Dernière mise à jour le 25 mai 2016.
John Learned IVES - R/62735 et J/92827
Ontario Street, Sherbrooke, Québec, Canada
Né en 1911 / † le 28 avril 1945.
Sgt RCAF, RAF Bomber Command 51 Squadron, Observateur.
Lieu d'atterrissage : Diepenbeek, ±15 km au sud-est de Hasselt (Limbourg / Limburg), Belgique.
Armstrong Whitworth Whitley Mk V, Z6569, MH-S, abattu dans la nuit du 18-19 août 1941 par un chasseur de nuit, lors d'un raid sur Cologne.
Ecrasé à Jongenbos, près de Vliermaalroot, ±10 km au sud-est de Hasselt (Limbourg / Limburg), Belgique.
Durée : 14 semaines.
Passage des Pyrénées : le 11 novembre 1941.
Rapport d'évasion SPG 3307/632.
Le Whitley décolle de Dishforth à 21h51 heure anglaise. Sur le vol du retour, il est attaqué par un chasseur allemand (vraisemblablement piloté par l’Oblt Hermann Reese du 2./NJG1 basé à Venlo, crédité d’un Whitley abattu vers 03h03 heure continentale cette nuit-là).
L’opérateur radio/mitrailleur Sgt Leslie Arthur Evetts est touché mortellement par un obus. Le pilote, P/Offr Harold Brooke Robertshaw donne l’ordre d’évacuer l’appareil. Robertshaw, son copilote le P/Offr Alan G. Trires (RCAF) et le mitrailleur Sgt Reginald A. C. Cooper sont faits prisonniers dès leur atterrissage dans la région de Kortessem. Le Sgt Evetts fut d’abord inhumé par les villageois au cimetière de Vliermaalroot. Après la guerre ses restes furent transférés au Canadian War Cemetery à Adegem (Flandre Orientale / Oostvlaanderen), Belgique. Lors d’une cérémonie le 11 novembre 2013, une plaque à la mémoire de l’équipage a été apposée sur un mur de l’église paroissiale de Vliermaalroot.
John Ives atterrit dans un bois et s'y terre durant quatre jours. Il boit de l'eau dans un champ et souffre de dysenterie, l’eau étant forcément polluée. Il est retrouvé, fiévreux, par un fermier de Diepenbeek le 22 août. Ce dernier, le prenant pour un Allemand, l’abandonne à son sort. Un autre fermier le trouve un peu plus tard et lui demande en français s'il est Anglais, Ives lui répond "Yes". Ives est ensuite caché par l’agriculteur dans sa ferme à Diepenbeek, près de Hasselt, jusqu'au 27. Il devait faire attention, car la ferme voisine était tenue par un Allemand. Il dort du 27 au 28 chez le frère du fermier qui essaye de l'évacuer. Le 28, il est guidé à bicyclette jusqu’à Hasselt. Il reste jusqu'au 30 août chez un des chefs du MNB local et agent de Clarence, Benoît VAN DE POEL. [ La liste des Helpers belges, établie après la guerre en vue de l’octroi de récompenses, reprend Benoit VANDEPOEL à la Zandstraat, Hasselt.] John Ives va ensuite loger chez un ami de VANDEPOEL jusqu'au 26 septembre (Ce doit être Marcel Pierre KALMES, au 55 Luiksesteenweg à Hasselt).
Ives reçoit un ticket de train et se rend à Bruxelles, où il arrive après quatre heures de trajet, en gare du Nord à 11 heures.
Un homme, Henri BLINDENBERG, prévenu depuis Diepenbeek l'y attendait et le conduit chez lui au 5 Rue Général Leman à Etterbeek. [BLINDENBERG sera arrêté par la suite, accusé d’espionnage; déporté, il mourra au camp de Sachsenhausen.] Le 3 septembre [octobre ?], Ives y rencontre John Hutton et Leonard Warburton. Ives est remis pour loger à Jules VILAIN (habitant à Forest), Hutton et Warburton allant chez René LAMMERS et sa femme au 36 Rue Lieutenant Liedel à Anderlecht. Ives y obtient une carte d'identité vers le 15 septembre et peut ainsi circuler à Bruxelles. C'est ainsi qu'il peut observer un aérodrome encore factice (Melsbroek) où deux avions allemands se posent par mégarde.
Par précaution, Ives part loger du 27 septembre au 10 octobre dans une autre maison. Il est bien possible que ce soit Leo Gierse qui l'ait alors convoyé chez Anne BRUSSELMANS au 127 Chaussée d'Ixelles à Ixelles-Bruxelles.
On lui annonce alors que tout est prêt pour son départ, et qu'il peut retourner dans sa seconde maison bruxelloise. Ives fut remis par Jules VILAIN à Gaston FUMAILLE au 73 Rue des Garennes à Boitsfort. Il reste chez FUMAILLE jusqu'au 23 octobre et ce dernier le remet au baron Jacques DONNY. A cette date, il va chez une femme de l'équipe de DONNY (Mme Jeanne DEPOURQUE, au 51 Rue Dupont à Schaerbeek) qui travaille comme traductrice pour les Allemands. La Sûreté dit qu'il venait de chez un KISTEMAN (?) ce 26 octobre. [La liste des Helpers belges reprend Henri et René KISTEMAN, tous deux du 54 Rue de Montserrat à Bruxelles-Ville et tous deux arrêtés, déportés et morts en Allemagne, Henri fusillé à Dortmund et René gazé dans un camp.]
Le 6 novembre, Octave DELCROIX le conduit en gare du Midi, où Ives rencontre Eugène STERCKMANS, le père de Ernest Sterckmans, et les deux Polonais Michal Kowalski et Stefan Tomicki. Ils quittent la gare vers 7 heures du matin et arrivent à Mons à 10 heures. A 10h45, ils partent vers Quiévrain, qu'ils atteignent vers 13 heures. Deux jeunes femmes y donnent une meilleure carte d’identité à l'un des Polonais. Le guide de Bruxelles (Octave DELCROIX) et les deux femmes (probablement Andrée DE JONGH et Elvire MORELLE) les guident immédiatement à travers les frontières qui sont gardées par des douaniers belges et français. Elvire MORELLE les quitte à Valenciennes à 14h15.
A 15 heures, ils prennent le train pour Douai. De 17 à 20 heures, ils restent là en attendant un guide qui doit leur faire traverser la Somme. Ils se rendent à pied avec ce guide jusqu’au bord du fleuve. Ils traversent la Somme en barque, de Corbie à Hamelet. Chacun paye 250 FF pour la traversée. Ils longent ensuite le cimetière militaire britannique à la Rue des Longues Vignes à Corbie avant qu'une femme ("Nenette" BOULANGER, de Hamelet) ne vienne les conduire à sa ferme pour un repas et y passer la nuit.
Ils partent à pied le 8 novembre vers 12 heures pour prendre le train d'Amiens à Villers-Bretonneux. A Amiens, ils prennent l'express Bruxelles-Paris après qu'il ait été contrôlé. Ils quittent Amiens à 17 heures avec les deux femmes, et arrivent à Paris à 18h30. Ils mangent au buffet de la gare du Nord et une des Belges les quitte.
De la gare d'Austerlitz, Ives, Kowalski et Tomicki quittent Paris à 21 heures et arrivent à Bayonne à 9 heures du matin le 9 novembre. Ils montent dans la voiture d’un train dont tous les wagons sauf le leur sont réservés pour la Wehrmacht. Tous ces soldats débarquent à Bordeaux, mais l'éclairage déficient de leur compartiment laisse les évadés et leur(s) guide(s) à l'abri. A Bayonne, ils dorment deux nuits chez une Belge (Elvire DE GREEF, "Tante Go") pour prendre des forces.
Le 10 novembre à 16 heures, ils prennent le train pour Saint-Jean-de-Luz, sans leurs cartes d'identités, qu'ils ont laissées à Bayonne. Deux guides basques les mènent à Urrugne, qu'ils quittent vers 23 heures. Ils passent à la ferme Tomasénéa de Françoise IRASTORZA. Ils marchent cinq heures et traversent la Bidassoa dans la nuit du 10 au 11 novembre.
Ils dorment dans un petit abri en Espagne jusque 9 heures. A 11 heures, les guides retournent en France. Un Espagnol vient les prendre à 14 heures pour les conduire à Irun, où ils prennent un train pour San Sebastian. Arrivés là, ils vont directement chez Bernardo ARACAMA, au n°7, 5e étage à gauche, Calle Aguirre, Miramon, à San Sebastian où ils passent la nuit.
Le 12, ils prennent le train de 7 heures pour Bilbao. A 11 heures, ils descendent et se rendent au consulat avec Andrée DE JONGH, qui reste une semaine avec eux, avant de repartir vers le Nord. A Bayonne, ils avaient chacun remis leur argent belge et français en échange de 100 pesetas, et Andrée en reprend 50 à chacun avant de repartir. Ils demeurent au British Sailor's Institute de Bilbao, et ils sont conduits via Miranda à Madrid le 18 novembre, dans la voiture du vice-consul de l'ambassade de Madrid. Ils y séjournent trois semaines (du 19 novembre au 7 décembre) et vont alors à Gibraltar par le train accompagnés d'un agent de l'ambassade et d'un Espagnol, à qui les Polonais sont présentés comme des Anglais.
Embarqué à bord du navire polonais «Batory» comme Kowalski et Tomicki, John Ives quitte Gibraltar le 30 décembre 1941 et arrive à Gourock, en Ecosse, le 5 janvier 1942. Il suit les cours d'officier au 32 OTU en 1943 et est commissionné Pilot Officer (S/Lt).
John Ives s’était engagé à Sherbrooke, Québec, le 23 juillet 1940. Il exécuta 29 missions (160 heures d'opérations) au 51 Squadron, à partir de juin 1941.
John Learned Ives est décédé à 24 ans le 28 avril 1945 lors du crash du Dakota KG406 du 271 Squadron dans la Manche. Son corps ne fut jamais retrouvé et son nom figure au Mur des Disparus au Mémorial de Runnymede, Surrey, Royaume-Uni (Panneau 280). Par décisions officielles, respectivement des 3 mars 1943 et 4 mai 1950, deux endroits du Great Swan Lake dans les Territoires du Nord-Ouest du Canada (North Western Territories) ont été nommés Ives Bay (une baie) et Ives Point (un promontoire) en son honneur.