Dernière mise à jour le 5 mait 2019.
Denis Grahame HORNSEY ("Denny") / 65789 et 903858
15 W. Park Road, Kew, Surrey, Angleterre ou (Liste Onimus) 2 Balmoral Mansion, East Twickenham, Middlesex.
Né le 21 avril 1911 / † en mars 1971
Fl Lt, RAF Bomber Command 76 Squadron, Pilote
Atterri à l'Est de Hasselt (Limbourg belge)
Handley Page Halifax Mk II, LK932, MP-X "for X-Ray", abattu par un chasseur la nuit du 3/4 novembre 1943, en participant à un raid massif sur Dortmund.
Écrasé le 3 novembre vers 19h30 à Opgrimbie, près de Maasmechelen, Province de Limbourg, Belgique.
Durée : 3 semaines
Passage des Pyrénées : le 27 novembre 1943
Rapport d'évasion SPG n° 3317/1610 incomplet.
Le Halifax décolle à 17h04, heure anglaise, de Holme-on-Spalding Moor et, en vue de l'objectif, est attaqué par deux chasseurs de nuit. La victoire est attribuée au Lt Otto Fries du 5./NJG 1, pilote d’un Bf 110 ayant décollé de la base de Brustem (Sint-Truiden / Saint-Trond).
Denis Hornsey sera le seul qui réussira son évasion.
Du même équipage et également d'abord évadés puis arrêtés : le navigateur Sgt Ronald W. Glover - arrêté à Pontarlier, en route vers la Suisse, le 23 décembre 1943, prisonnier au Stalag Luft 6 ; l’opérateur radio Sgt John S. Carnill - arrêté dans le train vers Paris le 4 janvier 1944 - Stalag Luft 3 et 6 (cité à EVA comme ayant été aidé par ce Groupe d’évasion) ; le mitrailleur arrière Sgt Ronald E. Stokes - arrêté à Bruxelles le 10 décembre 1943, interné à Saint-Gilles avant d'être envoyé au Stalag 4B ; le mécanicien Sgt F. A. J. Fewson (1545546 - prisonnier n° 263403 au Stalag 4B), le bombardier Dennis Clark-Carter et le mitrailleur dorsal Kenneth Joseph Davis.
Leur tourelle arrière est mise hors d'usage par la Flak sur le vol vers l'objectif. Vers 20 heures, un chasseur de nuit l'attaque par dessous et provoque un incendie des réservoirs de gauche. L'appareil est fort endommagé et le pilote prévient de se préparer à sauter. A la seconde attaque, l'ordre de sauter est donné alors qu'il se trouve à environ 600 m d'altitude.
Denis Hornsey atterrit dans de la bruyère et camoufle son parachute dans des broussailles. Il marche vers l'Ouest en s'orientant aux étoiles, traversant quelques sentiers et évitant des maisons. En se reposant dans un bois, il enlève ses insignes et arrange son uniforme. Il continue au compas dans la même direction. Il se heurte à un chemin de fer et le suit jusqu'à un village, où il suit le tronçon qui va vers l'Ouest. A l'aube du 4 novembre, il se réfugie dans une cabine désaffectée le long de la voie. Il traverse ensuite quelques ponts non gardés sur des canaux et marche vers l'Ouest. Il parvient à Hasselt vers 10 heures du matin le 4 novembre.
Il traverse la ville à pied. Il s'arrête à un café et demande un peu de pain et de bière en français hésitant et demande le chemin de Bruxelles. Le propriétaire se rend compte qu'il est Anglais. Il se met en marche vers Diest. Il marche jusque 13 heures et monte dans une charrette tirée par un poney avec un homme de 50 ans. Il poursuit seul vers Haelen ou Herck-la-Ville.
Le soir, il demande dans une ferme s'il peut laver ses pieds et reçoit de la nourriture. Un jeune homme vient l'interroger et lui donne des vêtements, l'emmenant dans la soirée auprès d’un groupe de résistants. Frans STORMS, 18 ans, habitant à Boortmeerbeek et membre du Groupe "Petit Navire" de Boortmeerbeek, remet Hornsey à la famille VERVOORT de Winksele. [ La liste des Helpers belges reprend Jules et Valentine VERVOORT et leur fille Aline au 114 Warotstraat à Winksele, près de Leuven / Louvain.] Le reste de son évasion est organisée. Il rapporte que deux hommes le conduisent en tram à Louvain.
En fait, Hornsey passa via le couvent de Winksele (Louvain, ordre des Annonciades de Veltem) où Eugénie MENSCHAERT était la Mère Supérieure. Il loge en face du couvent, au-dessus de l'école, mais se cache au couvent même la journée. Il peut parfois passer la soirée chez des résistants. Un de ces soirs, on lui présente un aviateur américain roux, George Gineikis. Ils restent ensemble. Le jour d'après (le 10 novembre), Frans STORMS les guide à la gare de Louvain où ils prennent le train avec Aline DUMONT ("Michou"), débarquant à la Garde du Nord à Bruxelles.
Hornsey et Gineikis sont ensuite hébergés chez les PIRART au 8 Rue des Tournesols à Anderlecht pour une nuit ou deux. Le 11, ils sont conduits au Photomaton en ville et prennent des photos pour les ajouter à leurs faux papiers, qui leur sont remis par Florentine PIRART-DE WIT à la sortie du magasin. Leon MacDonald et Walter Wallington viennent passer une nuit chez les PIRART.
Florentine PIRART les conduit alors au rendez-vous pour le départ le 12 novembre. Un jeune universitaire (José GRIMAR) leur sert de guide de Bruxelles à Mons, par train, ainsi qu'une jeune fille appelée "Michèle" qui s'occupe de Wallington et MacDonald. De Mons, ils prennent un tram et marchent vers une maisonnette où ils soupent. C'est probablement au 3 Rue du Terminus à Erquennes chez Georgette DIEU, ou dans une ferme à Blaregnies. Un douanier entre alors, François BOURLARD, de Froyennes, tout près de la frontière française.
BOURLARD les guide avec un autre homme vers la frontière. Le Dr Aimé COLSON, de Bavay, les prend tous les quatre à l'arrière de sa vieille Citroën. Wallington est assis devant avec le docteur. Les barrières des postes belge et français s'ouvrent comme par miracle au passage de la voiture. Le docteur les conduit chez Léon GERARD, sous-chef de gare et son épouse Lucie LERAT, institutrice, à la Porte de Valenciennes à Bavay. Du whisky VAT 69 y était à leur disposition.
Le lendemain Hornsey et Gineikis partent tôt vers Valenciennes, et Léon GERARD poinçonne imperturbablement leurs tickets à la gare. Une femme rousse d'environ trente ans prend Wallington et MacDonald à Paris ; Gineikis et Hornsey accompagnent un homme qui était chez le douanier ("Félix" ?). Il leur faut 9 heures pour arriver à Paris. Ils vont à l'église Saint-Laurent, où les attend Jacques LE GRELLE et "une grosse petite dame vêtue en noir" (Fernande ONIMUS, "the lady in black").
Fernande ONIMUS-PHAL, du 84 Rue des Rondeaux à Paris XXe, le conduit avec Gineikis chez Raoul TOUQUET et Lucienne PRIOUL au 16 Rue Henri Tariel à Issy-les-Moulineaux, où ils sont hébergés du 13 au 24 novembre. Le nom de Hornsey figure sur la liste des aviateurs logés chez eux, mais ils ne sont pas mentionnés par Hornsey dans son rapport. Ce dernier ne parle que d'un long séjour chez Odile VANDEPUTTE épouse d’Albert VERHULST au 5e étage du 7 Rue du Cher à Paris XXe (près de la Place Gambetta). Cette maison est connue des aviateurs comme "la maison à 4 pattes". Il faut en effet rentrer dans une pièce secrète par une sorte de cheminée. Leur départ est reporté plusieurs fois et ils sortent parfois avec Albert VERHULST pour une promenade d'une heure à la nuit tombée. On rapporte également de l’aide apportée à Hornsey et Gineikis par Vassilli LAMI et son épouse Albertine, née VERHULST du 151 Boulevard Davout, Paris XXe.
A Bordeaux, selon Leon MacDonald, Jean-François NOTHOMB ("Franco") les place en 3e classe dans le train de Bayonne et monte, lui, en 2e classe. Ils descendent à la gare de Labenne, avant l’arrivée à Bayonne. Ils y prennent des vélos et sont rejoints par une femme et un Anglais (Elvire DE GREEF et Albert JOHNSON) pour se rendre à Saint-Jean-de-Luz, dans une famille basque. Ils y rencontrent leur guide, MONTERRO (? selon MacDonald), un réfugié de la guerre d'Espagne. Franco leur y demande le restant de leur argent.
Hornsey est dans le groupe qui effectue le 75e passage de Comète avec Jean-François NOTHOMB par Saint-Jean-de-Luz et la passerelle d'Endarlaza avec Florentino GOIKOETXEA, J. J. Greter, Geoffrey Madgett, Leon MacDonald et George Gineikis.
Hornsey dit que Greter, l'officier hollandais, était beaucoup plus âgé qu'eux et ne supporterait probablement pas la traversée de la frontière. Après deux heures de marche en sortant de Saint-Jean-de-Luz, ils arrivent à la ferme relais, qui est alors Yatxu-Baïta à Urrugne, chez Joseph et Joséphine LARRETCHE. Après un bol de lait, ils marchent sous la pluie et sont trempés jusqu'aux os. Après trois heures de marche, Greter se trouve en détresse. Après six heures de marche, ils voient les lumières d'Espagne. L'eau d'une rivière à traverser leur arrive à la taille.
Ils arrivent à la Bidassoa sur une route menant à un village (Vera de Bidasoa). Ils la traversent sur un pont suspendu (à la centrale électrique d'Endara) puis montent une pente couverte de buissons. Arrivés à une sorte de hameau, Florentino et NOTHOMB discutent et décident d'y laisser Greter, qui ne peut plus continuer. Ils suivent la voie ferrée qui descend de la mine d'Erlaitz et parcourent un long tunnel avant d'arriver à une ferme dans une vallée. A peine arrivés, des gardes civils espagnols arrivent à cette ferme et ils doivent aller se cacher dans un bois proche.
Ils vont ensuite chez Bernardo ARACAMA au n°7, 5e étage à gauche, Calle Aguirre, Miramon, à San Sebastian. Ils partent ensuite en voiture par Madrid.
Il quitte Gibraltar le 10 décembre et arrive à Newquay le 11 (donc, par avion). Il est débriéfé par le MI9 ce même jour.
Denis Hornsey a écrit l'histoire de son évasion dans un livre intitulé "The pilot walked home" en 1945. Il travaillera au Press Department de l'Air Ministry à partir de 1947. De nombreux extraits de ce livre sont traduits dans le livre de Suzanne (Wittek) DE JONGH, de 1948. Il a confié à l’Imperial War Museum à Londres, ses mémoires de guerre rédigées en 1950. Denis Hornsey y reprend son service dans le RAF Bomber Command depuis son engagement dans la RAF en septembre 1939. Il y décrit son entraînement de base à Padgate, puis avec le N°2 Squadron à Hastings et Torquay ; son entraînement élémentaire au pilotage à Derby, suivi d’une formation plus poussée de pilotage de bombardier au N°10 Officer Training Unit (OTU) à Abingdon ; ses vols en opérations à bord de Whitleys avec le N°78 Squadron au-dessus de la France et de l’Allemagne et sa participation à l’Opération "Colossus", la première mission de parachutage d’armes et munitions (à la Résistance) de la guerre, partie dans laquelle il décrit les conditions à Malte en 1941. Il termine ces mémoires par la description de missions au-dessus de l’Allemagne avec le N°76 Squadron, pilotant des Halifax, jusqu’à la perte de son Halifax LK932 en novembre 1943. Malheureusement, comme indiqué à https://www.iwm.org.uk/collections/item/object/1030004558 , ces documents ne sont pas accessibles en ligne.
Merci au Dr De Tournay de Vichte pour les informations au sujet de Eugénie MENSCHAERT. Voir aussi ce lien.