Aviateurs de l'opération Marathon

Dernière mise à jour le 20 décembre 2020.

George William VOGLE / O-686702
145 Main Street, Latrobe, Allegheny County, Pennsylvanie
Né le 21 juillet 1920 à Mount Pleasant en Pennsylvanie / † le 23 août 1989 à Valparaiso, Floride, USA
2nd Lt USAAF 305 Bomber Group 366 Bomber Squadron, bombardier
Atterri en parachute près de Huy, Province de Liège, Belgique.
Boeing B17 Flying Fortress - 42-31430, abattu lors d'une mission sur Leipzig le 20 février 1944.
Ecrasé au lieu-dit "En Sart" à Poulseur, à l'Est du grand bois d'Anthismes (Liège).
Durée : 6 mois
Camps Marathon : Beffe et Porcheresse

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 2428. Rapport d'évasion E&E 1657 (disponible en ligne).

L'appareil décolle à 07h30 de Chelveston. Atteint par plusieurs obus de la Flak au-dessus de l'objectif, avec au moins un moteur hors d'usage, il ne peut rester dans la formation. A l'approche de la Belgique, des chasseurs allemands l'attaquent et, selon le rapport E&E du copilote Julius Miller, les mitrailleurs du B-17 parviennent à en abattre trois. Un autre moteur prend feu et l'ordre est alors donné de l'abandonner.

L'équipage compte sept évadés et trois prisonniers. Les prisonniers : le pilote, Lt John J. Stahl, le mécanicien/mitrailleur dorsal T/Sgt Claude T. Keenum Jr et l'opérateur radio, le T/Sgt Howard T. Kallal. Outre George Vogle, les autres évadés sont : le 2nd Lt Julius Miller, le 2nd Lt John Chernosky, le mitrailleur ventral S/Sgt Elbert E. Pyles (E&E 2345 - évacué vers la Suisse), le mitrailleur latéral droit S/Sgt Berna L. Johnston (E&E 2346 - évacué vers la Suisse), le mitrailleur latéral gauche S/Sgt Myron Pogodin (E&E 2347 - évacué vers la Suisse) et le mitrailleur arrière S/Sgt John Engstrom (E&E 2690 - évacué vers la Suisse).

George Vogle saute à environ 2.500 m et se blesse à la cuisse et aux chevilles en tombant. Il enterre son parachute, son harnais et sa Mae West. Son rapport E&E ne donne que peu de détails et aucun expliquant comment il arrive à Fraiture où il est rejoint par son copilote Julius Miller. Les deux aviateurs sont ensuite amenés à Huy. Arrivant à proximité de la maison où ils devaient être cachés, on s'aperçoit que la Gestapo est sur place et les deux hommes sont guidés vers une autre maison près de la gare où quelques Américains avaient été cachés auparavant.

Le 22 février, Vogle et Miller partent en train pour Bruxelles, descendent un peu avant la ville et prennent un tram pour atteindre l'église désignée comme point de rendez-vous. Là, deux hommes se présentent à eux, l'un d'eux parlant un peu l'anglais. On les mène au sommet de l'édifice où se trouvent le concierge, fort dégarni, sa femme et leurs deux enfants. Après un repas, un colonel de l'Armée Belge ("1,80m, blond, moustache") vient les interroger sur leur équipage. Miller ayant refusé de lui donner les détails de son unité et d'autres renseignements militaires, le colonel les fait descendre et dans une rue voisine ils sont mis en contact avec un grand chef de l'organisation ("un Belge qui avait travaillé en Angleterre pendant 10 ans, 1m65, environ 45 ans, lunettes, marchant avec les mains derrière le dos"). Cet homme leur dit qu'après qu'ils auront quitté Bruxelles, ils ne devront pas dévoiler qu'ils étaient dans la capitale, mais qu'ils venaient d'une autre ville, Anvers par exemple. Vogle et Miller retournent à l'église où deux autres hommes sont en train de leur aménager un endroit où se loger. Il s'agit de "Georges" ("1,80m, blond, lunettes, environ 26 ans") et "Albert" ("45 ans, mince, cheveux bruns grisonnants, visage mince, fine moustache, environ 70 kg").

Selon les archives du Groupe EVA, Vogle arrive à EVA via un LHEUREUX, avec Miller, et est hébergé par Anatole DEMELENNE et son épouse BUZZI du 24 février au 13 juin 44. Du 13 au 19 juin, il va chez Yvonne BIENFAIT à Schaerbeek. Il est opéré de l'appendicite et soigné par le docteur LEFEVRE le 20 avril 44 chez les DEMELENNE.

Dans son récit, Miller déclare que ce sont "Georges" et "Albert" qui les ont menés, lui et Vogle, à la maison d'Anatole DEMELENNE, 126 Chaussée d'Ixelles (la maison en face de celle d'Anne BRUSSELMANS). Ils y rencontrent Madame BUZZI, la maman de Madame DEMELENNE. Ils restent chez Mme DEMELENNE à partir du 24 février et au cours de leur séjour y voient la femme de "M. Georges", "blonde, élancée, 1,55m, de la même organisation que le colonel". Miller poursuit : "nous avons vu "Albert G", le fils de Mme BUZZI, sa femme Margot et leur fils, de même que Marie BUZZI, la cousine de Mme DEMELENNE ; un "Raymond" de la famille Demelenne, ex-prisonnier de guerre et sa sœur".

C'est chez les DEMELENNE également que Vogle et Miller rencontrent Yvonne BIENFAIT et Marguerite PUISSANT, toutes deux infirmières à l'Hôpital de Schaerbeek. Le 20 avril, Vogle, toujours chez les DEMELENNE, est opéré sous chloroforme de l'appendicite et soigné par le docteur LEFEVRE, aidé d'une (autre ?) infirmière, la radiographie étant faite par les soins du Docteur VANDENSYPE. [ La liste des Helpers belges reprend un Dr. Paul LEFEBVRE au 3 Rue Plantin, à Anderlecht et le Dr H. VANDEN SYPE au 82 Rue de Stassart à Ixelles, sans autres détails… ]


George Vogle au bras d'Yvonne Bienfait à Bruxelles.

Vogle et Miller à Bruxelles

Ces deux photos sont dans le rapport d'évasion de Julius Miller.
Il est vraisemblable que ce soit chez les époux Demelenne.

Notes pour l’attribution du Grade 4 à Anatole DEMELENNE pour l’aide apportée à George Vogle durant 15 semaines ( NARA Belgian Helpers Files )

Quatre jours environ après l'opération sur Vogle, "Georges" et "Albert" rendent visite au grand chef au sujet d'un message radio à destination de l'Angleterre. Quatre autres hommes se trouvent là également et un quart d'heure après le départ de "Georges" et "Albert", la Gestapo arrive, tue quatre hommes et arrête un cinquième. "Georges" aussi doit se cacher et, après son départ, le 29 avril, Yvonne BIENFAIT demande à Vogle et Miller de venir loger chez elle (le rapport de Vogle indique près de son nom : 35 Rue Guillaume "Kevis", Bruxelles - Il s'agit de la Rue Guillaume Kennis, à Schaerbeek). Les deux hommes remplissent à son intention un questionnaire pour vérification et le 1er mai, elle emmène les deux aviateurs pour faire prendre des photos d'identité avant de les amener chez elle.

L'Appendix "C" du rapport de Vogle ne mentionne que trois helpers : Anatole DEMELENNE, Yvonne BIENFAIT et "Raoul HENKART, 2 rue de Louthem, Pour Grand, Belgium"… [ La liste des Helpers belges reprend bien un Raoul HENKART, "Rue de la Chenee 6, Gand – Grade 4" et qui s’est vu attribuer la US Medal of Freedom en 1947. Un dossier WO 373/153/311 à ce nom, matricule 31641, 2ème Régiment des Guides fait état de l’attribution du M.B.E. (Member of the British Empire) ].

La même nuit, "Gaston" (Gaston MATTHYS) leur apporte des vêtements civils supplémentaires. Julius Miller, accompagné de Meyles Sheppard et Claude Leslie, quitte Bruxelles le 3 mai à destination de Paris. Vogle quant à lui restera chez les DEMELENNE jusqu'au 13 juin, allant ensuite chez Yvonne BIENFAIT à Schaerbeek où il reste jusqu'au 19. Une photo (voir en bas de page) le montre avec Yvonne BIENFAIT en plein Bruxelles, extraite du livre "Aircraft Down!" de Philip D. CAINE.

Vogle part en train vers Namur le 19 juin 44 avec Yvonne BIENFAIT et Angèle SENDERS et, passant par le camp de Beffe, il arrive bientôt au Camp de Porcheresse tenu par Emile ROISEUX. Libéré là par des troupes américaines, Vogle est interrogé par l'I.S.9 le 6 septembre 1944 à Paris, avant de rentre au 63 Brook Street à Londres.

George Vogle, resté dans l'US Air Force, a servi en Corée et au Viet-Nam, terminant sa carrière comme Lt Colonel. Il repose auprès de son épouse Gwendolyn au Cimetière d'Arlington, en Virginie, USA.

La photo de groupe ci-dessous a été prise par Gaston MATTHYS et montre des aviateurs alliés à "La cabane des chasseurs" au camp de Daverdisse-Porcheresse en août 1944. Il s'agissait d'un refuge de l'opération Marathon au cours de laquelle les aviateurs alliés étaient rassemblés dans des camps dans les Ardennes belges et en France. Merci à feu notre ami Régis Decobeck qui nous avait transmis cette photo.


La cabane des Chasseurs au camp de Daverdisse en août 1944.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters