Dernière mise à jour 18 juillet 2022.
Edward James SWEENEY / 07071310
517 Rogers Avenue, Brooklyn, New York, USA
Né le 13 mai 1921 à Derby, New Haven County, Connecticut, USA / † le 20 août 1973, Florida, USA.
S/Sgt, USAAF 452 Bomb Group 730 Bomb Squadron, mécanicien/mitrailleur dorsal
Atterri près du Bois d'Abbemont à Pérennes, Oise, France.
Boeing B-17G-10-BO Flying Fortress, n° série: 42-31325 - Immatriculation/Nom: GK- / - - -,abattu par la Flak le 8 février 1944 lors d'une mission sur Frankfurt.
Écrasé près du village de Le Cardonnois, à une dizaine de km à l'Ouest de Montdidier, Somme, France.
Durée : 6 semaines.
Évacué vers la Bretagne.
Le Missing Air Crew Report relatif à la perte de cet appareil: MACR 2801. Rapport d'évasion : E&E 492, disponible en ligne.
C'est la première mission de l'équipage et peu après avoir largué ses bombes sur l'objectif, l'appareil est touché par la Flak avant de subir le feu de chasseurs Fw190. L'avion est fortement endommagé et est attaqué une seconde fois par la chasse allemande. L'opérateur radio Sgt Donald E. Kirby, blessé lors du premier assaut, constate que le bombardier/mitrailleur 2nd Lt Abraham W. Rosenthal, qui s'était rendu vers l'arrière, est mort lors de la deuxième attaque. Le moteur gauche touché, l'appareil perd de la puissance et à environ 6000 m, le pilote Robert Lorenzi entame une descente rapide et se met en vrille, parvenant ensuite à reprendre le contrôle. La couverture nuageuse s'estompe et le pilote et son copilote Robert Costello aperçoivent un aérodrome droit devant (vraisemblablement celui de Montdidier) qu'ils ne peuvent éviter de survoler.
La Flak locale touche le B-17 et les hommes à l'arrière de l'avion sautent en parachute lorsqu'ils voient qu'un moteur gauche est en feu, tandis que Lorenzi, blessé au pied gauche, maintient le contrôle de l'appareil. Il donne alors l'ordre aux autres de sauter et ils s'exécutent au-dessus de Pérennes (Oise) : le mécanicien/mitrailleur dorsal S/Sgt Edward J. Sweeney (la présente fiche), suivi de Costello et du navigateur Paul Packer. C'est finalement le tour de Lorenzi. Donald Kirby, blessé, sera rapidement fait prisonnier et quatre autres hommes suivront le même sort : le mitrailleur ventral Sgt Raymond W. Lentz, le mitrailleur droit Sgt William C. Fischer, le mitrailleur gauche Sgt Clyde D. Tinker et le mitrailleur arrière Sgt Rene P. Gilman.
Outre Sweeney, ses co-équipiers Lorenzi, Costello et Packer parviendront également à s'évader.
Ed Sweeney saute vers 1000 m et tombe en chute libre jusqu'à environ 300 m du sol avant d'ouvrir son parachute. Il voit un homme courant dans un champ et tente de ne pas tomber trop près, atterrissant finalement dans une clôture en fils barbelés dans un champ près du Bois d'Abbemont, à faible distance de Pérennes. Il voit deux hommes non loin de là et leur fait signe de s'approcher. Les hommes ne finissent par le faire que lorsqu'il a ôté son harnais de parachute, qu'ils finiront par emporter.
Deux jeunes garçons de Pérennes, Jacques MORTIER et Michel BIZET, qui avaient entendu de chez eux l'appareil en difficulté puis vu deux parachutes, accourent et voient un homme près de Sweeney enroulant le parachute pour le dissimuler. Le propriétaire de la ferme d'Abbemont, André DUROT, s'approche en courant et Sweeney lui montre la carte qu'il extrait de son kit d'évasion et sur laquelle DUROT lui indique où il se trouve, avant de le prendre par le bras et de le mener à une grange pour l'y cacher. Après qu'André DUROT et sa femme lui aient apporté à manger, André emmène Sweeney, caché sous le siège, en charrette à cheval et le mène dans la direction d'où il était venu. Apercevant dans un bois un soldat allemand armé d'un fusil, André retourne à la ferme où on cache Sweeney dans un fenil. A la nuit tombante, l'Abbé Louis DUTRIAUX, du village de Ferrières, arrive et Sweeney part à pied avec lui. Après une marche de 4 km, ils arrivent à l'église de Ferrières où la sœur de l'abbé, dont le mari est prisonnier en Allemagne, les accueille. Le lendemain un homme vient le chercher pour l'amener à une autre cachette, chez Noël JACOT où Sweeney loge la nuit. Il y reçoit la visite de la comtesse Colette de BAYNAST, sœur du général Leclerc, qui lui dit que ses co-équipiers Lorenzi, Costello et Packer vont bien et sont logés chez elle et son mari le comte Jacques de BAYNAST au Château de la Borde à Sains-Morainvilliers.
Dans son rapport, Sweeney mentionne qu'il est alors mené par JACOT chez Louis GERARD, ancien coureur automobile, possédant un élevage de poulets et chez qui il loge une nuit. Le lendemain, il retourne chez JACOT où l'abbé DUTRIAUX passe le voir dans la soirée. Il parle d'une marche dans les bois, d'une charrette tirée par un cheval qui les conduit chez le comte Jacques de BAYNAST, où s'étaient trouvé ses trois co-équipiers, partis ailleurs entretemps. Vers minuit, une voiture vient le prendre pour le conduire à Saint-Just-en-Chaussée au domicile d'un français, pilote, travaillant dans une usine de matériel électrique réquisitionnée par les Allemands et dont la femme est institutrice. On lui dit que trois américains s'étaient trouvés chez eux la nuit précédente.
Le lendemain, un homme vient l'interroger pour vérifier son identité puis l'emmène et par après, Sweeney retrouve ses co-équipiers Lorenzi, Costello et Packer. Tous quatre sont ensuite guidés par le Docteur Yves DELIGNON de Saint-Just-en-Chaussée, jusqu'à la petite maison de Pierre COULON, 40 ans, menuisier et membre de la Résistance, à Bulles. Lorenzi les rejoindra le 11 février et Sweeney le 12 février.
Un fermier du coin, M. COURADIN, fournit des victuailles, les évadés ne sortant de leur cachette que pour le repas du soir en famille dans la cuisine avec les COULON et leurs deux filles, Denise, 15 ans et Colette, 5 ans, cette dernière fort impressionnée par ces quatre grands gaillards qui déboulaient tous les soirs dans leur cuisine. Un soir, Jacques DU PAC DE MARSOULIES, multilingue, responsable de la sécurité dans le Réseau Shelburn (une autre filière d'évasion) se présente chez les COULON aux fins d'interrogatoire de vérification auprès des aviateurs.
Le test est concluant et un soir les hommes, après une douzaine de jours passés chez les COULON, prennent congé d'eux, inscrivent leurs noms et adresses sur un bout de papier, Packer offrant sa montre à Pierre en signe de reconnaissance pour tous les services rendus.
Costello et Sweeney vont ensuite chez M. et Mme Jules DUCHATEAU, 21 rue de Condé à Montataire. Packer et Lorenzi étant logés chez Mr et Mme Dorez, habitant la même rue, au n° 4.
Le fils DUCHATEAU, Paul André René, ex-coiffeur à Paris, et sa femme Maria passent voir Sweeney et Costello chaque jour à la Rue de Condé, où les aviateurs suivent les émissions de la BBC et passent leurs soirées à jouer aux cartes. Le dimanche suivant Sweeney et Costello arrivent eux aussi chez Marie DOREZ, au n° 4 de la Rue de Condé à Montataire, dont la fille Jacqueline parle correctement l'anglais. Les quatre hommes partagent le repas familial et à la fin de celui-ci seuls Lorenzi et Packer restent chez les DOREZ, un homme venant chercher les deux autres pour les conduire vers d'autres cachettes.
Le 16 mars, les quatre aviateurs sont menés vers un appartement, le n° 23, au 6ème et dernier étage d'un immeuble à Levallois près de Paris, propriété de Marguerite BIDEAUX alias 'Margot', épouse de Guerino DI GIACOMO, au 5 Rue Baudin à Levallois-Perret (Seine). Elle est en effet logeuse et guide du groupe de René LOISEAU (qu'elle cache chez elle) dès fin 43 pour Shelburn et qui deviendra une guide dans l’Opération Marathon.
Packer mentionne dans son rapport qu'ils avaient quitté l'habitation de Mme DOREZ pour être dirigés vers Amiens avant de rejoindre Levallois. Il cite la fille de Marguerite (BIDEAUX), environ 15 ans, de même qu'une YVONNE (Yvonne LATRACE, renseignée au 5 de l’Avenue Baudin à Levallois-Perret dans la liste des Helpers français), petite blonde d'une trentaine d'années dont le mari est prisonnier en Allemagne et RENÉ, 1m67, cheveux marron, 70kg… Il dit aussi avoir rencontré "chez Margot", un autre officier de l'Intelligence Service, habitant au Canada et prénommé MARCEL (vraisemblablement Marcel COLA, représentant de la Ford Motor Cy…) qui leur remettra de nouveaux faux papiers. Il signale qu'un homme passe prendre leurs photos et leurs empreintes digitales et qu'ils passent deux nuits là (selon Dominique Lecomte, ils n’y auraient passé qu’une seule nuit…) Packer indique qu’au "matin du troisième jour" (le 17 mars), trois hommes arrivent, l'un d'eux parlant anglais, et leur remettent à chacun de faux documents : carte d'identité, permis de travail, autorisation de résidence dans la zone côtière, plus un ticket de métro.
Selon Dominique Lecomte, dans la soirée les quatre aviateurs sont convoyés par René LOISEAU jusqu’à la gare Montparnasse à Paris. Ils voyagent de nuit accompagnés par deux guides. Au petit matin ils descendent à Saint-Brieuc et montent dans un autre train à destination de Chatelaudren.
Selon le rapport de Packer, qui ne cite pas de noms, on leur donne des instructions pour la suite et Costello, le premier à quitter l'appartement, suit deux des hommes dans la rue, Packer lui emboîtant le pas à distance de vue, lui-même suivi par Sweeney et enfin Lorenzi, mis en dernière position vu sa jambe blessée (s'il ne parvenait pas à suivre les autres, on s'occuperait de lui).
Toujours selon Packer, un nouveau guide est approché par les précédents qui leur confient leurs "colis" et d'autres guides font de même sur le parcours en direction d'une station de métro. Là le groupe se reforme et attend le nouveau contact. A son arrivée, Costello suit celui-ci à quelques pas, suivi des autres à même courte distance, en direction du quai. Le voyage se passe sans encombre malgré la présence de nombreux soldats allemands à bord et à l'arrêt, les évadés sont pris en charge par encore un autre guide qui les conduit à la gare de chemin de fer. Ils montent dans un train avec lui et descendent à la Gare Montparnasse où un autre guide, parlant anglais, leur remet des tickets de train avant de les quitter après leur avoir montré le compartiment du wagon dans lequel ils devaient monter. Selon Packer, ils ont changé de train à Saint-Brieuc. Dans le compartiment, un homme s'adresse à eux en anglais, leur pose des questions et les quitte en leur disant de descendre à l'arrêt suivant, à Guingamp, où quelqu'un les attendrait. Effectivement, un homme les aborde et conduit Packer, Costello et Sweeney vers leur prochaine cachette, Lorenzi allant loger ailleurs.
Dans la nuit du 19 au 20 mars, Sweeney et les trois autres évadés du 42-31325 accompagnent treize autres aviateurs [dont Earl Wolf et Leonard Bergeron] dans l'évacuation vers l'Angleterre par la canonnière MGB 503 au départ de Sous-Kéruzeau en Bretagne (Opération BONAPARTE IV).
Edward Sweeney repose au Melbourne Cemetery à Melbourne, Brevard County en Floride. Merci à Dominique Lecomte pour ses informations. Dominique est le petit-neveu de Lucienne MORTIER, dont la famille aida Sweeney ainsi que le pilote Robert Lorenzi. Il a écrit un livre relatant le sort de l'équipage : "Tail End Charlie" paru en 2006 à Montdidier, France. Voir à cette page. Voir aussi à ce site.
Une cérémonie a eu lieu à Le Cardonnois le 28 mai 2011 à l'occasion de l'inauguration d'une stèle à la mémoire du Lt Abraham W. Rosenthal et de son équipage. Une vingtaine de membres des familles de Rosenthal, Lorenzi, Costello, Packer, Sweeney, Kirby et Fischer étaient présents lors de cette manifestation.
Merci à Dominique Lecomte et à la famille d'Edward Sweeney pour la photo.