Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 15 mai 2017.

Stanley Henry MAY / Aus 412602
Belmont, New South Wales, Australie.
Né le 09 novembre 1921 à Sydney, New South Wales, Australie / † le 28 juillet 2002.
Fl/Sgt RAAF, RAF Fighter Command 41 Squadron, pilote.
Lieu d'atterrissage : près d’Hoogstade, entre Veurne (Furnes) et Ieper (Ypres), Flandre Occidentale, Belgique.
Vickers Supermarine Spitfire Mk XII, MB800, EB-B, abattu lors de la mission d’escorte Ramrod 282 - objectif le champ d’aviation de Lille, le 19 septembre 1943 vers 12 heures 30 (belge).
Ecrasé dans un champ près de la Lindestraat à Beveren-Ijzer, à 6 km à l’ouest d'Oostvleteren, Flandre Occidentale, Belgique.

Passage des Pyrénées: le 1er novembre 1943
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Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3316/1546.

Stanley May, dont c’est la 41ème mission, est abattu par un Fw 190 de la JG 26, lors d'une mission de protection de Marauder qui doivent bombarder Lille. Sur le vol de retour, il perd le contact avec la formation et alors qu’il tente de la rejoindre, il est attaqué par la chasse allemande.

Un obus explose entre le tableau de bord et le réservoir d'essence et l'oblige à sauter en parachute à 11h00, selon son rapport (heure anglaise). Il est blessé à la main gauche par trois éclats et perd une chaussure. A peine s’est-il débarrassé de son parachute, qu’il est entouré d’une foule de gens. Il préfère ne pas s’attarder, abandonne son parachute et sa Mae West, dans l’espoir que les gens les cacheront. Ce n’est que plus tard qu’il se rend compte que la pochette de son kit d’évasion contenant de l’argent des pays occupés était restée dans sa Mae West.

Ce qui suit est ce qui figure à son rapport d’évasion. On y lit que, s’éloignant de la côte et alors qu’il envisage de traverser le fleuve Yser, il croise un homme qui lui indique où son avion se trouvait. Il l’accompagne jusqu’à son appareil, ayant l’intention de le détruire à l’aide d’une charge explosive se trouvant à cet effet dans le Spitfire. Voyant que l’appareil est tombé sur le dos, est à moitié enfoncé dans le sol et qu’il y a vraiment trop de curieux autour, il abandonne son projet. Il enlève sa veste de vol et la revêt à nouveau après l’avoir retournée, puis se met en marche vers l’est, le long des berges de l’Yser (NDLR : Veurnesteenweg), cherchant un endroit propice où traverser le fleuve à la nage. Comme ce 19 septembre est un dimanche, beaucoup de pêcheurs sont en place le long du courant et il poursuit sa route plus vers le nord. Peu après, un jeune garçon à vélo l’approche et May lui déclare qui il est. Le garçon lui fait passer l’Yser dans une petite barque puis lui remet sa propre veste avant de le mener vers une ferme dont May pense qu’elle devait être celle de ses parents. On l’y cache dans la grange, puis on lui donne un costume civil avant que le jeune homme le mène jusqu’à Oostvleteren. Un peu avant d’y arriver, ils sont rejoints par 3 hommes qui le conduisent dans la localité où il reste quelques jours et reçoit des soins. Son rapport d’évasion se termine en indiquant qu’à partir de là son évasion fut organisée.

[Selon un texte à http://www.erfgoedcelco7.be/images/filelib/ErfgoedcelCO7erfgoedbrochure2012lowres_1227.pdf , c’est André WAELES qui a mené Stan May à Oostvleteren et par la suite à l’hôtel Regina à Ieper / Ypres… Dans un article de 1975 (voir en bas de page), on rapporte que WAELES, pêchant dans l’Yser, a été approché par May et l’a fait passer le fleuve dans une huche à pain. WAELES dit à May de se cacher dans un champ de maïs pendant qu’il va chercher des vêtements civils. Arrêté en route par une patrouille allemande à la recherche de l’aviateur, WAELES déclare qu’il se trouve dans le coin parce qu’il tente de retrouver son vélo volé… ce qui fait penser aux Allemands que c’est le pilote qui s’en est emparé. WAELES rejoint May vers 15h00 et ils se mettent prudemment en route à travers champs pour atteindre Oostvleteren. Là, May loge chez Achiel JANSSENS au 8 Kasteelstraat, où le vicaire Gerard DEBRUYNE (50 Kasteelstraat, Oostvleteren) sert d’interprète et le docteur Gaston GRIMMELPREZ soigne sa blessure. Entretemps, WAELES prend contact avec des membres de son groupe de résistants. A la nuit tombée, il remet de faux papiers à May et ce dernier est mené à Ieper /Ypres où d’autres personnes vont le prendre en charge. Nous pensons qu’il passe à l’hôtel Regina, au 45 Grote Markt, tenu par Urbain et Marguerite DE SMUL avant qu’il soit conduit à Houthulst. André WAELES sera arrêté le 2 avril 1944. Envoyé en camp en Allemagne il en reviendra en 1945.]

On mène donc Stan May chez Hubert de GROOTE et sa sœur Agnès (nom de code "Tita") au château de Houthulst, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest.


Le château de Houthulst

Hubert de GROOTE (1899-1986) est bourgmestre de Houthulst depuis 1938 et devient, dans le courant de cette année 1943, chef de la Geheim Leger (Armée Secrète) en Flandre Occidentale, dont sa sœur Agnès fait également partie. May est caché là jusqu’au jour où "Tita" le guide jusqu’à Bruxelles.

Le 20 octobre, Stanley May est pris en charge à Bruxelles par "Lily" (Aline DUMONT) avec Harold Hudson et un sergent RAF fils d'un Anglais et d'une Espagnole (ce ne peut être que Arthur Kellett). May rencontre Frederick Lawrence et ils sont bientôt rejoints par Arthur Penny et un Américain qui arrivent 15 minutes plus tard. May reste la nuit avec Lawrence, Hudson et "l'Espagnol". Il passe en fait trois jours par le centre de rassemblement chez Hélène CAMUSEL au 160 Rue Marie-Christine à Laeken, qui cache également Aline DUMONT chez elle. May y retrouve aussi Robert Kellow, qu’il avait rencontré à Newcastle.

Le 21 octobre, le chef de l'organisation à Bruxelles (anonyme, lunettes, une place dans la police à Bruxelles) emmène May et Lawrence chez un photographe ("Paul CHOTTEAU" ?... ) May y reste tandis que Lawrence est conduit chez son beau-père, Vital PARYS, renseigné à la liste des Helpers belges, de même que Mme Rolande PARYS, au 72 Rue des Paysagistes à Auderghem - Bruxelles.

Le 22, ce chef prend Lawrence au centre-ville, où ils rencontrent d'abord May, et ensuite "Lily". A la gare, "Lily" remet les deux aviateurs à "Jean-Jacques" (vraisemblablement Albert MATTENS). En sa compagnie et celle d'un homme à barbe grise, ils prennent le train de Namur et, de là, un tram à vapeur vers un village près de la frontière. Ils y restent trois heures dans une maison en ruines. "Jacques" leur donne des cartes d'identité françaises en lieu et place des belges, et leur enlève tous les indices de leur présence en Belgique (cigarettes, etc.).

Le 23 octobre, "Jacques" conduit Lawrence en France ; le barbu suit avec May. Ils marchent deux heures et atteignent un village où le barbu les quitte. May et Lawrence continuent avec "Jacques" en tram à vapeur vers une gare où ils prennent le train de Charleville-Mézières. De là, ils prennent un train vers Paris durant l'après-midi.

Le "chef de l'organisation" les attend en gare et les conduit dans un appartement. Il paraît avoir 37 ou 38 ans, porte une moustache, parle assez bien l'anglais et dit qu'il a vécu à Londres (il s’agit de Jacques LE GRELLE, "Jérôme"). Lawrence trouve très imprudent qu'il continue à parler l'anglais dans les rues et le métro, même en présence d'Allemands. Stan May rapporte qu’à Paris, il a rencontré une "lady in black" ("Marie-Louise" ou Fernande ONIMUS-PHAL.)

Le 28, ils quittent Paris pour Bordeaux avec une autre femme. Le 29, Jean-François NOTHOMB ("Franco") les accompagne en train à Dax. Penny et "l'Espagnol" sont dans le même train avec un autre Belge (Antoine d'Ursel). Tous vont à vélo jusque Saint-Jean-de-Luz, sauf ce Belge "Jacques Cartier", et dorment dans une auberge en cours de route (ce doit être à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA).

La traversée des Pyrénées ne peut se faire le 30 octobre, car "les guides basques sont ivres". Les évadés dorment dans une petite maison et Antoine d’Ursel ("Jacques Cartier") les rejoint le 31 au matin. Stan May, Arthur Kellett, Herbert Penny et Fred Lawrence passent la frontière ensemble avec Florentino Goikoetxea la nuit du 31 au 1er novembre et parviennent à San Sebastian. C'est le 66e passage de Comète par Saint-Jean-de-Luz. Une fois à Oyarzun, il voyage seul avec Arthur Kellett, qui parle l'espagnol pour aller à Renteria et prendre un tram vers San Sebastian.

Michael CRESWELL les prend à Madrid le 3 ou le 4 novembre. Ils quittent Madrid le 7 et arrivent le même jour à Gibraltar. Stanley May, Frederick Lawrence et Herbert Penny quittent Gibraltar en avion le 10 novembre 1943 et arrivent le lendemain à Whitchurch en Angleterre. Kellett ne quittera Gibraltar que le 5 décembre et arrivera à Portreath en Angleterre le lendemain.

Depuis l’Angleterre, Stan May est ensuite envoyé à New York, traverse les Etats-Unis et prend à San Francisco un bateau de ligne hollandais, transformé en transport de troupes. Il s’agit vraisemblablement du MS "Bloemfontein"de la VNS (Verenigde Nederlandsche Scheepvaartmaatschappij) qui quitte San Francisco le 20 décembre 1943 et arrive à Espiritu Santo, Nouvelles-Hébrides, le 4 janvier 1944. De là, Stan May rejoint l’Australie et reste dans le théâtre d’opérations du Pacifique, pilotant et convoyant des Spitfire là où les escadrilles combattant les Japonais en ont besoin. Profitant d’un congé, il se marie avec Joan en Australie en 1945.


Le mariage de Stan et Joan en 1945

Stan May passa en Belgique en 1975 et eut l’occasion de revoir André WAELES à Oostvleteren. Stan et son épouse Joan rencontrèrent Aline Dumont après la guerre, notamment en Australie en 1988 :


Devant, de gauche à droite : Aline DUMONT-UGEUX, Leslie Morrison (aidé par Comète) et le Helper hollandais Andries VESTERING, de Sittard.
(Source de certaines photographies : Mr Philippe de Groote, neveu d’Agnès de GROOTE, du château d’Houthulst.)


Article du 'Het Wekelijks Nieuws' (juillet 1975)
http://www.westhoekverbeeldt.be/afbeelding/d54d885c-bbc5-11e3-a7a0-2ba06ba24c3c

En 2009, les débris du Spitfire de Stan May furent découverts à Beveren-Ijzer (http://www.hangarflying.be/fr/node/151 )


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters