Dernière mise à jour le 7 mars 2023.
George "SOLOMON" > George Paul SOLOMOS / 16150721
1576 Ash Street, Detroit, Wayne County, Michigan, USA
Né le 16 septembre 1925 à Detroit, Wayne County, Michigan, USA / † le 8 novembre 2010 à Londres
T/Sgt, USAF 385 Bomber Group 548 Bomber Squadron, opérateur radio
Atterri près de Pont-Audemer, Eure, France.
Boeing B-17G-15-BO Flying Fortress - 42-31380 - GX-?, abattu par la Flak le 8 février 1944 lors d'une mission sur Frankfurt.
Écrasé sur la rive gauche de la Seine près de Pont-Audemer, Eure, France
Durée : 2 mois.
Camp Marathon : Fréteval, puis passé en Espagne
Le Missing Air Crew Report relatif à la perte de cet appareil: MACR 2498. Rapport d'évasion de George Solomon : E&E 1217 disponible en ligne.
C’est sous le nom de George Solomon, qu’il s’était engagé dans l’US Air Corps le 18 novembre 1942 à Detroit. Sa fiche aux National Archives reprend sa matricule (16150721) et une date de naissance "1924 Michigan"…
Nous avons découvert en mars 2023 qu’en fait, son véritable nom était George Paul Solomos, fils de Paul Louis Solomos/Solomon, né à Sparte, Grèce en 1887 et émigré aux États-Unis. C’est avec l’accord de son père et après avoir modifié son certificat de naissance, que George avait pu s’engager, car en novembre 1942, il n’avait pas encore 18 ans, l’âge minimum requis…
L'appareil décolle de Great Ashfield vers 07h00. Touché par la Flak au-dessus de Frankfurt, il perd trop de carburant, les moteurs 3 et 4 sont hors d'usage et le pilote, le 1st Lt Francis F. Pabich, donne l'ordre d'évacuer l'avion. Il parviendra à s'évader comme six autres membres de son équipage, les trois autres étant fait prisonniers (le mitrailleur avant 2nd Lt David H. Flores, le mitrailleur ventral le S/Sgt James S. Fulgham et le mitrailleur latéral droit le S/Sgt Francis W. Graves.)
Les évadés, outre Solomon: le pilote Pabich (évacué vers les Pyrénées via Peyrehorade en avril '44 - E&E 717), le navigateur Lt Edward J. Carey (évacué vers les Pyrénées via Peyrehorade en avril '44 - E&E 718), son copilote le 2nd Lt Philip A. Capo (évacué via la Bretagne - Opération Bonaparte III - par MGB 502 dans la nuit du 16 au 17 mars 1944 - E&E 459), le S/Sgt Emmett Bone, le S/Sgt Joseph Gorrono et le S/Sgt Donald Hoilman.
George Solomon saute à 4.500 m et atterrit dans la propriété de "Marcel PEQUEAUX" (Lucien Adolphe PECQUEUX) à Saint-Pierre, 17 km à l'Est de Compiègne (= Saint-Pierre-Aigle ?). "Marcel" l'héberge et s'arrange pour le faire mener à un camp de maquisards près de Pont-Audemer. Arrivé là, Solomon retrouve ses co-équipiers Bone, Hoilman et Gorrono. Le camp est dirigé par Robert LEBLANC (Groupe Surcouf/César), aidé entre autres par Edmond FLOQUET ("Grand Jules"), qui se charge de convoyer les aviateurs. Mme Jeanne Yvonne LONGUET, de Pont-Audemer, servait de traductrice au camp. L'Appendix "C" du rapport de Gorrono mentionne que lui et ses co-équipiers ont été aidés par M. MORAND à "Surderisle" (Mme MORAND, épouse de Maurice, à Condé-sur-Risle, Eure).
Les quatre aviateurs passent environ cinq semaines dans le Maquis, changeant souvent de cachette dans la région pour éviter les patrouilles allemandes à leur recherche. Ils sont alors guidés par FLOQUET vers Évreux où un M. "VEEDOIL" (Pierre VIDAL) au "22 Rue des Hommes" les héberge avant de les faire conduire à Paris. (Il n'y a pas de Rue Des Hommes à Évreux et il pourrait s'agir de la Rue de la Somme. Pierre VIDAL est repris à la liste des Helpers au 8 Rue de Pannette à Évreux).
Dans la capitale, ils sont aidés par Mme Jeanne Marie DEGONDE, du 4 Avenue Daumesnil, Paris XIIème, avant d'être conduits à Vineuil-Saint-Firmin, au Nord de Chantilly. Là, un "M. PRÉEAUX" (Mr et Mme Raymond PRÉAUX, 5 Rue de la Fontaine Narcisse) et un M. "FRAIA" (Roger FRARI de Mesnil-Théribus) les prennent en charge. Il semble que FRARI était concierge en charge de la maintenance au Château de Beaufresnes à Le Mesnil-Théribus.
Geno Dibetta loge trois semaines chez le machiniste "D'Aline" en compagnie de Solomon, Eldo Weseloh et Hoilman. Il s’agit en fait de René et Lina D’HALLEINE, 11bis Boulevard Lebègue à Neuilly-en-Thelle). Weseloh et Hoilman quittent cet endroit avant l'arrivée d'un autre médecin (le Docteur ANDRIEU) chez qui Hewitt et Golden avaient logé.
Les évadés partent alors vers le village de Le Mesnil-Théribus (le rapport de Solomon renseigne sans le nommer que c'était le village où se trouve le château de Beaufresne). Marie-Louise BONNIN, maraîchère et habitant Rue de l’Usine dans la localité, a des contacts avec Roger BERNARD, agent SNCF de Saint-Benoît-sur Seine (Aube) et membre d'une organisation de Résistance de Beauvais. [On renseigne par ailleurs qu'amené là par FRARI, Hoilman a effectivement logé chez Marie-Louise BONNIN à Le Mesnil-Théribus en Oise, apparemment pendant trois semaines, et où il fut repris, à notre avis avec les trois autres, par Gilbert THIBAULT.]
BERNARD s'occupe de faire alors parvenir les quatre Américains chez le maire d'Argenteuil, qui les héberge chez lui (le rapport de Bone, pas plus que celui de Solomon, ne donnent de dates pour leurs déplacements, mais celui de Gorrono indique qu'ils sont restés "deux semaines" à Argenteuil).
Le rapport d'Hoilman, qui ne donne aucune date non plus, dit qu'après les trois jours passés à Paris, les quatre hommes sont transférés à "Meuilly-en-Therain" (qui doit être en fait Neuilly-en-Thelle, chez les D’HALLEINE…) et qu'ils y sont restés "cinq semaines", avant de devoir être déplacés suite à la chute du B-17 "Lucky Strike" tout près de là et ainsi échapper aux patrouilles allemandes.
Nous savons que ce B-17 du 95 Bomber Group USAAF, le 42-31258, s'est écrasé à 3km de Neuilly-en-Thelle le 10 avril. Quatre des membres de l'équipage seront d'ailleurs aidés par Comète, mais seront ultérieurement fait prisonniers. William Dearing, James Hanrahan, John Hedlund et Grady Justice ont chacun une page sur ce site.
Notons que si l'on additionne les durées de séjours reprises dans le rapport d'Hoilman, cela nous amène nettement plus loin que le début avril. Hoilman poursuit: "de là, j'ai été déplacé à Bornelle (en fait, Bornel, à 7 km au SO de Neuilly-en-Thelle) et puis vers un village à 22 km au Sud de Beauvais, de là à Argenteuil, ensuite vers une ferme près de Cloyes". A Bornel, ce sont le garagiste André BOKKELANDT et son épouse Madeleine qui ont hébergé les aviateurs, dont Solomon, pendant 3 jours semble-t-il. Le "nous" que Hoilman emploie pour tous ces déplacements indique que les quatre hommes seraient tout le temps restés ensemble. Le rapport de Gorrono, lui, mentionne "trois semaines" passées à Neuilly-en-Thelle et précise dans son Appendix "C" qu'ils ont été aidés par Marcel LEFEVRE à "Juilly sous Thelle" (Jouy-sous-Thelle, à environ 20 km au SO de Beauvais).
En tout cas, selon le rapport de Solomon, le maire d'Argenteuil les fait ensuite passer chez "Marie-Louise" LEROY au 41 Rue de Passy à Paris XVIe (une logeuse de la sous-section RAFFALOVICH-YARMONKINE) où ils reçoivent la visite de Philippe et Virginia d'ALBERT-LAKE ainsi que de Veronica RABINOVITCH. Pendant leur séjour à cette adresse, c'est une dame américaine, Mme Marie CLAFFEY, du 6 Rue Franklin, Parix XVIème, qui leur fournit des provisions. A noter que dans la partie manuscrite de son rapport, Hoilman appelle "Lucienne" la dame dans la quarantaine chez qui il(s) se trouvai(en)t Rue de Passy, ajoutant qu'elle a été arrêtée plus tard par la Gestapo. Effectivement, Lucienne Yvonne LEROY, originaire du Finistère, infirmière à l’Hôpital Bichat et habitant au 42 Rue de Passy, Paris XVIème) a été arrêtée le 6 juillet 44, déportée et rapatriée le 21 mai 45. Quant au couple RAFFALOVICH, il sera arrêté le 3 juillet 1944 et déporté en Allemagne. Veronica (Vera) survivra à Buchenwald et Ravensbrück, mais son mari André, 48 ans, décèdera du typhus le 2 décembre 1944 au camp de Ellrich (prisonnier n° 79896).
On signale du convoyage de Solomon et d’autres de son groupe par Germaine MELISSON (8 Rue de Montessoy, Paris VIIème) de Paris à Dourdan…
d'ALBERT-LAKE prépare leur évasion vers l'Espagne, mais suite à l'arrivée de Lucien BOUSSA, parti d'Angleterre pour rejoindre le réseau à Paris et reprendre le commandement des camps Marathon en France pour le MI-9, les plans doivent être modifiés.
Le 22 mai, d'ALBERT-LAKE envoie Solomon et "Anne-Marie" (Mlle Jeanine PIGUET du 28 Rue Gay-Lussac, Paris Vème) vers Cloyes où ils rencontrent BOUSSA, après s'être arrêté à l'épicerie de Mme CŒURÉ au 5 Rue du Guichet à Châteaudun. Solomon serait le premier aviateur ayant rejoint le camp (en date du 22 mai…) Aux environs du 26 mai, Knight se trouve caché en compagnie de Golden, Hoilman et Solomon dans la ferme de Germain et Mme FOUCHARD à Villebout/Bellande. Le 1er juin, Solomon se trouve avec BOUSSA lors du début de l'établissement d'un camp dans la forêt (Forêt de Fréteval, près de Bellande). Des évadés commencent à y être rassemblés à partir du 7 juin (en fait le 10 juin, le 7 juin étant la date où Jean de Blommaert montre l'emplacement futur du premier camp à Leslie Berry).
Jean de BLOMMAERT avait fourni au garde-chasse Gaston HALLOUIN et son épouse habitant un chalet à Bellande (Villebout par Cloyes, en Loir & Cher), à l'orée occidentale du Bois du Verger, deux tentes qu'ils installèrent sur leur terrain et dans l'une desquelles Solomon logea un temps, en compagnie de son co-équipier Hoilman, du Sgt Marion Knight et d'un autre américain, "Lucky" (Aldo Weseloh, cité plus haut). Le 10 juin, Solomon accompagne les autres jusqu'au camp construit entretemps dans la forêt de Fréteval.
Le 29 juillet, probablement suite aux nouvelles du front signalant l'arrivée prochaine des troupes américaines, Solomon et le Sgt Abraham Wiseman, enfreignant les consignes, décident de quitter le camp à vélo pour aller à leur rencontre (deux bicyclettes subtilisées, l'une, du camp, l'autre de Gaston HALLOUIN à Busloup, chez qui Boussa avait entretemps installé son QG). Les deux hommes suivent la route N10 en direction de Bordeaux et sont aidés en chemin par diverses personnes: le propriétaire d'un garage à Saint-Amand-Longpré, qui leur a fourni nourriture et des pneus de vélo ; le propriétaire d'un autre garage à "Villeneuve" à l'entrée de Poitiers, qui les a nourri et leur a donné une somme de 600 francs ; un cafetier de Ruffec, en Charente, et son fils, ce dernier réparant leurs vélos et le père leur donnant l'adresse de son frère à Mansle, un peu plus au Sud. Arrivés à Mansle, ils sont aidés par une autre personne, Riri JAULIN, habitant 8 Rue de Condé à Jarnac, au Sud-Ouest.
Il y a aussi M. GUICHENEY et un de ses amis qui les font passer la Garonne à Le Tourne, 17 km au Sud-Est de Bordeaux. Par la suite, approchant de Magescq, dans les Landes, un fermier prénommé Raymond et sa femme Denise les hébergent pour une nuit. Un de leurs voisins contacte alors un membre de la Résistance, 30 ans, ancien de la Marine de Guerre, qui les conduit en camion jusqu'à la ferme d'Alex CAPDEVILLE à Halsou dans les Basses-Pyrénées où ils logent trois jours.
Deux résistants viennent alors les chercher pour les faire passer la frontière avant de les mettre, une fois en Espagne, sur la route d'Arizkun et de leur remettre une somme de 1.000 francs. Arrivés du côté espagnol le 12 août, Solomon et Wiseman atteignent Arizkun le 13 et y sont appréhendés par la Guardia Civil avant d'être menés à Elizondo puis de là vers Pampelune d'où ils entrent en contact avec le Consulat.
Après trois jours passés à Pampelune, ils vont à Alhama de Aragon où ils passent six jours. Un officiel américain vient les chercher en voiture pour les mener à Madrid et ensuite à Gibraltar où ils arrivent le 25 août 1944. Un avion emmène Solomon et Wiseman le lendemain vers l'Angleterre où ils atterrissent le 27 août.
Des documents aux archives Américaines (sous George Solomon et 16150721) indiquent une hospitalisation en août 1944 (en France ou en Angleterre ?) pour un problème à une jambe. Rentré aux États-Unis, il se trouve à la base aérienne de Miami Beach en Floride et est admis dans un hôpital en novembre 1944. Il est démobilisé en mars 1945 après une longue convalescence pour une maladie nos spécifiée. Sa Registration Card de mars 1945 reprend une taille de 1m70 pour un poids de 61kg… Il semblerait que, d’une santé fragile, il ait gardé des séquelles tout au long de sa vie.
Rentré aux États-Unis, George Solomos se mit à l’écriture, utilisant le nom de plume "Themistocles Hoetis" (de 1948 à 1958) sur conseil d’un parent craignant des problèmes pour leur famille suite à ses écrits contestataires et ses liens avec des milieux communistes dans l’Amérique d’après-guerre. Il se lancera dans l’édition d’une revue de critique d’art et de littérature et soutiendra les mouvements de revendication des Noirs Américains. Il apportera son soutien à de jeunes écrivains Noirs, notamment à James Baldwin. En 1958, il fit changer le nom de plume qu’il avait légalement utilisé pendant dix ans, pour reprendre son identité de naissance, George Paul Solomos. En 1952, il rencontra et épousa à Londres la journaliste et écrivaine norvégienne Gidske Anderson, qui avait fait partie de la Résistance dans son pays pendant le conflit. Quittant le Michigan, le couple retournera en Europe en 1959, George commençant alors une carrière de producteur et réalisateur de films en Italie avant d’aller s’installer à Londres. George rentrera aux États-Unis en 1974 et y poursuivra une carrière d’écrivain, de réalisateur de films, produisant des séries pour sa propre chaîne de TV. En 1986, George revint en France sur les lieux de son évasion et put, grâce à une enquête du "International Herald Tribune", entrer en contact avec le fils de la petite-fille d’une grand-mère qui avaient ensemble aidé George à se dégager du pommier dans lequel il avait atterri, avant de le cacher dans leur cave. Divorcé de Gidske au début des années 70 (née en novembre 1951 en Norvège, elle décèdera en 1993), George Solomos est mort à Londres en 2010.
La photo, du début des années ’50, provient du site https://elisa-rolle.livejournal.com/2454874.html.