Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 28 janvier 2023.

John WHITE / 11114696
41 Charles Street, Dorchester, Massachussets, USA
Né à Newton, Massachussets le 21 février 1924 / † le 11 octobre 1999 à San Antonio, Texas, USA.
Sgt, USAAF 95 Bomber Group 334 Squadron, mitrailleur ventral
Atterri près de Dessel, Province d’Anvers, Belgique.
Boeing B-17 Flying Fortress, n° série 42-30274 , BG-Q / "Our Bay-Bee", abattu le 17 août 1943 lors d'une mission sur Schweinfurt
Écrasé près de la Gravenstraat à Dessel, environ 5 km au nord-ouest de Mol
Durée : 2 semaines
Passage des Pyrénées : le 2 septembre 1943

Informations complémentaires :

Rapport de perte d’équipage MACR 402. Rapport d'évasion E&E 229 disponible en ligne.

White est de l'équipage de Henry Sarnow et Martin Minnich et il s'agit de sa première mission. Les sept autres furent faits prisonniers : Walter A. Baker, pilote ; Cedric L. Nussbaum, navigateur ; Walter T. McDermott, radio ; Alvin O. Forney, mécanicien ; Roscoe J. Alderman, mitrailleur gauche ; William H. Binnebose, mitrailleur droit, et Albert G. Bergeron, mitrailleur arrière.

Décollés à 8 heures, ils traversent la côte belge à 5500 m et sont atteints par un obus de Flak. Ayant perdu deux moteurs et les deux mitrailleurs étant blessés par un autre obus de Flak, ils ne peuvent suivre la formation et font demi-tour vers l'Angleterre. Trois chasseurs bimoteurs les attaquent. Les mitrailleurs signalent qu'ils sont à court de munitions et sautent probablement à ce moment. Ils sont encore touchés au gouvernail et aux stabilisateurs et deux des Me 110 sont abattus.

Les diverses informations reprises ci-dessous proviennent de plusieurs sources, parfois contradictoires quant aux événements, noms et dates. Nous avons tenté d’en faire la meilleure synthèse possible.

White atterrit en lisière d'un bois et cache son parachute. Des garçons lui indiquent où se trouvent Sarnow et Minnich et le résistant local Gus / Auguste FRUYTHOF. Des Allemands étant à 200 mètres, seuls ces deux derniers traversent le canal à la nage pour échapper à la foule qui les entoure. White déclare dans son rapport qu'un homme parlant anglais nommé Frank avait indiqué à Sarnow et Minnich où se cacher sur l'autre rive, lui disant de partir de son côté à bicyclette. Il ne reverra plus Sarnow et Minnich, que Gus FRUYTHOF (Donk 36 à Mol) rejoint par un pont sur le canal. [Il est vraisemblable que le "Frank" cité par White, soit en fait Franz / François BECKERS, d’Eksel (Stationsstraat), intervenu pour Minnich et Sarnow]

Dans son rapport d’activités, découvert en janvier 2023 dans les Archives américaines, Émile JORIS, 16 ans, fils de cultivateurs, habitant au Sas IV (une des écluses sur le Kempisch Kanaal) à Dessel (Mol) déclare avoir accompagné chacun à son tour neuf hommes de l’équipage en nageant vers l’autre rive du canal. Pour ce qui est de John White, qui ne savait pas nager, il signale qu’il a traversé le canal en le portant sur son dos pour le mener sur l’autre rive.

Selon le rapport de White, deux heures après (nous comprenons, après son atterrissage…), un homme blond et un curé belges lui conseillent d'abord de se rendre mais lui feront finalement traverser le canal : White peut monter dans une barque conduite par Marcel COPPIN (Vaartstraat 33, Mol-Donk). Une heure plus tard, deux filles lui donnent des vêtements civils, une bicyclette et de l'argent belge ce 17 août, mais il n'a pas de chaussures. Il suit un jeune garçon chez son oncle à Turnhout, un employé de la SNCB. Le lendemain, cet homme, sa femme et leur neveu le guident ensuite au train à Turnhout avec des nouveaux habits. Ils le conduisent à Bruxelles chez des gens où il loge quatre jours.

Dans le rapport d’Émile JORIS, ce dernier indique qu’il a arrangé un convoyage (date ?) de John White de Lier à Turnhout à vélo, effectué par Louis BERGMANS (Panhuisstraat, 3 à Lier) et un hébergement chez Leonard MAES au Oudevaartstraat à Turnhout…

FRUYTHOF apprend de COPPIN au soir du premier jour que White a déjà été emmené à Geel, et que des arrangements ont été pris pour l'aider à quitter la région.

White indique ensuite qu'il rencontre un homme dans un train, qui lui présente une jeune fille qui le mène chez deux sœurs dont l’une a les cheveux bouclés et qui le logent une nuit en attendant le retour de l’homme en question.

Dans son rapport d’activités, Guillaume LAGRANGE, avocat au 136 Frankrijklei à Anvers / Antwerpen, reprend quelques noms d’aviateurs, dont celui de John White. Il ne peut donner beaucoup de précisions, car, recherché par la Gestapo, il a dû fuir sa maison en décembre 1943 après avoir détruit ses documents. Il s’occupait de convoyage, d’approvisionnement et de fourniture de faux papiers. On peut penser que c’est lui qui a convoyé John White d’Anvers à Bruxelles…

White est pris en charge à Bruxelles par Aline DUMONT vers le lundi 23 août, qui le loge alors "trois jours" chez René PIRART au 8 Rue des Tournesols à Anderlecht. A noter que dans son rapport d’activités, PIRART ne renseigne qu’une seule nuit passée par White chez eux en août 1943. White note un "engraver" René et sa femme qui lui fournissent une paire de souliers plus à sa taille et le conduisent dans un magasin pour des photographies. Ce magasin est vraisemblablement celui d’André DUCHESNE, photographe au 5 Avenue des Celtes à Etterbeek. PIRART, professeur à l’École des Arts et Métiers est également graveur et confectionne des faux papiers, principalement pour Comète. Une femme nommée Félix (Florentine PIRART ?) lui fournit une fausse carte d'identité le même soir.

L’épouse de René, Florentine PIRART-DE WIT le convoie vers la gare à son départ le jeudi 26 août et il y rencontre Denis Foster. White déclare qu'elle les remet à un guide "français" à lunettes (le belge Jules DRICOT ?), qui, en passant par Mons, les conduit près de la frontière française dans le petit village de Sivry, où ils passent la nuit chez un "contrebandier". Ils reçoivent des papiers français de Jean-François NOTHOMB, venu les chercher de Paris. White déclare dans son E&E avoir été guidé par un William ou Willy en France à 5 heures du matin et avoir reçu des papiers français. Il peut s'agir d'Achille DUPONT époux de Germaine HENNEBERT, peintre au 173 Rue Trieux Delecroix à Soumoy (Cerfontaine), et qui a été recruté par Jacques LE GRELLE le 15 août 1943 comme agent direct de Albert MATTENS pour les passages de Saumoy / Sivry vers Solre-le-Château (France). On change effectivement les cartes d'identité chez lui et il doit parfois assurer l’hébergement pendant 4 à 10 jours. John White n’est cependant pas repris dans les 8 aviateurs qu’Achille DUPONT déclare avoir aidés, bien qu’il renseigne un total de 32 évadés cachés, ajoutant qu’il avait dû quitter sa maison avant une descente de la Gestapo…

A Solre-le-Château, en France, White et Foster prennent le bus pour Avesnes. Ayant raté le train, ils vont à pied à Aulnoye et y prennent le train de Bruxelles à Paris. Après un contrôle, ils arrivent à Paris le 27 août, se rendent dans une église et rencontrent un homme parlant un peu l'anglais. Un ex-pilote français les conduit loger quatre nuits et trois jours chez un docteur à Paris, le frère du docteur fournissant la nourriture. White raconte plus tard qu'ils vont au district de "Petit Montrouge" dans le XIVe arrondissement, et qu'ils restent jusqu'au 31 août chez un M. HABREKORN, gérant d'un cinéma, dont le frère médecin a une consultation à l'appartement du dessous. Il s'agit du Dr Pierre HABREKORN du 6 Avenue du Parc à Vanves, du module de logement de Maurice GRAPIN alias Henri Crampon, qui renseigne aussi le SD de l'Avenue Foch.

Un pilote français guide alors White et Foster par le métro et leur présente un "Anglais" (Jacques LE GRELLE ?). Ils vont ensuite à la gare d'Austerlitz prendre un train vers Bordeaux en 2e classe avec Rosaline THERIER épouse WITTON qui prend White en charge. Là, le 1er septembre, elle rentre à Paris et White va à Dax avec un Willy (Marcel ROGER ou à nouveau Jean-François NOTHOMB ?) qui les attendait. De Dax, ils vont à vélo à Bayonne en compagnie d'un officier de cavalerie français : Michel Habbart qui guidait Bruno Gallerani et Leroy Funk de Paris à Dax.

White loge ensuite à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA.


Mot de remerciement de White dans le carnet de Pierre Elhorga.

Il est conduit à la frontière espagnole le 2 septembre par Denise HOUGET via Saint-Jean-de-Luz. Le groupe dans lequel il se trouve et comprenant Denis Foster, Leroy Funk et Bruno Gallerani passe le pont de la Nivelle vers Ciboure et continue vers Urrugne et la ferme Jatxu Baita chez Joseph LARRETCHE.

White et les autres traversent les Pyrénées avec Jean-François NOTHOMB. C'est la 54ème traversée de Comète, via la gare minière désaffectée de San Miguel et l'auberge d'Oiartzun. Ils prennent alors au soir un train vers San Sebastian et y passent trois jours dans un appartement. Le consul britannique vient les chercher pour les conduire à Madrid à l'ambassade.

John White est débriefé le 7 septembre 43 à Madrid par le major Clark et Mr Anderson et le 12 par le major Lewis à Gibraltar. Il part en avion de Gibraltar le 15 septembre et atterrit le lendemain en Angleterre (à Preswick).

John White, qui a également servi dans l’US Air Force en Corée, repose au Fort Sam Houston National Cemetery à San Antonio, Texas.

Merci à Michael Leblanc, Geoff Warren, Co de Swart et Carl Rijmen pour leurs informations. D'autres détails sur cette page.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters