Personne capturée durant son évasion

Dernière mise à jour le 23 octobre 2013.

Kenneth Joseph DAVIS / 1381539
49 Trefelin Crescent, Port Talbot, Wales, Royaume-Uni.
Né le 1er août 1921 à ? / † ?
Fl/Sgt, RAF Bomber Command 76 Squadron, mitrailleur dorsal.
Atterri près de Lanaken
Handley Page Halifax Mk II, LK932, MP-X "for X-Ray", abattu par un chasseur la nuit du 03/04 novembre 1943, en participant à un raid massif sur Dortmund.
Ecrasé le 3 novembre vers 19h30 à Opgrimbie, près de Massmechelen, Province de Limbourg, Belgique.
Durée : 10 semaines
Arrêté le 17 janvier 1944 à Paris.

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion / libération MI.9/LIB/1399 rédigé suite à son interrogatoire du 24 octobre 1945.

Le Halifax décolle à 17h04, heure anglaise, de Holme-on-Spalding Moor et, en vue de l'objectif, est attaqué par deux chasseurs de nuit. La victoire est attribuée au Lt Otto Fries du 11//NJG 1. Un incendie se déclare et l'ordre est donné d'abandonner l'appareil alors qu'il se trouve à environ 600 m d'altitude.

Du même équipage et également d'abord évadés puis arrêtés : le Sgt Ronald. W. Glover - arrêté à Pontarlier le 23 décembre 1943, Stalag Luft 6 ; Sgt John S. Carnill - arrêté à Paris le 04 janvier 1944 - Stalag Luft 3 et 6 (cité à EVA) ; le Sgt Dennis Clark-Carter - arrêté dans un train à Lille le 1er janvier 1944 - Stalag Luft 6 et 4 ; le Sgt Ronald. E. Stokes - arrêté à Bruxelles le 10 décembre 1943, interné à Saint-Gilles avant d'être envoyé au Stalag 4B.

Seul le pilote Denis Hornsey réussira son évasion.

Kenneth DAVIS atterrit au milieu d'un bois près de Lanaken et enterre immédiatement son parachute et sa Mae West. Il marche pendant deux jours, tentant de trouver une ferme isolée, gage à son avis d'une sécurité plus grande qu'en zone habitée. Le 05 novembre, il s'adresse à une ferme dans un village et les fermiers le font rentrer et lui donnent de quoi manger. Dans la soirée, ils vont chercher un membre de la Résistance locale, qui, après que Davis ait logé à la ferme où il reçoit des vêtements civils, vient le chercher au matin pour l'emmener à un monastère à environ 2 km de là (vraisemblablement l'ancien cloître de Gellik, à environ 3km à l'ouest de Lanaken).

Un prêtre parle l'anglais et Davis lui explique qu'il souhaite rejoindre l'Angleterre. Le prêtre l'envoie alors chez un membre de sa famille dans le village de Gellik et chez qui Davis passe la nuit. Un guide (dont Davis rapporte qu'il a été fusillé par la suite par les Allemands) vient le chercher pour l'amener chez le chef de la Résistance pour le secteur de Mechelen / Malines. Ce dernier vérifie son identité après quoi Davis loge une semaine dans une maison en face de chez le chef. [ Dans l'Appendix " A " de son rapport où sont reprises les identités et adresses de (certains) de ses helpers, Davis mentionne (Henri-Louis) EYBEN, 11 Heirstraat à Mechelen-aan-de-Maas = Maasmechelen, membre de l'organisation Félix, qui lui a procuré énormément d'assistance, notamment en vêtements et documents d'identité. Il cite également, au 109 Steenweg dans la même localité le nom de Mme Veuve A. SALDEN, pour nourriture et logement en novembre 1943.]

On lui remet un ensemble de vêtements ainsi qu'une carte d'identité au nom de Hubert Joseph Daniels, sa profession y étant reprise comme tailleur. Davis déclare que le même guide l'emmène alors à Hasselt où il va loger chez une famille pendant 3 semaines.

Il s'avère que c'est Paul SCHOENMAECKERS, de Rekem / Lanaken, qui a mené Kenneth DAVIS chez Florent BIERNAUX et son épouse Olympe, née DOBY, au 16 Thonissenlaan à Hasselt (Davis mentionne les BIERNAUX dans son "Appendix A"). Dans son rapport, Davis ne mentionne la présence à son arrivée là que d'un seul aviateur américain. Il s'avère que les BIERNAUX logeront non seulement Davis mais aussi Steve Krawczynski, Lloyd George Wilson et Howard Keenan du 26 octobre au 29 novembre 43. Ces trois autres évadés avaient été également amenés là par Paul SCHOENMAECKERS. Ce dernier sera arrêté par la suite, envoyé en camps et décèdera le 21 avril 1945 à Obernitz.

Davis reçoit encore d'autres vêtements civils ainsi qu'une nouvelle carte d'identité, toujours avec le même nom d'emprunt. Le 29 novembre 1943, Olympe DOBY les conduit deux par deux à Bruxelles chez Maurice AUBRY au 76 Boulevard Emile Jacquemain. Davis précise seulement qu'il fait ce voyage avec un américain (dans son propre rapport, Steve Krawczynski précise qu'il fait le voyage avec Davis), étant menés dans un café où ils rencontrent un autre guide qui les accompagne vers un bloc d'appartements où ils logent pendant trois nuits chez un " ex-capitaine ". Il s'agit vraisemblablement de Joseph DE COSTER, alias "Criticus" de la Ligne Félix.

Là, selon Davis, "le chef de la Résistance à Bruxelles" vient les voir, les emmène à une église, y vérifie leur identité et remet encore de nouveaux papiers d'identité à Davis. A noter que le nom de Davis apparaît dans les listes d'EVA. [L'Appendix A précise que ce chef à Bruxelles est Paul HELLEMANS, alias "Philippe", 13 Rue Stévin, Bruxelles. Le nom de Georges RUSCH, y est également repris, pour nourriture et hébergement en décembre 1943 chez le couple RUSCH au 32 (36 ?) Avenue Massenet à Forest-Bruxelles…]

Selon Davis, Krawczynski et lui passent ensuite une quinzaine de jours dans l'appartement d'une dame habitant juste en face de casernes occupées par les Allemands à Ixelles. [Son Appendix A mentionne Mme Juliette DERAY pour nourriture et hébergement en décembre 1943 au 24 Avenue des Saisons à Ixelles. Cette artère donne dans le Boulevard Général Jacques où étaient effectivement casernées des troupes allemandes pendant la guerre.]

A la fin de leur séjour chez Mme DERAY, une jeune fille belge les guide en train jusqu'à une gare près de la frontière française où un autre guide les prend en charge pour les mener à un café où ils passent la nuit. Le 25 décembre au matin, ce même guide les fait passer en France et ils sont ensuite hébergés pendant une semaine par une famille de Tourcoing.

La même guide qui les avait convoyés depuis Bruxelles revient alors et les accompagne en train à Paris, où elle les confie à un jeune français qui hébergeait déjà deux aviateurs américains chez lui dans son petit appartement près de Notre-Dame. Quelques jours plus tard, la jeune guide vient chercher Krawczynski et les deux autres américains, tandis que Davis est transféré seul vers l'appartement d'un prêtre à Saint-Denis, un peu au nord de Paris.

Dans son rapport, Davis indique que le 17 janvier, un aviateur américain, gravement blessé, le rejoint, lui rapportant qu'il se trouvait déjà à Paris depuis six mois. Le prêtre les emmène tous deux vers une école où ils rencontrent une dame française dont Davis dit qu'elle leur avait déjà rendu visite auparavant et en laquelle ils n'avaient pas entièrement confiance ("not quite genuine"...) La dame leur dit qu'elle va les mener à une gare à Paris pour rencontrer le "chef de la Résistance à Paris", mais, ajoute Davis, au lieu de cela, ce sont des Allemands qu'ils rencontrent… La femme est arrêtée avec eux et Davis rapporte qu'ils l'ont vue partir par la suite…

Davis est plus que probablement un des deux aviateurs ("un Américain et un Anglais") que l'abbé Robert BEAUVAIS venait de remettre, à la station de "Sèvres-Babylone" à Paris, à Madeleine AYRAND épouse FOCKENBERGHE, arrêtée avec ces deux aviateurs.

Davis conclut son rapport en disant que, menottés, les deux aviateurs ont été menés au QG de la Gestapo à Paris, puis emprisonnés (il ne le mentionne pas, mais ce doit être à Fresnes) pendant deux mois et y subissant des interrogatoires quotidiens. Davis est ensuite conduit dans une "political prison" à Francfort où il reste douze jours, y étant brutalement traité. Pendant son séjour, on lui a montré une photo prise en mars 1943 (endroit de la prise de vue illisible sur la copie du rapport en notre possession, mais sans doute dans le Lancashire en Angleterre…) et sur laquelle il se reconnaît.

Transféré ensuite dans une autre prison de Francfort, Kenneth Davis y est soumis à d'autres interrogatoires, suivis de mauvais traitements, vu son refus de parler. Après un passage au Centre d'Interrogation Dulag Luft à Oberursel, il est interné au Stalag Luft VI à Heydekrug et sera libéré à Luneburg le 15 avril 1945.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters