Dernière mise à jour le 6 août 2022.
James Wendell WARREN / 14163587
Albertville, Alabama
Né le 1er janvier 1924 à Albertville, Alabama / † le 3 novembre 2018 à Murfreesboro, Tennessee
S/Sgt, USAAF 381 Bomber Group 532 Bomber Squadron, mitrailleur latéral droit
atterri entre De Schoolt et Laren, à une quinzaine de km au sud-est du lieu du crash, à l’est de Deventer (Overijssel) Pays-Bas.
Boeing B-17G-25-DL Flying Fortres, n° série 42-38029, VE-M, abattu par un chasseur Me109 lors d'une mission sur Erkner, près de Berlin, le 8 mars 1944
Écrasé vers 16h00 à hauteur du 11 Bathmenseweg à Oude Molen (Lettele), à 1 km de la route allant de Deventer à Holten, (Overijssel) Pays-Bas
Durée : 2 ½ mois
Arrêté à Liège, le 26 ou le 27 mai 1944
Rapport de perte d'équipage MACR 3002.
Le B-17, dont c’est la première mission, décolle de Ridgewell et est touché par la Flak en approchant de Berlin. Le réservoir de carburant n° 1 est en feu et l’appareil est signalé comme aperçu avec ses soutes à bombes ouvertes et avec le moteur n° 3 en drapeau. Le mitrailleur ventral confirme, ajoutant que le moteur n° 4 n’avait plus de pression et que le B-17 a perdu le contact avec le reste de la formation. Le MACR le renseigne comme vu pour la dernière fois au sud de Berlin, faisant demi-tour pour retourner à sa base. Selon le Sgt Kinney, mitrailleur ventral, l’appareil est alors attaqué par 3 chasseurs allemands, l'un des deux étant abattu par un mitrailleur à bord du B-17, l'un des 2 autres lui ayant donné le coup de grâce.
La Forteresse perdant trop d’altitude, le pilote, 2nd Lt Thomas A. Pirtle, donne l’ordre de l’évacuer à l’approche de Deventer aux Pays-Bas. Le pilote Pirtle se casse la jambe en atterrissant dans un champ et sera immédiatement fait prisonnier. Son co-pilote 2nd Lt Paul H. Schlintz, parviendra à s’évader, aidé par des Résistants hollandais et belges, mais sera dénoncé et arrêté le 16 juin à Anvers, y sera interné à la Prison de la Begijnenstraat avant d’être envoyé en camp en Allemagne. Le bombardier 2nd Lt Harry F. Cooper et le mitrailleur ventral Sgt William C. Kinney, ayant atterri près de Laren, à une 15ne de km au sud-est du lieu du crash, seront les seuls à réussir leur évasion. Cooper sera libéré en début septembre à Liège et rentrera en Angleterre le 15 septembre 1944 (Rapport d’évasion E&E 2110). Kinney, passé lui aussi en Belgique, y restera caché dans la région de Neeroeteren en Limbourg belge et sera libéré le 22 septembre par des troupes de la 4th Canadian Armoured Brigade (rentré en Angleterre le 24 septembre 1944 - E&E 2272).
Tous sautent d’une altitude de moins de 300 mètres. Outre James Warren, William Bull, Robert Burrows, George Cassody, James Estep et Milton Stern parviendront initialement à s’évader avant d’être arrêtés.
Nous ignorons le parcours de James Warren depuis son atterrissage aux environs de Holten. Il a été aidé par des patriotes néerlandais dont nous ignorons les noms. Selon le navigateur Stern, vers le 16 mars, dans la ferme où il se cachait après son passage en Belgique, un guide, Jules, arrive avec cinq de ses co-équipiers : Warren, Burrows, Bull, Cassody et Estep. On informe les aviateurs que l'on projette de les évacuer, par deux à la fois, par un petit avion. Il est décidé que Stern et Burrows, qui s'était foulé la cheville en atterrissant, partiraient les premiers, de façon à soigner rapidement Burrows. On conduit le groupe cette nuit-là vers un manoir qui appartenait à un noble français, aviateur durant la guerre 14-18. [Il s’agit de "La Clairière" à Rekem-Lanaken, propriété à l’époque de Stéphane de Bissy et Germaine Moreau de Bellaing ] Ils dorment dans un petit bois à l'arrière dans un abri aménagé sous terre et dissimulé par des branchages. Ils y rencontrent deux yougoslaves qui s'étaient eux aussi échappé d'un camp : Stretsko Pajantitch, officier pilote et Voja Jovanovitch, bombardier/mécanicien.
Le lendemain, samedi 18 mars, "ils"(nous supposons qu’il s’agit seulement de Stern et Burrows, les rapports et récits reprenant souvent "we" sans autres précisions…) sont conduits à Hasselt en tramway par la fille du propriétaire du manoir, Monique de BISSY, 21 ans, qui les mène au 16 Thonissenlaan chez Florent BIERNAUX et son épouse Olympe, née DOBY. C'est là qu'ils peuvent prendre leur premier bain chaud. On leur sert un vrai repas et on leur donne des cartes d'identité belges.
Le rapport d’activités du couple Florent BIERNAUX et son épouse Olympe, née DOBY, de Hasselt mentionne James Warren comme logé chez eux en mars 1944 au 16 Thonissenlaan à Hasselt. Warren et les autres arrivent finalement à Liège. Nous supposons que comme pour Stern et Burrows, c’est Mme BIERNAUX qui, vers la fin mars, a conduit James Warren, vraisemblablement avec un autre aviateur, à la gare de Hasselt et les a ensuite guidés jusqu’à Liège.
Le récit de Milton Stern, qui a surtout trait à son évasion et, en partie, à celle de Burrows, indique que souhaitant bouger après de multiples promesses d’évacuation, ils avaient exigé de voir Joseph DRION à son quartier-général. Ceci doit se passer vers fin avril/début mai. Le chef du Groupe Drion, qui organise le logement et les déplacements d’aviateurs évadés dans la région liégeoise, marque son accord et Stern mentionne que c’est à ce QG que lui et Burrows revoient leurs autres co-équipiers (dont James Warren, donc) ainsi que deux autres aviateurs américains : le 2nd Lt George G. Wedd Jr et le Sgt Floyd A. Franchini, respectivement co-pilote et mitrailleur à bord du B-17 42-39801 594th Bomb Group/332nd Bomb Squadron, abattu le 4 mars 1944. Ils seront eux aussi arrêtés à Liège le 27 mai.
Le nom de James Warren figure dans le rapport d’activités du Groupement de Joseph DRION, de Liège et mentionne qu’il aurait été remis par Monique de BISSY à Léon CHRISTIAENS, 58 Rue du Hoyoux à Herstal-Liège. Dans un récit, James Estep indique qu’un jour, "tous" ont été arrêtés, de même que le couple qui vivait dans la maison. Burrows, lui, indique qu’il a été arrêté ce jour-là chez Jean et Virginie TITS au 38 Rue des Anglais à Liège. Milton Stern, quant à lui, qui était logé chez les TITS depuis le 10 mai, indique qu’il y est resté jusqu’au 27 et qu’il s’y trouvait avec Burrows lorsque la Gestapo est arrivée ce jour-là… Aucun élément ne nous permet de conclure que Warren, Bull, Cassody et Estep ont été capturés au même endroit… Dans une interview, Milton Stern, parlant de son arrestation et de celle de Burrows, indique que "les 4 autres" avaient été arrêtés la veille (donc le 26…)
Toujours selon Stern, Burrows et lui sont conduits en camion vers un quartier général de la Gestapo à Liège, où ils rencontrent d'autres aviateurs : Warren, Bull, Cassody et Estep de leur équipage, ainsi que Wedd et Franchini cités plus haut. Se trouvent également là deux aviateurs américains qu'ils n'avaient pas encore rencontrés : le Captain Gerald D. Binks (Command Pilot du B-17 42-30280 abattu le 21 février 1944) et le Lt Everett G. Ehrman (pilote du B-24 42-52175 abattu le 8 mars 1944). Dénoncés par un agent double, "Joseph" (Joseph DRION) et une cinquantaine d'hommes et de femmes de son réseau se trouvent là également.
On conduit les aviateurs à la prison Saint Léonard, où Bull, Cassody, Estep, Wedd et Stern se retrouvent dans la même cellule, Warren se trouvant dans une autre. Le mardi 30 mai, on les sépare et chacun d'eux est placé dans une cellule avec 3 ou 4 patriotes belges. Confinés dans cet espace réduit, dormant à même le sol, généralement mal nourris, sauf une fois par semaine lorsqu'arrive le repas préparé par le "Secours d'Hiver". Les Allemands ne supportant plus les invectives de l'un des détenus de la cellule, le résistant Roger VAN EVERCOREN, plus ou moins 25 ans, ils l'emmènent un jour pour interrogatoire. Lorsqu'ils le ramènent, il est inconscient après avoir été fouetté et matraqué et ne peut bouger ou parler pendant deux jours.
Vers 03h00 au matin le 6 juin, on les transfère, Stern et neuf autres américains, dont Warren, ainsi que 200 à 300 belges, en camion de la prison Saint Léonard vers la Citadelle de Liège, l'endroit où les allemands exécutaient généralement les résistants. Heureusement, ils ne sont pas fusillés, mais simplement séparés les uns des autres. Apparemment, seul Stern subit un plus mauvais traitement, les Allemands ayant appris du traître qui l’avait dénoncé, qu’il était de confession juive.
Le 15 juillet 1944, quatorze patriotes belges, parmi lesquels un prêtre, le Père André, sont fusillés dans la cour de la Citadelle. Stern est amené dans cette cour et menacé de subir le même sort s'il ne dévoile pas l'identité de ses helpers. Il ne dit rien et cinq jours plus tard (le 20 juillet) lui et ses compagnons aviateurs (dont James Warren) sont avisés de ce qu'ils allaient être transférés vers un camp de prisonniers en Allemagne.
Le 21 juillet, ils passent par le quartier général de la Luftwaffe à Bruxelles où ils restent quelques jours avant d'entamer leur voyage vers le centre d'interrogation de la Luftwaffe à Oberursel près de Frankfurt. Comme les autres, James Warren est ensuite envoyé dans un camp de prisonniers en Allemagne, d'abord dans un camp de transit, le centre d’interrogation Dulag Luft, près de Frankfurt. Warren est ensuite interné au Stalag Luft 4 à Gross-Tychow (Tychowo), en Pologne occupée. Comme les autres prisonniers de ce camp, il participera à une marche d’évacuation forcée devant l’avance des troupes russes. Quittant le Stalag Luft 4 le 6 février 1945, les prisonniers marcheront pendant 86 jours et seront finalement libérés le 2 mai 1945. James Warren sera transporté en avion, d’abord vers la France, puis vers l’Angleterre et rentrera finalement par bateau aux États-Unis.
Décédé en 2018, James Warren repose au Rose Hill Memorial Gardens à Tullahoma, Coffee County, Tennessee.