Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 22 septembre 2013.

Jacques-Henri SCHLOESING "Le grand Chleuh" / 30638 A
Français alsacien
Né le 12 décembre 1919 à Montreux en Suisse / † 26 août 1944 en mission
Capitaine Sqn Ldr RAF, RAF Fighter Command 340 Squadron "Île de France", pilote
Atterri près de Le-Boisle, en Somme, au Nord d'Abbeville
Vickers Armstrong Supermarine Spitfire Mk IXB, BS244, GW-?, abattu le 13 février 1943 lors de la mission "CIRCUS 262" (escorte d’un avion Boston de la RAF devant bombarder un navire allemand dans le port de Rouen)
Abattu à 12.000 mètres au-dessus d'Abbeville par quatre FW 190
Durée : 2 mois
Passage des Pyrénées : le 15 avril 1943

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3313/1192 (incomplet).

En septembre 1939, Jacques-Henri Schloesing suit des cours de pilotage et obtient un brevet d’observateur. Lors de l’invasion allemande en mai 1940, il se trouve à la base de Toulouse-Francazal et projette de déserter et de quitter la France pour rejoindre l’Angleterre.

Schloesing part de Francazal pour la Grande-Bretagne le 22 juin 1940 à bord du Caudron Goéland du sergent Didier Béguin avec trois camarades Ricard-Cordingley, Casparius et Roques. L’appareil se pose le 22 juin en Angleterre en fin d’après-midi. Schloesing et les autres sont interrogés par la Home Guard puis dirigés sur le camp d’entraînement de Saint-Athan.

Schloesing s'engage aux Forces Françaises Libres et suit une longue période de formation à la 59 OTU (Operational Training Unit) pendant laquelle il passe ses brevets de pilote, qu’il obtient en septembre 1941. Après un court passage dans deux escadrilles de la Royal Air Force, promu sous-lieutenant, il est affecté, dès sa création en novembre 1941, au groupe de chasse "Ile de France" (340 Squadron). Commandant en second de l'escadrille "Versailles", il en devient le chef en juillet 1942 après avoir été nommé lieutenant. Il prend le commandement du groupe "Ile de France" le 1er décembre alors qu’il n'a pas encore 23 ans. Le Groupe participe à de nombreuses missions de chasse et d’escorte de bombardiers américains.

Le 13 février 1943, Schloesing décolle de Biggin Hill à bord de son Spitfire. Lors d'un combat à 12000 m au-dessus de la Somme, il est abattu par quatre Fw 190. Gravement brûlé au visage et aux mains, il parvient cependant à faire fonctionner son parachute.

Après son atterrissage, Schloesing parcourt de nuit plusieurs kilomètres avant de trouver de l’aide. Le 14 février, une femme habitant près de Le-Boisle le présente à l'abbé PAPILLON. Celui-ci organise son évacuation la nuit du 14 au 15 avec une hôtesse et un homme pour le placer chez Mme TELLIER à Boufflers. Elle habite une grande maison avec une cousine, médecin, qui lui soigne ses brûlures. Mlle PAPILLON, la sœur de l'abbé, se rend à Paris chez la sœur de Schloesing et revient, lui apportant ses propres vêtements civils.

Le 2x ? février, Mlle PAPILLON vient avec une ambulance de la clinique de Vron, présidée par son frère l'abbé, et où elle travaille comme infirmière. Ils se rendent à un rendez-vous à 18 Km au Sud d'Amiens. Là, Jacques BRUSTON, un de ses cousins qui travaille à l'usine Kühlman près de Clichy et reçoit une dotation d'essence de l'occupant, l'y attend en voiture. Il le conduit chez un de ses oncles, le pasteur PANNIER et son épouse , au 12 rue Saint-Guillaume à Courbevoie, en bordure d'Asnières, où Schloesing reste jusqu'au 1er mars. Ces deux personnes âgées habitent non loin de la station Levallois-Perret, mais ne sont pas discrètes. Schloesing ne mentionne pas ces hébergeurs dans son rapport d'évasion.

Il est convoyé à Paris par Jacques TINEL, fils du Dr Jules TINEL et cité comme guide local parisien de Robert AYLE en novembre 42 avec Madeleine BOUTELOUPT et Raymonde COACHE comme guides pour Schloesing. Schloesing y voit sa sœur, étudiante en médecine, qui le met en contact avec Robert AYLÉ, qui l'emmène le 1er mars chez le Dr Jules TINEL, au 254 Boulevard Saint-Germain, non loin de l'Hôtel des Invalides dans le VIIe arrondissement. Schloesing rapporte que durant son séjour à Paris, grâce aux faux papiers reçus de Robert AYLÉ, il peut ouvertement déambuler dans Paris. Il ajoute qu’il a rendu quelques visites à AYLÉ chez lui au 67 Rue de Babylone où il rencontre quelques aviateurs de la RAF dont il ne se souvient plus des noms. Selon les déclarations que lui fait AYLÉ, Comète avait à cette époque entre septante et quatre-vingts aviateurs toujours cachés en France.

Il loge aussi parfois chez sa sœur au 102 boulevard Arago, jusqu'au 12 avril. TINEL lui dit avoir déjà hébergé un Américain sous le nom de "Aubert Simoniz" (John Spence). Ses parents, le pasteur et Mme Schloesing viennent de Nîmes pour lui rendre visite chez sa sœur. Le père de Schloesing était officier de réserve et avait été prisonnier à l'Offlag VIB jusqu'en 1941 et une fois libéré va habiter au 23 (?) rue Clérisseau à Nîmes.

Au départ de Paris à destination de Bayonne, Jean-François NOTHOMB et lui devaient partir avec Frank Evans de la gare Montparnasse, celle d'Austerlitz étant évitée après l'arrestation d'Andrée DE JONGH. Les trois hommes montent dans le train, Schloesing allant dans un compartiment, NOTHOMB et Evans allant dans un autre. Le train, qui devait partir à 21h30 ne part pas, des soldats allemands effectuant une fouille. Un Allemand parlant français monte à bord, contrôle les documents de Schloesing puis passe au compartiment suivant dans lequel se trouvent les deux autres. NOTHOMB passe le contrôle mais Evans auquel le contrôleur demande d’abord s’il parle allemand, puis, en anglais, s’il parle anglais. Ce à quoi Evans ne répond pas. Sans pouvoir répondre à la question suivante – "Où est votre camarade ?"- Evans est obligé de descendre du train et est remis aux soldats allemands sur le quai. Evans avait malheureusement sur lui exactement les mêmes faux papiers que Gilbert Wright, qui avait été arrêté déguisé en prêtre huit jours auparavant dans la même gare avec Catherine JANOT. Au retour de Jean-François NOTHOMB après le passage des évadés vers l’Espagne du 15-16 avril, Robert AYLÉ va prévenir Catherine JANOT qu'elle doit quitter sa maison et se cacher, étant certainement filée par la SiPo.

NOTHOMB et Schloesing sont à nouveau contrôlés par deux fois entre Bordeaux et Bayonne, mais tout se passe bien et ils arrivent en gare de Bayonne le 13 avril à 09h30. Passant avec succès deux autres contrôles sur les quais, ils quittent la gare en s’éloignant l’un de l’autre, Schloesing suivant NOTHOMB à distance. Les deux hommes arrivent à une maison dont Schloesing rapporte qu’elle semblait être occupée par une Mme DEGREEF, membre de l’organisation de Robert AYLÉ (en fait la "Villa Voisin" d’Elvire et Fernand DEGREEF, à Anglet).

Le même soir du 13 avril, Schloesing prend un train à destination de Saint-Jean-de-Luz. Arrivé à la gare, il y revoit NOTHOMB qui avait fait la distance à vélo. La nuit venue, les deux hommes marchent jusqu’à une maison à Ciboure où Schloesing loge jusqu’au soir du 15 avril.

Ce soir-là, Schloesing franchit les Pyrénées avec Jean-François NOTHOMB, le Belge Jean de Trazegnies et quatre aviateurs français. Leurs guides sont "Patchi"= Patxi OCAMICA et Florentino GOIKOETXEA dans le 41e passage de Comète.

Le groupe franchit la Bidassoa vers 2 heures de la nuit, ne voyant aucun garde sur les rives. Les hommes marchent alors jusqu’à Oyarzun où ils arrivent à 05h45 avant de poursuivre jusqu’à Renteria. Là, ils prennent un tram pour San Sebastian où ils se rendent à la maison d’un Frederico (Federico ARMENDARIZ UGALDE au 2e étage du 3 Calle de la Marina), qui prévient aussitôt le consulat britannique de leur arrivée.

Jacques-Henri Schloesing rentre en Angleterre par avion le 8 mai 1943, atterrissant à Portreath. Arrivé à Londres, il y est interrogé le 09 mai 1943. Il apprend le mois suivant qu’il a été nommé Commandant et suivent alors de longs mois de convalescence entrecoupés de huit opérations successives. Alors que ses états de services et ses blessures lui auraient permis de ne plus risquer sa vie au combat, il insiste pour voler à nouveau. En mai 1944, il reprend donc du service actif et assume effectivement le commandement de l’escadrille "Ile de France" le 6 juin 1944. Il effectue quelques missions dans la cadre du débarquement et le juin 19 août 1944, il se pose pour la première fois sur le sol français, sur un terrain de campagne en Normandie. Le 25 août, il prend le commandement du Groupe de Chasse "Alsace" (341 Squadron) basé dans la région de Caen. Jacques-Henri Schloesing est décoré de la Croix de la Libération.

Le 26 août 1944, au cours d'une patrouille qu'il dirige au Nord de Rouen, après avoir effectué 85 missions de combat, il est abattu en combat aérien dans son Spitfire PL395 au-dessus de Beauvoir-en-Lyons.

Jacques-Henri Schloesing est enterré au cimetière de Beauvoir-en-Lyons en Seine-Maritime.

Une stèle à sa mémoire a été érigée à Beauvoir-en-Lyons (voir http://www.aerosteles.net/fiche.php?code=beauvoir-schloesing&lang=fr).

En 2011, Patrick Collet avait publié aux éditions Esprit du Livre un livre sur Jacques-Henri Schloesing, "Itinéraire d’un Français Libre". Cet ouvrage, remanié et complété, a été réédité en juin 2013 aux Editions Heimdal (http://www.editions-heimdal.fr/)

Voir aussi la page http://francecrashes39-45.net/page_fiche_av.php?id=1549 sur le site de notre ami Daniel Carville.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters