Dernière mise à jour le 4 juillet 2017.
Robert James PIAROTE / 13093716
38 South 8th Street, Lebanon, Pennsylvanie
Né le 12 octobre 1922 à Lebanon, Pennsylvanie / † le 4 février 1989
T/Sgt, USAAF 385 Bomber Group 549 Bomber Squadron, radio et mitrailleur dorsal
Atterri près de Lobbes en Hainaut à midi et demie
Boeing B-17F Flying Fortress, 42-30354, "Hustlin'Hussy", abattu le 29 janvier 1944 par un chasseur du IV./JG26 (Hauptmann Wolfgang Neu) lors de la mission sur Frankfurt
Ecrasé à Anderlues-Fontaine-l'Evêque, près de
l'ancienne usine "Surchiste"
Durée : 4 mois et demi
Arrêté le 10 août 44 à Woluwé-Saint-Lambert, puis échappé du train fantôme
Rapport de perte d'équipage MACR 2268. Rapport d'évasion E&E 1952 disponible en ligne.
Le B-17 décolle de Great Ashfield à 07h00 (heure anglaise). Selon l’auteur Ian McLachlan dans un chapitre de son livre « Eighth Air Force Bomber Stories – A new selection » (Sutton Publishing Ltd – 2004 pages 41-55), dont nous avons extrait certains détails figurant sur la présente page, l’appareil est touché par la Flak, qui endommage le moteur n° 4 juste avant l’arrivée sur l’objectif. La charge larguée sur la cible, l’appareil s’éloigne de Frankfurt, mais, incapable de suivre le reste de la formation, esseulé, il devient la proie de la chasse allemande. Criblé d’obus, il est attaqué à distance par un Junker 88 dont les obus déchirent le B-17.
L’aile droite est perforée, un incendie se déclare dans le compartiment radio et après avoir survolé la frontière germano-belge, le pilote, 1er Lt Ralph H. Palmer, qui parvient à maintenir le contrôle de l’avion, donne l’ordre d’évacuer l’appareil, qui se cassera par la suite en deux. Tous parviennent cependant à sauter, sauf le mitrailleur latéral droit S/Sgt Allen D. Patterson, qui est tué par un éclat d’obus à bord de l’avion. D’abord enterré au cimetière de Gosselies, il repose au cimetière américain des Ardennes à Neupré près de Liège.
Le pilote Palmer parviendra d’abord à s’évader et se trouvera dans une maison du même village où son copilote 2nd Lt Ryal L. Skaggs était hébergé. Ce dernier réussira son évasion (E&E 2158 – caché à Morlanwelz jusqu’à la libération par des troupes américaines le 4 septembre 1944). Il rapporte que lorsque les Allemands trouvèrent Palmer en février chez l’homme qui l’hébergeait, ils ont abattu celui-ci avant d’emmener le pilote, qui se retrouvera plus tard au Stalag Luft 1 à Barth en Allemagne. Le livre de McLachlan précise que Ralph Palmer se trouvait alors chez Eugène et Jeanne HUPIN et leur fille de 7 ans, Monique, à Chapelle-lez-Herlaimont et qu’Eugène HUPIN a été fusillé dans la Prison de Charleroi le 25 avril 1944, avec 9 autres détenus, Palmer ayant été obligé d’assister à l’exécution.
D’autres hommes échapperont un temps à la capture, mais finiront par être arrêtés : le mitrailleur dorsal T/Sgt Arthur M. Pacha, le mitrailleur ventral S/Sgt Leo J. Reynolds, le mitrailleur gauche S/Sgt William Williams, blessé au bras et le navigateur William Powell. Ils seront tous quatre arrêtés à Paris le 3 août 1944.
Outre Robert Piarote (la présente fiche) et le Lt Skaggs cité plus haut, deux autres hommes parviendront à s’évader : le mitrailleur arrière Elmore Loveland et le bombardier 2nd Lt Frank F. Wieczerzak (E&E 2159 – sérieusement blessé, il sera soigné et hébergé dans la région de Charleroi et sera libéré le 4 septembre 1944 à Mont-sur-Marchienne par des troupes américaines).
Blessé par des éclats d’obus, Piarote déclare avoir sauté depuis l'altitude de 16.000 pieds (5.000 m). Il laisse son parachute dans un arbre et cache sa Mae West sous des feuilles. Il dit être resté caché à Lobbes durant un mois chez Benoit "Michui" (Benoît MICHOT, 15 Grand Rue, Lobbes). Il va ensuite à Thuin où il reste une semaine avant de gagner Bruxelles.
Le 3 février, Victor SCHREYEN (du 26 Rue Fontaine d’Amour à Schaerbeek, avec sa femme Regina) demande à un résistant MNB et AS, Jean DEVREESE du 57a Avenue des Gloires Nationales à Ganshoren de guider Piarote et Powell chez Marie DE STOBBELEIR. Piarote confirme être resté 7 semaines chez une Marie "De Stobbriller". Il loge, avec William Powell, du 03 février au 15 avril chez Marie Joséphine DE STOBBELEIR au 140 Avenue de Karreveld (aujourd'hui Avenue Brigade Piron) à Molenbeek. Il signe effectivement son carnet, comme neuf autres aviateurs qui y ont logé. Sur la fiche BRAREA de Jean DEVREESE, on lit que "Powell et Papotte [Piarote] ont célébré les 21 ans de Piarote chez Mary au 140 Avenue du Karreveld" (cela semble peu probable, vu que Piarote est né un 12 octobre…). On rapporte également que les deux hommes ont été convoyés de la villa "Sourire d'Avril" au "camp des Chouettes" au Bois de la Cambre par DEVREESE, surnommé "Ghandy" à l'Armée Secrète. Piarote et Powell et 4 autres aviateurs américains quittent ensuite le camp pour se rendre chez un autre membre du maquis à Charleville en France. Ils sont guidés par Michel HAEGELSTEEN (Michel, Jean-Marie, Charles HAEGELSTEEN, surnommé "Micky", un jeune scout de 19 ans, membre du Groupe D, tué le 23 mai 1944 lors d'une action avec la Section 5, Groupe D, de l'Armée Secrète à Six Planes ("Pont du ruisseau de Rebais"), près de Vresse-sur-Semois, dans les Ardennes belges, non loin de la frontière française. Ses parents habitaient au 79 Boulevard Saint-Michel à Etterbeek.)
Du 15 avril à la mi-mai 44, Piarote va chez Mlle Marcelle FLEBUS au 56 de la Rue Américaine à Saint-Gilles, dans le groupe d'hébergement d'Odette GRYSPEIRT. Piarote confirme la logeuse et l'adresse pour cinq semaines et dit qu'il est amené ensuite à une ferme à "Gongrenes" (au 16 Rue du Marais à Gondregnies) pour une semaine. Charles LEPOIVRE confirme bien Robert Piarote logé 7 jours chez lui à cette adresse du 22 au 29 mai 44 où il avait été amené par Yvonne SUYS venant de Victor SCHREYEN. Yvonne SUYS viendra rechercher Piarote par la suite pour le ramener à Bruxelles.
Signalons ici que dans son livre, McLachlan indique que vu l’impatience de Powell, qui veut bouger, il est mené le 16 avril au 16 Rue du Marais à Gondregnies chez Charles et Sylvie LEPOIVRE et leurs enfants Lucie, Carmen et Marcel. Il ajoute qu’un mois plus tard (donc en mai…), Williams, Powell et Piarote sont guidés à Bruxelles par « Victor Screyeu et Odette Grysfont » (Il s’agit de Victor SCHREYEN et d’Odette GRYSPEIRT.) Dans une lettre (non datée, mais qui pourrait avoir été rédigée en 1974) et où Charles LEPOIVRE reprend la liste des aviateurs qu’il a aidés/hébergés, on retrouve pour la période concernée (fin mai, donc) : Dean McCall du 17 mai au 1er août, William Powell et Robert Piarote du 22 mai au 9 juillet, William Williams du 24 mai au 9 juillet et Stephen Harris du 29 mai au 5 juin… McLachlan confirme, sans dates, le séjour de Powell également chez Marcelle FLEBUS, 58 Rue Américaine à Ixelles – Bruxelles.
Après l'arrestation de Victor SCHREYEN (Mr X), le 1 juin 44, Piarote est pris en charge par un autre secteur, celui de Charles PEETERSMANS, du 10 Place Fernand Cocq à Ixelles).
Mentionnons ici que Victor SCHREYEN a été arrêté le 1er juin 1944 à son domicile, 26 Rue Fontaine d’Amour à Schaerbeek - Bruxelles. Il sera déporté en Allemagne et interné au camp de Buchenwald, dont il ne reviendra pas.
Odette GRYSPEIRT signale avoir appris que William Powell, navigateur de Piarote, était retourné à la campagne pour raison de santé et placé à "Gâches", en vue d’un départ pour la France où il aurait rejoint le BLA (Bureau de Liaison par Air) à Alençon. Ceci pourrait avoir été la destination envisagée pour lui, mais une arrivée effective à Alençon est fort peu probable, vu la localisation de cette ville par rapport à Paris. Charles LEPOIVRE confirme ailleurs que William Powell est logé chez lui à Gondregnies pendant 10 jours, du 22 mai au 1er juin amené par Yvonne SUYS venant de Victor SCHREYEN, et qu'il fut remis à Maurice DUMONT, 12 Rue de Silly à Gages. Powell retourne par la suite à Lobbes près d’où il était tombé. Ayant été arrêté par la suite, Powell n'a pas de rapport E&E établi à son nom (voir sa page).
Après sa rencontre avec Harvey Cox, Piarote est envoyé à Tollenbeek, également pour raisons de santé, et y est recueilli par Cyril SUYS. Piarote déclare : "dans une autre ferme appartenant à Yvonne SUYS au 9 Nemerkendries à Tollenbeek pour 9 semaines." Robert BAUDE, du 23 Rue Herman Richir à Schaerbeek le mentionne comme l'ayant visité à Tollenbeek. Lucie LEPOIVRE dit qu'il y est remis à Yvonne BIENFAIT, infirmière à l’hôpital de Schaerbeek. Dans son rapport d’évasion, Elmore Loveland, de son équipage, signale avoir rencontré Piarote à Bruxelles le 9 juillet, sans préciser l’endroit.
Piarote est ensuite conduit par Cyril SUYS chez la famille de Jules VERSAVEL à Woluwe-Saint-Lambert au 100 Rue "Van Den Nolle" (Rue Vandenhoven) où il est hébergé à partir du 16 juillet 1944. Il y fut soigné gratuitement par le Docteur DEBLOIS. Piarote déclare y être resté 3 semaines.
Piarote fut arrêté en rue le 10 août 1944 avec les adresses de SUYS et VERSAVEL sur lui (version habituellement donnée), ce qui aurait conduit à leurs arrestations. Une enquête de la Sûreté dit que Piarote est arrêté avec sur lui l'adresse de Louis PETERMANS (PEETERSMANS ?), qu'il doit alors accompagner la GFP chez SUYS à Tollenbeek, puis chez Charles LEPOIVRE à Gondregnies. La famille LEPOIVRE est arrêtée mais Cyril SUYS peut s'enfuir alors qu'on emmène Stephen Harris qui se trouvait chez eux. Les enquêtes ne peuvent conclure qui de PETERMANS/ PEETERSMANS ou de Piarote est la cause de ces arrestations qui provoqueront un dénouement brutal après la libération. Robert Piarote est en tous les cas arrêté le 10 août 44 et interné à Saint-Gilles avec ses logeurs Jules VERSAVEL et sa fille ainsi que Ralph Lynch. Selon Piarote, les VERSAVEL sont battus par les Allemands mais sont libérés le 2 septembre.
Piarote déclare que Ralph Lynch s'est évadé avec deux autres le 2 septembre vers 14 heures, et que lui-même s'échappera du train fantôme le 3 septembre à 02 heures du matin près de Schaerbeek avec le Canadien Fl/Off William Cunningham (du Lancaster LL921 - RAF 75 Squadron, abattu le 18 juillet 1944 - Rapport d'évasion SPG 3324/2621 - vraisemblablement arrêté suite aux agissements du traître René Van Muylem.) Piarote rejoindra ainsi d'autres aviateurs à l'hôtel Métropole à Bruxelles à la libération de la ville le 3 septembre.
Bob Piarote est débriefé par l'IS-9, probablement à Paris, le 11 septembre avant de rentrer en Angleterre et rejoindre son unité.
A noter qu'il est renseigné comme "American Indian, citizen" dans la base de données de la NARA. La photo en couleurs nous a été transmise par ses deux filles Elizabeth et Mary Jo.
Harvey Cox et Piarote avec leurs premiers logeurs, M. et Mme Suys.