Personne capturée durant son évasion

Dernière modification le 20 novembre 2023.

William Joseph WILLIAMS "Bill" / 35721866
R R 2, Greenfield, Indiana, USA (en juin 1942 : Oaktown, Knox County, Indiana)
Né le 7 septembre 1920 à Knox, Starke County, Indiana, USA / † le 22 novembre 2007 à Titusville, Floride, USA
S/Sgt 385 Bomber Group, 549 Bomber Squadron, mitrailleur gauche
Lieu d'atterrissage: près de Lobbes, Province du Hainaut, Belgique.
Boeing B-17F Flying Fortress (Forteresse Volante) - N° série : 42-30354 / "Hustlin'Hussy",abattu le 29 janvier 1944 par un chasseur du IV./JG26 (Hauptmann Wolfgang Neu) lors de la mission sur Frankfurt.
Écrasé à Anderlues-Fontaine-l'Evêque, près de l'ancienne usine "Surchiste".
Durée : 6 mois
Arrêté à Paris le 3 août 1944.

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 2268. Rapport RAMP #8 du 20 mai 1945.

Le B-17 décolle de Great Ashfield à 07h00 (heure anglaise). Selon l’auteur Ian McLachlan dans un chapitre de son livre "Eighth Air Force Bomber Stories – A new selection" (Sutton Publishing Ltd – 2004 pages 41-55), dont nous avons extrait certains détails figurant sur la présente page, l’appareil est touché par la Flak, qui endommage le moteur n° 4 juste avant l’arrivée sur l’objectif. La charge larguée sur la cible, l’appareil s’éloigne de Frankfurt, mais, incapable de suivre le reste de la formation, esseulé, il devient la proie de la chasse allemande. Criblé d’obus, il est attaqué à distance par un Junker 88 dont les obus déchirent le B-17.


L'équipage du "Hustlin'Hussy" en mai 1944
Debout de gauche à droite : Arthur Pacha, mécanicien - Allen Patterson, Mitrailleur droit - Elmore Loveland, Mitrailleur arrière - William Williams, Mitrailleur gauche - Robert Piarote, radio - Leo Reynolds, Mitrailleur ventral.
Devant de gauche à droite : Ralph Palmer, pilote - Ryal Skaggs, copilote - William Powell, navigateur - Frank Wieczerzak, bombardier."

L’aile droite est perforée, un incendie se déclare dans le compartiment radio et après avoir survolé la frontière germano-belge, le pilote, 1er Lt Ralph H. Palmer, qui parvient à maintenir le contrôle de l’avion, donne l'ordre d'évacuer l'appareil, qui se cassera par la suite en deux. Tous parviennent cependant à sauter, sauf le mitrailleur latéral droit S/Sgt Allen D. Patterson, qui est tué par un éclat d'obus à bord de l'avion. D'abord enterré au cimetière de Gosselies, il repose au cimetière américain des Ardennes à Neupré près de Liège.

Le pilote Palmer parviendra d'abord à s'évader et se trouvera dans une maison du même village où son copilote 2nd Lt Ryal L. Skaggs était hébergé. Ce dernier réussira son évasion (E&E 2158 - caché à Morlanwelz jusqu'à la libération par des troupes américaines le 4 septembre 1944). Il rapporte que lorsque les Allemands trouvèrent Palmer en février chez l'homme qui l'hébergeait, ils ont abattu celui-ci avant d'emmener le pilote, qui se retrouvera plus tard au Stalag Luft 1 à Barth en Allemagne. Le livre de McLachlan précise que Ralph Palmer se trouvait alors chez Eugène et Jeanne HUPIN et leur fille de 7 ans, Monique, à Chapelle-lez-Herlaimont et qu’Eugène HUPIN a été fusillé dans la Prison de Charleroi le 25 avril 1944, avec 9 autres détenus, Palmer ayant été obligé d’assister à l’exécution.

D'autres hommes échapperont un temps à la capture, mais finiront par être arrêtés : le navigateur William Powell, le mitrailleur dorsal T/Sgt Arthur M. Pacha, le mitrailleur ventral S/Sgt Leo J. Reynolds et le mitrailleur gauche S/Sgt William J. Williams, blessé au bras (la présente fiche). Ils seront tous quatre arrêtés à Paris le 3 août 1944.

Alain Dumont, le petit-neveu de Charles STERCK, nous apprend le 30 juin 2017 que son grand-oncle a pris en charge et hébergé à Piéton, 5 membres de l’équipage, Ralph Palmer, Ryal Skaggs, Arthur Pacha, Leo Reynolds et William Williams. Ils ont séjourné pendant plusieurs jours chez sa grand-mère à Piéton avant d’être évacués par un Mr WARANDT. Charles STERCK et son frère Edmond ont tous deux été arrêtés par la suite (le 14 avril 1944) et envoyés au camp de Buchenwald en Allemagne par le convoi du 8 mai 1944. Charles, prisonnier n° 54668 est décédé le 25 mars 1945 à Ellrich ; Edmond, prisonnier n° 54667, a disparu à Rheine. Une rue de Piéton (Chapelle-lez-Herlaimont) a été rebaptisée après la guerre Rue des Frères Sterck en leur honneur.

Outre Robert Piarote et le Lt Skaggs cité plus haut, deux autres hommes parviendront à s'évader : le mitrailleur arrière Elmore Loveland et le bombardier 2nd Lt Frank F. Wieczerzak (E&E 2159 - sérieusement blessé, il sera soigné et hébergé dans la région de Charleroi et sera libéré le 4 septembre 1944 à Mont-sur-Marchienne par des troupes américaines).

C'est la 7ème mission à laquelle participe William Williams. Comme les autres membres de son équipage, il est rapidement trouvé par des résistants et placé dans une maison de Lobbes, où il est soigné par un médecin, membre de la Résistance et qui lui enlève des éclats d’obus de son bras.

Dans son rapport de prisonnier libéré (RAMP - Recovered Allied Military Personnel), William Powell cite Gaston GILBERT, son épouse et leur fille Renée, du 51 Rue de l'Entreville à Lobbes, qui le cachent et le nourrissent durant six semaines (du 30 janvier au 26 février). C'est Georges BOURGEOIS de cette même rue qui l'y place et contacte des gens à Bruxelles. Dans son livre, McLachlan mentionne que William Williams se trouvait avec Powell chez les GILBERT, sans toutefois donner de dates.

Dans son propre rapport RAMP, William Williams indique que :
* du 2 février au 2 mai 1944, Mlle Simone ROMBEAU de Mont-Sainte-Aldegonde (Morlanwelz) lui a procuré logement, nourriture, vêtements civils, faux documents d’identité, cigarettes. Pendant cette période, le docteur Max DUBAIL, oto-rhino-laryngologiste, lui a procuré des soins. (La liste des Helpers belges reprend ce médecin au 79 Rue des Ecoles à Morlanwelz.)
* du 5 mai au 20 juillet 1944, Mr DUMONT à Gages lui a fourni logement, nourriture et cigarettes (confirmé dans le rapport RAMP de Powell : Maurice DUMONT, 12 Rue de Silly à Gages, près de Chièvres).
* du 25 au 30 juillet 1944, logement, nourriture et cigarettes lui one été fournis par "Mr DONTE" à Jeumont, France.



McLachlan indique que vu l’impatience de Powell, qui veut bouger, il est mené le 16 avril au 16 Rue du Marais à Gondregnies chez Charles et Sylvie LEPOIVRE et leurs enfants Lucie, Carmen et Marcel. Il ajoute qu’un mois plus tard (donc en mai…), Williams, Powell et Piarote sont guidés à Bruxelles par "Victor Screyeu et Odette Grysfont" (Il s’agit de Victor SCHREYEN et d’Odette GRYSPEIRT.) Dans une lettre (non datée, mais qui pourrait avoir été rédigée en 1974) et où Charles LEPOIVRE reprend la liste des aviateurs qu’il a aidés/hébergés, on retrouve pour la période concernée (fin mai, donc) : Dean McCall du 17 mai au 1er août, William Powell et Robert Piarote du 22 mai au 9 juillet, William Williams du 24 mai au 9 juillet et Stephen Harris du 29 mai au 5 juin…

McLachlan confirme, sans dates, le séjour de Powell chez Marcelle FLEBUS, 58 Rue Américaine à Ixelles - Bruxelles, avec un départ vers la campagne de Powell et Williams "le 1er juin 1944" sans préciser si Powell et Williams sont restés ensemble là ou pas ni pour combien de temps. Il ajoute que, la maison des LEPOIVRE étant encombrée, les LEPOIVRE ayant courageusement "hébergé sept nouveaux arrivants suite à un nouveau crash près de Lobbes" ce n’est pas chez eux qu’ils furent menés, mais bien chez Maurice DUMONT à Gages. Dans la liste établie par Charles LEPOIVRE, arrêté avec sa famille le 11 août, il n’est question que d’un total de 13 aviateurs aidés au total, hébergés du 3 avril au 9 août 1944 et cette mention de 7 nouveaux aviateurs logés "en fin mai/début juin" n’est pas crédible.

Mentionnons ici que Victor SCHREYEN a été arrêté le 1er juin 1944 à son domicile, 26 Rue Fontaine d’Amour à Schaerbeek - Bruxelles. Il sera déporté en Allemagne et interné au camp de Buchenwald, dont il ne reviendra pas.

William Powell avait été guidé chez Marcelle FLEBUS par Odette GRYSPEIRT. Celle-ci déclare que Powell a dû "retourner à la campagne pour raisons de santé" et qu'il se trouve alors placé à "Gaches" (en fait chez Maurice DUMONT, 12 Rue de Silly à Gages, près de Chièvres). Une lettre de Maurice DUMONT indique qu'il a caché chez lui à cette adresse, non seulement William Powell, mais également William J. Williams. Nous ignorons si les deux aviateurs se trouvaient en même temps chez lui. En tout cas, Powell ne mentionne pas Williams avec lui et ne cite pas Maurice DUMONT parmi ses helpers. Il semble que Powell serait alors parti en France où il aurait rejoint le B.L.A. (Bureau de Liaison Aérien) à Alençon. Ceci pourrait avoir été la destination envisagée pour lui, mais une arrivée effective à Alençon est fort peu probable, vu la localisation de cette ville par rapport à Paris.

Il est vraisemblable que Williams est passé en France avec Powell et sans doute leurs coéquipiers Arthur Pacha et Les Reynolds. Dans son rapport, Powell cite deux Français, Roger et René (René FOURCHET ?), de Recquignies, du côté français, entre Maubeuge et Jeumont, qui l'accompagnent lui et 4 autres Américains pour aller à la rencontre des troupes libératrices poursuivant leur avancée en France.

McLachlan indique seulement que Williams, Powell, Arthur Pacha et Leo Reynolds sont alors menés à Paris… où ils sont tous quatre arrêtés le 3 août lors d’une descente de la Gestapo, la ligne ayant été infiltrée. Dans son rapport Ramp, Williams indique, sans autres détails, qu’il a été trahi par un Français, qui a été tué…

Le rapport de Powell mentionne seulement qu’il est arrivé à Paris et que c’est un médecin français qui l'a remis, comme beaucoup d'autres, dans les mains de la Gestapo. Le praticien mesurait près d’1m80, avait des cheveux foncés ondulés, parlait le français, l'espagnol, l'allemand. Sa femme était blonde et ils habitaient un appartement en banlieue.

Henri NEUFCOURT de Watermael, un co-détenu de Victor SCHREYEN à Buchenwald, déclare qu'un aviateur américain "Bill" a été confronté à Victor dans ce camp "vers le 17 août" 1944 . Ce William ... le seul William sur la liste des aviateurs aidés par SCHREYEN, aurait été arrêté à Paris et envoyé à Buchenwald. Il se confirme qu’il s’agit bien de William Powell, qui s’est également retrouvé à Buchenwald, portant le n° de prisonnier 78296.


Carte de Williams confirmant son départ de Buchenwald.

Carte de prisonnier de William J. Williams à Buchenwald.

Transporté par le convoi qui a quitté la gare de Pantin le 15 août 1944 dans un groupe de plus de 2000 prisonniers, français et de 169 aviateurs Alliés, Williams arrive au camp de Buchenwald le 20 août 1944 où il est le prisonnier n° 78294. Comme Powell (78296), Pacha (78288) et Reynolds (78292), il tente de survivre aux privations, aux coups, à la faim. Parmi les 168, il y a 2 Néo-Zélandais, 9 Australiens, 1 Jamaïcain, 26 Canadiens, 43 Britanniques et 83 Américains. Ayant eu vent de projets consistant à faire travailler les aviateurs dans un camp de travail proche, Phillip Lamason (voir sa page sur le présent site), le plus haut gradé parmi eux, est déterminé à faire savoir au commandement de la Luftwaffe que leur détention là est contraire aux conventions. En effet, les aviateurs auraient dû être internés dans un Stalag et non un camp de travail et d’extermination. Un as de la chasse allemande, l’Oberst Johannes Hannes Trauloft de la Luftwaffe, en visite au camp pour examiner les dégâts à Dora et Buchenwald suite à des bombardements récents, est approché près des fils barbelés par quelques aviateurs parlant l’allemand, dont le F/Lt Splinter Adolphe Spierenburg, un officier néerlandais de la RAF servant habituellement d’interprète à Lamason. Trauloft prend quelques notes et promet de faire ce qu’il peut auprès de ses supérieurs pour que les prisonniers militaires soient transférés vers un camp géré par la Luftwaffe.

Ayant appris par la suite que, devant le refus des aviateurs et particulièrement de Lamason de collaborer, la Gestapo avait ordonné leur exécution pour le 24 ou le 26 octobre, Lamason redouble d’efforts. Finalement, sur ordre du Maréchal Goering, la Luftwaffe obtient finalement de la Gestapo que les hommes soient transférés dans un camp adapté à leur statut. Ce sera en l’occurrence le Stalag Luft 3 à Sagan/Zagan (Pologne). Williams et ses compagnons furent évacués de Buchenwald par train le 19 octobre et arrivèrent au Stalag Luft 3 à Sagan/Zagan, Pologne, le 21.

Williams fera partie du convoi parti en marche forcée de Sagan, évacué à la fin janvier 1945 devant l’approche des troupes Russes. Il se retrouvera avec les Américains survivants au Stalag 7A à Moosburg en Allemagne, camp qui sera libéré le 29 avril 1945 par des troupes américaines.

Rentré aux Etats-Unis William J. Williams est démobilisé le 23 novembre 1945. Il repose au Oak Hill Cemetery à Lake Placid, Floride, USA.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters