Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 1 décembre 2017.

Johan Jacob GRETER
Amersfoort, Pays-Bas.
Né le 25 octobre 1900 à Amsterdam / † le 29 janvier 1975 à Ede, Pays-Bas
Capitaine-adjudant dans l'Artillerie (4 R.A.) de l'Armée néerlandaise
Tutelle : Cabinet de la reine Wilhelmine des Pays-Bas.


Passage des Pyrénées : le 27 novembre 1943.

Informations complémentaires :

Médaillé d'argent aux Jeux Olympiques de 1936 avec l'équipe néerlandaise de jumping. Prisonnier de guerre évadé d'Allemagne, il rejoint l'Angleterre à la demande expresse de la reine Wilhelmine des Pays-Bas.

Le dossier d'admission aux RVPS d'un Néerlandais, Bottenheim, nous fournit des explications sur l'évasion de Johan Greter. Au début d'octobre 1943, Greter, qui n'avait pas encore pu obtenir de tuyau quant à une ligne d'évasion, rencontre Jack Charles Bottenheim, un ouvrier du textile qui veut aussi rejoindre l'Angleterre, au bar du Park Hotel de Amsterdam. Le 10 octobre, Greter redonne un rendez-vous au même bar. Une connaissance lui a donné l'adresse d'un dentiste de Rotterdam.

Ils arrivent au 178 Noordsingel à Rotterdam chez ce dentiste, le Dr VAN DER NAGEL. Là, Greter demande à voir M. LINDEMANS. Un jeune homme de 20 ans apparaît, qui s'avère le frère dudit Christiaans LINDEMANS. Le lendemain, ils rencontrent ce fameux résistant néerlandais surnommé "King-Kong". LINDEMANS leur demande 100 gulden à chacun pour leur fournir des faux papiers de l'Organisation TODT leur permettant d'atteindre Cherbourg. De là, ils seraient conduits en Espagne par des guides. Rendez-vous est pris pour le vendredi 22 octobre à Rotterdam.

Greter, ayant peu apprécié LINDEMANS, fait savoir à Bottenheim qu'il a entendu parler d'une autre ligne, qu'il vaut peut-être mieux examiner avant d'accepter la proposition. Pour cela, ils vont à Amstelveen, un petit village en périphérie d'Amsterdam, et y rencontrent un certain Henri SCHARRER, qui leur propose l'usage de faux papiers du SD. Bottenheim et Greter sont d'accord sur le fait que des faux papiers de l'OT sont moins dangereux que ceux du SD, et Bottenheim préfère nettement l'offre de LINDEMANS. Greter est partisan d'acheter les deux sets. Dans la discussion, Greter annonce qu'il a encore une troisième filière, mais qu'il n'y aurait pas de place pour Bottenheim dans cette troisième possibilité. Ils se fixent néanmoins un troisième rendez-vous à Rotterdam le 2 ou le 3 novembre.

Le 1er ou le 2 novembre, Greter téléphone à Bottenheim et lui annonce que cette troisième filière s'est matérialisée et qu'il [Greter] s'en contenterait. Par précaution, il demande à Bottenheim de lui apporter les papiers de l'OT venant de LINDEMANS, au cas où il en aurait besoin pour voyager jusque Paris. Mais en arrivant chez le Dr VAN DER NAGEL, Bottenheim apprend que LINDEMANS est parti et que son adresse n'est pas connue. Plus tard, Bottenheim visite une adresse que LINDEMANS lui a procurée : au 3 Rue Lord Byron à Paris 8e, mais ce M. HEEMSTRA était sur le point de partir en Hollande et ne pouvait l'aider pour le moment. Le baron HEEMSTRA est l'adjoint parisien du baron de BOETZELAER, chef local de la ligne Dutch-Paris. Bottenheim parviendra en Angleterre et donne son récit aux RVPS le 25 avril 1944.

Le gendarme Karst SMIT, alors muté à Baarle-Nassau, fait donc passer Greter en Belgique et le remet au réseau Bravery via Mathilde "Mae" VERSPYCK (Néerlandaise, épouse divorcée de Rudolf VERSPYCK, Avenue Yvan Lutens, Woluwé-Saint-Pierre). Cette dernière se fait arrêter une seconde fois en octobre. Greter est logé d'octobre à novembre 1943 chez les parents de Simone CAMBRELIN épouse André VAES (Edelinckstraat à Antwerpen / Anvers, et cette dernière le guide à Bruxelles.

Greter aurait dû suivre la ligne Dutch-Paris, mais il suit finalement la filière Comète avec l'accord de Londres, reçu par Yvon MICHIELS.

Il fut remis le 27 novembre 1943 à Rumes à Henriette HANOTTE par "Jean Sarment" (alias de Yvon MICHIELS) avec des recommandations de bien s'occuper de lui. Il passe en France grâce à François BOURLARD et Georgette DIEU à Erquennes. Avec Henriette HANOTTE, ils s'arrêtent à Paris et rencontrent Jacques le GRELLE.

Remis aux LAPEYRE pour loger à Bayonne, Greter traverse les Pyrénées par la route de Saint-Jean-de-Luz et la passerelle d'Endarlaza avec Jean-François NOTHOMB et Florentino GOIKOETXEA dans le 75e passage de Comète avec Geoffrey Madgett, Denny Hornsey, Leon MacDonald et George Gineikis.

Hornsey dit que l'officier hollandais était beaucoup plus âgé qu'eux et ne supporterait probablement pas la traversée de la frontière. Après deux heures de marche en sortant de Saint-Jean-de-Luz, ils arrivent à la ferme relais, qui est alors Yatxu-Baïta à Urrugne, chez Joseph LARRETCHE. Après un bol de lait, ils marchent sous la pluie et sont trempés jusqu'aux os.

Après trois heures de marche, Greter se trouve en détresse hypothermique. Après six heures de marche, ils voient les lumières d'Espagne. L'eau d'une rivière (un affluent de la Bidassoa) à traverser leur arrive à la taille. Ils arrivent à la Bidassoa sur une route menant à un village (Vera de Bidasoa). Ils la traversent sur un pont suspendu (à la centrale électrique d'Endara) puis montent une pente couverte de buissons.

Arrivés à une sorte de hameau, Florentino et NOTHOMB discutent et décident d'y laisser Greter, qui ne peut plus continuer. Ils suivent la voie ferrée qui descend de la mine d'Erlaitz et parcourent un long tunnel avant d'arriver à une ferme dans une vallée. A peine arrivés, des gardes civils espagnols arrivent à cette ferme et ils doivent aller se cacher dans un bois proche.

Greter est ensuite ramené seul, plus tard.

Une photo (source) le montre dans l'Atlantique en janvier 1944 (*) sur le pont du sous-marin Hr.Ms. O-21, le ramenant de Gibraltar vers l'Angleterre avec d'autres évadés hollandais ("Engelandvaarders"). Le capitaine Greter se trouve de dos à gauche sur la photo. En arrivant aux RVPS, il porte le pseudo de Evers.


(*) Note : Selon l'historique des voyages de l'O-21 sur le site http://uboat.net/allies/warships/ship/2892.html ce devrait être entre le 10 et le 20 février 1944.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters