Personne capturée durant son évasion

Dernière mise à jour le 5 mai 2019.

Dennis Clifford CLARK-CARTER / 1385412
52 Crescent Road, Plaistow, Londres E13.
Né le 27 janvier 1921 / † en 1989
Fl/Sgt, RAF Bomber Command 76 Squadron, bombardier.
Lieu d'atterrissage: près de Lanaken.
Handley Page Halifax Mk II, LK932, MP-X "for X-Ray", abattu par un chasseur la nuit du 3/4 novembre 1943, en participant à un raid massif sur Dortmund.
Écrasé le 3 novembre vers 19h30 (heure locale) à Opgrimbie, près de Maasmechelen, Province de Limbourg, Belgique.
Durée : 2 mois.
Arrêté le 4 janvier 1944 dans le train de Lille à Paris.

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion / libération MI.9/LIB/1494 rédigé suite à son interrogatoire du 20 octobre 1945.

Le Halifax décolle à 17h04, heure anglaise, de Holme-on-Spalding Moor et, en vue de l'objectif, est attaqué par deux chasseurs de nuit. La victoire est attribuée au Lt Otto Fries du 5./NJG 1, pilote d’un Bf 110 ayant décollé de la base de Brustem (Sint-Truiden / Saint-Trond).

Clarke-Carter est de l'équipage du pilote Denis Hornsey, le seul qui réussira son évasion.

Du même équipage et également d'abord évadés puis arrêtés : le navigateur Sgt Ronald W. Glover - arrêté à Pontarlier, en route vers la Suisse, le 23 décembre 1943, prisonnier au Stalag Luft 6 ; l’opérateur radio Sgt John S. Carnill - arrêté dans le train vers Paris le 4 janvier 1944 - Stalag Luft 3 et 6 (cité à EVA comme ayant été aidé par ce Groupe d’évasion) ; le mitrailleur arrière Sgt Ronald E. Stokes - arrêté à Bruxelles le 10 décembre 1943, interné à Saint-Gilles avant d'être envoyé au Stalag 4B ; le mécanicien Sgt F. A. J. Fewson (1545546 - prisonnier n° 263403 au Stalag 4B) et le mitrailleur dorsal Kenneth Davis

Leur tourelle arrière est mise hors d'usage par la Flak sur le vol vers l'objectif. La première attaque d'un chasseur met le feu à un moteur gauche. L'appareil est fort endommagé et le pilote prévient de se préparer à sauter. A la seconde attaque, l'ordre de sauter est donné alors qu'il se trouve à environ 600 m d'altitude. Clarke-Carter est le second à sauter.

Le récit qui suit a été rédigé sur base des éléments qui figurent aux rapports de Clark-Carter et de Ronald Stokes, complétés par des détails que nous avons pu trouver quant à leurs Helpers.

Clark-Carter perd un moment connaissance lors de sa chute, mais récupère rapidement ses esprits avant d’atterrir près de Lanaken. Il cache son parachute et se met à marcher vers le nord-ouest (en direction de Genk). Il s’arrête près d’une petite ferme où on lui donne à manger et où il peut se cacher pour la nuit dans une meule de foin. Dans la soirée du 5 novembre, le frère du fermier vient le chercher et, de retour à la ferme, l’aviateur est présenté à 2 sœurs qui l’amènent chez elles. Il s’agit de Leona et Julia VANDEVELDE, du 9B "Bresselberg" (actuellement Bresserstraat) à Genk. Elles lui donnent des vêtements civils et le logent pendant 5 jours, lui procuranr également de la nourriture.

Le rapport LIB de son mitrailleur arrière Ronald Stokes mentionne que le 8 novembre, venant de Uikhoven, près de Lanaken, où il avait été caché, il est mené dans un café à Tongres (vraisemblablement le café "De Tramhalte", 2 Luiksepoort, Tongeren, tenu par Jean ARCKENS et mentionné par Clark-Carter) où il est présenté à une jeune fille, qui le guide à sa maison. Stokes indique que le lendemain 9 novembre, il y est rejoint par Clark-Carter et qu’ils resteront hébergés là - famille de "Joseph VAN DEN BOSCH", 104 Kielenstraat - jusqu’au 18 novembre. Le rapport de Clark-Carter mentionne seulement que "vers le 10 novembre", il est mené chez un "Mr VAN OFFEN" (?) et ses amis, tous membres actifs de la Résistance locale et qui vivaient dans une maison sur les bords du Albertkanaal (Canal Albert). Il n’y reste qu’une nuit et il est confié "le lendemain" (sic) à "Joseph VAN DEN BOSCH" qui le mène en train chez lui à Tongres / Tongeren au 104 Kielenstraat. [La liste des Helpers belges reprend dans cette ville Hubert VANDENBOSCH, au "104 Rue des Sarraus", artère qui se traduit en néerlandais par Kielenstraat…] Après un repas pris là, il est remis à Madame "Fransen" au 18 Sint Ursulastraat à Tongres. Avec ses deux filles, Marie-Josée et Antoinette, elle le loge ainsi que son mitrailleur arrière Ronald Stokes, "pendant 8 jours"(?), de l’aide (non précisée) étant apportée par la femme d’un banquier. [Liste des Helpers belges et des décorés de la US Medal of Freedom : Jeanne Julia FRANSSEN- VAN CLEE au 15 Sint Ursulastraat, et ses filles Marie-Antoinette et Marie-Josée au n° 18…]

De Tongres, Clark-Carter et Stokes sont alors guidés jusque chez Melle Marie-Thérèse DEWÉ, son père, son frère et sa sœur, au 94 Rue Coupée à Liège où le Sgt Frank Andrews les rejoint. Ceci est contredit en partie par Ronald Stokes, dont le rapport mentionne que Clark-Carter, Frank Andrews et lui se trouvaient à Tongres, à une adresse où ils étaient passés après leur séjour chez les VANDENBOSCH et avant leur départ pour Liège… Clark-Carter, quant à lui, rapporte que la famille DEWÉ les a hébergés pendant 15 jours, les deux évadés demandant au réseau qui les a recueillis de transmettre leurs lettres à leurs familles respectives. Clark-Carter indique qu’il pense que le père a été fusillé par la suite par la Gestapo… En fait, le père est Walthère DEWÉ, né le 16 juillet 1880, grand résistant déjà durant la guerre 1914-1918 (fondateur du réseau La Dame Blanche en 1916) et ayant créé en 1940 le réseau Clarence, s’occupant de renseignement et, à l’occasion, d’aide aux évadés. Clark-Carter et Stokes logent chez eux du 18 novembre au 2 décembre 1943. Les trois enfants DEWÉ, Jacques, Marie (Madeleine) et Marie-Thérèse furent arrêtés par la GFP (Geheime Feldpolizei) chez eux à Liège le 7 janvier 1944. Déportés en Allemagne, Jacques et Marie-Thérèse survivront, mais leur sœur Marie-Madeleine mourra dans le camp de Ravensbrück le 17 janvier 1945. Quant au père, Walthère DEWÉ, recherché par la Gestapo, il passera de cachette en cachette. Le 14 janvier 1944, tentant d’échapper à des hommes à sa poursuite, il sera abattu de 2 coups de pistolet par un officier allemand à Ixelles, au coin de l’Avenue de la Couronne et de la Rue de la Brasserie. Une plaque à sa mémoire a été apposée au n° 2 de la Rue de la Brasserie. Une autre se trouve à Liège.


Plaque réalisée par G. Lambert, inaugurée en 1994.
Elle est apposée sur la façade de la Chapelle Saint-Maurice - "Mémorial Walthère Dewé"),
à la Rue Coupée, au Thier-à-Liège, Liège. (Photo : Philippe Hamoir – http://bel-memorial.org/cities_liege_2/liege/liege_thier_a_liege_chapelle_walthere_dewe.htm )

Dans son rapport LIB, Clark-Carter indique être pratiquement certain qu’une amie de Marie DEWÉ, Anne-Marie ROBEYNS (du 2 Corversstraat, Tongeren) est la dame chez qui Stokes et lui ont logé au moins une nuit et partagé plusieurs repas. Il pense aussi que c’est au café "De Tramhalte", 2 Luiksepoort, Tongeren, tenu par Jean ARCKENS, que Stokes et lui avaient attendu l’arrivée d’un ou d’une guide. Il mentionne aussi une dame à la forte poitrine, Madame MORIMONT, connaissance de Jeanne MACINTOSH et Aline DUMONT ("Michou"), et qui surveillait leurs vélos tandis qu’ils (Stokes et lui) étaient déplacés de-ci de-là… Les archives renseignent une remise de Clark-Carter par Madame Berthe MORIMONT (née LAMBRECHT et vivant avec sa fille Anne au 5 Place Vieille Montagne, Liège), à Josette POSWICK du 151 Avenue Louise, Bruxelles. Berthe MORIMONT, également arrêtée par la suite, a été déportée et est morte en mars 1945 à Ravensbrück ou Neuengamme… Nous ne pouvons dater les éléments repris dans le présent paragraphe… certains d’entre eux n’étant pas précisés dans le rapport. Il y a un "trou" dans le rapport de Stokes entre le 18 novembre et le 2 décembre 1943, et nous pensons qu’il se trouvait chez les DEWÉ, ou en tout cas également aidé par eux durant cette période, bien qu’il ne mentionne nulle part quoi que ce soit à ce sujet…

Le 2 décembre 1943, Clark-Carter, Ronald Stokes, Frank Andrews et Albert Pepper sont guidés en train depuis Tongres jusqu’à Bruxelles par Jeanne MACINTOSH et Aline DUMONT ("Michou"). Arrivés à Bruxelles, Stokes et Andrews sont séparés de Clark-Carter et menés par Jeanne MACINTOSH, qui les fait héberger chez son oncle Robert GOFFAUX au 107 Bergensesteenweg à Lembeek, près de Halle, où elle leur rendra de fréquentes visites. Elle sera arrêtée avec eux le 10 décembre 1943 par la GFP de la Rue Traversière. Jeanne MACINTOSH épousera Frank Andrews peu après la fin de la guerre.

Clark-Carter, lui, est mené chez Raymond VIGNOBLE, photographe au 2 Rue du Bemel à Woluwé-Saint-Pierre, où se trouvait son opérateur radio John Carnill. Le même jour, donc le 2 décembre, Clark-Carter est confié au beau-père de VIGNOBLE, V. PARYS, qui le loge pendant 1 mois au 72 Rue des Paysagistes à Auderghem. Le 3 janvier 1944, Madame PARYS le mène auprès de Michou (Aline DUMONT) qui le présente à un autre guide ("a Belgian (name unknown)" dans le rapport LIB). Cette rencontre a vraisemblablement eu lieu à la Gare du Nord. Selon Clark-Carter, ce guide (en anglais, impossible de déterminer si féminin ou masculin…) était chargé de mener Carnill et lui en train jusqu’à Rumes, via Tournai.

A Rumes, la fille d’un aubergiste (nous pensons qu’il s’agit d’Henriette HANOTTE) les guide jusqu’à la maison d’un gendarme habitant sur la frontière. Ici aussi, pas de nom dans le rapport, mais nous pensons qu’il pourrait s’agir du douanier Mauriche BRICOUT à Bachy (France). De là, "une dame âgée et une jeune fille" les escortent à travers la frontière puis jusqu’à Lille. Clark-Carter termine ce récit de son évasion en indiquant qu’ils (Carnill et lui) sont arrêtés par la Gestapo le lendemain, 4 janvier, dans le train en route de Lille vers Paris. Aucune mention d’un guide masculin avec eux. Signalons que dans son rapport d’activités, assez peu précis quant à l’identité de certains aviateurs, ce qui peut se comprendre vu les consignes de prudence, Raymond ITTERBEEK (guide pour Comète, du 67 Avenue Albertyn à Woluwé-Saint-Lambert), mentionne avoir été arrêté ce même jour (le 4 janvier), dans le train Lille-Paris avec deux aviateurs anglais, dont un "Sgt John" et Oliver Wells (qui a sa propre page sur le présent site)… Confusion ici, car Wells mentionne son arrestation le 8 janvier, mentionnant de l’aide antérieure d’Itterbeek pour l’amener près de la frontière…et le "Sgt John" devant être un autre RAF que John Carnill…

Incarcéré à la Prison de Fresnes près de Paris pendant 3 semaines, Clark-Carter est envoyé au centre d’interrogation Dulag Luft (Oberursel, près de Frankfurt). Prisonnier n° 1251, il est transféré en février 1944 au Stalag Luft VI à Heydekrug où il reste jusqu’en juillet. De là, il passe au Stalag IV à Gross Tychow (Tychowo, Pologne). En mars 1945, dernier transfert, au Stalag XIB à Fallingbostel, d’où il est libéré le 2 mai 1945 par des troupes britanniques.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters