Dernière mise à jour le 24 juin 2022.
George Wilbur CASSODY / 18192553
Route Number 1, Lucien, Oklahoma, USA
Né le 22 octobre 1922 à Covington, Oklahoma / † 2 octobre 2005 à Enid, Oklahoma
S/Sgt, USAAF 381 Bomber Group 532 Bomber Squadron, mécanicien/mitrailleur dorsal
atterri entre De Schoolt et Laren, à une quinzaine de km au sud-est du lieu du crash, à l’est de Deventer (Overijssel) Pays-Bas.
Boeing B-17G-25-DL Flying Fortress, n° série 42-38029, VE-M, abattu par un chasseur Me109 lors d'une mission sur Erkner, près de Berlin, le 8 mars 1944
Écrasé vers 16h00 à hauteur du 11 Bathmenseweg à Oude Molen (Lettele), à 1 km de la route allant de Deventer à Holten, (Overijssel) Pays-Bas
Durée : 2 ½ mois.
Arrêté le 26 mai 1944 à Liège
Rapport de perte d'équipage MACR 3002.
Le B-17, dont c’est la première mission, décolle de Ridgewell et est touché par la Flak en approchant de Berlin. Le réservoir de carburant n° 1 est en feu et l’appareil est signalé comme aperçu avec ses soutes à bombes ouvertes et avec le moteur n° 3 en drapeau. Le mitrailleur ventral confirme, ajoutant que le moteur n° 4 n’avait plus de pression et que le B-17 a perdu le contact avec le reste de la formation. Le MACR le renseigne comme vu pour la dernière fois au sud de Berlin, faisant demi-tour pour retourner à sa base. Selon le Sgt Kinney, mitrailleur ventral, l’appareil est alors attaqué par 3 chasseurs allemands, l'un des deux étant abattu par un mitrailleur à bord du B-17, l'un des 2 autres lui ayant donné le coup de grâce.
La Forteresse perdant trop d’altitude, le pilote, 2nd Lt Thomas A. Pirtle, donne l’ordre de l’évacuer à l’approche de Deventer aux Pays-Bas. Le pilote Pirtle se casse la jambe en atterrissant dans un champ et sera immédiatement fait prisonnier. Son co-pilote 2nd Lt Paul H. Schlintz, parviendra à s’évader, aidé par des Résistants hollandais et belges, mais sera dénoncé et arrêté le 16 juin à Anvers, y sera interné à la Prison de la Begijnenstraat avant d’être envoyé en camp en Allemagne. Le bombardier 2nd Lt Harry F. Cooper et le mitrailleur ventral Sgt William C. Kinney, ayant atterri près de Laren, à une 15ne de km au sud-est du lieu du crash, seront les seuls à réussir leur évasion. Cooper sera libéré en début septembre à Liège et rentrera en Angleterre le 15 septembre 1944 (Rapport d’évasion E&E 2110). Kinney, passé lui aussi en Belgique, y restera caché dans la région de Neeroeteren en Limbourg belge et sera libéré le 22 septembre par des troupes de la 4th Canadian Armoured Brigade (rentré en Angleterre le 24 septembre 1944 - E&E 2272).
Tous sautent d’une altitude de moins de 300 mètres. Outre George Cassody, James Warren, William Bull, Robert Burrows, James Estep et Milton Stern parviendront initialement à s’évader avant d’être arrêtés.
Un article à https://donmooreswartales.com/2015/02/09/james-estrep/ nous apprend que James Estep, dès son atterrissage est immédiatement entouré de gens accourus de partout, lui apportant des tartines et du lait. Un homme arrivant à vélo lui dit en bon anglais de le suivre, ajoutant qu’il a encore quelques autres de ses "boys" dans son étable. Estep l’accompagne jusqu’à sa ferme et y retrouve d’abord George Cassody et Robert Burrows, avant que tous soient rejoints par William Bull. Endéans l’heure, ils sont pourvus de vêtements civils et roulent à vélo vers une petite ville à environ 15km où ils logent chez une famille. Souvent déplacés dans des maisons de patriotes hollandais, ils passent en Belgique et Cassody, Burrows, Bull, Estep et Warren arrivent après quelques jours (vers le 16 mars selon Stern) dans la ferme où Milton Stern était caché depuis le 11 mars.
On informe les aviateurs que l'on projette de les évacuer, par deux à la fois, par un petit avion. Il est décidé que Stern et Burrows, qui s'était foulé la cheville en atterrissant, partiraient les premiers, de façon à soigner rapidement Burrows. On conduit le groupe cette nuit-là vers un manoir qui appartenait à un noble français, aviateur durant la guerre 14-18. [Il s’agit de "La Clairière" à Rekem, propriété à l’époque de Stéphane de Bissy et Germaine Moreau de Bellaing. ] Ils dorment dans un petit bois à l'arrière dans un abri aménagé sous terre et dissimulé par des branchages. Ils y rencontrent deux yougoslaves qui s'étaient eux aussi échappé d'un camp : Stretsko Pajantitch, officier pilote et Voja Jovanovitch, bombardier/mécanicien.
Le lendemain, samedi 18 mars, "ils" (nous ignorons s’il s’agit seulement de Stern et Burrows, les rapports et récits reprenant souvent "we" sans autres précisions…) sont conduits à Hasselt en tramway par la fille du propriétaire du manoir, Monique de BISSY, 21 ans, qui les mène au 16 Thonissenlaan chez Florent BIERNAUX et son épouse Olympe, née DOBY. C'est là qu'ils peuvent prendre leur premier bain chaud. On leur sert un vrai repas et on leur donne des cartes d'identité belges.
Le rapport d’activités du couple Florent BIERNAUX et son épouse Olympe, née DOBY, de Hasselt mentionne Cassody comme logé chez eux en mars 1944 au 16 Thonissenlaan à Hasselt. Cassody et les autres arrivent finalement à Liège. Nous supposons que comme pour Stern et Burrows, c’est Mme BIERNAUX qui, vers la fin mars, a conduit George Cassody, vraisemblablement avec un autre aviateur, à la gare de Hasselt et les a ensuite guidés jusqu’à Liège.
Le récit de Stern, qui a surtout trait à son évasion et, en partie, à celle de Burrows, indique que souhaitant bouger après de multiples promesses d’évacuation, ils avaient exigé de voir Joseph DRION à son quartier-général. Ceci doit se passer vers fin avril/début mai. Le chef du Groupe Drion, qui organise le logement et les déplacements d’aviateurs évadés dans la région liégeoise, marque son accord et Stern mentionne que c’est à ce QG que lui et Burrows revoient leurs autres co-équipiers (dont Cassody, donc) ainsi que deux autres aviateurs américains : le 2nd Lt George G. Wedd Jr et le Sgt Floyd A. Franchini, respectivement co-pilote et mitrailleur à bord du B-17 42-39801 594th Bomb Group/332nd Bomb Squadron, abattu le 4 mars 1944. Ils seront eux aussi arrêtés à Liège le 27 mai.
Le nom de George Cassody figure dans le rapport d’activités du Groupement de Joseph DRION, de Liège et mentionne qu’il aurait été remis par Monique de BISSY à Léon CHRISTIAENS, 58 Rue du Hoyoux à Herstal-Liège. Dans son récit, Estep indique qu’un jour, "tous" ont été arrêtés, de même que le couple qui vivait dans la maison. Burrows, lui, indique qu’il a été arrêté ce jour-là chez Jean et Virginie TITS au 38 Rue des Anglais à Liège. Milton Stern, quant à lui, qui était logé chez les TITS depuis le 10 mai, indique qu’il y est resté jusqu’au 27 et qu’il s’y trouvait avec Burrows lorsque la Gestapo est arrivée ce jour-là… Aucun élément ne nous permet de conclure que Cassody, Bull, Estep et Warren ont été capturés au même endroit… Dans une interview, Milton Stern, parlant de son arrestation et de celle de Burrows, indique que "les 4 autres" avaient été arrêtés la veille (donc le 26…)
Toujours selon Stern, Burrows et lui sont conduits en camion vers un quartier général de la Gestapo à Liège, où ils rencontrent d'autres aviateurs : Cassody, Bull, Estep et Warren de leur équipage, ainsi que Wedd et Franchini cités plus haut. Se trouvent également là deux aviateurs américains qu'ils n'avaient pas encore rencontrés : le Captain Gerald D. Binks (Command Pilot du B-17 42-30280 abattu le 21 février 1944) et le Lt Everett G. Ehrman (pilote du B-24 42-52175 abattu le 8 mars 1944). Dénoncés par un agent double, "Joseph" (Joseph DRION) et une cinquantaine d'hommes et de femmes de son réseau se trouvent là également.
On conduit les aviateurs à la prison Saint Léonard, où Cassody, Bull, Estep, Wedd et Stern se retrouvent dans la même cellule. Le mardi 30 mai, on les sépare et chacun d'eux est placé dans une cellule avec 3 ou 4 patriotes belges. Confinés dans cet espace réduit, dormant à même le sol, généralement mal nourris, sauf une fois par semaine lorsqu'arrive le repas préparé par le "Secours d'Hiver". Les Allemands ne supportant plus les invectives de l'un des détenus de la cellule, le résistant Roger VAN EVERCOREN, plus ou moins 25 ans, ils l'emmènent un jour pour interrogatoire. Lorsqu'ils le ramènent, il est inconscient après avoir été fouetté et matraqué et ne peut bouger ou parler pendant deux jours.
Vers 03h00 au matin le 6 juin, on les transfère, Stern et neuf autres américains, dont Cassody, ainsi que 200 à 300 belges, en camion de la prison Saint Léonard vers la Citadelle de Liège, l'endroit où les allemands exécutaient généralement les résistants. Heureusement, ils ne sont pas fusillés, mais simplement séparés les uns des autres. Apparemment, seul Stern subit un plus mauvais traitement, les Allemands ayant appris du traître qui l’avait dénoncé, qu’il était de confession juive.
Le 15 juillet 1944, quatorze patriotes belges, parmi lesquels un prêtre, le Père André, sont fusillés dans la cour de la Citadelle. Stern est amené dans cette cour et menacé de subir le même sort s'il ne dévoile pas l'identité de ses helpers. Il ne dit rien et cinq jours plus tard (le 20 juillet) lui et ses compagnons aviateurs (dont Cassody) sont avisés de ce qu'ils allaient être transférés vers un camp de prisonniers en Allemagne.
Le 21 juillet, ils passent par le quartier général de la Luftwaffe à Bruxelles où ils restent quelques jours avant d'entamer leur voyage vers le centre d'interrogation de la Luftwaffe à Oberursel près de Frankfurt. Comme les autres, George Cassody est ensuite envoyé dans un camp de prisonniers en Allemagne, d'abord dans un camp de transit, le centre d’interrogation Dulag Luft, près de Frankfurt). Cassody est ensuite interné au Stalag Luft 4 à Gross-Tychow (Tychowo), en Pologne occupée. Comme les autres prisonniers de ce camp, il participera à une marche d’évacuation forcée devant l’avance des troupes russes. Quittant le Stalag Luft 4 le 6 février 1945, les prisonniers marcheront pendant 86 jours et seront finalement libérés le 2 mai 1945. George Cassody sera transporté en avion, d’abord vers la France, puis vers l’Angleterre et rentrera finalement par bateau aux Etats-Unis. Il est démobilisé le 2 novembre 1945.
George W. Cassody repose au Memorial Park Cemetery à Enid, Garfield County, Oklahoma, USA.