Personne cachée jusqu'à la libération

Dernière mise à jour le 05 août 2014.

Edward Lyle PRICE / 39547218
216 East 6th Street, Dalhart, Texas.
Né le 12 août 1916 à Kramer City, North Dakota / † le 10 juillet 1989 à Gardena, Californie.
T/Sgt, USAAF 384 Bomber Group 547 Bomber Squadron, opérateur radio et mitrailleur dorsal.
Lieu d'atterrissage : entre Lombise et Cambron-Saint-Vincent, au Sud de Gondregnies / Silly, vers 16 heures.
Boeing B-17G-BO Flying Fortress, 42-97274, SO-M, "Royal Flush" abattu par la Flak de la batterie anti-aérienne de la base de Chièvres le 13 avril 1944, lors d'une mission sur Schweinfurt.
Ecrasé dans un champ, le long de la Rue de la Miraine à Fouleng/Silly, Hainaut, Belgique.
Durée: 19 semaines
Camps : caché à Bruxelles

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 3873. Rapport d'évasion E&E 1907 disponible en ligne.

L'appareil décolle vers 09 heures de Grafton Underwood. Sur le vol du retour, un coup direct ayant atteint des réservoirs de carburant, avec deux moteurs endommagés et la moitié de l'aile gauche arrachée, l'avion explosa en plein vol vers 15h45 et s'écrasa près de Fouleng/Silly.

Six hommes sont tués : le pilote 1st Lt James Robert Lavin ; le copilote 2nd Lt Louis Anger Bendon ; le bombardier 2nd Lt Calvin Leroy Anthes (dont le parachute ne s’est ouvert qu’à peu de distance du sol); le mitrailleur ventral S/Sgt Lloyd George Brady ; le mitrailleur droit S/Sgt Raymond Richard Marz et le mitrailleur arrière S/Sgt James Woodie Malone. Bendon, Brady, Lavin et Malone furent d’abord inhumés dans une sépulture collective au cimetière communal de Chièvres le 15 avril 1944. Les restes de Lloyd Brady furent rapatriés aux Etats-Unis après la guerre et il repose au Scottville Cemetery, dans son comté natal du Holt dans le Nebraska. Les dépouilles de ses cinq autres camarades, Anthes, Bendon, Lavin, Malone et Marz ont été inhumées après la guerre au Netherlands American Cemetery à Margraten, Pays-Bas.

4 hommes sautent en parachute. Le mitrailleur gauche, S/Sgt Charles William Johnson, momentanément sonné lors de l’explosion, parvient cependant à ouvrir son parachute avant de perdre à nouveau connaissance. Il se casse la jambe lors de son atterrissage à environ 1km à l’est de l’endroit où le B-17 s’est écrasé. Le premier témoin arrivé sur place, Ghislain Bonnet, âgé de 15 ans et habitant une ferme proche, constate qu’il y a des corps sans vie autour de la carcasse de l’appareil et tente de porter secours à Johnson, non loin de là, qui ne peut bouger. Des soldats allemands arrivent très rapidement sur les lieux et accompagnent Ghislain jusqu’à la ferme de ses parents et confectionnent un brancard à l’aide d’une échelle et d’une couverture. Ils transportent Johnson jusqu’à la route d’où une ambulance l’emmène. Johnson, dont le rapport de capture allemand indique qu’il a une fracture de la cuisse, est renseigné comme soigné dans un hôpital où sont généralement amenés les aviateurs allemands, le Luft Lazaret à Saint-Gilles, commune de Bruxelles, avant d’être transféré vers un camp de prisonniers en Allemagne. Charles Johnson est revenu en Belgique en 2000 et a pu rencontrer Ghislain Bonnet et visiter les lieux du crash.

Outre Edward Price, deux autres hommes parviendront à s’évader : le navigateur Harold Ashman et le mécanicien Troy Hollar.

Edward Price, qui est blessé par un éclat à la jambe et une coupure dans la tête, saute à 20.000 pieds (7.000 m) et déclare dans son rapport que l'aile gauche a explosé au second impact et que l'appareil s'est écrasé dans une violente spirale. Il renseigne un champ près de Cambron-Sait-Vincent comme point d’atterrissage où il enterre son parachute et sa Mae West partiellement brûlée. Repassant dans la soirée vers l’endroit de l’enfouissement, il constate que son parachute a été découpé par des chasseurs de souvenirs… On le signale comme ayant été conduit chez un MARTENS ( ?)

Nous ignorons son parcours jusqu’au 1er mai, date à laquelle Lucie LEPOIVRE, fille de Charles LEPOIVRE, amène Edward Price chez son père au 16 Marais à Gondregnies (Silly). Celui-ci est un agent d'Aristide ADAM, dit Émile, du Groupe G. Il ne passe qu'une nuit là, avant de passer chez Cyriel SUYS au 9 Nemerkendries à Tollenbeek (Galmaarden) où Victor SCHREYEN le reprend dans sa camionnette, probablement avec Odette GRYSPEIRT. Cette dernière l'amène chez Yvonne MEUNIER-LACHAPELLE et sa fille Madeleine, 16½ ans, au 2 Avenue du Blankedelle à Auderghem où il est hébergé du 07 au 17 mai, en même temps que son coéquipier Troy Hollar et James Burton (voir note en bas de page).

Price est convoyé par la fille d'Yvonne, Madeleine MEUNIER, chez Mme P. VIGNOBLE au 82 Rue Garibaldi à Saint-Gilles à la fin mai, et y loge avec John R. Smith. Pendant son séjour à Bruxelles, il apprend que les photos d’identité reçues le 1er avril à sa base ne conviennent pas pour l’établissement de faux papiers, la moins bonne qualité du papier utilisé étant trop facilement décelée lors de contrôles.

Il est ensuite convoyé par Madeleine MEUNIER chez un OUDART (Jean OUDART, originaire de Namur cite une Gabrielle OUDART au 17a Rue du Loutrier à Watermael-Boitsfort chez Madeleine LACHAPELLE). Odette GRYSPEIRT confirme que Price et Hollar y ont logé et Jean OUDART déclare qu'ils sont restés chez lui une semaine, à Watermael-Boisfort. Maurice QUERTINMONT, chausseur au 1481 Chaussée de Wavre à Auderghem est alors devenu intermédiaire des SCHREYEN pour leurs logements chez Yvonne MEUNIER et pour d'autres aviateurs qui suivirent.

Price est également renseigné comme logé chez Mlle Bertha FILLEE, du groupe d'Odette GRYSPEIRT, au 11 Rue des Boers à Etterbeek du 08 au 10 juin avec Troy Hollar. Bertha FILLEE déclare qu’ils ne sont restés qu'une nuit et qu'ils sont repartis d'eux-mêmes à Watermael-Boitsfort. Il était prévu que Victor SCHUTTERS vienne les chercher avec sa camionnette de la SNCB, mais lorsqu’il se présenta chez FILLEE, ils étaient déjà partis.

Les BRICHART, des contacts de Marguerite GOOSSENS, l'hébergent deux mois avec Troy Hollar au 7 Avenue Louis Lepoutre à Ixelles. Le nom de « Suzy Richard » est le seul qui figure dans le rapport E&E 1907 très succinct de Price qui précise qu’il a été aidé par de nombreuses autres personnes dont il ne connaît ni les noms ni les adresses. Hollar cite également "Suzy Richard" à cette adresse dans son rapport et il se confirme dans la liste des helpers belges établie après la guerre en vue des récompenses à octroyer, qu’il s’agit bien de Suzanne BRICHART à cette adresse. Albin, le mari de Suzanne, ignorait tout des activités de son épouse dans la Résistance. Invalide de la guerre 1914-1918 il était pensionnaire du sanatorium de Tombeek, au sud-est de Bruxelles. Ghislaine Mohr-Brichart, la fille de Suzanne, rapporte que durant leur séjour, Hollar et Price reçurent souvent la visite d’Anne BRUSSELMANS, ainsi que de Charles CHAMPAGNE du groupe de cette dernière et ami de Ghislaine. Cette dernière épousera Edward Price après la guerre et un fils naîtra de cette union.

Edward Price s'est présenté à l'hôtel Métropole à Bruxelles à la libération. Il est débriefé le 09 septembre par le 2nd Lt Robert Bacon du IS-9, et le 11 au 63 Brook Street à Londres.

Note : Le n° 2 de l’Avenue du Blankedelle faisait le coin avec le n° 110 de la Rue de l’Homme de Bien et les MEUNIER y tenaient un café. Ces deux rues ont été rebaptisées après la guerre en l’honneur de résistants morts en captivité et sont devenues respectivement, l’Avenue Charles Schaller et la rue Albert Meunier (Albert étant l’époux d’Yvonne et le père de Madeleine – arrêté le 14 juillet 1942 ; décapité à Wolfenbüttel, Allemagne, le 14 juin 1944).


Le monument, érigé à l’entrée de la ferme sise 47 Rue de la Miraine à Fouleng, est une initiative communale de Fouleng, appuyée par l’USAF de Chièvres. En 1946, à l’instigation de Madame de la Serna, une plaque commémorative fut installée sur le mur de la « ferme Bienfait » au 47, Rue de la Miraine à Fouleng, à quelques mètres de l’endroit où le B-17 était tombé.


La plaque apposée en 1946 sur la façade de la « Ferme Bienfait ».

Le dimanche 13 avril 2014, une cérémonie organisée par la commune de Silly (dont dépend actuellement Fouleng) à l’occasion du 70ème anniversaire du crash s’est déroulée en présence d’autorités américaines et belges, de plusieurs témoins belges du crash qui ont pu accueillir Troy Hollar, le dernier survivant de l’équipage et qui revenait pour la première fois en Belgique depuis 1944. Voir les détails à la page de Troy Hollar.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters