Dernière mise à jour le 25 janvier 2020.
Claude Robert LESLIE / 35507564
1284 Detzen Avenue (actuellement Dietzen Avenue), Dayton, Montgomery County, Ohio, USA.
Né à Dayton, Ohio le 20 août 1919 / † à Orange County, Californie, le 20 octobre 1952.
S/Sgt, USAAF 384 Bomber Group 547 Bomber Squadron, mitrailleur ventral.
Lieu d'atterrissage: à environ 2km à l’ouest de Leisele, près de Ypres/Ieper, Flandre Occidentale, Belgique.
Boeing B-17F Flying Fortress, 42-30033, SO-G / "Little America", perdu le 1er décembre 1943 lors d'une mission sur Solingen.
Ecrasé près de Snellegem, à environ 2km au sud-ouest de Jabbeke, près de Bruges / Brugge, Flandre Occidentale, Belgique (Source : Peter Loncke).
Durée : 5 mois.
Passage des Pyrénées : le 26 mai 1944.
Rapport de perte d'équipage MACR 1335. Rapport d'évasion E&E 733, disponible en ligne.
L'appareil vole en tête de la formation de l’escadrille et encourt des ennuis mécaniques, juste après le largage des bombes. Le compresseur explose, trois moteurs sont morts, mais il n'y a pas d'incendie à bord. Dans le MACR 1335, Claude Leslie rapporte qu'il a sauté vers 20.000 pieds (6.500m) et a pu voir les deux mitrailleurs latéraux sauter après lui et leurs parachutes s'ouvrir. Le Lt Mark S. Willing, volant dans un avion de la formation déclare avoir vu, vers 11h30, l'appareil plonger hors de celle-ci après l'explosion du compresseur. Cela se passe à 50°40' N, 06°35' E, ce qui situe son observation au-dessus de Lontzen au NO d'Eupen. L’appareil est repris comme étant écrasé près de Prüm, mais il paraît plus vraisemblable que ce soit effectivement en Flandre Occidentale. Il serait en effet étonnant que Leslie ait atterri près de 300 km au Nord-Ouest de Prüm, l'endroit à proximité duquel le crash aurait eu lieu. C'est dans cette dernière localité que la Luftwaffe enregistrait les rapports de chutes d'avions dans la zone Sud-Est Belgique, G.D. de Luxembourg et la zone frontière germano-belge. Par ailleurs, dans l’historique du 384th Bomb Group, le 42-32033 "Little America", on indique que le copilote Goulder aurait donné l’ordre de sauter juste passé Liège… ???
Les neuf autres membres de l'équipage sont fait prisonniers: le pilote/observateur, Major Maurice S. Dillingham ; le copilote 1er Lt Edmund S. Goulder ; le navigateur 1er Lt Arthur C. Harris ; le bombardier 1er Lt William Boomhower ; le radio T/Sgt William F. Sears ; le mécanicien/mitrailleur dorsal T/Sgt Edward A. Thomasson ; le mitrailleur arrière 2nd Lt Ernest M. Boyce ; les mitrailleurs latéraux S/Sgt Michael J. Vodilko et le S/Sgt Paul R. Saunders.
Les renseignements ci-dessous sont repris, d’abord du rapport d’évasion de Claude Leslie et complétés par la suite par des informations trouvées dans d’autres rapports d’évadés ayant croisé sa route ainsi que dans des archives, notamment d’EVA et de la famille LEPLAT.
Claude Leslie, qui avait effectué 24 missions, indique dans son rapport que n’ayant pas de poches dans sa salopette de vol, il a laissé son kit d’évasion dans l’appareil avant de sauter et qu’il ne possède qu’une seule petite boussole. Dès son atterrissage dans un champ, il est rapidement entouré d’une trentaine de personnes. Il jette son parachute et son harnais dans un canal d’irrigation puis demande en allemand si quelqu’un parle anglais. Les gens, qui pensaient avoir affaire à un aviateur américain, sont surpris et Leslie les rassure puis leur demande de s’en aller avant l’arrivée des Allemands.
Il court alors en direction d’une ferme et après avoir parcouru seulement 350m, il entend des coups de feu. Il explique dans son rapport que l’un des civils avait sorti son parachute du fossé et l’avait étendu sur le champ. Des soldats allemands, arrivés sur les lieux ont alors tiré vers la foule, qui s’est dispersée dans toutes les directions. Leslie rampe alors dans une étable, se couvre de foin et finit par s’endormir. Peu après, il est réveillé par la présence d’un soldat allemand dans le fenil où il se trouve, l’entend fouiller, il indique même qu’à un moment le soldat l’a regardé puis lui a presque marché dessus et qu’il a dû forcément s’apercevoir de sa présence. Leslie ne fait aucun mouvement et le soldat quitte l’endroit pour rejoindre le reste de la patrouille qui l’attendait dehors.
Leslie attend le crépuscule pour sortir de sa cachette et rencontre dans la cour de ferme l’un des hommes aperçus lors de son atterrissage et qui lui avait conseillé de se réfugier dans l’étable et qui maintenant semblait l’attendre. Leslie lui demande la direction de la France. L’homme lui indique le nord et Leslie, qui s’est rendu compte qu’il n’a plus sa boussole, se met à marcher. Son rapport indique qu’il se dirige en fonction de la position des étoiles dans le ciel et qu’il passe à travers champs pour arriver à "Isenberg" (en fait Izenberge) où il frappe à la porte d’une ferme. Le fermier lui donne à manger ainsi que des cartes pour l’aider à se diriger en France toute proche.
Il reprend alors sa route en se dirigeant vers le sud-sud-ouest et arrive à "Bevern"(= Beveren / Beveren-Ijzer, à 5km au sud de Leisele). Son rapport ne le précise pas, mais des archives nous apprennent qu’il avait été immédiatement recueilli par le résistant de l'Armée Secrète Georges DESCHREVEL et ses deux fils Joseph et Henri sur le lieu du crash avant son encerclement et hébergé chez lui la première nuit, Hoogstadestraat 234 à Beveren-aan-IJser.
Vers la matinée du 2 décembre, il va se réfugier dans une grande étable, à l’insu de son propriétaire. Il trouve cette cachette parfaite, y reste toute la journée et dans la soirée, il va frapper à la porte de la ferme. Personne n’y parle anglais et Leslie demande si quelqu’un dans les environs parle sa langue. Le fermier va chercher un voisin qui avait servi dans l’Armée canadienne en 1914-1918 et cet homme l’emmène chez lui et l’héberge pour la nuit.
Le 3 décembre dans l’après-midi, l’homme prend contact avec une organisation de résistance à Leisele et arrive alors un commandant de la gendarmerie d’Oostvleteren qui lui remet un uniforme de gendarme et un vélo. Leslie rejoint alors à vélo avec lui la gendarmerie d’Oostvleteren où il reste jusqu’au lendemain matin. Ce 4 décembre, il roule à vélo jusqu’à Ypres / Ieper où il s’arrête à un hôtel. [ Il s’agit de l’hôtel "Regina" au 45 Grote Markt, tenu par Urbain et Marguerite DE SMUL. ]
Leslie y trouve le S/Sgt Henry Dzwonkowski qui se trouvait à l’hôtel en même temps que 2 membres de son équipage. Leslie reçoit des vêtements civils et Dzwonkowski et lui sont alors amenés chez un coiffeur en ville. Leslie rapporte qu’il est resté loger 8 jours chez ce coiffeur en compagnie de Dzwonkowski. Leslie poursuit en déclarant que d’Ypres il est parti vers Poperinge en compagnie d’un membre de l’organisation, grand, mince, cheveux noirs, propriétaire d’une papeterie dans un petit village voisin.
Son rapport mentionne un JEROME, soldat dans l’Armée belge et sous les ordres du patron de l’hôtel d’Ypres pour l’approvisionnement et l’hébergement d’aviateurs évadés. Leslie indique être resté 11 jours chez JEROME, près d’une grande institution catholique et juste en face d’un garage de l’Armée allemande. De Poperinge, Leslie retourne alors à Ypres (il ne précise pas si c’est à nouveau chez les DE SMUL ou ailleurs) guidé par un(e) guide blond(e) et il rencontre là le S/Sgt Albert Brewer qui était resté 21 jours à Poperinge.
Poursuivons la lecture du rapport E&E de Leslie. Il indique que lui, Brewer, Dzwonkowski et deux autres membres de l’équipage de ce dernier sont conduits à Bruxelles par 3 guides venus de la capitale. Pas de précisions sur l’identité de ces hommes dans le rapport E&E, mais les archives confirment : Le major d'infanterie Fernand DEFISE, habitant au 54 Avenue Beau-Séjour à Uccle, est résistant à l'Armée Secrète à Ypres. Il contacte le chef de zone local d'une mission du 2e Bureau militaire, Flaminius au sujet de ces cinq aviateurs. Son radio Georges JOAKIM (alias "Guineapig" ou "Vivian"), accompagné de Jacques BUSKIN DES ESSART et de Jacques GUIOT (?) vont à Ypres et ramènent les aviateurs à la gare de Bruxelles-Midi.
C’est ainsi qu’ils remettent à Charles HOSTE : James Akins, Albert Brewer, William Dolgin, Henry Dzwonkowski et Claude Leslie. Ces aviateurs entrent donc chez EVA le 24 décembre 43 (date confirmée dans le rapport de Leslie). Dolgin et Akins en sortiront le 23 mars 44.
Leslie signale être amené à une poissonnerie où ils (apparemment lui et les 3 autres) remplissent des formulaires sur leur identité et celle de leurs équipages respectifs. Charles HOSTE n’est pas cité, mais c’est lui qui va conduire Leslie (et les autres) chez le poissonnier Prosper SPILLIAERT au 394 Chaussée d’Anvers à Schaerbeek, avant de convoyer Leslie et Brewer chez Amélie GILSON au 8a Rue Mercelis à Bruxelles. Le rapport de Leslie mentionne que de chez le poissonnier, Brewer et lui ont été guidés vers un magasin d’antiquités à Ixelles d’où un "Jacques", membre important de l’organisation, les a guidés chez Mme GILSON, l’homme de contact étant un "Gaston", travaillant dans l’équipe de "Jacques"… Leslie signale que Brewer et lui restent 7 jours chez Mme GILSON, qui est aidée par une "MARY-LOU" et en sont partis vers la fin février 1944.
Comme Meyles Sheppard, Claude Leslie passe ensuite chez l'instituteur Hector LEPLAT et son épouse Irma WECKSTEEN au 96 Rue Rubens à Schaerbeek, où les deux hommes sont hébergés du 23 février au 15 avril (dans son rapport, Leslie indique qu’il est arrivé le 28 février chez les LEPLAT et que Sheppard et lui sont restés là pendant 7 semaines…) Son rapport n’en parle pas, mais il nous paraît que ce soit par après que Leslie a été hébergé 60 jours chez Albert et Jeanne VAN TUYKOM-OTTOY à Woluwé-Saint-Pierre, au 2 rue Martin Lindekens.
Son rapport ne le mentionne pas davantage, mais Claude Leslie, accompagné de Sheppard et Julius Miller, quitte Bruxelles le 3 mai à destination de Paris avec Henri NYS, Jacques BOLLE et Félix BECQUEVORT.
Dans son rapport d'évasion, Julius Miller indique qu'il part ensuite pour Nesles-la-Vallée où il rencontre un boulanger prénommé RAYMOND. Il est ensuite conduit à Sandricourt chez Mme DELACOUR, sa fille Paulette et les deux frères de celle-ci, cachette où il reste avec Claude Leslie et un capitaine allemand, déserteur du front russe où il avait servi avec des troupes au sol de la Luftwaffe. Le rapport de Leslie, quant à lui, mentionne qu’il a rencontré Philippe et Virginia d’Albert-Lake à Paris et avoir été hébergé dans leur maison à Nesles-la-Vallée, à environ 40km au nord-ouest de Paris. Il parle lui aussi d’une boulangerie dans un village où il rencontre Miller et Campbell (voir ci-dessous). Il confirme avoir été mené à Sandricourt dans l’Oise avec Miller et Campbell chez Mme DELACOUR et sa fille Paulette, 24 ans. Leslie décrit l’officier allemand comme ayant logé là pendant 1 semaine, étant venu dans la région pour participer à une partie de chasse. Vérification faite dans la liste des Helpers français, nous y remarquons qu’elle reprend Mme et Melle Paulette DE LA COURT à Sandricourt…
Le rapport de Leslie se termine en indiquant qu’il retrouve Sheppard près de Méru, un peu au nord d’Andricourt, et qu’en dehors d’une partie de leur séjour à Paris, leur parcours (jusqu’en Espagne )a été identique…
Leslie, comme Miller et Sheppard, sont guidés en train de Paris à Bayonne par Marcel ROGER et Robert CAMUS. Ils logent à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA.
Il n'est pas impossible que les 3 hommes aient fait ensemble du chemin avant de quitter Paris. Toujours est-il que le 26 mai 1944, ils se retrouvent tous deux en compagnie de Nelson Campbell et William Jacks lors du 97e passage de Comète par Souraïde et Quito borda, avec les seuls guides de Juanito BIDEGAIN (Michel ECHEVESTE et son frère Joseph Marie).
Claude Leslie arrive à Gibraltar le 7 juin 1944, y est interviewé le lendemain par le Colonel Horace W. Forster, officier de liaison, et quitte Gibraltar par avion ce 8 juin pour arriver à Bristol en Angleterre le 9 juin 1944. Il est interrogé à Londres le même jour par le Captain USAAF John F. White Jr du M.I.S.
Merci à Peter Vertstraeten pour ses infos sur Flaminius et à Jacques Leplat pour ses précisions et la photo de Smith conservée par sa famille.
Claude Leslie repose au Woodland Cemetery and Arboretum à Dayton, Montgomery County, Ohio, USA.