Dernière mise à jour le 25 février 2014.
Abraham TEITEL / O-678496
750 Utica Avenue (son E&E) ou 1460 44th Street, Brooklyn, New-York, USA
Né le 12 mars 1919 /
1st Lt, USAAF 44 Bomber Group 68 Bomber Squadron, bombardier
Atterri non loin de Grattenoix, France.
Boeing B-24 Liberator, n° série 42-7501, abattu le 21 janvier 1944 en mission vers des sites de V-1 dans le Nord de la France (Escalles-sur-Buchy et Sainte Agathe d'Alliermont)
Ecrasé entre Beaussault et Grattenoix, au sud-est de Neufchâtel-en-Bray, Seine-Maritime (environ à mi-chemin entre Amiens et Rouen), France
Durée : 4 mois ½
Passage des Pyrénées : le 08 mai 1944
Rapport de perte d'équipage MACR 2360. Rapport d'évasion E&E 728 disponible en ligne.
Le B-24 décolle de Shipdham vers 11h30 heure anglaise. Touché vers 15h24 par des obus de Me 109s, les deux moteurs du côté gauche démolis, l'appareil virevolta hors de contrôle et le pilote donna l'ordre de sauter. Ce dernier, Frank W. Sobotka Jr, fut tué, comme trois autres membres de l'équipage, le mitrailleur arrière S/Sgt Clarence D. Reeves, le mécanicien T/Sgt Clair P. Shaeffer, et l’opérateur radio Thomas F. Capizzi. Quatre autres furent faits prisonniers: le navigateur 1st Lt Frederick C. Butler, le mitrailleur ventral S/Sgt August F. Smanietto, le mitrailleur droit S/Sgt Andrew J. Ross et le mitrailleur gauche S/Sgt Charles W. Shockley. Seuls Teitel, dont c’est la 9ème mission, et le copilote Milton L. Rosenblatt parvinrent à s'échapper, Teitel ayant poussé Rosenblatt, alors groggy, hors de l'appareil. Rosenblatt est évacué vers la Bretagne et passé en Angleterre depuis Sous-Kéruzeau par le MGB 503 – Opération BONAPARTE V du 23-24 mars 1944 - E&E 520.)
Teitel voit son B-24 virer vers lui et passant très près, occasionner une fermeture momentanée de la toile de son parachute. Il atterrit aisément dans des arbres et reste suspendu à 5 cm du sol. Il entend des gens s'approcher et prend la fuite, rejoint par 4 hommes, dont l'un l'emmène plus loin dans les bois et lui dit de l'attendre. Il attend la journée du lendemain, puis une autre journée, se nourrissant seulement des tablettes de farine lactée de son kit d’évasion. Dans la soirée, un homme vient le voir, paraissant étonné de le trouver encore là. Il s’en va puis revient, lui apportant de la nourriture et lui disant de l'attendre. Le lendemain, l’homme revient pour le conduire dans une grange près d'une maison, mais quelque chose se produit et qui fait qu'il doit retourner dans les bois.
Le lendemain il est conduit à une maison d’où il est mené ailleurs et son évasion est alors organisée. Le rapport E&E 728 de Teitel ne reprend que peu de pages dactylographiées qui ne portent que sur les renseignements de base. La partie manuscrite, les notes prises au vol durant son interrogatoire, sont pratiquement indéchiffrables. On y devine des dates, certains noms tels que celui de Roger CRESSENT (instituteur dans le village de Nesle-Hodeng, proche de Grattenoix, et chef de la Résistance pour le Canton de Neufchâtel-en-Bray.)
Photos reprises dans la Newsletter « Spring 2011 » de l’Association des vétérans du 44th Bomb Group, qui nous apprend que Teitel et Rosenblatt ont été cachés chez les CRESSENT jusqu’à ce que leur évasion puisse être organisée :
Nous devinons du rapport de Teitel qu’il est resté 8 jours chez les CRESSENT, où un médecin vient soigner son pied et où il rencontre le F/O Robert Gordon. Il poursuit en mentionnant qu’ils sont supposés être menés à Beauvais, puis son départ vers Formerie en compagnie d’un aviateur canadien (vraisemblablement William Bender). Il(s) passe(nt) ensuite par Marseille-en-Beauvaisis où Teitel indique qu’il rencontre Marion Knight, Ray Reeves et Glenn Camp. Il mentionne également un Gilbert et un séjour de 8 jours chez un cordonnier, avant d’être conduit en camion vers "Chaumont".
Teitel mentionne une "Yvonne", qui le guide en train vers Paris, s’arrêtant d’abord à Argenteuil, avant de le mener à la Gare Saint-Lazare pour le faire prendre en photos. Il s’agit d’Yvonne DEPLANCHE, infirmière de la Croix-Rouge au 1 Rue Ernest Gouin à Paris XVIIe. Il ajoute qu’il est pris en charge par une dame blonde, Veronica RABINOVITCH (du 110 Boulevard Haussman à Paris VIIIe) qui le mène chez "Lucienne" LEROY au 41 (ou 42) Rue de Passy à Paris XVIe (une infirmière à l’Hôpital Bichat et logeuse de la sous-section RAFFALOVICH-YARMONKINE) où ils reçoivent la visite de Philippe et Virginia d'ALBERT-LAKE. Il y revoit Knight et Reeves et pendant leur séjour à cette adresse, c'est une dame américaine, Mme CLAFFEY (et sa fille Rolande), qui leur fournit des provisions. La liste des Helpers français reprend une Madame Veuve Marie CLAFFEY au 6 Rue Franklin, Paris XVIe. A noter que dans la partie manuscrite du rapport du S/Sgt Donald Hoilman, cet autre évadé appelle "Lucienne" la dame dans la quarantaine chez qui il se trouvait Rue de Passy, ajoutant qu'elle a été arrêtée plus tard par la Gestapo. Effectivement, Lucienne Yvonne LEROY, originaire du Finistère, est arrêtée le 06 juillet 44 et rapatriée le 21 mai 45. Teitel semble avoir vu arriver son copilote Rosenblatt pendant ce séjour, la date paraissant être le 21 mars (partie manuscrite pratiquement illisible de son rapport) et on peut lire qu’Yvonne DEPLANCHE est revenue le voir par la suite pour donner les raisons de leur séjour assez long sur place, le réseau ayant subi pas mal d’arrestations.
Abraham Teitel et Ray Reeves sont guidés le 5 mai vers la Gare d’Austerlitz à Paris par Lucienne LEROY et y rejoignent au Jardin des Plantes Yvonne DEPLANCHE, Glenn Camp et Jarvis Cooper. Arrivés à la gare, ils y font la connaissance d’Aline DUMONT ("Michou") et Albert ANCIA. Scindés en deux groupes, ils prennent tous le train de 11 heures vers Bordeaux. Il est à noter que Ray Reeves s'était évadé de justesse, ses logeurs venant d'être arrêtés, probablement suite à l'infiltration d'un faux pilote (Olaf) selon une rumeur. En fait, tout le secteur parisien est en voie d'arrestation systématique, comme celui de Bruxelles. Reeves déclare que Camp et lui suivent l'homme (Albert ANCIA), tandis que Teitel et Cooper suivent la femme (Aline DUMONT), ce que confirme le rapport de Teitel.
A l’arrivée du train à Libourne, un agent de la Gestapo (un Feldgendarme selon Teitel) s'arrête devant un jeune homme assis sur un strapontin, lui demande ses papiers, où il va, où il est né. Il pénètre ensuite dans le compartiment où Aline DUMONT se trouve avec ses deux aviateurs (Cooper et Teitel). Il s'adresse directement à Cooper et observe avec insistance Aline DUMONT tout en le questionnant. "Ce petit-là parlait très bien la langue" dit "Michou" dans un rapport à Londres en juillet. Il fait signe à Cooper de le suivre et Teitel sort alors de son compartiment et rejoint "Michou". Elle lui conseille de se diriger vers l’arrière du train, mais comme c’est de ce côté que l’Allemand a emmené Cooper, il se dirige vers l’avant du convoi en espérant gagner du temps, le train arrivant dans Bordeaux. Aline DUMONT quant à elle, reste à sa place pour ne pas attirer l'attention, des passagers lui demandant pourquoi elle s’était exprimée en anglais.
A l'avant du train, Abraham Teitel rencontre Albert ANCIA et ses deux aviateurs (Camp et Reeves). On passe sur le fleuve, et tout le monde reste debout dans le couloir. Au moment où Daniel ANCIA explique à Teitel la présence de la Gestapo dans le train, l'Allemand réapparaît. Il s'adresse à Daniel et subitement déclare à l’un de ses deux aviateurs (Camp) qu'il sait qu’il est Américain et lui dit de le suivre. Jarvis Cooper et Glenn Camp venaient tous deux du même logeur, fournis par une personne "de toute confiance" de la Résistance française. A ce moment, personne ne mesure encore vraiment l'ampleur des connaissances de la Gestapo parisienne quant au réseau. De son côté, Reeves précise dans son rapport que Camp et Cooper portaient leurs "GI shoes" (bottines de combat américaines) et qu'ils ont certainement été plus facilement repérés à cause de cela. Camp et Cooper sont donc arrêtés en même temps le 6 mai, Teitel et Reeves réussissant seuls à passer.
Teitel indique que de Bordeaux, ils ont pris un train local pour Dax, en sont descendus à 3km avant Dax (à Buglose ?) d’où ils ont rejoint Bayonne à pied. Teitel ne le mentionne pas, mais Reeves et lui passent par la villa de la famille DE GREEF à Anglet avant de se diriger vers la frontière espagnole. Ils logent près de Saint-Jean-de-Luz à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA avant d’affronter les Pyrénées.
C'est le 96e passage de Comète, par Souraïde, avec les seuls guides de Juanito BIDEGAIN (Michel ECHEVESTE et son frère Joseph Marie).
Le 05 juin, Teitel est débriefé à Gibraltar après être passé à Alhama. Il rentre par avion en Angleterre le 07/08 juin. Des informations du 44th Bomb Group indiquent que Teitel rejoignit son unité le 24 juin 1944.