour le 24 juin 2022.
Robert Wood BURROWS / 36732722
271 Linden Avenue, Winnetka, Illinois, USA
Né le à 22 novembre 1923 à Evanston, Illinois / † le 28 octobre 1983 dans l’Illinois
Sgt, USAAF 381 Bomber Group 532 Bomber Squadron, opérateur radio
atterri entre De Schoolt et Laren, à une quinzaine de km au sud-est du lieu du crash, à l’est de Deventer (Overijssel) Pays-Bas.
Boeing B-17G-25-DL Flying Fortress, n° série 42-38029, VE-M, abattu par un chasseur Me109 lors d'une mission sur Erkner, près de Berlin, le 8 mars 1944.
Écrasé vers 16h00 à hauteur du 11 Bathmenseweg à Oude Molen (Lettele), à 1 km de la route allant de Deventer à Holten, (Overijssel) Pays-Bas.
Durée : 2 ½ mois.
Arrêté le 27 mai 1944, à Liège
Rapport de perte d'équipage MACR 3002. Rapport RAMP établi en mai 1945.
Le B-17, dont c’est la première mission, décolle de Ridgewell et est touché par la Flak en approchant de Berlin. Le réservoir de carburant n° 1 est en feu et l’appareil est signalé comme aperçu avec ses soutes à bombes ouvertes et avec le moteur n° 3 en drapeau. Le mitrailleur ventral confirme, ajoutant que le moteur n° 4 n’avait plus de pression et que le B-17 a perdu le contact avec le reste de la formation. Le MACR le renseigne comme vu pour la dernière fois au sud de Berlin, faisant demi-tour pour retourner à sa base. Selon le Sgt Kinney, mitrailleur ventral, l’appareil est alors attaqué par 3 chasseurs allemands, l'un des deux étant abattu par un mitrailleur à bord du B-17, l'un des 2 autres lui ayant donné le coup de grâce.
La Forteresse perdant trop d’altitude, le pilote, 2nd Lt Thomas A. Pirtle, donne l’ordre de l’évacuer à l’approche de Deventer aux Pays-Bas. Le pilote Pirtle se casse la jambe en atterrissant dans un champ et sera immédiatement fait prisonnier. Son co-pilote 2nd Lt Paul H. Schlintz, parviendra à s’évader, aidé par des Résistants hollandais et belges, mais sera dénoncé et arrêté le 16 juin à Anvers, y sera interné à la Prison de la Begijnenstraat avant d’être envoyé en camp en Allemagne. Le bombardier 2nd Lt Harry F. Cooper et le mitrailleur ventral Sgt William C. Kinney, ayant atterri près de Laren, à une 15ne de km au sud-est du lieu du crash, seront les seuls à réussir leur évasion. Cooper sera libéré en début septembre à Liège et rentrera en Angleterre le 15 septembre 1944 (Rapport d’évasion E&E 2110). Kinney, passé lui aussi en Belgique, y restera caché dans la région de Neeroeteren en Limbourg belge et sera libéré le 22 septembre par des troupes de la 4th Canadian Armoured Brigade (rentré en Angleterre le 24 septembre 1944 - E&E 2272).
Tous sautent d’une altitude de moins de 300 mètres. Outre Robert Burrows, qui se foule la cheville en atterrissant, James Warren, William Bull, George Cassody, James Estep et Milton Stern parviendront initialement à s’évader avant d’être arrêtés.
Dans son rapport RAMP, Robert W. Burrows indique seulement qu’il a reçu des vêtements civils et des instructions dans une ferme près de Holten "en Hollande" (en fait, dans la Province d’OverIjssel) ; qu’il a été aidé par "inconnu" à Hasselt, qui lui a procuré logement et nourriture en mars 1944 (il s’agit en fait de Florent BIERNAUX et son épouse Olympe DOBY, au 16 Thonissenlaan à Hasselt).
Selon le navigateur Stern, vers le 16 mars, dans la ferme où il se cachait, un guide, Jules, arrive avec cinq de ses co-équipiers : Burrows, Bull, Cassody, Estep et Warren. On informe les aviateurs que l'on projette de les évacuer, par deux à la fois, par un petit avion. Il est décidé que Stern et Burrows, qui s'était foulé la cheville en atterrissant, partiraient les premiers, de façon à soigner rapidement Burrows. On conduit le groupe cette nuit-là vers un manoir qui appartenait à un noble français, aviateur durant la guerre 14-18. [Il s’agit de "La Clairière" à Rekem-Lanaken, propriété à l’époque de Stéphane de Bissy et Germaine Moreau de Bellaing ] Ils dorment dans un petit bois à l'arrière dans un abri aménagé sous terre et dissimulé par des branchages. Ils y rencontrent deux yougoslaves qui s'étaient eux aussi échappé d'un camp : Stretsko Pajantitch, officier pilote et Voja Jovanovitch, bombardier/mécanicien.
Le lendemain, samedi 18 mars, "ils"(nous supposons qu’il s’agit seulement de Stern et Burrows, les rapports et récits reprenant souvent "we" sans autres précisions…) sont conduits à Hasselt en tramway par la fille du propriétaire du manoir, Monique de BISSY, 21 ans, qui les mène au 17 Thonissenlaan chez Florent BIERNAUX et son épouse Olympe, née DOBY. C'est là qu'ils peuvent prendre leur premier bain chaud. On leur sert un vrai repas et on leur donne des cartes d'identité belges.
Toujours selon Stern, le lundi 20 mars à 5h00 du matin, "ils" (Stern et Burrows seuls) sont conduits à la gare par une guide (Mme BIERNAUX), qui les accompagne jusqu'à Liège où un homme et une femme doivent les accueillir. Ce couple n'étant pas au rendez-vous, Mme BIERNAUX donne quelques coups de téléphone avant de mener le groupe dans un café. Le couple arrive finalement une heure plus tard et Mme BIERNAUX prend congé d'eux. Le groupe, conduit par leurs nouveaux guides, marche pendant deux heures dans les rues de Liège, tentant d'éviter les patrouilles allemandes. Ils doivent même se cacher pendant 45 minutes dans une église pour échapper à des soldats qui apparemment les suivent. Ils arrivent finalement à une grande maison, qui se révèle être le quartier général de la résistance locale. C'est là qu'ils sont séparés des deux Yougoslaves qu'ils ne reverront jamais par la suite. On leur présente "Joseph", le chef du réseau et Stern et Burrows sont conduits dans une autre maison où ils prennent le souper. Ce "Joseph", Stern ne le précise pas, est en fait Joseph DRION de Liège, chef du "Groupe DRION" qui organise le logement et les déplacements d’aviateurs évadés dans la région liégeoise. Plus tard dans la soirée, la fille de la maison, Flora, conduit Stern et Burrows vers une autre maison située à l'autre bout de la ville. Ils sont les hôtes d'un couple âgé qui les héberge pendant "environ deux semaines".
Un soir, Flora vint leur annoncer qu'ils pourraient être évacués vers la Suisse dans les jours suivants. Elle les emmène entre-temps vers Grâce-Berleur, où ils sont hébergés par deux dames, âgées toutes deux de 75 ans, l'une veuve, l'autre célibataire, qui les soignent "aux petits oignons". Le projet de les faire rejoindre la Suisse tombe à l'eau, l'un des deux guides prévus étant fatigué de son expédition précédente, l'autre étant malade.
Le rapport d’activités du Groupement de Joseph DRION, de Liège, mentionne par ailleurs que Stern et Burrows ont été remis par Melle Monique de BISSY à Léon CHRISTIAENS, 58 Rue du Hoyoux à Herstal-Liège. Selon un récit de Stern, ils logent ensuite chez une autre famille de Grâce-Berleur. Stern croit se souvenir que le père fabriquait et vendait de la crème glacée et qu'il avait deux filles, Jeanine, environ 15 ans et Victorine, 19 ans. Le rapport RAMP de Milton Stern mentionne que ce dernier a été hébergé pendant 3 semaines en avril 1944 chez des VAN LESSEN à Grâce-Berleur [La liste des Helpers belges reprend Georges VAN LESSEN et Marie MATRICHE au 13 Rue de l’Hôtel Communal, qui se trouve en fait sur le territoire de Grâce-Hollogne, tout près de Grâce-Berleur.] Burrows n’y serait resté que "2 ou 3 semaines"…
Selon Stern, le 20 avril, on conduit Stern et Burrows à nouveau dans Liège même où ils restent dans un grand bâtiment abandonné, qui leur paraît avoir été une auberge ou un hôtel : il y avait 25 à 30 chambres, sur trois ou quatre étages. La concierge, "petite et charmante", leur sert de bons repas, qu'ils prennent en compagnie d'un lieutenant de l'Armée belge, habitant Namur, qui se cache également des allemands. Un jour, lors d'une rafle, les trois évadés doivent se cacher dans un grenier d'où ils entendent la petite dame blaguer avec les soldats allemands de manière à détourner leur attention. Durant leur séjour, Liège eut à subir son premier bombardement (le 1er mai), la cible étant les installations ferroviaires. Ayant vu l'approche des B-24 du haut de leur chambre au dernier étage, ils dévalent les escaliers pour aller se réfugier dans la cave. Plusieurs autres bombardements sur la ville durant ce mois de mai retardent la poursuite de leur voyage et Stern, n'y tenant plus, demande à rencontrer "Joseph" (DRION) à son quartier général. C'est là que Stern et Burrows revoient leurs autres co-équipiers ainsi que deux autres aviateurs américains : le 2nd Lt George G. Wedd Jr et le Sgt Floyd A. Franchini, respectivement co-pilote et mitrailleur à bord du B-17 42-39801 594th Bomb Group/332nd Bomb Squadron, abattu le 4 mars 1944. Ils seront eux aussi arrêtés à Liège le 27 mai 1944.
Il est décidé que Wedd, Franchini, Burrows et Stern partiraient en train pour la Suisse tôt le lendemain matin. Malheureusement, un nouveau bombardement dans la soirée et la destruction de voies de chemin de fer et de ponts rend ce voyage impossible. Un débarquement sur les côtes de la Manche paraissant imminent, ils se résignent et prennent le parti d'attendre leur libération. Dans son rapport RAMP, Stern mentionne qu’au cours d’avril et mai 1944, c’est " M. MONNICE", de Liège, qui lui sert de guide dans ses déplacements de cachette en cachette. [La liste des Helpers belges reprend Maurice MONISSE au 24 Rue des Airs à Liège.]
Le 11 mai, un homme, Joseph "Gophard" (le rapport RAMP de Milton Stern mentionne Joseph Goffard, de Liège), mène Stern et Burrows vers une autre cachette, chez M. et Mme Jean et Virginie TITS et leurs deux enfants, Dorine, 16 ans et Joseph, 17 ou 18 ans. Leur maison, au 38 Rue des Anglais, entourée d'un établissement psychiatrique, d'un hôpital et d'un long mur, était située sur la même colline que la Citadelle de Liège. A l'abri des regards, Stern et Burrows peuvent profiter du grand jardin avec les enfants.
Vers le 20 mai, les deux aviateurs sont prévenus de l'arrivée d'une patrouille allemande fouillant les maisons du quartier. Frans CAUBERGH, qui travaillait à l'asile voisin, les amène sur son lieu de travail en leur enjoignant de jouer les fous comme les autres pensionnaires. Ils font très bien les dingues car la patrouille ne remarque rien et quitte l'établissement après sa fouille. Le matin du samedi 27 mai 1944, Stern est réveillé chez les TITS par du bruit à l'étage au-dessous et entend des pas courant dans la cage d'escalier. Des soldats allemands font irruption dans sa chambre et il est arrêté. Sous des cris de " Juif ! Juif ! Juif ! ", il est frappé à la tête et au visage et s'écroule. Après, on lui permet de s'habiller et il est poussé dans les escaliers pour retrouver Burrows au rez-de-chaussée où il est enchaîné avec lui à un radiateur. La Gestapo arrête également Mme TITS et ses deux enfants, Jean TITS, son mari, étant parvenu à s'échapper en sautant un mur. (Stern passera le voir à Liège en mai 1945 après sa libération).
Dans son propre rapport, Burrows mentionne être resté 2 ou 3 semaines chez Mr et Mme Jean TITS au 38 Rue "d’Anglais" (Rue des Anglais, près de la gare de Liège-Palais) et avoir été arrêté là le 27 mai 1944, suite à une dénonciation par une personne dont il a oublié le nom [ce doit être Antoine EVERTS, de Montegnée-lez-Liège, traître belge et agent de la G.F.P - Geheime Feld Polizei] et qui avait amené la Gestapo à cette adresse. Le rapport RAMP de Milton Stern, lui, indique que c’est Joseph Goffard, cité plus haut, qui est arrivé chez les TITS avec la Gestapo 2 semaines après son arrivée chez eux ; que ce Goffard était très bien traité dans la Prison de Liège où il se trouvait avec lui et que cet homme recevait des rations supplémentaires de nourriture et n’était pas battu comme d’autres dans les membres du Groupe DRION également internés là. Stern indique que Joseph DRION, chef de l’organisation, a été arrêté en même temps que lui. Ceci ne veut pas dire au même endroit. Le rapport d’activités du Groupe DRION mentionne l’arrestation le même jour de Jean et Virginie TITS.
Conduits en camion vers un quartier général de la Gestapo à Liège, Burrows et Stern y rencontrent d'autres aviateurs : Bull, Cassody, Estep et Warren de leur équipage, ainsi que Wedd et Franchini cités plus haut. Se trouvent également là deux aviateurs américains qu'ils n'avaient pas encore rencontrés : le Captain Gerald D. Binks (Command Pilot du B-17 42-30280 abattu le 21 février 1944) et le Lt Everett G. Ehrman (pilote du B-24 42-52175 abattu le 8 mars 1944). Dénoncés par un agent double, "Joseph" (Joseph DRION) et une cinquantaine d'hommes et de femmes de son réseau se trouvent là également. Le traître avait déclaré aux allemands que Stern était juif et il ne fut pas épargné par ses tortionnaires : contrairement à ses codétenus, Stern n'est pas autorisé à s'asseoir sur un banc, mais est enchaîné pendant douze heures à un radiateur dans la salle d'attente du bâtiment, frappé de temps en temps sur la tête et les épaules et devant subir des agressions verbales liées à son statut de "juif".
On conduit les aviateurs à la prison Saint Léonard, où Bull, Cassody, Estep, Wedd et Stern se retrouvent dans la même cellule. Le mardi 30 mai, on les sépare et chacun d'eux est placé dans une cellule avec 3 ou 4 patriotes belges. Confinés dans cet espace réduit, dormant à même le sol, généralement mal nourris, sauf une fois par semaine lorsqu'arrive le repas préparé par le "Secours d'Hiver". Les Allemands ne supportant plus les invectives de l'un des détenus de la cellule, le résistant Roger VAN EVERCOREN, plus ou moins 25 ans, ils l'emmènent un jour pour interrogatoire. Lorsqu'ils le ramènent, il est inconscient après avoir été fouetté et matraqué et ne peut bouger ou parler pendant deux jours.
Vers 03h00 au matin le 6 juin, on les transfère, Stern et neuf autres américains, dont Burrows, ainsi que 200 à 300 belges, en camion de la prison Saint Léonard vers la Citadelle de Liège, l'endroit où les allemands exécutaient généralement les résistants. Heureusement, ils ne sont pas fusillés, mais simplement séparés les uns des autres. Stern, lui, est mis en cellule d'isolement dans les caves où il reste pendant 30 jours, vivant uniquement de pain et d'eau, dormant sur le sol de pierre de sa cellule, questionné à plusieurs reprises aux fins de savoir comment et par qui il avait été amené de Holten vers Liège.
Le 15 juillet 1944, quatorze patriotes belges, parmi lesquels un prêtre, le Père André, sont fusillés dans la cour de la Citadelle. Stern est amené dans cette cour et menacé de subir le même sort s'il ne dévoile pas l'identité de ses helpers. Il ne dit rien et cinq jours plus tard (le 20 juillet) lui et ses compagnons aviateurs (dont Burrows) sont avisés de ce qu'ils allaient être transférés vers un camp de prisonniers en Allemagne.
Le 21 juillet, ils passent par le quartier général de la Luftwaffe à Bruxelles où ils restent quelques jours avant d'entamer leur voyage vers le centre d'interrogation de la Luftwaffe à Oberursel près de Frankfurt. Robert Burrows est ensuite envoyé dans un Stalag en Allemagne d’où il sera libéré en mai 1945, puis sera transporté en avion, d’abord vers la France, puis vers l’Angleterre et rentrera finalement par bateau aux Etats-Unis.
Robert Burrows repose au Saint Boniface Cemetery à Chicago, Illinois, USA.