Dernière mise à jour le 20 février 2016.
Lawrence "Larry" William CARR / 1250644
Green Walk, Crayford, Kent.
Né ? / en novembre 2004
Fl Sgt, RAF Bomber Command 102 Squadron, pilote.
lieu d'atterrissage : près de Hamois, environs de Ciney (Province de Namur).
Handley Page Halifax B.II, W7653, DY-A, abattu la nuit du 27 au 28 avril 1942 par un chasseur lors d'une mission sur Köln / Cologne, Allemagne.
Ecrasé à Hamois.
Durée : 3 semaines.
Passage des Pyrénées : le 23 mai 1942.
Rapport d'évasion SPG 3309/749.
Le Halifax décolle de Dalton à 21h38 et est abattu sur le vol du retour au nord de Ciney par un chasseur de nuit allemand piloté par l’Oblt Reinhard Eckardt du 6./NJG3. Il s’écrase vers 00:30 le 28 avril près de Hamois. Trois hommes trouveront la mort : le mécanicien Thomas Kenneth Robinson, le mitrailleur Iorwerth Edwards et le mitrailleur/opérateur radio James Garroway. Ils reposent tous trois au cimetière d’Heverlee près de Leuven / Louvain (Belgique).
Le mitrailleur H. Lee (920228) sera fait prisonnier et interné au Stalag Luft 1 à Barth en Allemagne (POW n° 247). Leur pilote, Lawrence Carr (la présente fiche) sera le seul à réussir dans son évasion, contrairement à ses co-équipiers Ronald Shoebridge et William Ralston qui, initialement évadés, seront arrêtés par la suite.
Carr atterrit à environ 1 km de l'appareil. Il marche vers le sud et rencontre deux Belges, un gendarme et un civil, qui lui demandent s'il veut rentrer en Angleterre. Le civil (Maurice WILMET) le prend chez lui au 7 Rue de Liège à Hamois, le nourrit, lui donne des vêtements, le débarrasse de tous ses effets inutiles et promet d'aller enterrer son parachute. Le gendarme (1er maréchal des logis chef Louis MASSINON, commandant la brigade de Hamois) téléphone à la Kommandantur pour dire qu'il n'y a pas de survivants dans l'accident.
Le lendemain, son hôte François "DEVAUX" conduit Carr à la petite gare de Bormenville, sur la ligne 126 Ciney-Hamois-Havelange. [La liste des helpers belges publiée peu après la guerre en vue de l’octroi de récompenses mentionne François DEVEUX à la Ferme du Château à Bormenville…]. Marguerite VAN LIER déclare qu'une assistante sociale des prisons, Mlle Renée DONATIL du 1 Rue des Teinturiers, met MASSINON en contact avec Comète.
Le gendarme monte dans le train à Hamois. Ils changent à Ciney et Carr est guidé par une jeune femme de 20 ans, "Fernande", qui travaille pour une ligne d’évasion. Il s'agit de Fernande PIRLOT, devenue à cette occasion sous-agent de Jules et Emma ROGGEMAN. Ils vont à Bruxelles en 3e classe. Le gendarme Louis MASSINON les quitte à la gare et ils vont à Etterbeek par le tram. MASSINON est arrêté le 10 août suivant, avec Fernande PIRLOT sur dénonciation du VMann Decock de l'Abwehr, qui avait infiltré le réseau (affaire Abbé-Michelli). Déporté, MASSINON est disparu à Groß Rosen en février 45, tandis que Fernande PIRLOT survivra à la déportation.
Carr loge une nuit chez Mme CASTERMANS, une anglaise mariée à un Belge. Le lendemain, il va à Woluwé-Saint-Lambert chez Jules ROGGEMAN et son épouse Emma HOFFMAN au 44 Rue de la Drève, dans une maison où deux journaux clandestins étaient imprimés : "La Succursale" et un autre pour le Luxembourg ("De Freie Lötzeburger"), où Carr loge dix jours jusqu'au 05 mai. Il y reçoit des papiers belges et un laissez-passer allemand l'autorisant à voyager jusque Bayonne.
Le 05 mai, "Mme Paul" (Jeanne TRIEST épouse de l'inspecteur Paul ROOTSELAERTS du 26 Rue Jean d'Ardenne à Ixelles) le conduit à un square au centre (la Place Saint-Josse) pour rejoindre un groupe en partance au rendez-vous de 19 heures. Après une heure, personne ne se présente, sauf le Sgt Shoebridge et un guide. Henri MICHELLI vient d'être arrêté vers 18Hr35. Ils se rendent alors chez ses logeurs, 112 rue de la Victoire à Saint-Gilles : Anna KURTZEN, épouse Maurice LIZIN et père de Pol, qui a 16 ans à l'époque. Deux jours plus tard, ils apprennent qu'ont été arrêtés par la Gestapo (en fait la GFP) un certain "MICHELY" et un agent belge de Londres. Charles MORELLE devait emmener Carr à Paris ou Valenciennes.
Le 12 mai, Carr est conduit chez les SERVAIS à Laeken.
Le 19 mai, une "Peggy" (Marguerite VAN LIER) parlant anglais le déménage en banlieue, peut-être chez Marie-Louise VAN LANDEWIJCK au 22a Avenue de l'Université à Ixelles, qui a logé un "Laurenz" une nuit à cette époque et l’a remis à Peggy VAN LIER. Cette dernière déclare que le Dr Étienne DELBLANDT aide lors du sauvetage de Lawrence Carr. Le 20 mai, Peggy VAN LIER le fait rencontrer "Dédée" (Andrée DUMONT, guide et courrier du réseau Luc) à la gare du Nord à 07 heures du matin. Jean Greindl vient en effet seulement de reprendre la direction du secteur belge de Comète et son équipe de guides internationaux n'est pas encore opérante. Ils embarquent dans le train pour Paris.
Pour ne pas montrer qu'ils voyagent ensemble, Andrée DUMONT a un ticket pour Saint-Quentin et Carr a un ticket pour Paris. Là, ils rencontrent Frédéric DE JONGH et une femme. Frédéric le conduit dans une maison à Poissy, et ils reviennent à Paris où une autre "Dédée" (Andrée DE JONGH cette fois) confectionne les faux papiers français. Ceux de Carr avaient été détruits après l'arrestation de Shoebridge à Bruxelles.
En descendant du train à Bayonne, une dame d'âge moyen (Elvire DE GREEF) vient leur dire que sa maison, où ils pensaient loger, est sous surveillance. Ceci est une conséquence de la découverte de l'agent de la Gestapo bruxelloise Victor Demets, qui s'était infiltré chez les DE JONGH depuis mai 1941. Le 21 mai à midi, ils prennent tous trois le train pour Saint-Jean-de-Luz. Carr y fait la connaissance de "Bee" Johnson, qui est guide pour Comète. Le mauvais temps fait reporter le passage au lendemain. Ils quittent Urrugne (Maison Thomás-Enea, chez Françoise HALZUET épouse IRASTORZA) le 23 un peu avant 01 heure.
C'est le 13e passage de Comète par la route de Saint-Jean-de-Luz. Ils se reposent dans une grange en Espagne. Ils marchent encore un jour et prennent un tram le 24 au matin vers San Sebastian, chez "le garagiste du consulat britannique" (en fait, Bernardo ARACAMA au n°7, 5e étage à gauche, Calle Aguirre, Miramon, à San Sebastian).
Le consulat amène Carr à Bilbao, où il loge une nuit au Seamen's Hotel. Le 27, il est amené à Miranda et conduit à Madrid avec d'autres évadés (polonais, belges et français). Il en part le 31 pour Gibraltar. Carr arriva à Gibraltar le 1er juin. Embarqué le 18 juin, il arrive à Gourock le 23.
Un monument à la mémoire de l’équipage du Halifax W7653 a été érigé à Hamois, le long de la Chaussée de Liège, à environ 1,5 km du centre de Hamois.
Résumé d'un article paru dans Le Fana de l'Aviation n° 430 du septembre 2005 : Carr fut d'abord aidé par Maurice WILMET et le gendarme MASSINON. WILMET, bientôt rejoint par Fernande PIRLOT dite "Pochette", le conduisit avec elle à la gare de Ciney. "Pochette" accompagna Carr en train jusqu'à Bruxelles où, après plusieurs cachettes, l'aviateur se retrouva chez la famille LIZIN. Peggy VAN LIER emmena Carr jusqu'à la maison de Carl SERVAIS où il resta plusieurs jours. Peggy VAN LIER le présenta au centre de Bruxelles à Andrée DUMONT et les deux embarquèrent dans le train à destination de Paris. Un autre train les emmena vers Bordeaux. "Tante Go" se trouvait sur le quai de la gare de Bayonne où elle leur fit comprendre que, suite aux contrôles renforcés, ils ne devaient pas y descendre, mais rester dans le train jusqu'à Saint-Jean-de-Luz. Arrivés là ils furent pris en charge par un basque et se retrouvèrent par la suite dans une ferme à Urrugne. Florentino n'étant pas disponible, ce fut un autre guide, plus jeune, qui les accompagna sur la route de San Sebastian.