Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 22 mai 2022.

Michal Ryszard KOWALSKI - 782276
nationalité polonaise.
Né le 29 septembre 1918 à Kielce, Pologne / † le 6 décembre 1996 à Montréal, Québec, Canada
Sgt, RAF Bomber Command - 305 Squadron "Polkowice-Sieroszowice, opérateur radio.
Lieu d'atterrissage: A l'ouest de Marche-en-Famenne.
Vickers Wellington Mk II, W5593, SM-P, abattu la nuit du 6 au 7 août 1941 (abattu au-dessus de la Belgique par la Flak au retour d'une mission sur Frankfurt).
Écrasé près de Serinchamps, à l’ouest de Marche-en-Famenne, Province de Namur, Belgique.
Durée : 3 mois.
Passage des Pyrénées : Le 11 novembre 1941.

Informations complémentaires :

Rapport d’évasion M.I.9/S/P.G. 3307/631.

Michal Kowalski devint radiotélégraphiste en 1938. Il rejoint la France en 1939 puis, via Oran et Casablanca, rejoint l'Angleterre en 1940 où il est affecté au 305 Squadron polonais.


Photo de l’équipage du S/Ldr Scibior, vraisemblablement prise en juillet 1941 à la base RAF de Lindholm.
De gauche à droite : le Sgt Waclaw Rybak, mitrailleur ; le F/O Mieczyslaw Julian Saferna, navigateur ; le pilote S/Ldr Szczepan Scibior ;
le F/O Jerzy Jan Stanislaw Sukiennik ; le Sgt Stefan Tomicki et le Sgt Michal Kowalski
(Photo : via Simon Roguska - http://www.polishsquadronsremembered.com/305/305_faces.html)

Le Wellington décolle à 22h30 heure anglaise de Lindholme et est abattu au-dessus des Pays-Bas sur le vol de retour. Les tirs d’un Me 110 occasionnent un incendie dans le moteur droit. Trois hommes sont tués : le Sgt Waclaw Rybak, le F/O Mieczyslaw Julian Saferna et le F/O Jerzy Jan Stanislaw Sukiennik. Ils reposent tous trois au cimetière communal de Charleroi. Le pilote, S/Ldr Scibior parviendra à s’évader pendant 9 jours avant d’être arrêté à Bruxelles. Il sera prisonnier au camp 10C puis au Stalag Luft 3 à Sagan/Zagan, Pologne (POW n° 3811). Seuls Michal Kowalski (la présente page) et le copilote Stefan Tomicki réussiront leur évasion.

Après son atterrissage non loin de son appareil écrasé, Michal Kowalski se cache immédiatement pendant 12 heures et échappe à la capture. Il marche ensuite vers Pessoux. Arrivé à Marche-en-Famenne, un Belge l'accoste et lui explique qu'il est recherché par les Allemands. En une demi-heure, il lui donne des vêtements et 1.000 FB. Un autre homme (il se pourrait que ce soit l'abbé GRANDJEAN de Willerzie) le fait loger dans une maison à 5 km de Pessoux et le conduit le lendemain (à 4 heures du matin le 8 août) de la gare de Ciney à Bruxelles.

Comme le Consulat Américain avait été fermé par les Allemands, ils se rendent à l’Ambassade du Portugal d’où le secrétaire, M. DESNEUX, conduit Kowalski chez William HALOT, qui le fait guider par Georges GUILLON (du 26 rue de Turin à Ixelles ; arrêté et déporté, Georges GUILLON sera fusillé le 22 avril 1945 à Mauthausen) chez Joséphine LACROIX, au 146 Rue Philippe Baucq à Etterbeek, qui se souvient qu'il souffrait à l'aine. Il sera soigné par le Dr Georges BOOGAERTS au 31 Avenue Victor Jacobs à Etterbeek.

Joséphine LACROIX le loge du 8 août jusqu’au 27 septembre. Kowalski y rencontre Allan Cowan et Bernard Conville et est ensuite hébergé chez un boucher voisin, Jules HUYBERECHTS au 150 de la Rue Philippe Baucq à Etterbeek, où il reste jusqu'au 10 octobre (le 8 selon le rapport de Kowalski).

Il va alors, guidé par Georges HOYEZ, chez Jeanne POT au 10 Rue Mercelis à Ixelles et y retrouve Stefan Tomicki. Le 10, ils sont logés ailleurs durant trois semaines. Ils vont d'abord chez un JANSSENS, chez qui ils restent jusqu'au 8 novembre, avant d'aller chez Eugène STERCKMANS à Laeken.

Octave DELCROIX témoigne qu'Andrée DE JONGH est allée chercher Kowalski et Tomicki chez Joséphine LACROIX pour les mener à la gare du Quartier Léopold. Ce point est incertain puisqu'Andrée DE JONGH ne revenait plus en Belgique et restait à Valenciennes (il s'agit peut-être d'Andrée DUMONT). Ensuite, elle (Andrée DUMONT) les a conduits chez Eugène STERCKMANS (le père d' Ernest Sterckmans), où ils sont restés jusqu'au départ. Un Ecossais vint souvent le visiter, qui habitait chez un voisin depuis 18 mois. Le 27, Kowalski déménage dans une maison où Cowan et Conville avaient logé également pendant de nombreux mois.

Toutes ces personnes sont liées au service Escape de William HALOT.

Les versions divergent quant à qui a mené qui lors du départ de Bruxelles de Kowalski et Tomicki. Kowalski cite la date du 10 octobre comme celle où Tomicki et lui sont guidés vers la Gare du Midi où ils rencontrent le Canadien John Ives. Selon Octave DELCROIX, membre du réseau Portemine, c’est lui qui les a conduits à la Gare du Midi. Une autre version, plus vraisemblable, indique que le 6 ou 7 novembre, Frédéric DE JONGH conduit Kowalski et Tomicki à la Gare du Midi, et ils y rencontrent leur nouvelle guide, Elvire MORELLE et John Ives. Des archives indiquent par ailleurs que c’est Octave DELCROIX qui guidera ce groupe en train de Bruxelles à Valenciennes et les y remettra à Andrée DE JONGH.

Quoiqu’il en soit, ils quittent la gare vers 7 heures du matin et arrivent à Mons à 10 heures. A 10h45, ils partent vers Quiévrain, qu'ils atteignent vers 13 heures. Selon Kowalski, lors de l’arrêt du train à Quiévrain, la dernière gare belge avant la frontière, le contrôle douanier se passe bien, avec l’efficacité et le calme d’Elvire MORELLE qui les mène près d’Andrée DE JONGH les attendant au bout du quai. Une version veut que vers 14h15 Elvire MORELLE les quitte là pour retourner à Bruxelles (?)

Ils reprennent le train et arrivent à Valenciennes en France. De là, à 15 heures, ils prennent le train pour Douai. De 17 à 20 heures, ils restent à Douai en attendant un guide qui doit leur faire traverser la Somme. Ils se rendent à pied avec ce guide jusqu’au bord du fleuve. Ils traversent la Somme en barque, de Corbie à Hamelet. Chacun paye 250 FF pour la traversée. Ils longent ensuite le cimetière militaire britannique à la Rue des Longues Vignes à Corbie avant qu'une femme ("Nenette" BOULANGER, de Hamelet) ne vienne les conduire à sa ferme pour un repas et y passer la nuit.

Kowalski, Tomicki et Ives partent à pied le 8 novembre vers 12 heures pour prendre le train d'Amiens à Villers-Bretonneux. A Amiens, ils prennent l'express Bruxelles-Paris après qu'il ait été contrôlé. Ils quittent Amiens à 17 heures et arrivent à Paris à 18h30, où ils mangent au buffet de la gare du Nord, après quoi, selon Kowalski, Elvire MORELLE les quitte pour rentrer à Bruxelles.

De la gare d'Austerlitz, Kowalski, Tomicki et Ives, accompagnés d’Andrée DE JONGHE, quittent Paris à 21 heures et arrivent à Bayonne à 9 heures du matin le 9 novembre. Ils montent dans la voiture d’un train dont tous les wagons sauf le leur sont réservés pour la Wehrmacht. Tous ces soldats débarquent à Bordeaux, mais l'éclairage déficient de leur compartiment laisse les évadés et leur(s) guide(s) à l'abri. Après leur arrivée à Bayonne, ils y sont accueillis par "Bee"Johnson et Elvire De Greef ("Tante Go").

Le 10 novembre à 16 heures, après deux nuits passées à Anglet chez Elvire DE GREEF pour prendre des forces, les 3 évadés prennent le train pour Saint-Jean-de-Luz, sans leurs cartes d'identités, qu'ils ont laissées à Bayonne. Deux guides basques les mènent à Urrugne, qu'ils quittent vers 23 heures. Ils passent à la ferme Tomasénéa de Françoise IRASTORZA. Ils marchent cinq heures et traversent la Bidassoa dans la nuit du 10 au 11 novembre.

Ils dorment dans un petit abri en Espagne jusque 9 heures. A 11 heures, les guides retournent en France. Un Espagnol vient les prendre à 14 heures pour les conduire à Irun, où ils prennent un train pour San Sebastian. Arrivés là, ils vont directement chez Bernardo ARACAMA, au n°7, 5e étage à gauche, Calle Aguirre, Miramon, à San Sebastian où ils passent la nuit.

Le 12, Kowalski, Tomicki et Ives prennent le train de 7 heures pour Bilbao. A 11 heures, ils descendent et se rendent au consulat avec Andrée DE JONGH, qui reste une semaine avec eux, avant de repartir vers le Nord. A Bayonne, ils avaient chacun remis leur argent belge et français en échange de 100 pesetas, et Andrée en reprend 50 à chacun avant de repartir. Ils demeurent au British Sailor's Institute de Bilbao, et ils sont conduits via Miranda à Madrid le 18 novembre, dans la voiture du vice-consul de l'ambassade de Madrid. Ils y séjournent trois semaines (du 19 novembre au 7 décembre) et vont alors à Gibraltar par le train, accompagnés d'un agent de l'ambassade et d'un Espagnol, à qui les Polonais sont présentés comme des Anglais.

Embarqués à bord du navire polonais «Batory», Kowalski, Tomicki et Ives quittent Gibraltar le 30 décembre 1941 et arrivent à Gourock, en Ecosse, le 5 janvier 1942.

De retour en Angleterre, Kowalski suit les cours d'officier technicien radio en 1943 et passera au 45ème groupe de transport canadien, qui amène des avions depuis les États-Unis jusqu’en Grande-Bretagne. Il termine la guerre comme Fl/Lt radio/télégraphiste. Démobilisé au Canada en 1946, il s’y installe. Il y a écrit un livre "The day I was buried alive", Montreal, 1984.

Décédé en 1996, Michal Kowalski repose au cimetière des anciens combattants à Pointe Claire, Montréal, Canada.


Photo de sa tombe (Sam McLauchlan)


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters