Dernière mise à jour le 18 juin 2021.
Meyles Arthur SHEPPARD / O-678773
462 Academy Street, Kalamazoo, Kalamazoo County, Michigan
Né le 11 novembre 1915 à Kalamazoo, Michigan / † 3 février 1974, Mount Clemens, Michigan, USA
1st Lt, USAAF 379 Bomber Group 527 Bomber Squadron, navigateur
Atterri dans une forêt au Sud de Prüm, Allemagne.
Boeing B-17F Flying Fortress, n° série 42-31040, FO-A / "Duffy's Tavern", abattu le 29 janvier 1944 lors d'une mission sur Frankfurt.
Écrasé près de Baclain, 15 km au NE d'Houffalize, Belgique ou entre Chenogne et Sibret, à environ 8 km au sud-est de Bastogne.
Durée : 4 mois
Passage des Pyrénées : le 26 mai 1944.
Rapport de perte d'équipage MACR 2873. Rapport d'évasion de Meyles Sheppard E&E 734 disponible en ligne.
L'appareil décolle de Kimbolton et, bien que le moteur n° 1 perte de l'huile avant d'atteindre les côtes françaises, il poursuit son vol vers la cible. Après le largage des bombes, trois moteurs lâchent et le pilote Hoverkamp, se rendant compte qu'ils ne pourront rejoindre l'Angleterre, donne l'ordre d'évacuer. L'appareil est renseigné comme s'étant écrasé près de Prüm, en Allemagne, à l'Est de Saint-Vith. En fait, Prüm est l'endroit en Allemagne où la Luftwaffe enregistrait les rapports de chutes d'avions dans la zone Sud-Est Belgique, le Grand Duché de Luxembourg et la zone frontalière germano-belge.
Outre Sheppard, d'autres membres de l'équipage parviennent à s'évader, les autres se feront arrêter. Le pilote, Capt. Douglas K. Hoverkamp (E&E 2416), le radio, T/Sgt Orvin V. Taylor (E&E 2348), le mitrailleur ventral S/Sgt Benjamin H. StJohn (E&E 2350), le mitrailleur gauche S/Sgt Clement C. Budelman (E&E 2352), le mitrailleur droit S/Sgt Howard W. Lawson (E&E 2349) et le mitrailleur arrière S/Sgt Warren J. Prosperi (E&E 2351) seront évacués vers la Suisse, tandis que le bombardier Lt Frank Paisano, initialement évadé, sera arrêté. Dans son livre "Downed Allied Airmen and Evasion of Capture : The Role of Local Resistance Networks in World War II", feu Herman Bodson indique que le pilote Hoverkamp et le radio Taylor avaient été cachés un temps dans le camp de l’Armée Secrète tenu par Joseph Istace, de Baclain et que lui, Bodson, avait préparé et remis aux deux aviateurs de fausses pièces d’identité.
Les autres prisonniers sont le copilote, Lt Ernest J. Hoppe et le mitrailleur dorsal T/Sgt Wendell Jay Shepard [qui indique dans le MACR qu'il a vu le navigateur Meyles Sheppard (la présente fiche), St John, Lawson et Paisano en février 1944 à Val-Saint-Lambert, près de Liège. Wendell Shepard, en route vers la Suisse mais s’étant apparemment égaré, a été arrêté le 28 mars 1944 à Friedrichssegen, près de Bad Ems au sud-est de Koblenz en Allemagne. Confirmé par le KU-761 à https://catalog.archives.gov/id/139533658]
Meyles Sheppard saute vers 3600 m après Paisano et atterrit dans un arbre dans une grande forêt au Sud de Prüm. Il doit abandonner son parachute, trop emmêlé dans les branches et enterre sa Mae West et son harnais puis se dirige vers le Sud-Ouest, marchant tout l'après-midi à travers un territoire vallonné. Vers 17h30, alors qu'il émerge de la forêt, il aperçoit à 30 m une sentinelle allemande venant dans sa direction. Il parvient à l'éviter et change un peu de direction, allant maintenant vers le Sud-Est, marchant jusqu'à la tombée de la nuit avant de tenter de trouver le sommeil dans un arbre, transi de froid. Il se nourrit d'une partie du contenu de son kit d'évasion et boit de l'eau dont il avait rempli d'eau la sacoche qui en faisait partie aussi.
Au matin du 30 janvier, il se remet en route, à nouveau en direction du Sud-Ouest. Vers 09h00, alors qu'il traverse une voie de chemin de fer, il remarque qu'un homme dans un champ l'observe et, se retournant en s'éloignant, voit que l'homme a disparu. A environ 15h00, il s'arrête à l'orée d'une forêt pour observer la situation. Il évite un soldat allemand armé en le contournant à travers la forêt, puis aperçoit l'homme qu'il avait vu le matin près de la voie de chemin de fer, accompagné de trois autres hommes, tous armés de fusils. Sheppard rebrousse chemin, se cache à un endroit d'où il peut observer la sentinelle et voit les quatre hommes s'en approcher et lui parler avant que le groupe s'en aille hors de la vue de l'aviateur, qui continue alors sa marche jusqu'au soir, s'abritant épuisé sous quelques arbres.
Le jour suivant, il traverse plusieurs champs, voit des fermiers qui ne semblent pas s'intéresser à lui, et au soir se réfugie pour la nuit dans un bois, son sommeil fort perturbé par le froid. Le 1er février, les maigres provisions de son kit d'évasion presqu'épuisées, il se remet en route et au sortir d'un bois, aperçoit deux hommes de l'autre côté d'un ruisseau, marchant dans sa direction le long d'un sentier, mais ils ne s'aperçoivent pas de sa présence. Au soir, Sheppard se repose dans une grange, termine les réserves de son kit, agrémente son maigre repas de quelques pommes de terre et peut enfin dormir un peu mieux que les nuits précédentes.
Le 2 février, il poursuit sa marche à travers champs et bois, s'aidant de la seule boussole qui lui reste, et, dans l'après-midi, du sommet d'une colline, aperçoit une ville au lointain. Il se cache dans une haie aux abords d'un village et au crépuscule, tenaillé par la faim, se risque à frapper à une maison. Une dame vient ouvrir, il lui dit être un aviateur américain, lui demande de l'aide et la dame va chercher son mari et un autre homme. Une discussion s'ensuit, mais, apprenant que Sheppard est affamé, on lui donne de quoi manger et boire. On lui dit de rester là, tandis que l'on va chercher le curé du village, qui parle anglais. L'ecclésiastique l'interroge adroitement pour déterminer la véracité des dires de l'aviateur et paraît satisfait lorsqu'il voit ce qui figure sur ses plaquettes d'identification. Le prêtre lui apprend que ces gens, bien que méfiants, étaient bien disposés mais qu'ils avaient des membres de leur famille qui avaient été arrêtés et envoyés en camps en Allemagne pour avoir aidé des aviateurs alliés. On lui dit alors que l'on essaierait de lui trouver des vêtements civils, que l'on pourrait l'héberger pour la nuit, mais qu'il devrait partir avant l'aube, leurs voisins étant pro-Allemands. Sheppard fait un excellent repas et reçoit des vêtements civils qu'il enfile au-dessus de son uniforme. Ses hôtes lui disent qu'il se trouve au Grand-Duché de Luxembourg et qu'il devrait essayer d'atteindre la Belgique plutôt que la France, la frontière avec ce pays étant plus fortement gardée.
Le 3 février, il quitte ses hôtes et le propriétaire des lieux l'accompagne à travers le village pour le mettre sur la bonne voie en direction d'Arlon. Il marche toute la journée vers l'Ouest et dans l'après-midi sa sacoche d'eau est prise dans des fils de fer barbelés et il doit l'abandonner, le contraignant à l'avenir à devoir s'abreuver directement à l'un ou l'autre cours d'eau. La neige commence à tomber, il doit sans cesse tenter de sécher sa boussole pour en conserver la stabilité, marche jusqu'au soir et dort dans des bois. Il se remet en route au matin du 4, sort des bois vers 10h00 et marche le long de routes, arrivant vers 16h30 à Habay-la-Neuve où les signaux sont en français seulement, plutôt qu'en allemand et français comme auparavant. Il pense se trouver en Belgique, et malgré qu'il ne trouve pas ce village sur sa carte d'évasion, il décide cependant de continuer vers le Sud. Il neige de plus en plus abondamment et il lui faut trouver un refuge pour la nuit.
Dans une rue déserte d'un village en Province de Luxembourg en Belgique, Étalle, Sheppard se risque à frapper à la porte d'une maison. Il apprend aux gens qui viennent ouvrir qu'il est un aviateur américain et qu'il a besoin d'aide. Un homme le dévisage avant de le faire entrer dans la cuisine et lui donner un verre de cognac. Une femme lui donne de l'eau pour se laver les pieds, puis on passe à table après quoi il passe la nuit là. Son rapport d'évasion mentionne à cet endroit un "Edmundes JACOB, Batteur, Etalle" (la liste des Helpers belges reprend Edmond JACOB dans cette localité.) Au soir du 5 février, un ami de la famille, "LECOMTE", environ 26 ans, 1m70, arrive et déclare que son évasion va pouvoir être dorénavant organisée. A la liste des Helpers belges : Jules LECOMPTE, Étalle.
La partie manuscrite (de l'écriture pratiquement illisible de son interrogateur) est fort touffue et difficile à déchiffrer. Il semble, entre autres, que Sheppard arrive de chez le curé de Sainte-Marie près d'Étalle (vraisemblablement l’église de Sainte-Marie-sur-Semois, à 3 km à l’Ouest d’Étalle), pour être hébergé pendant 15 jours ou 3 semaines par un instituteur, non identifié, de Villers-sur-Semois. Sheppard revoit "LECOMTE" par la suite à Étalle, accompagné d'Yvonne BIENFAIT et le 10 février 1944, Yvonne conduit l'aviateur en train à Bruxelles et le guide vers une maison où il voit Nelson Campbell, William Wolff et Robert Wernersbach.
Il semble que ce soit chez Jean DUSTIN (du 30 Avenue Georges Eekhoud à Schaerbeek) que Sheppard loge du 14 au 18 février 1944, avant de partir chez Mme LAVARDE où il reste du 18 au 23. Comme Claude Leslie, il passe ensuite chez Hector LEPLAT (directeur à l’Ecole Industrielle et Professionnelle de Schaerbeek) et son épouse Irma WECKSTEEN au 96 Rue Rubens à Schaerbeek, où les deux hommes sont hébergés du 23 février au 15 avril, puis chez Mlle Marie Anne VAN WEDDINGEN et Mme Vve Maria Anne (sic) PEETERS (les deux noms sont repris à la Liste des Helpers belges au 76 Rue du Tabellion à Ixelles-Bruxelles) jusqu'au 2 mai. Il passe la nuit du 2 au 3 mai chez Yvonne BIENFAIT au 35 Rue Guillaume Kennis à Schaerbeek.
La photo de René Ponty fut réalisée soit chez Mme Joséphine BROECKX, veuve VAN DER GRACHT au 240 Rue Léopold Ier à Laeken, soit chez Claire DE VEUSTER-SCHRIEEK au 14 Rue Frœbel à Molenbeek-Saint Jean à Bruxelles, soit encore chez Hector LEPLAT au 96 Rue Rubens à Schaerbeek. Visiblement, cette photo lui a servi jusqu'en Espagne.
Le 3 mai, Meyles Sheppard, accompagné de Julius Miller et Claude Leslie, quitte Bruxelles à destination de Paris avec pour guides Henri NYS, Jacques BOLLE et Félix BECQUEVORT. Les trois hommes sont ensuite guidés de Paris à Bayonne par Marcel ROGER et Robert CAMUS puis logent à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne Marthe MENDIARA-VILLENAVE.
Le 26 mai 1944, Sheppard, Julius Miller, Claude Leslie, Nelson Campbell et William Jacks sont du 97e passage des Pyrénées de Comète, par Souraïde et Quito borda, avec les seuls guides de Juanito BIDEGAIN (Michel ECHEVESTE et son frère Joseph Marie). Sheppard arrive à Gibraltar le 8 juin et en part par avion le lendemain pour arriver à Bristol en Angleterre le 10 juin 1944.
Meyles Sheppard est resté dans l'US Air Force après la guerre et a effectué 56 missions lors de la Guerre de Corée, terminant sa carrière comme Lt Colonel. Il repose au Cimetière National d'Arlington en Virginie, USA.
Merci à Jacques Leplat pour ses photos de famille. Merci également à Mark Sheppard pour les photos de son père et celle de son équipage.