Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 11 avril 2016.

William Angus JACKS /145426
8 King's Road, Portobello, Edinburgh, Ecosse.
Né le 16 février 1921 à Edinburgh, Ecosse / † ? (émigré en Australie après la guerre).
Fl/Off, RAF Bomber Command 77 Squadron, mitrailleur arrière.
Lieu d'atterrissage : 10 Km au Nord de Fère-en-Tardenois.
Handley Page Halifax Mk V, LK710, KN-S, abattu la nuit du 22 au 23 avril 1944 lors d'une mission sur des installations ferroviaires à Laon.
Ecrasé à à 5 km à l'Est de Soissons (Aisne), France.
Durée : 6 semaines.
Passage des Pyrénées : le 26 mai 1944.

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3320/1947 complet.

Le Halifax décolle de Elvington vers 21h15 et William Jacks ne connaît pas tous les membres du reste de l’équipage, car il a dû remplacer en dernière minute le mitrailleur arrière habituel de l’équipage du pilote Bond, le Sgt Jack Waddilove, malade. Après le largage de ses bombes, l’appareil est attaqué à une altitude d’environ 2000 m par un chasseur allemand du 6./NJG1 piloté par l’Oblt Johannes Hager. Les deux moteurs gauches sont en feu, propageant l'incendie à tout l'appareil. Le pilote, le Squadron Leader Kenneth Frank Pennington Bond donne l’ordre de sauter et William Jacks aide le mitrailleur dorsal Mason à enfiler son parachute avant de sauter lui-même.

Seul le pilote Kenneth Bond perdra la vie. Il repose au cimetière de Clichy-Nord à Paris. Le bombardier, P/Off John Arthur Grimer, blessé dans la jambe droite, sera remis aux autorités allemandes pour être soigné et sera libéré de l’American Memorial Hospital à Reims le 30 août 1944 – rapport d’évasion SPG 3345/801. Le mitrailleur dorsal le F/Off M.A. Mason n’est renseigné ni comme évadé ni comme prisonnier (?). Le mécanicien, le Sgt Victor Henry Clare parviendra à s’évader (SPG n° ? – il perdra la vie le 8 juin 1945 dans un accident à bord du Halifax JP203.) Le navigateur, le P/Off Charles William Hobgen sera fait prisonnier et interné sous le n° 4460 au Stalag Luft 3 à Sagan en Pologne occupée. L’opérateur radio, le F/Sgt R.E. Johnson est renseigné comme évadé – SPG n° 3345/ -?.

Jacks atterrit dans un champ à environ 10 Km au Nord de Fère-en-Tardenois. Il enterre son équipement et part au Sud à la boussole. Il marche jusque 1 heure du matin le 23 et arrive dans un petit bois où il se cache et dort jusqu'à l'aube. Il reprend sa route à 6 heures. Il cache alors sa Mae-West et sa combinaison chauffante dans une grange. Il arrive à un château vers 9 heures, et est repéré par deux gendarmes qui le saluent sans s'arrêter. Il les appelle et leur demande en mauvais français un itinéraire. Ils lui indiquent un poste d'observation à éviter et la route de Fère-en-Tardenois. Il arrive à un autre château où on lui donne un repas et dès lors, son évasion est organisée.

La châtelaine, Mme LESGUILLIER, lui pose quelques questions pour s'assurer de son authenticité. Jacks lui dit qu'il poursuivra sa route cette nuit, mais elle lui demande de rester quelques jours, le temps de contacter son beau-fils Frédéric, résistant à Paris, qui a servi dans l'Armée de l'Air française et qui pourrait l’aider. Le 27 avril, Frédéric télégraphie qu'il arrive et il rencontre Jacks le 30. En attendant, Jacks aide Bertrand, le fils de Mme LESGUILLIER, à se creuser une cache dans le sol où il peut se cacher et échapper ainsi au travail obligatoire. Le dimanche 30 avril, Frédéric lui dit qu'il enverra une jeune fille le prendre pour Paris dans le courant de la semaine suivante.

Le 3 mai, des Allemands passent en patrouille près du château, cherchant des évadés d'un autre raid. Ils ne fouillent cependant pas le château, où ont logé quelques-uns de leurs hauts gradés. Quelques jours plus tard, le jardinier vient annoncer qu'un autre aviateur se cache au village. Le 6 mai, Odile de VASSELOT, une jeune femme de 22 ans vient depuis Paris rendre visite à Jacks, lui donne des vêtements civils et prend note de son identité. Elle lui signale qu'elle ne peut le prendre à Paris ce jour, la Gestapo étant très active, mais qu'elle reviendrait dans quelques jours et s'occuperait alors également du second aviateur.

Le 12 mai, la Gestapo se heurte à la résistance dans le Fère-en-Tardenois, et Leonard Barnes, est conduit par Mme PINARD, membre de la Résistance locale, à la propriété de Madame LESGUILLIER, le "Chalet des Bruyères", un peu en dehors du village et où se trouve Jacks. Les deux aviateurs se cachent avec Bertrand LESGUILLIER pour dormir cette nuit-là.

Le 13, Odile de VASSELOT vient prendre Jacks et Barnes et les guide à Paris. Ils vont dans une maison près de l'Elysée ("Eloises" dans le rapport), chez un couple non identifié. Ils y restent jusqu'au 22 mai et y sont visités par "Rosine", une femme de 23 ans qui parle très bien anglais et par d'autres membres du réseau.

Vers la fin de leur séjour, Odile de VASSELOT leur annonce que leur réseau a reçu l'ordre de Londres de ne plus envoyer les aviateurs vers l'Espagne, mais de les diriger plutôt vers un endroit au Sud-Ouest de Paris (un camp dans la forêt de Fréteval, au sud-ouest de Châteaudun). Elle dit qu'elle va tout de même contacter le réseau de Rosine pour tenter de les faire passer vers l’Espagne.

Le 22 mai, Bertrand LESGUILLIER emmène Jacks et Barnes à l'appartement de sa mère au 11 Avenue Emile Deschanel, Paris 7e. Le 23, Odile de VASSELOT leur remet leurs papiers français et les guide dans un garage voir un homme, qui dit ne pouvoir en prendre qu'un seul dans la prochaine "livraison". Ils vont alors au 1bis Rue Vaneau dans le 7e arrondissement chez Philippe d'ALBERT-LAKE, qui parle anglais avec un accent américain, acquis de son épouse américaine Virginia. Ils y rencontrent Meyles Sheppard, Julius Miller, Nelson Campbell et Claude Leslie. Comme il a déjà des faux papiers, Jacks partira avec ce groupe, tandis que Barnes retourne chez Bertrand LESGUILLIER en attendant le prochain départ.

Jacks reçoit une autre carte d'identité pour la zone côtière au-delà de Bordeaux et Jacks, Sheppard, Miller, Campbell et Leslie partent le 24 mai de Paris.

Ils sont guidés en train de Paris à Bayonne par Marcel ROGER et Pierre CAMUS (Charlie et Bob). Suite aux bombardements, ils restent bloqués quatre heures hors de Paris et n'arrivent à Bordeaux qu'à 16 heures le lendemain 25 mai. Ils passent la journée dans un parc et prennent le train de minuit pour Boucau, près de Bayonne. Ils traversent Bayonne à pied et se cachent dans un bois à la sortie de la ville. Ils vont alors manger dans un café à Sutar et attendent le soir. Leurs guides les laissent là, certainement chez Jeanne VILLENAVE, épouse MENDIARA, où ils logent une nuit.

C'est le 97e passage de Comète, par Souraïde et Quito borda, avec les seuls guides de Juanito BIDEGAIN (Michel ECHEVESTE et son frère Joseph Marie).

A 20h30 le 26 mai, le propriétaire du café (Pierre ELHORGA ?) les remet à un guide (Juanito BIDEGAIN) et ils partent vers les montagnes. Ils marchent jusque 5 heures et se cachent dans les bois pour le restant de la journée. A 23 heures, un autre guide (Michel ECHEVESTE) les prend jusque 4 heures le lendemain. Ils passent en Espagne et en cours de route doivent aider Julius Miller, qui souffre de cloches aux pieds. Dès le passage de la frontière, leurs guides les abandonnent dans une maison proche de celle-ci.

Un gamin et son père les guident vers une ferme un peu plus loin, où ils se reposent le jour. Un autre guide les prend la nuit suivante pour les mener jusqu'à une autre ferme. Miller décide d'y rester pour soigner ses pieds. Les autres atteignent une maison à 22 Km de San Sebastian. A minuit le 29, le propriétaire les conduit à 7 Km de San Sebastian, où un taxi les attend. Ils sont conduits dans un hôtel en ville et une voiture diplomatique les conduit à Madrid dans la nuit du 30. Jacks reste deux jours à Madrid et arrive à Gibraltar le 3 juin.

Jacks quitte Gibraltar par avion le 5 juin 1944, atterrit à Whitchurch en Angleterre le 6 et est interrogé le même jour par le MI-9.

William Jacks a été décoré de la DFC (Distinguished Flying Cross) – Publication à la London Gazette du 5 septembre 1944 :

Air Ministry $th September, 1944.
The KING has been graciously pleased to approve the following awards in recognition of gallantry displayed in flying operations against
the enemy: Distinguished Flying Cross.
Flying Officer William Angus JACKS (145426), R.A.F.V.R., 77 Sqn.
In air operations this officer has displayed skill, courage and fortitude in keeping with the best traditions of the Royal Air Force.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters